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 [DOA] Tristhea #01

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Iracebeth

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MessageSujet: [DOA] Tristhea #01   [DOA] Tristhea #01 EmptyDim 8 Déc - 12:40

How wonderful life is while you're in the world
anthea & tristan
La nuit tombait, fracassante, harassante, tuant le peu d'espoir qu'il avait encore. Cela faisait des jours que Tristan errait dans la campagne française sans savoir où il finirait. Probablement mort quelque part. Après tout, il ne faisait plus partie d'un des deux camps et c'était peut être le pire dans cette affaire, être l'ennemi de tout le monde sans comprendre les raisons véritables de cette haine envers sa misérable personne. Il se savait à moitié juif mais il n'avait jamais considéré cette réalité comme une tare, de la même manière qu'il était allemand et ne pouvait pas supporter les regards méprisants des français qu'il avait pu croiser sur son chemin durant ses longues années de bataille. Désormais, qui était-il? Tristan ne pouvait plus être allemand ni juif. Il ne pouvait que mentir sur sa véritable identité, en espérant que la guerre se termine avant qu'il ne périsse, pris au piège par l'un ou l'autre camp. L'herbe était haute dans les fourrés dans lesquels il se lovait depuis trois nuits désormais. Il avait froid, il avait faim mais Tristan était toujours un soldat alors, il n'avait rien à craindre, non? Tous les hommes comme lui étaient nés pour survivre à ce genre de circonstances dramatiques, à cette solitude douloureuse qui étreignait la chair à canon qu'ils étaient devenus par la force des choses. Au milieu de ce tableau définitivement trop sombre, Schäffer pouvait garder un peu d'espoir, même s'il s'était méprisé pour cela. Il avait trouvé le corps d'un paysan français sur le bord du chemin et avait subtilisé ses vêtements pour se fondre dans la masse. Au moins, il pouvait rejoindre les routes sans être trop embêté par les soldats alliés qui y régnaient en maîtres depuis plusieurs semaines. Croiser des allemands par contre lui déchirait le coeur parce qu'aucun d'eux n'avait l'air de se rendre compte dans quel pétrin il s'était fourré. L'horreur des chambres à gaz était si loin de leur quotidien que ces simples soldats ne faisaient plus tellement attention aux SS qu'il croisait, les saluant comme s'ils avaient tous fait partie des Jeunesse Hitlériennes. Tristan avait envie de vomir dès qu'il sentait le sang juif couler dans ses veines. Heureusement pour lui, il avait l'air suffisamment aryen pour que personne ne vienne le jeter dans la gueule du loup. Pour autant, cela ne le rendait pas moins seul, perdu au milieu des hautes herbes, portant des vêtements qui n'étaient pas siens et qui sentaient le crottin. Il avait juste envie de rentrer chez lui, de se lover dans les bras de ses soeurs, de sa mère et son père, histoire d'espérer encore un peu qu'aucun d'eux n'ait été emporté par les délires flamboyants de sa femme. Il la méprisait tellement qu'en avalant son dernier bout de pain, Tristan se sentit serrer le poing. Il aurait pu la tuer, l'étrangler alors qu'il n'avait jamais été un tueur émérite. Il avait toujours détesté appuyer sur la gâchette dans cette guerre et tout cela avait changé son point de vue sur la question puisque son destin de soldat résidait dans cette cruelle réalité... Tuer ou se faire tuer. Il avait tant désiré être sur ce chemin, la haine l'amenant ici, l'ambition aussi et désormais, il regrettait cette vie simple qu'il pouvait apercevoir de ci de là. Il croisait des familles en pleine exode mais qui trouvaient encore la force de sourire malgré tout parce qu'ils étaient ensemble. Tristan n'avait plus personne, voilà ce que ses yeux bleus suggérèrent au moment de regarder la lune s'élever, le froid tapant contre sa peau. Il se frotta les bras comme il le put avant d'attraper son bardas et se diriger vers la première chaumière qu'il avait aperçu une heure auparavant. Aucune lumière n'était de mise et il se sentit tout de suite en sécurité en passant par la fenêtre à moitié brisée. Le silence était assourdissant et il put déposer ses affaires contre la vieille cheminée. L'heure suivante, il achemina le plus de bois possible et tenta d'allumer un feu avec les quelques allumettes qu'il possédait encore. En sueur, il se releva et finit par sentir une présence derrière lui. Instinctivement, sa main atteignit son arme et il se retourna, la lumière orangée du feu révélant une femme, brune, aux yeux bruns profonds qui le regardait. Sa première pensée resta totalement futile mais pourtant réelle: elle était d'une rare beauté mais Tristan n'avait pas le luxe de penser ainsi, pas dans sa position. "Qui êtes vous?" Il tâcha de camoufler son accent derrière cette vulgaire phrase en français. La vérité, il était subjugué, la main empoignant son arme comme si c'était son dernier souffle de liberté, la dernière fois qu'il pourrait respirer sans avoir l'image de cette beauté aux yeux ébène coincée dans ses pensées.
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Iracebeth

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MessageSujet: Re: [DOA] Tristhea #01   [DOA] Tristhea #01 EmptyDim 8 Déc - 12:40

Barbara lui manquait. Viscéralement. C'était pire encore lors des nuits comme celle-ci. L'air était frais mais le ciel suffisamment dégagé pour que l'on puisse apercevoir les étoiles. Perdue dans ses pensées, elle se surprenait à les observer avec une certaine nostalgie. Elles avaient été nombreuses les soirées qu'elles avaient pu passer ensemble, s'évadant sur les toits de leur grande maison familiale pour regarder les astres, loin du monde, loin des convenances, des regards appuyés de leur mère et de leur éducation respective. Ces soirs-là, elles n'étaient plus que deux jeunes filles, minuscules à l'échelle de l'univers, s'émerveillant sur la beauté des cieux qui s'offraient à elles. Elles n'étaient plus que deux sœurs, ordinaires, liées comme deux mains, récitant les noms qu'elles avaient pu retenir des leçons d'astronomie de maître Johnson en se chahutant. Avec une vague à l'âme, elle se disait que peut-être comme elle, sa cadette était-elle en train de lever les yeux. Elle se demandait comment se portait le domaine en son absence, comment allaient les filles. Il y en avait sans doute eu d'autres arrivantes depuis. Cela faisait plusieurs semaines qu'elle était sans nouvelles mais ça n'était pas bien rare. Les voies postales étaient toujours passablement perturbées et elle n'en attendait pas encore après sa dernière lettre. Dans un coin de son esprit, elle pensa qu'elle n'avait pas reçu non plus de courrier de son fiancé, parti en Italie depuis plusieurs mois mais là encore, elle attribua seulement cela au retard général. Ramenant son attention sur la route, elle jeta un coup d'oeil à Taylor, sa partenaire et chauffeur du jour. Avec ses traits en coeur et ses grands yeux verts, elle avait un succès fou auprès des hommes qu'elle se plaisait à remettre en place avec un regard et quelques mots bien sentis. Ce soir-là, pourtant, elle était étrangement calme. La journée avait été longue et comme elle, elle se laissait envelopper par le silence qui régnait dans la campagne française qu'elles traversaient à une heure déjà tardive. Les lieux étaient déserts, désolés, abandonnés par les habitants partis en exode vers des horizons plus rassurants. Elle ne pouvait pas vraiment les blâmer. Les dernières semaines avaient été rudes, les forces ennemies ne semblaient pas encore décidées à lâcher la bataille en dépit d'une déroute qui faisait peu de doute. Du moins, l'espérait-elle. Elle se retenait de faire preuve de trop d'optimisme après ce qui représentait désormais une demi-décennie de conflit. L'envie de se battre était toujours là mais elle était encore des jours où elle se demandait à cela les mènerait tous. Elle avait grandi dans les livres d'Histoire, dans les récits de conflits belliqueux auxquels s'adonnaient les hommes depuis les premiers temps. Elle avait entendu pendant bien longtemps les histoires de son père, combattant de la Grande Guerre qui ne voyait pas comment l'Humanité pourrait retomber dans un tel combat d'ici tôt. Que dirait-il désormais ? Il était mort avant que tout n'éclate à nouveau et elle pensait parfois que c'était peut-être mieux. Qu'aurait-il pensé ?  
Toujours dans ses réflexions, elle entendit à peine Taylor briser le silence confortable dans lequel elles étaient installées. Celle-ci dut l'appeler une nouvelle fois pour qu'elle saisisse et se retourne vers elle, surprise.
"Qu'y-a-t-il ?"
"Il n'est pas censé être désert le village ?"
"Pourquoi tu me demandes ça ?"
En guise de réponse, son officier pointa la direction d'une petite maison non loin de là éclairée par une faible lumière.
Elle hésita. Le reste des lieux paraissait abandonné et il y avait peu de chances que des ennemis se soient aventurés dans les parages. Sans doute était-ce seulement un individu de passage. Peut-être même une famille désespérée de trouver un lieu de refuge pour la nuit qui s'annonçait décidément bien froide. Elle aurait du faire comme si de rien n'était, dire à Taylor que ça n'était sans doute rien et qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter, qu'il était temps qu'elle rentre, qu'elle pourrait revenir le lendemain. Elle n'en fit rien. Non, à la place, elle lui fit arrêter le véhicule, ce qu'elle fit avec un temps de retard, surprise de sa réaction soudaine. Que comptait-elle faire ? C'était idiot, aventureux, téméraire et certainement dangereux. Le ou les intrus pouvaient être nombreux, armés, désemparés et donc portés à la violence. Oui, c'était stupide, profondément imprudent. Mais elle ne pouvait pas se retenir. Elle connaissait cette maison. Elle connaissait ses habitants ou du moins les avait-elle connu avant qu'ils ne partent. Elle se souvenait du père, de la mère et de leur fille, cette jeune fille rendue sourde par les bruits de la guerre qui lui avait tant rappelé Barbara. A qui elle avait tenté d'apprendre quelques mots et fait naître un sourire. Taylor la sortit à nouveau de ses réflexions, attendant la suite, probablement ses ordres ou ses indications. Elles étaient de patrouille après tout. Certes, elles devaient seulement rapporter les nouvelles mais elle avait la bonne excuse. Sans un mot, elle sortit alors du véhicule avant de se pencher vers la fenêtre.
"Reste là"
"Ma'm, vous êtes sure ?"
"Certaine. Reste là."
Sans un autre regard, elle lui tourna le dos et prit la direction de la maison. Une petite voix dans un coin de sa tête continuait de lui répéter que c'était particulièrement stupide mais elle la fit taire. Si c'était des ennemis, elle devait le savoir. Si c'était des vagabonds ou des réfugiés, elle devait le savoir aussi. Par chance, c'était elle qui pouvait se permettre de prendre les décisions dans ce genre de circonstances. Se rapprochant de la maison, elle sortit son arme et la plaça devant elle avant de continuer prudemment sans un bruit. Elle aperçut d'abord l'intrus de dos, la vit tenter de faire un feu avec des allumettes, ce qu'il parvint à faire. Elle resta silencieuse mais sans doute dut-il la sentir derrière lui, parce qu'il se releva aussitôt avant de se retourner vers elle, son arme à la main, l'interrogeant sur son identité. Conservant son propre pistolet, bien ancré entre ses doigts et pointé vers l'homme, elle eut l'occasion de l'observer quelques secondes, de le voir vraiment. Il paraissait fatigué, épuisé comme bon nombre d'individus qu'elle pouvait croiser dans les parages. Les ravages de la guerre. Quelque chose dénotait chez lui pourtant. Quelque chose qui captura aussitôt son attention et manqua de détourner sa concentration sur la situation. Elle ignorait si c'était un effet ou non de la lumière offerte par les flammes mais elle ne put se retenir de penser que cet homme, qui qu'il puisse être, avait les yeux les plus bleus qu'elle eut jamais vu. En d'autres circonstances, elle les aurait sans trouvé magnifiques - ce qu'ils étaient - mais en cet instant, ils étaient surtout distrayants. Après quelques secondes de silence, sans le lâcher du regard, dans une posture assurée et déterminée, elle mit de côté son accent typiquement britannique pour retrouver le français parfait qu'elle avait appris à perfectionner en contrée de guerre.
"Je pourrai vous poser la même question. Je connaissais ceux qui habitaient ici et je suis pratiquement certaine que vous ne ressemblez à aucun d'entre eux."
Elle sentait à sa réaction que ça n'était pas un piège, qu'il était sans doute là, seul, désespéré de trouver un refuge. En d'autres termes, pas une menace mais elle pouvait juger à sa manière de tenir son arme qu'il savait ce qu'il faisait, qu'il en avait l'expérience, peut-être même pour tuer. Elle pensa à un ancien soldat. Déchargé ou déserteur ? Elle ne saurait encore le dire. La prudence tout à sa témérité était de mise. Mais peut-être finirait-elle par être surprise.
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Iracebeth

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MessageSujet: Re: [DOA] Tristhea #01   [DOA] Tristhea #01 EmptyDim 8 Déc - 12:40

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La menace était partout autour de lui. Rien de nouveau, a priori, mais Tristan avais mis un temps fou à le réaliser. Toutes ces années, il s'était promené sans se rendre compte des dangers qu'il encourait en restant avec un tel entourage. Quel idiot il avait été en se lançant dans ce périple, pour qui, pour quoi? Qu'avait-il à retenir de cette guerre exactement? Il méprisait tout dans ce phénomène que Hitler avait engendré, mais lui comme tant d'autres n'avaient rien fait pour le parer. A son échelle, Tristan y avait même largement participé. Depuis le début, il connaissait les risques mais il avait préféré les ignorer. Il voulait être soldat. Absolument. Quitter sa campagne pour briller sur les fronts les plus dévastateurs du monde. Qui de sensé pouvait rêver de ce genre de boucheries? Il était complètement fou, oui, d'avoir espéré se glorifier sous les bombes ennemies. Quelques années plus tard, il réalisait son erreur mais c'était trop tard pour faire machine arrière. Schäffer s'était donc enfoncé dans ce trépas, avec l'espoir si mince de s'en sortir vivant. Le pire dans cette affaire, ce n'était peut être pas cette mission suicide dans laquelle il s'était engagé en rentrant dans les rangs allemands. Non, la décision la plus affreuse qu'il avait prise, c'était Hilde. Il l'avait épousée, en sachant mieux que quiconque qu'elle le ruinerait, le briserait, tuerait tous les membres de sa famille. Tristan s'était mis des œillères parce que c'était plus simple ainsi, plus simple de se contenter d'une jolie face de porcelaine plutôt que des capacités destructrices qui se cachaient sous cette douce peau. Elle était pire que son père, pire qu'un dirigeant nazi de haut vol, c'était dire les élans psychopathes qui l'étreignaient. Pourtant, Tristan était resté à ses côtés plusieurs années, il avait eu l'impression de l'aimer, de l'accepter comme elle était. Un mensonge infâme. Voilà ce qu'il avait vécu. Il le vivait encore, maintenant qu'il était seul avec ses pensées au quotidien. Schäffer ne savait plus quel jour on était, encore moins l'heure, il se contentait de vagabonder en attendant l'occasion parfaite de retrouver sa famille. Pour le moment, il se sentait traqué, des deux côtés et la sensation lui faisait mal au coeur. Il était allemand, pur souche, mais il n'avait plus le droit d'avoir ce titre. Il n'était pas plus un allié, même s'il avait du sang juif qui coulait dans ses veines. Son identité était floue désormais et Tristan n'appréciait pas franchement la sensation. Il était sans terre, sans patrie, perdu dans les hautes herbes françaises, à la recherche d'une échappatoire qui ne venait jamais. Le désespoir l'avait poussé à vouloir se réchauffer, au moins pour une nuit. Tristan était bien sot de se sentir à l'abri dans une maison rurale qui bordait les réseaux routiers français mais il était exténué. Se cacher n'avait rien de glorieux et il n'était pas habitué à être le lâche au lieu du combattant. Pourtant, l'ex soldat Schäffer avait besoin de cette quiétude auprès d'une cheminée, juste cette fois, avant de reprendre sa vie d'exilé. Il avait espéré avoir au moins dix minutes de répit mais à peine eut-il fini de mettre du bois dans l'âtre, une silhouette s'annonça derrière lui. Timoré mais pas dupe, Tristan attendit quelques secondes avant de se retourner, arme à la main, regard bleuté perdu sur les traits fins de la femme face à lui. ans d'autres circonstances, il aurait souri et aurait commencé à la charmer parce que c'était dans son caractère. Cette fois, il ne pouvait pas se le permettre, la guerre avait au moins changé cela chez lui, même si son regard transperçant n'avait pas perdu de sa lueur. Il ne pourrait pas tenir la conversation en français bien longtemps et le ton de la belle brune lui fit comprendre qu'elle savait très bien qu'il n'était pas un hôte désiré. Tristan n'avait pas tellement de justifications pour expliquer sa présence et en bon téméraire qu'il était depuis son déploiement en France, il leva les bras en l'air et vint poser son arme à ses pieds, sans que ses yeux océan ne la quittent des yeux. De toute façon, il était pris au piège, très peu probable qu'une femme comme elle se retrouve toute seule en pleine campagne. Que lui dire, exactement? Que pouvait-il se permettre maintenant qu'il était aux portes de la mort? "Touché. Je cherchais juste un refuge pour la nuit. Je suis un déserteur allemand. Et il n'y a aucune issue pour moi. Les allemands me tueront, vous aussi... Qu'est-ce que je peux espérer?" La carte de la vérité était peut être la seule qu'il pouvait jouer, s'asseyant sur la dernière bûche qu'il n'avait pas mis à fondre dans la cheminée, son regard s'illuminant d'autant plus dans l'ombre des flammes, lui qui le relevait pour jauger la jeune femme, arme à la main. "Tuez moi et vous serez une héroïne de guerre. Les alliés vous remercieront. Un allemand en moins, une perte de plus pour finir cette guerre au plus vite. Je vous en voudrais pas... A votre place, je ferais la même chose." Il la regardait avec une émotion palpable, sa main venant masser sa barbe de quelques jours, le bleu de ses yeux cherchant à attraper l'ébène des siens. Désespéré, il l'était mais quelque chose au fond de lui lui faisait dire qu'elle n'appuierait pas sur la gâchette. Pas avec lui. C'était une sensation étrange mais Tristan la chérissait déjà, ici, prunelles brunes contre prunelles bleus, à la lueur orangée du brasier.
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MessageSujet: Re: [DOA] Tristhea #01   [DOA] Tristhea #01 EmptyDim 8 Déc - 12:41

Pourquoi s'était-elle engagée ? Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait pu entendre cette question raisonner à ses oreilles. Elle était une femme. En âge de se marier, de fonder une famille et elle était riche. Le décès de son père sans héritier mâle l'avait propulsée sur la scène aristocratique dotée d'un titre que peu de femmes pouvaient se vanter de revendiquer sans union préalable. Elle était sa propre personne, indépendante, gérant son domaine et ses terres comme elle le souhaitait. Elle aurait pu ne jamais partir ou aider à l'effort de guerre d'une autre manière. Profiter de son confort et user de sa position pour faire sa part. Alors pourquoi ? Pourquoi avait-elle cédé ce privilège pour venir se perdre loin de chez elle dans des campagnes étrangères et risquer la mort à chaque tournant ? Pourquoi en effet ?
Barbara avait pensé que c'était du à son éducation. A cette jeunesse passée dans l'ombre d'un héros de guerre qui l'avait élevée comme il aurait élevé un fils. D'autres encore avaient cru y voir là un acte de rébellion supplémentaire. Une manière nouvelle de se distinguer après avoir refusé de jouer maintes fois les jeux que l'on attendait d'elle. Peut-être était-ce un peu de tout cela. Quand l'interrogation flottait au milieu de ses camarades de régiment, les réponses étaient aussi diverses que les raisons. La liberté. L'indépendance. Le prestige. L'héritage. La raison. L'ambition. Le désir de prouver. Le sens du devoir. La haine de l'ennemi. En réalité, elle n'était pas certaine d'avoir une réponse toute faite, bien précise, bien nette. Elle en avait vu tant ces dernières années qu'il était parfois des jours où elle se demandait si elle avait fait le bon choix. Si comme certains l'affirmaient, elle n'aurait pas été mieux chez elle. Mais cela durait rarement. Elle n'avait aucun regret, aucun remord si ce n'était celui d'être si loin de sa cadette. Du reste, elle était à sa place. Et si certains hommes trouvaient parfois à y redire, les femmes de son corps d'armée n'en faisaient rien. Elle avait su très tôt comment s'imposer et imposer sa volonté. Elle n'avait jamais bien eu besoin d'élever la voix pour se faire entendre, pas plus que pour faire entendre ses idées. Il était d'ailleurs très difficile de la faire changer d'avis quand elle avait une en tête. Elle était sûre d'elle et de ses choix. Et si elle doutait, elle ne disait jamais rien. Elle gardait ses réflexions pour elle tout comme ses potentielles hésitations. Elles étaient rares. Elle avait été éduquée de manière à penser par elle-même, pour elle-même et pour ses convictions. Il n'était pas un jour sans qu'elle ne remercie son père pour cela. Elle savait que cela avait du lui en coûter. Lui qui aurait rêvé d'avoir des fils et n'avait hérité que de filles. Il n'avait pas eu l'air trop déçu au bout du compte. Elle espérait qu'il ne l'était toujours pas mais quand bien même, elle n'aurait rien changé.
Pas même ce soir-là. Pas même cette nuit-là alors qu'elle se retrouvait seule dans une maison isolée face à un homme armé. Taylor n'était pas bien loin mais elle n'éprouvait aucune envie de l'appeler. Elle doutait le faire de toute manière. Qu'importe si cette dernière se retrouvait à attendre. A première vue, il n'était qu'un vagabond. Un être seul, en quête d'un refuge pour la nuit. Pas une menace insurmontable. Ses vêtements étaient fatigués mais pas autant que ses traits. Ce ne fut pourtant pas ce qui attira son regard. Non, ce qui l'ancra, ce furent ses prunelles. Cette paire d'iris bleus rendue irréelle par la lueur des flammes. Armes face à face, il avait brisé le silence qu'atténuait jusque là seulement le craquement de bûches enflammées. Qui était-elle ? Elle lui avait retourné la question. Elle s'attendait à une attaque, à une fuite, à une tirade de mensonges, pas à ce qui suivit. Quand il entama un geste, ce ne fut pas contre elle mais pour déposer son arme à ses pieds, lever les bras en l'air en lui affirmant sans détour la simple vérité. Il n'y avait nul mensonge dans ses mots et pas davantage dans ses yeux. Elle avait vu juste, il était bien un vagabond en quête de refuge. Ce qu'elle n'attendait pas cependant, ce fut qu'il n'était pas français. Non. Il était allemand. Déserteur qui plus est. Comme il le disait si bien lui-même, un condamné. Sans le quitter des yeux, sans faire davantage de geste, elle l'observa abandonner sa posture pour s'asseoir face à elle. A sa merci. Il le savait. Si elle n'avait pas réagi à la première partie de son discours, elle ne resta pas indifférente à la seconde. Il pensait qu'elle le tuerait. Qu'elle en serait remerciée. Pourquoi lui en vouloir alors qu'il ferait la même chose. C'était là son premier mensonge. Elle le voyait de ce regard azuré qu'elle n'avait pas quitté de l'encre des siens. La question lui revint soudain en tête. Pourquoi s'était-elle engagé ? Pour son père, pour le prestige, pour s'affirmer ou parce qu'elle haïssait son ennemi ? Certainement pas la dernière. Si elle était parfaitement honnête, elle détestait plutôt l'idée tout ait encore recommencé. Elle n'avait rien contre les allemands en tant que tels. Elle aurait trouvé cela sot alors qu'elle en avait connu bon nombre dans la noblesse. Non, elle méprisait les idées, abhorrait celui qui les engendrait et qui avait plongé l'Europe et son peuple dans une nouvelle guerre. Pourquoi alors ? Pour elle. Pour ses idées. Pour sa conviction. Et ça n'était pas l'homme face à elle qui allait lui en faire changer. Baissant son arme sans pour autant la ranger, elle continua de tenir son regard, presque avec défi, un fin sourire étant parvenu à s'infiltrer sur ses lèvres.
"Etre une héroïne m'intéresse peu, pas plus que d'obtenir les remerciements. Si vous pensiez tomber sur une folle de la gâchette, vous êtes mal tombé. Je ne vais pas vous tuer. Mais je vais vous poser une question. Une pour laquelle j'espère que vous serez aussi honnête que vous l'avez été jusqu'à présent.
Pourquoi avez-vous déserté ?
"
Pourquoi, en effet ? Les raisons pouvaient être nombreuses. Si elle-même, elle n'y aurait jamais pensé, l'homme qu'elle avait face à elle n'était pas le premier.  Jusqu'alors, elle avait entendu la peur de la défaite, la peur de mourir, la peur des conséquences. Quelle serait sa raison ? Quelle serait donc son explication qui déciderait vraisemblablement de la suite de son histoire ? Parce que non, elle ne comptait pas le tuer mais elle devait encore décider de son sort. Alors quel serait-il ?
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MessageSujet: Re: [DOA] Tristhea #01   [DOA] Tristhea #01 EmptyDim 8 Déc - 12:41

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Le mensonge n'était plus la solution: celui-ci avait bien trop fait partie de sa vie ces dernières années. Si Tristan devait faire le bilan de sa dernière décennie passée sur Terre, il serait obligé d'en arriver à une bien triste conclusion: il se fourvoyait depuis le début. Lui avait menti à sa femme en cachant ses véritables racines, si on pouvait dire cela puisqu'il n'avait jamais envisagé que ce put être un sujet de discorde et elle, oui, elle avait menti sur tout le reste. Elle avait fait alliance avec son cher père pour exterminer des milliers de personnes sur cette planète. Schäffer n'avait rien su de prime abord, il avait été berné comme tous les autres bons soldats de l'armée allemande, pleine de bonnes intentions. Ils étaient tous là pour défendre les intérêts de leur nation, même si avec du recul, Tristan s'était toujours demandé où étaient ces fichus intérêts au bout du compte. Pourquoi envahir toute l'Europe? Tuer des millions de personnes pour un délire égocentrique sans plus de profondeur? Ils l'avaient tous su, ils étaient tous restés aveugles, menteurs comme leur chef d'Etat. Ils l'avaient choisi après tout, en 1933 et si Tristan le regrettait, il était bien trop tard pour réécrire l'Histoire. Il était trop tard pour effacer les morts déjà trop nombreux depuis cinq années et maintenant, l'affaire s'aggravait avec ce récit des camps qui enflait de jour en jour. Tristan connaissait la vérité désormais, il avait vu les clichés et son premier réflexe s'était dessiné en une infâme envie de vomir. Ces gens-là, maigres et mourants, ils étaient tous ces cousins. Ils partageaient tous un bout de la même histoire, même si celle-ci était lointaine au final. Tristan ne pourrait jamais oublier ce qu'il avait vu, encore moins ce qu'il avait fait parce qu'il avait partagé à son échelle à cette bien belle mascarade. L'heure du jugement dernier avait peut-être sonné pour lui et si ce n'était pas une chambre à gaz ou un pilori, c'était le regard ébène de la jeune soldate qui était là pour l'abattre. Il préférait cette option, Tristan se considérait même chanceux d'arriver au terme de sa route en ayant un tel regard posé sur lui. Il ne pouvait plus mentir désormais, pas à l'instant où il rencontrait ces yeux déterminés à en découdre. Tristan n'avait plus la force d'agir autrement pour être honnête. Il avait trop combattu ces dernières semaines, luttant contre son instinct primaire de bon petit soldat pour se retourner contre son propre camp. Il estimait ses raisons comme étant légitimes mais pas sûr que son supérieur hiérarchique le voie de la même façon que lui. S'il se savait condamné, Schäffer voulait partir discrètement, sans que sa famille ne sache comment la vie l'avait emporté. Cela les tuerait certainement d'apprendre qu'il était mort seul, dans une maison de campagne, assassiné par une perle brune devant un feu de cheminée orange vif. Voilà où le mensonge l'avait conduit, voilà où le destin voulait le voir changer, du tout au tout. Tristan ne pouvait plus être un pion d'ambition dans une guerre trop abrupte pour des yeux aussi doux que les siens. S'il était question de survie, il était aussi question de cette joyeuse ironie qui l'habitait au moment de déposer son arme à terre. Lui qui n'avait jamais plié un genou face à un allié dans les tranchées, c'était devant cette femme qu'il s'y résolvait. C'était elle qui le mettait à terre et Schäffer n'avait pas l'air d'en souffrir, s'asseyant en face de son arme déchue. Ses yeux se coincèrent dans ceux de la brune et le temps s'arrêta, ne serait-ce que quelques micro instants avant qu'elle parle à nouveau, lui demandant des comptes sur sa désertion. Que pouvait-il cacher? Tout le monde savait la vérité désormais, il n'y avait plus qu'à agir le plus vite possible pour empêcher le plus de défunts possibles. "Parce que je suis peut être un allemand mais je suis pas un monstre. Je me suis engagé dans cette guerre pour défendre les intérêts de ma patrie, mais pas les intérêts d'un fou qui veut exterminer des races toutes entières. Je savais rien de tout ça puis j'ai vu... Les camps, vous savez pour ça? Des gens comme moi meurent tous les jours dans d'atroces souffrances, pour une raison obscure. Peu importe où je vais, je finirai avec eux, ma famille y est peut être déjà, c'est sûr alors peut être que vous, vous êtes la solution. Les alliés, c'est la seule option qui reste à ces pauvres gens." La seule option qui lui restait également parce que, de toute manière, il mourrait. Si on le trouvait loin de la ligne de front, il périrait des mains de ses compatriotes. C'était certainement mieux de tomber des mains d'un ennemi, et quelle ennemie avait-il en face de lui. Ses yeux océan ne la lâchaient pas des yeux, ne faisant même plus attention à l'arme qu'elle tenait encore en main. "Je suis dans aucun camp, au final. Je suis trop juif pour être allemand et trop allemand pour être allié. Alors, oui, peut être qu'il vaudrait mieux que vous me tuiez, ce sera la méthode la moins douloureuse pour moi." On le torturerait des deux côtés mais Tristan avait la sensation que l'inconnue en face de lui n'agirait pas ainsi. Il le sentit en croisant ses bras, relevant la tête et son regard si électrisant vers le sien, l'implorant peut être de tout arrêter là. Pour que sa mort fut plus simple à accepter, parce que c'était elle qui enclenchait la détente aussi, peut être.  
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MessageSujet: Re: [DOA] Tristhea #01   [DOA] Tristhea #01 EmptyDim 8 Déc - 12:43

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Ses yeux se coincèrent dans ceux de la brune et le temps s'arrêta, ne serait-ce que quelques micro instants avant qu'elle parle à nouveau, lui demandant des comptes sur sa désertion.
"Parce que je suis peut être un allemand mais je suis pas un monstre. Je me suis engagé dans cette guerre pour défendre les intérêts de ma patrie, mais pas les intérêts d'un fou qui veut exterminer des races toutes entières. Je savais rien de tout ça puis j'ai vu... Les camps, vous savez pour ça? Des gens comme moi meurent tous les jours dans d'atroces souffrances, pour une raison obscure. Peu importe où je vais, je finirai avec eux, ma famille y est peut être déjà, c'est sûr alors peut être que vous, vous êtes la solution. Les alliés, c'est la seule option qui reste à ces pauvres gens."
Ses yeux océan ne la lâchaient pas des yeux, ne faisant même plus attention à l'arme qu'elle tenait encore en main.
"Je suis dans aucun camp, au final. Je suis trop juif pour être allemand et trop allemand pour être allié. Alors, oui, peut être qu'il vaudrait mieux que vous me tuiez, ce sera la méthode la moins douloureuse pour moi."
Il le sentit en croisant ses bras, relevant la tête et son regard si électrisant vers le sien, l'implorant peut être de tout arrêter là.
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