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 [DOA] Liebeth #01

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Iracebeth

Iracebeth


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depuis le : 18/11/2012

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MessageSujet: [DOA] Liebeth #01   [DOA] Liebeth #01 EmptyDim 8 Déc - 12:43




Lijsbeth & Lieven



L'amertume était sans pareille alors qu'il sentait l'odeur des produits ménagers lui agresser les narines. Autour de lui, tout allait trop vite: des internes couraient dans un sens puis dans l'autre, des patients toussaient, la vie était tornade. Pendant un temps, Lieven avait fait partie de cet ouragan, il en avait même été un des plus grands instigateurs. C'était le moins que l'on pouvait dire, lui qui gérait les infirmiers au même poste d'accueil qu'il était en train de nettoyer à cet instant. Avant, il imposait le respect de sa par sa grande silhouette et ses yeux bleus déterminés. Son instinct n'avait pas d'égal: il savait quoi faire, comment atteindre ce but et ne regrettait que rarement la moindre décision. C'était de cette manière qu'il avait survécu dans les pays les plus pauvres du globe sans qu'il n'ait réellement de moyens pour sauver ces populations. Il n'avait que sa volonté durant cette période, la chaleur lui martyrisant les neurones, la sueur coulant sur sa peau diaphane. Des morts, il en avait vu mais il n'avait jamais baissé les bras. Au contraire, Lieven était retourné en première ligne du combat, s'insurgeant contre des maladies qui n'existaient plus dans son pays natal et avec son accent germanique bien prononcé, il clamait à qui voulait bien l'entendre que les politiques occidentales détruisaient tous ces pauvres gens. Il savait qu'il avait raison évidemment mais qui était-il pour changer les choses? Personne. C'était ce qu'il était devenu en tout cas. Auparavant, tout le monde le regardait, attendait ses directives quand un médecin requérait un infirmier pour un cas grave. Désormais, Lieven était le grand dadais qui gênait au milieu du passage. On ne s'excusait même plus de le bousculer ou de détruire le sol qu'il venait tout juste de rafraîchir. Ces réactions étaient devenus habituelles et lui même n'y prenait plus garde. Si c'était le cas, il finirait par devenir fou. Il savait pourquoi il en était là et il ne pouvait rien demander en termes de reconnaissance après les actes commis. Giltbert avait voulu aider sa femme, en proie à une crise terrible, se mutilant alors qu'il était totalement impuissant. C'était le comble pour un guérisseur, d'être marié avec l'impossible à soigner, cette douce folie que le syndrome de sa femme avait amené au sein de son cerveau. Il n'y avait plus rien à y sauver désormais, en tout cas, c'était ainsi qu'il le voyait, ayant plus ou moins fait son deuil de sa relation passée. Ce qui lui faisait plus de mal, c'était l'absence d'Alix. Sa petite n'avait plus daigné répondre à ses coups de fil ou les messages qu'il envoyés à son frère pour avoir des nouvelles. Elbert lui disait qu'elle avait besoin de temps mais du haut de ses huit ans passés, l'enfant n'avait rien à envier au caractère de ses deux parents. Elle ne changerait pas d'avis de sitôt et Lieven devait vivre avec cette blessure béante au fond de sa poitrine. Il y arrivait, étonnamment. Les jours passaient et il s'y faisait, comme s'il était de nouveau là bas, au loin, seul, face à l'irréparable. De toute manière, Lieven n'avait plus peur de grand chose maintenant qu'il connaissait l'oubli, c'était même pire que cela, on avait l'impression qu'il le demandait. Effectivement, là, en cet instant, avec sa serpillière dans les mains, ses bouclettes désordonnées bougeant au moment où on le rasait de près pour une quelconque urgence à l'autre bout du hall, Lieven aimait l'idée de n'être rien du tout dans le paysage. Juste une ombre de plus dans un décor préparé.

Ne faire partie de rien, c'était un cadeau comme un autre. Il posa son seau dans le coin à côté du comptoir, se passant une main sur le visage après plus de deux heures de boulot. Pour presque aucun résultat puisque les badauds continuaient leurs aller-retour à leur passage. Lieven aurait pu se retrouver désespéré de ce constat mais depuis un an déjà, il avait pris l'habitude de vivre avec cette frustration. A certains moments, l'adrénaline lui manquait, surtout quand il voyait un interne se battre avec des aiguilles quand lui était un maître en la matière. Dans ce genre de circonstances, Lieven ne pouvait que sourire avant de remettre ses boucles en ordre d'une main distraite pour mieux reprendre son balai ou sa serpillière. C'était un éternel recommencement, un qu'il aimait malgré tout. "Giltbert. Faut que t'ailles à la deux. Nettoyage express demandé." Le jeune infirmier lui avait tapoté sur l'épaule avec un air désolé. Lieven se contenta de hocher la tête avant de transporter tout son attirail dans l'aile attendu. L'agitation était presque étrange et Lieven fronça les sourcils en se rendant compte du décor alentour. Il était dans un coin particulier des urgences, il s'en rendit bien compte au moment où la sirène retentit et tout le monde se mit à courir. Lieven relâcha ses produits pour pénétrer dans la chambre qu'on lui avait demandé, pile au moment où le cliquetis de fermeture des portes de sécurité se fit entendre. Des cris émanèrent de plus loin, vers le hall d'entrée et il n'eut pas vraiment moyen de vérifier ce qui se passait même s'il avait suffisamment d'expérience pour comprendre qu'un fou furieux avait dû tenter un acte désespéré. Dans tous les cas, Giltbert se retrouva dans une aile quasi vide après un décès en vue de l'état du coin gauche de la pièce. De l'autre côté, deux substituts de chambre où des gens se relevaient, se demandant ce qui pouvait bien se passer. Une vieille dame s'extirpa de derrière le rideau pour le regarder, incrédule. "Vous êtes docteur? Qu'est-ce qui se passe?" Lieven allait répondre par la négative qu'une silhouette sortit de l'ombre derrière lui. Une jolie brune, d'à peu près son âge le regarda et il se retrouva comme un idiot, ses yeux azur descendant vers les siens. Lieven en avait oublié la vieille dame qui venait tout juste de l'interroger. A la place, il était perdu sur ce regard ébène qui contrastait clairement avec le clair du sien. Il se reprit néanmoins, se disant que pour ne pas céder à la panique, il devait user de son instinct, c'était ainsi qu'il aiderait le mieux les patients. Son regard réussit à se relever vers la personne âgée au coin de la pièce. "Je fais partie du personnel, madame. Vous en faites pas, tout reviendra à la normale sous peu. Vous pouvez vous rendormir." La dame tira de nouveau le rideau et le silence revint bien en place. Il lança un regard en coin à la jeune femme avant d'attraper son seau et de s'avancer vers l'endroit à nettoyer, non sans sentir qu'un regard restait porté sur lui malgré tout. Il sentit un frisson lui parcourir l'échine au moment de passer à côté d'elle, faisant comme si de rien n'était. Puis, il commença à frotter le sol, le sang se mêlant à l'odeur de javel, un mélange étrange qui dénotait clairement avec la situation à l'extérieur. Des cris toujours mais là, dans cet alcôve singulier, il n'y avait que ce doux silence et le regard qui releva vers la belle brune, ses cheveux tombant devant ses yeux en s'y osant.

panic!attack
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