[DOA] Lloyds #02

I need the starshine of your heavenly eyes, after the day's great sun. ft Ella

I could not tell you if I loved you the first moment I saw you, or if it was the second or third or fourth. But I remember the first moment I looked at you walking toward me and realized that somehow the rest of the world seemed to vanish when I was with you.

Quitter l'uniforme était toujours une appréhension qu'il avait, ayant cette sensation de se retrouver nu face à un monde franchement peu avenant. Charlie était simplement né pour cela, pour porter cette tenue jusqu'à la fin de ses jours, persuadé qu'il était de toujours devoir sacrifier sa vie au nom de sa patrie et des gens qui la constituaient. A l'heure actuelle, son pays l'avait amené dans cette guerre incompréhensible et il avait beau retourner le problème dans tous les sens, Lloyd n'était pas prêt de voir la lumière au bout du tunnel sur le territoire français. Pourtant, il quittait l'uniforme ce soir là. Il aurait même presque pu se croire français en croisant le regard des gens joyeux autour de lui... La fête nationale, un bien grand concept pour un pays qui vivait sous l'occupation depuis des années. Les français avaient l'air de peu à peu s'en remettre, peut être parce que les alliés étaient plus proches que jamais de les libérer du fardeau nazi. Charlie en rêvait lui aussi, enfin pouvoir rentrer dans son Texas natal pour apprécier la chaleur de se sentir à la maison. Ce n'était pas pour tout de suite et quelque part, c'était mieux ainsi puisque Lloyd mettait toutes les chances de son côté en ce qui concernait Ella Fleming. Rencontrer cette femme au beau milieu de nulle part l'avait rendu fébrile, c'était une évidence mais Charlie n'était pas prêt pour autant à le confesser. Il avait sorti ses répliques de charmeur bien souvent depuis le jour de leur rencontre, se télescopant avec elle au détour d'un couloir de la ville tente hospitalière du campement. Les jours suivants, le soldat avait trouvé tout un tas d'excuses pour retourner là bas, juste pour être sûr de ne pas avoir rêvé une telle femme à proximité de lui. Non, il n'avait pas rêvé ses traits si doux, son sourire si effacé mais pourtant perceptible quand elle écoutait ses petites plaisanteries et ses yeux, oui ses yeux, Charlie aurait pu en parler pendant des heures. Il lisait tellement d'émotions différentes dans ses pupilles ébènes, de la douleur du deuil à cet espoir fou de retrouver le goût de vivre un jour... Ella l'intriguait. Elle avait cette force hors du commun qui n'avait pas l'air de l'angoisser une seule seconde quand lui n'arrivait pas toujours à trouver le sens de sa vie sur cette planète. Guérir les innocents, c'était le  combat de la belle Fleming et elle n'en démordait jamais, pas même lorsque la situation était désespérée. Et elle l'avait été maintes fois depuis leur rencontre vu le nombre de soldats du régiment de Charlie qui s'étaient retrouvés entre les mains de la jeune infirmière. Certains avaient péri, d'autres s'étaient miraculeusement relevés parce que c'était ce qu'était Ella Fleming, une guerrière qui n'échouait jamais. Elle remuerait ciel et terre pour sauver un innocent et Charlie en ferait de même pour la voir sourire à nouveau. Autant dire qu'il faisait preuve du plus grand masochisme possible en l'invitant pour un rendez-vous le soir de la fête nationale française mais Charlie n'aurait pas été Charlie s'il n'avait pas un peu de challenge à relever.

Il s'était apprêté, fait assez rare pour être soulevé après tant de mois de guerre qui l'avait rendu plus qu'amer. Cela faisait des mois que le territoire français tâchait de le tuer, il n'y était pas parvenu, justement parce que la belle Ella était toujours dans les parages pour le remettre sur pied. Ce soir là, il n'était pas question qu'une balle ne vienne se loger dans son épaule fraîchement réparée. Charlie voulait paraître aussi parfait que possible, si on excluait la barbe de trois jours qui continuait d'orner son visage. Lloyd avait conscience de son pouvoir d'attraction, c'était un fait établi depuis longtemps mais il n'offrait que très peu son intérêt à autrui... Son intérêt, à ce moment précis, était totalement concentré sur l'infirmière qui était entré dans sa vie comme un ouragan qu'il ne pouvait décemment pas maîtriser. C'était une évidence doucereuse, Charlie ne contrôlait pas grand chose lorsqu'il se retrouvait en compagnie d'Ella, c'était quelque chose qu'il n'avait que peu ressenti jusque là. Il en aurait même oublié qu'il avait passé vingt ans de sa vie à aimer Dahlia, la France ayant apporté son lot de nouveautés dans son état d'esprit. Il fit son entrée dans l'hôpital de fortune du campement, constatant le calme latent à cette heure-ci. Il eut une pensée égoïste à ce moment là, se maudissant intérieurement instantanément parce qu'il ne pouvait pas être heureux qu'Ella abandonne ses patients en urgence absolue pour ses beaux yeux bleus. "Ella est dans le coin? Je devais passer la prendre à dix neuf heures tapantes..." Il était en train d'interroger une collègue infirmière, ne terminant pas le moins du monde sa phrase lorsqu'il la vit. Ses yeux azurés s'arrêtèrent sur la silhouette de la plus belle femme qu'il ait jamais connue. Il arrêta toute pensée cohérente durant la minute suivante, ses yeux s'assombrissant d'éclairs tellement il était hypnotisé par la sublime Fleming. Charlie réussit à déglutir au terme de sa minute de choc pour retrouver toute sa contenance, du moins en apparence. "Ella... Plus sublime que jamais. Si ton intention était de me revoir en pleine syncope, t'es pas loin d'avoir réussi le défi, je te le dis." Il lui fit un clin d'oeil avant de s'incliner devant elle pour lui donner un baise-main, sa peau diaphane l'électrisant d'une force palpable et presque irrésistible. Était-ce toujours ainsi lors des premiers rendez-vous? Qu'était-il en train de vivre exactement? Charlie n'aurait su le dire mais il tendit son bras à Ella, se mettant en marche pour les quelques minutes qui suivirent. Direction la colline, le lieu parfait pour une solitude tant désirée entre eux, pour un rendez-vous qui faisait d'ores et déjà frémir son coeur. Si seulement Lloyd avait su à ce moment là que son destin était scellé, qu'il serait toujours scellé avec celui d'Ella Fleming.