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Iracebeth

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MessageSujet: Extraits   Extraits EmptyJeu 31 Oct - 10:37

Courbatu. Défait dans ses membres. Désemparé dans sa peau. Éreinté dans sa chair. Que la journée a été longue. Il a l'impression de se noyer dans un verre. Dans ce récipient circulaire qu'il tient entre ses doigts fatigués rempli d'un liquide qui le réveille un peu. Il ne sait l'heure qu'il est et il s'en fout. Il s'effondre aussitôt la chambre atteinte. Il s'abrutit sur son lit et s'évapore presque aussi tôt. Il y a des jours qui sont si longs, si longs. Si âpres et dans un sens si déprimants. Il a l'habitude pourtant. Les morts, il en a toujours creusé. Des pleurs, il en a toujours observé. Il a grandi entre les cercueils, mûri sa musique dans le simulacre froid d'une église dans des mélodies funéraires. Est-ce la fatigue qui le prend ? Est-ce que la perte de concentration qui le submerge ? Est-ce le temps si gourd qui le fruste de trop ? Peut-être est-ce tout ? Peut-être est-ce autre chose ? Les bons jours sont communs. Qui n'a jamais eu l'occasion de les connaître ? Il a eu des milliers. Il en a eu des meilleurs. Mais dans les pires, il avait toujours ça. Cette symphonie. Ces notes à faire naître sur un instrument. Pour arrêter le temps, pour arrêter le monde, pour noyer le silence et oblitérer tout le reste. Il pratiquait pendant des heures en attendant le soir fatidique et la transcendance de la scène ne manquait jamais de tout éveiller, de tout émerveiller. L'adrénaline lui manque. Le frisson fulgurant de la représentation. L'avant, l'après. La constance du pendant. Sauf que ça, il ne l'a plus désormais. Il n'a plus Sydney. Il n'a plus la scène. Il n'a plus son violon surtout. Il trouve fou maintenant encore de se trouver aussi dépendant d'un simple instrument mais au fond, il sait que ça dépasse l'objet lui-même. C'est la liberté qu'il représente, l'harmonie parfaite, la maîtrise absolue.

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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyJeu 31 Oct - 10:37

Il bat la mesure sans y penser. Il suit le rythme, le tempo. Il oublie le reste, ne se concentre que sur la musique. La journée a été longue, si longue mais elle est loin désormais. Perdue dans le méandre des heures auxquelles il ne pense plus. Il laisse la mélodie vivre et existe avec elle. Combien de fois a-t-il pu faire ça à Sydney ? Du temps de Sienna, c'était moins évident mais après son départ, il a fallu combler le silence, ramener la vie. Il a toujours aimé la musique alors pourquoi cesser de l'écouter ?
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyJeu 31 Oct - 10:38

Il suit le mouvement sans y penser. Son esprit est perdu ailleurs, évaporé vers d'autres sphères. Il se sent épuisé. Drainé. Il a souri, la compassion marqué sur ses traits. Il a écouté, souvent sans rien ajouter. Il n'est pas là tous les jours mais il n'est pas certain qu'il en serait capable. C'est dans ces moments-là qu'il admire son aînée, sa capacité à supporter quotidiennement les malheurs des uns, les afflictions des autres. Pour avoir été à leur place, il n'y a pas si longtemps encore, il comprend sans mal la douleur qu'ils expriment. Mais étrangement, ça rend le fait plus réel, plus tangible et presque moins supportable. Les pleurs, les histoires, les sanglots intarissables. Il a vécu dans cet univers. Pour autant qu'il s'en souvienne, il y est même né. Mais à l'instar de Cillian, de son cadet, il se surprend à
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyJeu 31 Oct - 14:48

Il observe la foule et la joie incandescente qui la saisit. Il y a bien longtemps qu'il n'a pas été entouré d'autant de monde mais ça ne lui déplaît spécialement. Il croise des individus sans cesse, il en aperçoit si souvent. Les matins pour les séances, le reste du temps pour les obsèques. Aucune circonstance n'est vraiment joyeuse. Les premiers se battent pour avancer, les seconds pour ne pas sombrer. Parfois, il se demande pourquoi il a accepté la proposition de son année. Le quotidien s'il en est n'est pas des plus réjouissant depuis qu'il est rentré et le voilà qu'il se retrouve chaque jour qui passe à côtoyer d'inextricables chagrins qu'il ne comprend que trop bien. L'idée était simple, presque évidente. Pour avoir grandi dans ce milieu, il sait qu'il n'a pas réfléchi à deux fois. Mais à l'époque, il lui reste l'instrument. La musique pour se perdre, pour oublier l'affliction d'une conclusion. Plus maintenant. Plus comme il le voudrait du moins.
Il y a quelques occasions s'il doit être honnête. Son cadet a bien tenté à maintes reprises de l'entraîner dans ses élucubrations. Il a parfois suivi sans trop le faire. Que sont donc devenus ses excès ? Il les regrette parfois. C'en est presque étrange. Il tente de ne pas trop les lier à la conséquence mais il arrive encore que son esprit ne lui laisse le choix.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyJeu 7 Nov - 18:00

Quand l'euphorie arrive, il la laisse le gagner. Il y a si longtemps qu'il n'en a pas connu la sensation qu'il aurait presque oublié son effet. Le sourire qui naît sur ses lèvres le fait sans y penser. Il s'agrandit sans qu'il ne le maîtrise et il n'en a que faire. Il se sent vivant. Étrangement vivant. Alors que de l'extérieur, c'est sans doute rien. Alors que d'un autre point, ce n'est pas sans doute pas si important. Mais pour lui, ça l'est. Ça l'est parce qu'après des mois de vide, des semaines de néant, il la sent revenir dans sa vie. Non plus de manière épisodique ou détaché.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyJeu 7 Nov - 18:00

Les images sont floues, imprécises. Il s'y perd sans y penser, se laisse emporter.

Strident. Discordant. Grinçant comme de la craie sur un tableau noir. Insupportable. Le son vrille à ses oreilles et il se réveille en sursaut. Pourtant, il ne s'arrête pas. Il sonne encore et encore dans son crâne et l'association avec les vrombissements dans ses tympans rend le tout abominable. Quel imbécile a décidé que c'était le bon moment pour jouer de la perceuse ? Non, pas de la perceuse. C'est plus aigu encore, plus crissant. A-t-il veillé ? Est-il encore à Sydney en train d'écouter Clay massacrer son piccolo ? Il met un certain nombre de secondes à remettre ses idées en place, à se concentrer sur autre chose sur sa main plaquée sur son oreille droite, l'autre restant désespérant immobile sur son autre flanc. Quelle heure est-il ? Fait-il jour seulement ? Il atteint la lumière, délaissant l'atténuation du sifflement. La lueur l'aveugle puis la vue revient. Il respire une seconde, tente de se concentrer. Ça semble peine perdue mais il essaye tout de même. Les palpitations paraissent se calmer peu à peu, réduisant la cacophonie. Non, il est toujours à Brisbane. Il est toujours chez son frère, bien loin de tout orchestre. Alors au lieu de tenter de l'ignorer, il ramène son attention sur le son, sur son origine. Il en retrouve le nom, maudit son invention puis cherche à se rappeler où peut bien se trouver cet engin de malheur. Le premier réflexe le ramène vers la cuisine. Il y guide ses pas. Elle est vide pourtant, encore noire du matin. Non, le son est plus éloigné, atténué bien qu'à peine. Il passe sa main valide sur le visage, réfléchit encore. C'est logique pourtant, il sait que c'est logique. La réponse surgit sans prévenir. La frayeur est passée. En partie du moins. La raison revient à la surface. Les pièces se remettent en place. Une fois, l'agitation passée, l'énervement prend la place. Quel imbécile a déclenché cette saleté d'alarme ? Un regard vers l'heure lui apprend qu'il est encore tôt. Ça aurait pu être pire mais il se trouve que c'est l'un des rares jours où il peut dormir.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyMar 12 Nov - 20:18

Le flou. Il s'accroche, se retient au néant puis tombe. La chute est interminable et vaporeuse. L'air est lourd, suffocant. La lumière criarde, aveuglante. Il ferme les prunelles, les ouvre. Le noir, le blanc et soudain le bruit. Le vacarme. Un fracas qui fait éclater les vitres. Il s'écharde sur le verre.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyMar 3 Déc - 18:01

Il rêve. C'est l'explication la plus rationnelle sur laquelle ses méninges embrumées parviennent à s'arrêter. Il n'est pas certain de pouvoir appréhender autre chose. Pas dans cet état-là. Non, c'est un rêve. Une forme de cauchemar étrange qui lui fait se demander s'il n'y avait bien que de l'alcool au fond de sa bouteille. Il n'a pas touché depuis longtemps. Il a des doutes. Peut-être que le petit a joué avec les mélanges. Il n'en sait rien. Ca ne fait aucun sens. Au départ, il met ça sur le compte du bruit, de la brume de son esprit. Ses tympans sont siphonnés par le vacarme, sa réflexion passablement ralentie. Ses gestes manquent de précision. La gueule de bois qu'il va s'offrir promet d'être fabuleuse. Et pourtant. Pourtant, il est là dans le couloir à observer un homme d'un âge proche du sien sauté vers le plafond dans un accoutrement plus étrange encore dans une tentative désespérée de mettre fin au son strident qui encombre les lieux. Si la scène elle-même n'est déjà pas ordinaire, les mots qui l'accompagnent sont ceux qui lui font questionner d'autant plus son réveil. L'homme, en effet, parle de poules, de couleurs d’œuf et de membranes. Il pense mal entendre. Le sifflet rend le tout presque inaudible. Pourtant, même en décomposant, il ne parvient pas à donner un autre sens à ses paroles, à leur offrir une nouvelle version. Il est nonchalant, pourtant, son vis à vis, indéniablement naturel. La conversation, la situation ne le choque guère. Alors il se surprend presque à sourire. Pourquoi ? Parce que pourquoi pas. Le tout est absurde, clairement insensé. Pourquoi lutter contre la mélodie ? Il se prête au jeu, oublie le contexte. Il répond comme si c'était logique puis cherche une solution. La discordance le rend fou.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyLun 16 Déc - 13:44

Il n'a pas mis longtemps à comprendre. Son attention n'est plus la même, la fatigue ne l'aide guère. Mais l'addition fut évidente. Sinistrement évidente. Les mots qu'elle lui a offert, donné en réponse ont suffi à confirmer le moindre doute qu'il pouvait encore posséder. Il ne veut pas savoir pourquoi. Pas encore. Plus tard peut-être lui en demandera-t-il davantage, cherchera-t-il à savoir pourquoi. Mais il n'est pas juge, pas pour elle. Il n'est que bourreau. Bourreau et nettoyeur. Pour lui. Aurait-il seulement regretté de mourir de la sorte ? Il ne sait quoi en penser. C'est à lui qu'il en veut. Pas à elle.

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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyVen 20 Déc - 14:18

Dans l'attente, quelques mots s'échangent. Il s'excuse, elle le retient. Une dette. Si seulement. Il s'en souviendra, c'est une certitude. Mais il n'est pas certain d'oser jamais la lui réclamer. Il a abusé de son temps au fond même s'il n'en a jamais eu l'intention. Elle suggère alors qu'elle préférera se venger sur leur nuisible s'il venait à l'avoir trompé. Le sourire s'accroche. Peut-être parviendra-t-elle réellement à s'en débarrasser dans ce cas.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyVen 24 Jan - 15:02

Inhumain. Le mot claque. Il résonne entre ses tempes, dans le creux pourpre de ses veines. Telle une mélodie lancinante, la pensée s'insinue. Implacable. Elle naît au cœur des méandres à la mesure des secondes. La part qui l'accepte l'effraie. Est-il donc de cela ? De ces êtres sans figure, sans lueur, ni décence ? La raison qui s'infiltre, lui rappelle qu'il n'a pas commis le crime. Et pourtant. Pourtant, c'est lui qui se trouve là. Lui qui, dans le calme scabreux de la nuit, se met en quête de l'issue. La pensée se fait mécanique, structurelle. Elle établit des faits, réfléchit à des exutoires. Elle est vierge de toute vie et ne souffre d'aucun macabre.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptySam 15 Fév - 15:08

Terrence V1


Il l'entend sans l'écouter, le voit sans le regarder. Il est là. Sans l'être. L'homme en face de lui n'a aucune réalité. Il ne peut pas en avoir une. Il ne peut parce qu'alors sa voix serait réelle. Les mots qu'elles offrent auraient un sens, une tangibilité. Parce qu'alors son monde aurait perdu la sienne. A quoi sert-il de vivre quand on ne sait plus pourquoi se lever ? Ce sont des paroles anciennes, lunaires. Elles remontent à si loin qu'il les aurait presque oublié. Pourtant, elles sont encore là. Sans doute sont-elles restées dans l'ombre pour se rappeler à lui au moment opportun. La matérialité qu'elles prennent soudainement est suffocante. Ce qu'il raconte n'est que mensonge. Juste illusion. Son audition parfaite le trompe, son attention est encore perdue dans la nuit. Le réveil arrive. Il le sait. Mais quand ? Quand ? La douleur qui palpite, qui le serre est si vive, si vibrante. Pourquoi ne vient-elle pas le réveiller ? Il sent les perles naître au coin de ses paupières, les ignore. Elles ne sont pas là parce qu'il n'y est pas non plus. Il attend. Il attend. Encore une minute. Encore deux. Ce ne sont que des secondes pourtant. Le temps n'avance pas. Il se fige, s'abat. C'est une sentence. Un verdict. Implacable. Excessif. Il l'est. Une part de lui sait qu'il l'est. Il ne devrait pas réagir ainsi. Sa raison devrait lui dicter quelques euphémismes. Il n'est pas mourant. Pas vraiment. Son corps vit encore. Mais qu'en est-il de son âme ? A quoi sert-il de vivre quand on ne sait plus pourquoi se lever ? C'est une mélodie lancinante. Un précipice libérateur. Ses prunelles se noient dans le néant. Elles refusent de croiser ce regard. Elles refusent de voir l'homme en face. Non, le bourreau. C'est un exécuteur. Impitoyable. Son ton se veut compatissant, compréhensif même. Il n'en est que plus insupportable. Il ne sait rien. Il ne comprend rien. Comment pourrait-il comprendre ? Comment pourrait-il saisir la portée de ce qu'il confesse ? Il est libre de vivre, libre d'être. Il est un homme. Lui n'est plus qu'un mirage. Une chimère doucereuse qui rêverait presque de lui refaire les traits, de lui ôter cette expression miséricordieuse qui n'est que pitié. Le silence revient. Il fait écho à ses tympans. Il résonne dans le maelstrom, en devient insupportable. Ses phalanges se contractent. Machinalement. Les droites. Pas les gauches. Les gauches ont repris vie. Mais elles pourraient aussi bien être mortes. Elles sont inutiles, elles sont de souffre. Finalement, il reste impassible. Il est là sans l'être. Lui aussi. Peut-être que s'il parvient à ignorer le lieu, le moment, il finira par croire qu'il rêve encore. Qu'il cauchemarde. Peut-être la réalité reprendra-t-elle forme. Une existence décente, cohérente. Soutenable. Il est calme. Étonnamment. Il n'a pas tout perdu encore. Mais il n'est pas certain que ce soit rassurant. Sa capacité à l'impassibilité dans des circonstances dramatiques n'a rien d'apaisante. Il sait ce qu'elle signifie. Alors il nie. Quand l'homme rompt le silence en prononçant plusieurs fois son nom, il choisit de nier. Il ramène ses iris vers lui, vers sa silhouette informe, vers ses propres yeux. Il s'y ancre, s'y enracine. Il ment. Bien sûr qu'il ment. Il ment forcément. "Vous faites erreur." Sa propre voix est sûre, ciselée. Il est plus inflexible encore. Il est péremptoire. Il fait erreur. Evidemment. "Je suis navré mais ..." "Non. Vous ne m'avez pas compris." Il sourirait presque, accroché à sa conviction, accroché à l'ancre qui le sauve encore de la submersion. "Vous faites erreur." La commisération revient sur la figure qui lui fait face mais il n'en a que faire. Il n'a pas le choix. L'erreur est sienne. C'est inévitable. "Je comprends. Vous avez besoin de temps. C'est normal. Mais vous savez, c'est déjà bien. Il y eut beaucoup de progrès. C'est rien de grave finalement." Rien de ... rien de grave ? Le masque se fend, se fissure presque. Il est prêt à en rire, à en rire d'ironie. De ire aussi. Cet homme ne sait vraiment rien. Il ne comprend vraiment rien. Il s'en détache, ferme les prunelles pour ne plus lui faire face. Rien de grave ? Vraiment ? Oh oui, son corps vît. Son corps vit encore, il fonctionne même bien mieux qu'au cours des derniers mois. Mais à quoi sert-il ? A quoi sert-il si on l'ampute de son âme ? Si on le résèque de sa raison ? Il peut être patient. Excessivement patient. Mais il faut un point d'arrivée. Une fin tangible, palpable. Que reste-t-il si cette fin prend la forme d'une extinction ? D'une exécution même ? Rien. Rien si ce n'est l'abîme. Le cœur du néant. Les poussières de ruine d'une vie valable. Il en pleurerait presque de rage, de frustration. Mais il se retient. Il se retient encore. Sans doute pour peu de temps. Quand il ramène son attention vers lui, il le hait. Dans son inconscience, dans son ignorance. Dans sa sombre bêtise. "Vous faites vraiment erreur sur toute la ligne." Il paraît prêt à répondre alors il le coupe encore. "Non. Vous en avez assez dit. Et je m'en voudrais d’abîmer ce qu'il me reste sur vous." Il se lève finalement, plus promptement qu'il s'en serait cru capable. Ses affaires entre ses doigts, il lui tourne le dos, quitte la pièce. Sans être retenu. Il franchit les portes, les couloirs. L'état est second. Quand le bruit de la rue le reconduit à la réalité, il prend conscience de ce qu'elle est. Il ne rêve pas. Non, ce n'est pas un rêve. Pas même un cauchemar, une fantasmagorie. Non. C'est un état de fait. Et sa factualité le frappe avec plus de violence qu'il n'est certain d'en supporter. Ses membres tremblent, il se retrouve fébrile. Il manque de s'effondrer, se retient au mur le plus proche. Les perles ne demandent qu'à devenir sanglots et il ne sait pas pourquoi il les retient. Le souffle se fait court, saccadé. Il vit, il respire mais il meurt sans y penser. A quoi sert-il de vivre quand on ne sait plus pourquoi se lever ? Le temps s’égraine, passe sans donner d'heures. Il pourrait s'effondrer. Il aurait du s'effondrer. Il n'en fait rien. L'expérience des jours lui a appris à contenir, à rester sobre. Stoïque. Impassible. Il s'éteint chaque fois davantage. Jusqu'à l'annihilation.

Ce qu'il se passe ensuite, il ne saurait le dire. L'esprit a pris le contrôle, pétri de ses automatismes. Il est rentré sans doute, il s'est assoupi aussi. A-t-il parlé ? Il l'ignore. Avec qui l'aurait-il fait ? Cillian n'est pas rentré. Du moins qu'il s'en souvienne. Il croit qu'il s'en souviendrait. Il y a des minutes, des heures puis une nuit. La lumière au travers des fenêtres est venue l'irradier avec véhémence. Quel jour est-il seulement ? Ses mains s'activent presque. Avec habitude. Il se lève selon le même procédé, observe les rues pareillement. Sa mémoire se mêle, s'égare dans des entrelacs. La veille est floue, inexistante. La migraine menace mais il la méprise. Quel jour est-il ? Samedi. Pourquoi cela évoque-t-il quelque chose ? Il cherche dans ses souvenirs, se rabat sur son téléphone. Oh. L'idée lui revient. Le Conservatoire. La masterclass. Il a prévu de s'y rendre. Comment a-t-il pu oublier ? Il a encore le temps. Encore. Il en sourirait presque. Il le fait l'espace d'un instant. C'est un jour ordinaire. Une belle occasion. L'idée paraît enthousiasmante. Elle pourrait l'être davantage s'il exerçait encore, s'il foulait toujours la scène de Sydney. Mais ce n'est qu'un affaire de contre-temps. Une partie remise. Il y reviendra. Evidemment. Si ce n'est pas Sydney, ça sera un autre. Le temps viendra. Il en a connu tant au fil des ans. L'obstacle sera bientôt franchi. Il le sait. Il croit qu'il le sait. C'est un fait avéré. C'est une fiction. Quand l'idée le frappe, il en perd le souffle. Quand le constat revient, il accroche ses yeux à l'instrument face à lui. Qu'est-il si ce n'est un simulacre ? Se pourrait-il seulement que l'homme ait raison ? Que fera-t-il si c'est le cas ? Il ne veut l'envisager. Il ne peut pas. C'est trente ans de son existence. Au sens littéral. C'est plus que viscéral, c'est une extension, une part de son être. Non. Ce n'est pas réel. C'est un mythe, une fausse aberration. Il lui prouvera le contraire qu'importe le temps, qu'importe les séquelles. Il se drape de cette certitude pour ne pas sombrer dans le décor. Il reprend forme, il reprend vie. La façade est vernie sur ses traits, parée d'un sourire. L'heure approche. Il respire. Il connaît l'adresse alors il se met en route. Il détourne sa pensée vers autre chose, vers ce passé lointain qu'il s'apprête à reprendre en pleine figure. Il n'en a pas revu certains depuis qu'il a quitté les murs, d'autres depuis qu'il a délaissé Brisbane. La nostalgie couve. Peut-être prendra-t-il forme. Il reconnaît les lieux avant de les atteindre, le taxi s'arrête comme prévu. Au moment du paiement, il se rend compte que ses doigts tremblent. Il les serre, fait un sourire de courtoisie. Il est calme, serein. L'obscurité attend son heure. Elle l'engloutira sans doute mais elle peut patienter encore. Il est parvenu à se lever. C'est tout ce qui compte. Il observe les silhouettes sans en reconnaître une, cherche celle de Terrence. Ça fait quelques mois après avoir fait quelques années. Ils ne pratiquent plus comme ils le faisaient ni l'un, ni l'autre. Leur dernière rencontre de fortune n'en a été que plus inattendue. Il l'aperçoit finalement, assis sur le muret plus loin. Il planque sa main fébrile dans une poche, l'ignore obstinément au lieu de quoi il se rapproche, le sourire plaqué sur les traits. "Hey. J'espère que je t'ai pas trop fait attendre." Il vit. Il vit encore. Il est là, bien présent. Le constat n'a pas de prise. Le déni est fulgurant. Il brûle comme il ruine mais le garde vivant. Il tient. Il a tenu. Il n'est pas vaincu. Il l'espère. Inlassablement.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptySam 28 Mar - 13:17

"Fiche-moi la paix, Lian !" Les mots claquent et puis la porte. Les gongs vibrent légèrement mais il n'y prête aucune attention. Cette dernière lui manque. Elle est partie en cavale dés l'interruption de son cadet. Il en soupire de frustration. Il l'avait, là. Au bout de ses doigts. Pourquoi a-t-il fallu qu'il vienne tout gâcher ? Il ne pensait pas à mal, il le sait. Mais ce n'était vraiment pas le bon moment. Il se reconcentre, repose son violon sur son épaule et recommence. Encore. C'est peut-être la dixième fois, la treizième ou la cinquantaine. Il n'a pas le compte et il n'en a que faire. La perfection n'a pas de nombre. Elle n'a qu'un seul son.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyLun 30 Mar - 23:10

C'est l'un de ces jours. L'un de ceux qui l'assomme. L'une de ceux qui le ruine plus qu'il n'est certain d'en avoir la force. Les dernières semaines ont été longues. Harassantes. Il a forcé plus qu'il ne le faudrait. Il a usé ses doigts et ses membres dans l'engrenage de son désespoir. Les mois passent. Ils s'écoulent et rien ne change. Ou pas assez. Il a nourri cet espoir fou. Cette envie démesurée de recommencer un jour. Comme avant. Comme il y a un an. Parce qu'il y a un an encore, il était sur scène. Il était vivant. Il était le premier. Il était brillant. Il devait rejouer à Rome à l'automne, peut-être même à Londres. Il avait le monde au bout de ses doigts, cet or dans les cordes de son instrument. Il avait tout. Presque. Il lui manquait des êtres. Mais dans la symphonie des soirs, le manque n'était plus si présent. Il se noyait dans les flots, dans l'écho des notes. Il s'égarait dans les voix, dans la transcendance de sa partition. Et maintenant. Le manque est tout ce qu'il reste. Encore plus vibrant. Plus présent encore parce qu'il ne peut plus le jouer, le transfigurer. Non, il ne peut que le vivre, l'éprouver. Dans les marques de sa chair, dans les dédales de son esprit.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyMar 5 Mai - 18:47

Les voix se mêlent et s'entremêlent. Elles se noient dans les flots de la foule, dans l'effervescence des lieux. C'est une ritournelle qui s'élève et qui se poursuit à travers les couloirs. C'est une sortie de concert. Une fin de soirée. L'après a toujours cette différence, cette essence si singulière. Les émotions des uns sont exacerbées. Les autres se prêtent à de grandes analyses détaillées des diverses performances avec des expressions connaisseuses. Lui-même échange à peine, tout juste quelques mots aux entrelacs des silhouettes. Il se manifeste par son sourire, par l'expression de ses traits qui trahit sans férir son ressenti de la nuit. Celle-ci est belle. Elle est dansante. Elle est faite de lumières et d'éclats. Il en aime la folie, la portée incandescente. Il savoure les dernières minutes, les dernières heures. Il sait sa chance, il a tant bataillé. Les années ne paraissent plus si longues, si harassantes. Elles ont pris sens. Réalité. L'euphorie pourrait durer des temps inconsidérés. Cela n'a aucune importance. Il navigue bien trop dans cet univers fantasmagorique. Dans ce nouvel état de fait. Il perçoit cette gloire au bout de ses doigts. Il la savoure. Il compte en profiter. Célébrer l'occasion, la première de nombreuses autres parce qu'il ne possède aucun doute à leur sujet.
Quand il quitte les couloirs familiers et sa loge, c'est pour rejoindre l'entrée principale. Saisir le ressenti. La perception des uns, des connaisseurs, des pratiquants n'est pas toujours similaire à celle de ceux qui viennent, ceux qui éprouvent simplement, écoutent et vivent l'instant. Parfois, il se prend à échanger quelques mots avec ces inconnus d'un soir, parfois il vient juste percevoir la vibration des voix trépidantes. Cette ambiance calfeutrée aux airs quelque fois vibrants.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyJeu 18 Juin - 17:52

C'est un écho au creux du vide, une illusion au cœur du néant. La mélodie lancinante résonne dans ses oreilles telle une litanie doucereuse. A quoi cela sert-il ? Que faut-il de plus ? Il se revoit dans ces instants à des heures lumières, l'écoutant sans l'entendre. La voix parle, s'exprime. Elle sert une forme de compassion presque feinte, trop répétitive. Elle est profonde sans être brute. Elle se veut sincère. Elle ne sert rien pourtant, ne comprend pas le moindre enjeu. Il l'observe sans le voir puis saisit la forme de ses prunelles. Ce regard se veut sympathique, il ne respire que la pitié. Il lui hérisse les membres, lui donne envie de frapper cette douce expression. Elle est trop sage, trop modérée. Il devrait se lamenter, se confondre en excuse. Il devrait chercher une autre idée, lui faire des promesses intenables. Juste pour le retenir. Juste pour lui donner envie. Envie d'être, de respirer. De vivre, d'avancer. Au lieu, il se fait implacable, inconscient de sa portée. Il met fin à une existence, une que l'homme face à lui n'est pas prêt à abandonner. Que lui reste-il d'autre ? Les morts, les endeuillés ? Il s'est rendu libre, il a vécu brillant. Il a connu cet acmé puis la chute dévorante. Dans sa folie inconsciente, le praticien s'autorise à lui dire que ce n'est pas si grave, que ça aurait pu être pire. Qu'il est chanceux. Chanceux. De quoi ? De respirer ? D'être face à lui ? De n'être qu'un simulacre, une ombre désarticulée ? D'avoir tout perdu ? D'avoir envie de creuser ? Encore et encore, une de ces tombes qu'il se trouve à remplir à mesure des jours pour d'autres. Il a quitté les lieux en se ruinant les phalanges contre le marbre. La douleur lui a rappelé cette existence que l'assourdissement était venu créer. Il était rentré sans penser, sans croiser personne. Le môme n'était pas là. Où était-il, il n'en avait pas la moindre idée. Il s'était effondré jusqu'au l'aube. Et il s'était levé sans le désirer. Une machine, un automate. Un sourire de façade, une expression de circonstance. Un sursis qui choisit le déni plutôt que l'effarante réalité. Au fil du temps, c'est une évidence. La vérité est un mensonge. L'ignorant ne sait rien. Lui, sait. Lui, connaît. Parce qu'il est lui. Il sent, ressent. Il maîtrise son art. Il sait que c'est faux. Il faut que ça soit faux ou il n'est pas certain de la suite. Il n'y pense pas, la met de quoi. L'ignorer est tellement plus simple. Il continue, encore et encore. Comme il a toujours fait. L'engourdissement dure cependant. Il s'étire, prend part au temps. Il est machinal, éteint. Son sourire se fait aussi faux que celui du praticien. Cette pâle imitation d'homme. Elwyn avait raison. Il aurait du prendre mieux. L'individu avait beau parler bien trop, il ne disait pas de bêtise. Il aurait du l'écouter. Il était passé à autre chose. Trop confiant. Trop patient. Pourquoi s'est-il contenté de moins que l'élite ? Comment pouvait-il espérer en faire à nouveau partie s'il ne l'a choisi même pas pour quelque chose d'une telle importance ? Fatale erreur. Sombre bêtise. C'est un échec qu'il cumule. Un de plus. Maudite année. Maudite errance. La douleur rappelle à lui, il s'effondre sous le coup du liquide ambré.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyJeu 18 Juin - 17:52

Il erre et s'égare. Incertain, insatisfait.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyDim 19 Juil - 14:50

Ils remontent au loin, antédiluviens presque. Mais peut-être y avait-il quelque chose dans ses perles sibyllines. Si elle le voyait à présent. L'éviter n'était peut-être pas un si mauvais choix. Mais il exagère sans doute. C'est un Cadburry, il ne serait pas le premier. Ou alors il se trouve lui être aveugle. Pourquoi prend-il seulement le temps d'y penser ? C'est une époque qui ne lui appartient plus. Une qu'il n'aurait pas modifié. Sa tasse tourne entre ses phalanges valides alors qu'il l'observe, pensif. C'est absurde, pas vrai ? Une aporie sans doute. Ce serait sans doute mieux. Il ne l'a jamais perçu ainsi, Birdie. "Non, tu crois ?" Sa mère aurait dit qu'elle passait un temps considérable sous leur toit pour une gamine de l'âge de son cadet. Mais elle était toujours comme ça. Avec tout le monde, non ? Avec le reste du quartier. Les portes étaient ouvertes, les cœurs aussi. L'expression est pensive, en surface. "C'est vrai qu'elle était souvent là mais quand même. Je pense pas, si ?" Pourquoi demande-t-il ? Pourquoi donc est-ce que ça l'intrigue ? Qu'est-ce que ça change ? Rien, finalement. "Y a un moment que je l'ai pas vu, tu me diras." Des mois. Depuis Sydney. Les semaines atones. Il devrait s'en détourner, parler d'autre chose. Il en sait suffisamment de l'homme face à lui. Assez pour deviner que le moindre objet pourrait lui faire démarrer des monologues. C'est un Cadburry, lui aussi. Il n'a aucune mémoire de ses anciens, de ceux qu'ils deviennent. Il est face à lui, il peut demander. Sont-ils toujours dans les parages seulement ? Dans leur vieux quartier.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyLun 27 Juil - 15:14

Ce sont des lignes claires, des enchaînements de notes. Le chemin est précis, fin, tracé à l'encre. Les ans passent et l'irréel se mimétise, prend forme. Ces partitions qu'il joue, elles s'entrelacent. Elles résonnent et tressautent noyées dans l'éparse. Il connaît les sons, il connaît l'histoire. Il interprète ce futur sur la grande courbe du temps. Les clés sont siennes. Elles lui appartiennent. Il maîtrise les portes, les choisit avec soin. Elles ont un sens, une fin. Elles sont autant d'ouverture qu'il croit attraper.
De cette forme indicible dont il marque les traits, dont il choisit soigneusement les mélodies éparpillées. Il rêve encore, même dans l'acmé offert. Il ne cesse de croire en autre chose, en davantage. Il ne peut s'arrêter en chemin, en quête d'autres. Les lumières le retiennent comme l'appellent dans un retentissement étrange.
Ce sont des lignes fines qui brillent entre les éclats. Des courbes limpides, stellaires entre ses doigts. L'harmonie qu'il poursuit a le goût de l'évidence. Elle s'éclaire comme elle résonne dans l'écho des entrelacs. Cet avenir est fulgurant. Il le maîtrise comme ses anacrouses. Que pourrait-il manquer désormais ? Que pourrait-il perdre ? L'or est à portée. Lumineux et pérenne. Il est au paroxysme. Il vise davantage. C'est un trait d'une transparence habile. Il a l'ambition des certitudes, des routes cristallines qui se poursuivent. Il a cette envie, ce besoin viscéral de faire, d'y croire et d'avancer. Il suit les notes comme cette voie. Il perçoit les sommets, ces images lunaires. Cette lumière éthérée qui appartient à d'autres sphères.
Quelle sphère reste-t-il encore ? Quel astre doit-il viser ? C'est une euphorie qu'il a fait sienne, cet apogée. Le cadre s'y prête, digne des hautes circonstances. Il vibre de ces résonances, de l'éclat qui l'entoure.
Ce sont des lignes virevoltantes, évidentes. Y viendrait-il à en dériver ? C'est peu probable, il la suit avec aisance. Elle est prégnante. Il n'est pas clos pourtant. Ce serait folie. L'ambition est celle qui tient les rênes, qui guide la moindre avancée. Et dans ses méandres, les chances peuvent être  plurielles. Il ne peut s'en détourner. Il se doit de prêter attention à toutes, d'offrir opportunité à chacune.
Elles sont autant de lignes qu'il peut poursuivre, auxquelles il peut croire, qu'il peut convoiter. Elles ont toutes la même échéance, la même fin désignée. Il s'en engouffre sans filet, juste avec une prudence sûre. Il laisse les voix se mêler à ses oreilles, ses yeux jugés des multiples affaires. Il trace la partition du bout des phalanges à la mesure des mots, des parcelles nitescentes qui lui sont présentées. Elles doivent vibrer de ce firmament qu'il brigue, de ce morceau d’éternité qu'il créé.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyLun 30 Nov - 12:51

Y rester. Ne pas revenir. L'idée tente. Elle s'accroche. Elle s'insinue dans ses veines creuses, incendiées dans la douleur des errances. Et de la réalité. Crever. Laisser place. Ne plus être. La pensée est là, lancinante. Répétitive. Réelle. Il ne reste qu'à y céder. L'homme se retient pourtant. L'homme qu'il est encore. Une part de lui existe alors que le reste se contente de subsister. Une part de lui paraît vivre alors qu'il a l'impression de simplement déambuler. De traverser les jours comme on traverse les brumes. En aveugle, sans y penser. Pourquoi vit-il ? N'est-il pas déjà six pieds sous terre ? Comment l'acte n'a pas encore pris vie, mis fin ? Qu'est-ce qui le retient encore ? Il s'est effondré. Il a perdu la couleur des nuits, la beauté des minutes. Il a égaré cette âme qui lui appartenait et qui donnait un sens à l'existence. Alors pourquoi ? Pourquoi ? Il devrait seulement le faire. Libérer le monde. Se libérer. Ne plus être. Ne plus souffrir. S'évaporer dans le silence. Dans ce tacet qu'il abhorre tant.
Arrêter de se battre.
Il haït la défaite. L'abandon. Cet échec. Cette lâcheté. Foutue fierté. A quoi sert-elle encore ? Elle n'a plus d'essence. Elle devrait s'effacer. Capituler.

-----------

Y rester. Crever. Ne pas revenir. Jamais. Pourquoi il s'accroche encore ? Pourquoi il est ? Il aurait du lâcher. Il devrait. Pourquoi il tient ? Pourquoi ? Quelles sont les lignes qui le retiennent ? Quels sont les horizons qui l'entrainent ? Il n'y a que des ombres, des illusions. Des rêves que l'on enterre en pluies de poussière. Comme des cendres que l'on rejette. Après avoir tout incendié. Une vie qui se résume ainsi. A rien. A des nuées anthracites dont on oublie le nom.

------------
Etre encore. Survivre. Respirer. S'éreinter. Fuir les jours qui avancent. Egarer les minutes qui viennent. Il vit encore. Mais pourquoi ?
Y rester. Ne pas revenir. L'idée tente. Elle s'accroche. Elle s'insinue dans ses veines creuses, incendiées dans la douleur des errances. Et de la réalité. Crever. Laisser place. Ne plus être. La pensée est là, lancinante. Répétitive. Réelle. Il ne reste qu'à y céder. L'homme se retient pourtant. L'homme qu'il est toujours. Une part de lui existe alors que le reste se contente de subsister. Une part de lui paraît vivre alors qu'il a l'impression de simplement déambuler. De traverser les jours comme on traverse les brumes. En aveugle, sans y penser. Pourquoi vit-il ? N'est-il pas déjà six pieds sous terre ? Comment l'acte n'a pas encore pris vie, mis fin ? Qu'est-ce qui le retient encore ? Il s'est effondré. Il a perdu la couleur des nuits, la beauté des minutes. Il a égaré cette âme qui lui appartenait et qui donnait un sens à l'existence. Alors pourquoi ? Pourquoi ? Il devrait seulement le faire. Libérer le monde. Se libérer. Ne plus être. Ne plus souffrir. S'évaporer dans le silence. Dans ce tacet qu'il abhorre tant.
Arrêter de se battre.
Il haït la défaite. L'abandon. Cet échec. Cette lâcheté. Foutue fierté. A quoi sert-elle encore ? Elle n'a plus d'essence. Elle devrait s'effacer. Capituler.





Ses yeux sont sur elle, ses traits fatigués aussi.
Birdie fronce les sourcils malgré tout. Elle ne comprend toujours pas. Sa faute ? Pourquoi il se blâme pour le décès de son père ?
« J'en sais rien. J'en sais rien de ce qu'il voudrait parce qu'il est plus là. Ni lui, ni elle. Elle me déteste, tu sais. Elle pense que j'ai que ce que je mérite. Ben peut-être qu'elle a raison. J'ai plus rien, Birdie. J'ai plus rien. Tu veux que je vive plus fort mais pour quoi ? Pour les miens ? Pour que je les abîme davantage ? Ils ont pas besoin de moi. Et j'en ai marre de me battre. Je gagnerais pas. Pas cette fois. Mon corps est inutile. Ça reviendra pas. »
« C’est faux. »
« Ouais, c'est pitoyable. Mais c'est la vérité. T'as mille raisons de vivre, Birdie mais j'ai tout construit avec une seule. Et maintenant, elle est partie. » Pour sa voix qui se casse. Pour ses mains qui viennent sur son visage, le cachant un bref instant, un geste sordide mais qui la brise un peu plus.
Birdie a les yeux qui piquent et elle les dérive, les vissant sur la tombe derrière elle.
« Pourquoi tu restes, Bi ? »
Cette dernière papillonne ses yeux vers le sol avant de les amener de nouveau sur le visage de Malachi.
Il la regarde avec une telle détresse, avec une infinité d'incompréhension, ses paupières se soulevant que pour lui montrer l'étendue de son étonnement, de sa curiosité.
Elle lève une main sur le visage de Malachi, elle caresse du bout des doigts l'espace même où ils avaient frappé quelques secondes — minutes ? la notion du temps devient floue — auparavant.
Le trouble vient s'incruster en elle alors qu'elle scrute les prunelles de Malachi qui attendent une réponse.
Le trouble de nouveau parce que ses yeux sont profonds, ils sont sérieux, ils crient la vérité. Birdie a toujours ses doigts sur sa joue, ses propres iris se détachent des siens pour regarder l'entièreté de son visage – sauf ces foutus yeux qui rendent son discours bien trop concret. Elle a la poitrine qui se serre alors que ses phalanges remontent vers ses mèches brunes, les rebelles, les boucles qui viennent couper allègrement ses traits.
« Pour que tu puisses te lamenter davantage ? Pour te donner encore plus de cartes en main pour t’en vouloir ? Je ne serai pas une raison que tu ajouteras à ta liste, Malachi. Je reste parce que je sais ce que ça fait de voir quelqu'un partir. Je peux pas t'autoriser à le faire. J'ai déjà dû supporter que tu sois loin d'ici pendant des années. Ne me demande pas d’accepter ça car j'y arriverai pas. Je refuserai de te laisser partir cette fois, Malachi. Je veux plus que tu t'éloignes de moi. Jamais. Et certainement pas pour aller là où je pourrai pas te suivre. »
Ses prunelles claires reviennent sur celles de son ami, le jugeant avec une fébrilité certaine, incertaine d’elle-même autant qu’incertaine de lui.
« Ta famille t’aime. Même ta mère. Tu la détruiras réellement si tu disparais. Tu les achèveras tous si tu fais ça. Tu veux vraiment que Jack prenne le dessus ? Et tes nièces qui ont déjà perdu leur père, tu vas aussi leur faire perdre leur oncle ? Ne sois pas égoïste, Maki. S’il te plait, ce n’est pas toi. » Sa voix est brutale, elle la veut sèche, percutante, saillante.
« Et moi, Maki ? T'as pensé à moi aussi ? Me dis pas que je serai mieux sans toi sinon, je t'enterre vivant. »
Sa voix se fait plus faible alors que son bras s’écarte de lui, alors qu’elle donne l’impression de se recroqueviller, de se rétrécir devant lui.
Cependant, elle attrape malgré tout sa main, celle qui a du mal.
Elle attrape cette main dans la sienne, elle emmêle leurs doigts avec une application particulière, elle laisse ses yeux parcourir ce bras tout aussi indocile et gênant. Puis Birdie les ferme alors que son visage se pose sur leurs mains jointes.
« Ton père n’est mort par ta faute. Il était si fier de toi, Malachi. »
Ses lèvres frôlent les phalanges du violoniste perdu, les serrant un peu plus contre elle, l’humidité de ses yeux l’alarmant.
« T’es pas inutile. Tu peux encore trouver une raison de vivre. Ou même mille. »
Birdie relève ses pupilles ensevelies sous l’émotion vers lui.
« Et j’ai besoin de toi. »
« Si c’était moi à ta place, tu ferais quoi ? Tu m’abandonnerai ? Tu me laisserai me crever sans rien dire ? »

------------

Les cendres virevoltent. Vestige d'un temps. D'une vie. Elles envolent puis effacent. L'être rendu à la poussière. Les silhouettes se sont éloignées. Il ne reste qu'une ombre. Elle est minuscule. Elle observe avec de grands yeux curieux. Il a la mine lasse. Celle des jours ordinaires. Celle des jours qui passent et qui s'en vont sans se défaire. Elle est là, elle ne devrait pas y être. Elle attend sa mère en silence. Elle se rapproche subresciptement. Il la sent avant de l'entendre quand elle s'accroche à son genou. Il baisse un regard, s'autorise un sourire. Qu'est-ce que tu fais là, toi ? C'est un lieu pour une gamine. Si sa mère la trouve là. Pourquoi on meurt, zio ? Elle lève sa tête vers lui, le fixe de ses perles brunes. Il se fige, l'observe. Le sourire n'est plus alors qu'il pense. Pourquoi ? Pourquoi on meurt ? Pourquoi on existe ? Pourquoi on vit ? Pourquoi on résiste ? Pourquoi un jour on s'éteint ? On devient poussière. Extraits de perles grises qui se noient dans l'atmosphère.

La question le hante. Encore. Pourquoi ? Vivre. Respirer. Etre. Survivre. Pourquoi être encore ? Pourquoi continuer ? Pourquoi retenir entre des phalanges désarticulées une existence funeste, une vie altérée ? Pourquoi croire ? Encore. S'accrocher. Tenir au milieu des ombres. Porter ce masque écorché. Ses traits sont éraflés. Taillés de l'incertitude et des heures. Marqués par le faux qui s'effondre, délavé. Etre encore. Survivre. Respirer. S'éreinter. Fuir les jours qui avancent. Egarer les minutes qui viennent. Il vit encore. Mais pourquoi ?
Y rester. Ne pas revenir. L'idée tente. Elle s'accroche. Elle s'insinue dans ses veines creuses, incendiées dans la douleur des errances. Et de la réalité. Crever. Laisser place. Ne plus être. La pensée est là, lancinante. Répétitive. Réelle. Il ne reste qu'à y céder. L'homme se retient pourtant. L'homme qu'il est toujours. Une part de lui existe alors que le reste se contente de subsister. Une part de lui paraît vivre alors qu'il a l'impression de simplement déambuler. De traverser les jours comme on traverse les brumes. En aveugle, sans y penser. Pourquoi vit-il ? N'est-il pas déjà six pieds sous terre ? Comment l'acte n'a pas encore pris vie, mis fin ? Qu'est-ce qui le retient encore ? Il s'est effondré. Il a perdu la couleur des nuits, la beauté des minutes. Il a égaré cette âme qui lui appartenait et qui donnait un sens à l'existence. Alors pourquoi ? Pourquoi ? Il devrait seulement le faire. Libérer le monde. Se libérer. Ne plus être. Ne plus souffrir. S'évaporer dans le silence. Dans ce tacet qu'il abhorre tant.
Arrêter de se battre.
Il haït la défaite. L'abandon. Cet échec. Cette lâcheté. Foutue fierté. A quoi sert-elle encore ? Elle n'a plus d'essence. Elle devrait s'effacer. Capituler.

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Les cendres virevoltent. Vestige d'un temps. D'une vie. Elles envolent puis effacent. L'être rendu à la poussière. Les silhouettes se sont éloignées. Il ne reste qu'une ombre. Elle est minuscule. Elle observe avec de grands yeux curieux. Il a la mine lasse. Celle des jours ordinaires. Celle des jours qui passent et qui s'en vont sans se défaire. Elle est là, elle ne devrait pas y être. Elle attend sa mère en silence. Elle se rapproche subresciptement. Il la sent avant de l'entendre quand elle s'accroche à son genou. Il baisse un regard, s'autorise un sourire. Qu'est-ce que tu fais là, toi ? C'est un lieu pour une gamine. Si sa mère la trouve là. Pourquoi on meurt, zio ? Elle lève sa tête vers lui, le fixe de ses perles brunes. Il se fige, l'observe. Le sourire n'est plus alors qu'il pense. Pourquoi ? Pourquoi on meurt ? Pourquoi on existe ? Pourquoi on vit ? Pourquoi on résiste ? Pourquoi un jour on s'éteint ? On devient poussière. Extraits de perles grises qui se noient dans l'atmosphère.

La question le hante. Encore. Pourquoi ? Vivre. Respirer. Etre. Survivre. Pourquoi être encore ? Pourquoi continuer ? Pourquoi retenir entre des phalanges désarticulées une existence funeste, une vie altérée ? Pourquoi croire ? Encore. S'accrocher. Tenir au milieu des ombres. Porter ce masque écorché. Ses traits sont éraflés. Taillés de l'incertitude et des heures. Marqués par le faux qui s'effondre, délavé. Etre encore. Survivre. Respirer. S'éreinter. Fuir les jours qui avancent. Egarer les minutes qui viennent. Il vit encore. Mais pourquoi ?
Y rester. Ne pas revenir. L'idée tente. Elle s'accroche. Elle s'insinue dans ses veines creuses, incendiées dans la douleur des errances. Et de la réalité. Crever. Laisser place. Ne plus être. La pensée est là, lancinante. Répétitive. Réelle. Il ne reste qu'à y céder. L'homme se retient pourtant. L'homme qu'il est toujours. Une part de lui existe alors que le reste se contente de subsister. Une part de lui paraît vivre alors qu'il a l'impression de simplement déambuler. De traverser les jours comme on traverse les brumes. En aveugle, sans y penser. Pourquoi vit-il ? N'est-il pas déjà six pieds sous terre ? Comment l'acte n'a pas encore pris vie, mis fin ? Qu'est-ce qui le retient encore ? Il s'est effondré. Il a perdu la couleur des nuits, la beauté des minutes. Il a égaré cette âme qui lui appartenait et qui donnait un sens à l'existence. Alors pourquoi ? Pourquoi ? Il devrait seulement le faire. Libérer le monde. Se libérer. Ne plus être. Ne plus souffrir. S'évaporer dans le silence. Dans ce tacet qu'il abhorre tant.
Arrêter de se battre.
Il haït la défaite. L'abandon. Cet échec. Cette lâcheté. Foutue fierté. A quoi sert-elle encore ? Elle n'a plus d'essence. Elle devrait s'effacer. Capituler.
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MessageSujet: Re: Extraits   Extraits EmptyLun 15 Mar - 10:22

Les prunelles accrochent. Elles retiennent le rai de lumière âpre qui transparait encore les cils à demi-clos. Elles y donnent une réalité, un sens. Le lieu est inaudible. Il brouille les sens, embrouilles les idées en tête. La lueur est aveuglante mais les yeux gardent, tiennent. La vie plutôt que la pénombre. Le ton criard a atteint la base de ses tympans mais il refuse d'en écouter la note. La vérité a pris possession de ses pores. Elle nourrit la fébrilité de ses membres, de ce corps avachi. Le souffle se brusque. Le frisson inconfortable prend place. Il saisit. Les paupières retrouvent la nuit, le puits de l'ignorance. Mais le fait est ancré, marqué à vif dans la douleur qui s'éveille, qui tiraille chaque centimètre exposé. Les paupières se pressent, s'enfoncent mais restent alerte. Il hait ce ce présent, cette matérialité.

Le temps fait de poussières n'a transcendé aucune lueur. Les tréfonds de la brume ont pris possession des heures, des minutes, des secondes abimées. La silhouette évolue en somnambule. L'esprit perd chaque instant un peu plus de réité. La saveur s'est noyée dans le silence, engloutie par la clameur de l'absence. Le tacet est lourd, omniprésent. Il assourdit, il prend. Il réduit pièce par pièce, pan par pan. La brulure s'y mêle, incendie permanent. Elle rappelle que la mort serait douce si elle n'appartenait pas aux regards des passants. Il les observe chaque jour qui vit. Il les drape d'un sourire, d'une compassion réelle mais d'une envie fortuite. La proximité est sinueuse, dangereuse. Il est en deuil, dans une désolation qui stagne. La bascule à ses pieds. Il a tenu, prétendu. Recommencé sans cesse. Chaque jour qui s'éloigne, chaque jour qui enfonce. Il se rapproche de l'autre côté, inextricable. Aliéné. Puis il cède sans penser. La cruauté de la véracité le frappe et il se sent chaviré. Ses pas basculent, titubent. Il rejoint ce lieu loin de toute idée. L'appel de l'échéance sans doute. Ou un besoin de dominer. Le second n'a aucune mesure. Il l'écarte. Il n'y pense pas. Il se laisse choir, dégringole. Les cendres des pas d'autres forment son gouffre. La suite n'a nulle forme distincte. C'est une page noire, une singularité. Aven sans fond, sans lumière. Sans intérêt. Les courbes des larmes noient les suppliques murmurées. Des excuses sans terme, sans racine, juste délivrées.

Pourtant il reste un astre qui brille. Aveuglant. Presque trop beau pour être vrai. Les prunelles s'accrochent encore. Les iris retiennent la corde lancée par leurs vis à vis bleutés. Azurés comme le ciel. Lumineux comme l'étoile de l'hiver. L'astre est un elle. Elle paraît déplacée. Si étrange, irréelle. L'aurait-il rêvé ? Non parce qu'elle parle. Son ton résonne entre la vacuité des pierres. Elle discours, parlemente. Elle ne cesse jamais. L'abdication ne pourrait pas être pour elle. Est-il vraiment surpris par cette idée ? Alors il entend, écoute, il lutte. Il bataille une guerre vaine, une histoire qu'il imagine expédiée. Son existence n'a plus rien de pérenne, pourtant elle reste, assène, joue son acte sans se relâcher. Elle est trop vivante pour être réelle. Trop ardente pour être rêvée. Il s'enfonce. Elle retient. Il refuse. Elle poursuit. Il dispute jusqu'à saisir. Pourquoi continue-t-il de s'évertuer ? L'instant se fige, la sensation prend figure. Le coup frappe. Il cherche à vivre. Mais pourquoi ? La nuit, il réalise, n'est plus si noire. Elle est éclairée. Elle possède certes une seule lueur mais sa fulgurance rend aveugle. La page noire n'est qu'un parchemin vide. Une feuille blanche à recomposer. La nervosité saisit sa posture. Les mots filent, s'évoquent, sont formulées. Il déblatère à son tour, trace ses lignes. Ne pas y rester. Ne pas être. Mais faire, vivre, espérer. Il énumère. Il n'aime guère l'incertitude. L'instabilité est trop friable, trop risquée. Elle est ce qu'il reste pourtant. Il ne peut prévoir. Plus à sa manière, plus à la seconde. L'inconstance est devenue une réalité. Comment vit-on libre de toutes lignes quand on les a toujours tracées ? A la fin de son discours, il l'observe, elle. Elle qui sait. Elle lui est si différente dans cette perspective. Elle ne prévoit rien. Elle fait. Tel l'oiseau dont elle porte le nom, elle suit le cours du vent. Elle va où il l'emporte. Elle existe simplement. L'instant est un goût familier. La musique était le seul moment. L'instinct prenait pas sur le contrôle. Il se sentait plus être que pensant. Peut-être devrait-il s'adonner à cette forme non-idiomatique, laisser les mesures s'improviser. Mais il ignore où faire, où commencer. Alors il demande, il s'enquiert. Il rattache sa silhouette, ses traits à la lueur de ses prunelles. L'expectative y reste ancrée. Mais elle sourit, la folle lumière. Ses phalanges dans ses cheveux, ses iris méthylènes orientés vers leurs reflets. Ne pas réfléchir. Saurait-il seulement faire ? Puis elle se détourne, se rapproche. Elle lui fait face et il grave chaque ligne de sa figure ivoire dans ses yeux attentifs. Il retient ses gestes quand elle saisit ses traits. Il retient son souffle sans cesser de l'observer. Il tente d'absorber chaque mot qu'elle énumère. Une autre ligne. Il peut trouver. S'il cherche, accepte enfin le détour. Son chemin est sans issue. Il faut qu'il attrape un autre contour. La chair de poule. Il sourit à son tour, presque, murmure à peine. "Je sais." Il écoute encore, la laisse poursuivre, s'abreuve des mots. Elle approche ses lippes de la ligne de son front. Les paupières se closent, instinctivement puis se reviennent. Un autre sourire. Presque. Un semblant. Pas tout à fait éteint. Pas encore. Il sait sa chance. Il ne se répète pas. Il pense plutôt à l'interrogation qu'elle pose. Est-elle nécessaire ? Elle devrait savoir. Sans doute est-ce le cas. Alors il murmure encore, sans se détourner. "Je crois que tu connais déjà la réponse." Elle le relève. Il suit, chancèle, courbaturé. Les vertiges manquent de saisir sa silhouette mais il tient encore. Elle le retient. "Bonne idée." A quand la dernière ration remonte-t-elle ? La pensée, elle-même, est vertigineuse. Il reste levé cependant, s'arrime à la petite carrure qui a saisi son bras et qui parle encore.

Elle coince ses bras autour de celui de Malachi, son visage placardé contre avant de redescendre ses lunettes sur son nez.
“Tu promets que ça va aller ?”




















Inextricable. L'aliénité du moment le rend irréel. Etrange. Sans attache.

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