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 [30Y] Malachi & Birdie #04

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Iracebeth

Iracebeth


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MessageSujet: [30Y] Malachi & Birdie #04   [30Y] Malachi & Birdie #04 EmptyLun 15 Mar - 17:16

I can hear your whispers in my mind
birdie cadburry & @"malachi etherstone"


wait a second, let me catch my breath remind me how it feels to hear your voice your lips are movin', I can't hear a thing livin' life as if we had a choice anywhere, anytime i would do anything for you anything for you yesterday got away melodies stuck inside your head a song in every breath won't you sing me to sleep now? sing me to sleep. ☾☾
Les lumières peu discrètes resplendissent l'endroit de mille et une couleurs, coulant sur les murs, les corps, le sol industriel, c'est une nouvelle soirée qui s'annonce brillante en festivités. Bien sûr, ces dernières restent toujours les mêmes mais sans l'être vraiment au final. Musique assourdissante, qui se fait son du diable à la mesure qu'il en fait trembler les murs en même temps que les corpulences qui se meuvent et qui s’ambiancent. Soirée décadente. Euphorisante, agonisante, abrutissante. Le genre où on se perd dans la musique, où les échos sont si assourdissants que ça remonte jusqu’à la colonne vertébrale et fait remuer tout le reste. C’est électrisant et c’est épuisant, c’est palpitant et ça donne l’impression de se sentir plus vivante qu’elle ne peut l’être réellement. Intérieurement, c’est le vide, le néant, l’angoisse, les cris. Alors elle oublie. Elle fait tout pour. Elle se laisse attendrir pour une, deux lignes et cinq plus tard, elle est complètement euphorique. Elle ne les connait pas, mais ils sont sympas, alors elle reste avec eux. A crier, à sauter, à s’épuiser, jusqu’à ce qu’elle ne pense plus à rien, qu’elle ne doute plus sur ses actions passées, sur les ombres qui planent et qui l’étranglent si elle s’épanche sur le sujet.

Elle était bien, la gamine perdue.
Elle donnait l’impression de perdre le contrôle dans une maîtrise qui est la sienne.
Mais comment elle en est arrivée là ?

Apeurée, tremblante, tétanisée, repliée sur elle-même. Le téléphone à moitié contre l’oreille, les phalanges qui manquent de le faire tomber tellement que l’angoisse est réelle. Palpable. La poitrine qui se compresse. La musique qui bourdonne toujours au loin. Comment en est-elle arrivée là ? La petite blonde qui règne pourtant sur son monde, elle est déchue, échouée contre un conteneur, attendant que le bip incessant laisse place à une voix qui se laisse désirer, qui prend bien trop de temps et dont elle aurait pesté en temps normal. Elle lui aurait fait une remarque, en temps normal. Elle serait montée sur de grands chevaux digne d’une future oscarisée sur le fait qu’il a été aussi long en temps normal. Mais ce n’est pas un temps normal. Quand elle entend sa voix, rassurante, apaisante, familière, c’est un sanglot qui éclate, les doigts libres qui viennent sur ses yeux pour camoufler la vision devant elle alors que les lippes essaient de former une phrase cohérente. Le désarroi, l’incompréhension, la peur et pourtant, elle reste sur place, la pauvre inconsciente. “Ma- Ma… Ki, y a un corps, y a un corps et je sais pas, vraiment pas ce qui s' est passé et je… Je comprends pas, Maki, je comprends pas pourquoi y a toujours des corps partout-” La voix est tremblante, elle est paniquée, elle est au bord de la crise. Parler lui donne encore plus l’impression de se noyer et c’est l’étouffement qui fait ses honneurs. Pas besoin d’eau, à sa plus grande crainte, la phobie dans ses veines, qui la cisaillent. Birdie était là pour se dépenser, pour mettre une parenthèse qui dure depuis des années. Vaine tentative de faire reculer les démons qui planent au-dessus d’elle. Le résultat est glorieux (non). Comme si le destin veut se foutre d’elle, lui rappeler qu’elle n’est au-dessus de personne, et certainement pas de ses erreurs. Il n’y a pas que les erreurs. Il y a aussi la perte. Les années qui défilent, le décès de Victoria toujours aussi présent, qui revient toujours dans sa douleur la plus pure quand vient sa date morbide. Le téléphone qui se perd, la voix aussi, les sanglots, les larmes qui continuent, malgré elle - la faute à ce qu’elle aura sniffer, à ce qu’elle aura bu, le tout se mélangeant dans son mécanisme et faisant ressortir la partie la plus moche, la plus triste, la plus fragile de la petite blonde.

Il n’est pas étonnant que son automatisme fut de l’appeler lui.
Elle dira que c’est uniquement parce qu’il sait comment transporter un corps.
Uniquement pour cela. Rien d'autre.
Il sait, il a les moyens et il peut. Il ne lui dira pas non.
Elle en profite dans son inconscience le plus absolu.
Mais encore faut-il qu’elle arrive à formuler.

Malachi est peut être inquiet, il peut avoir le bourdonnement des questions que le silence de la réalisation, qu'elle n'y fait pas vraiment attention. Birdie tente une inspiration pour reprendre une micro seconde parce qu’elle ne peut pas rester comme ça. Il faut qu’il vienne. Elle a besoin de lui. Maintenant plus que jamais. “Je sais pas quoi faire, j’ai jamais voulu ça, pour- Pourquoi ça m’arrive toujours à moi, j’ai jamais rien voulu de tout ça, Malachi, tu peux venir, tu vas venir, dis ? Je peux pas faire seule, je sais pas quoi faire, je-suis paumée, faut qu’on me tienne la main. Elle n’aura pas la force physique ni mentale pour gérer tout ça. She’s a disaster, a mess.J’suis en plein milieu des conteneurs et-” elle essaie de se situer, de relever les yeux mais il fait nuit et ses yeux sont trop humides pour y déceler quoique ce soit de pertinent. “Y a d’la musique, plein de lumière, dans la zone industrielle à- A Redcliffe..” Ses yeux se reposent malgré elle sur le corps et il y a un vertige qui la prend en même temps qu’un haut cœur. Elle pose son front sur ses genoux repliés contre elle pour ôter cette vue, se repliant un peu plus sur elle-même. Ce n’est pas la peine, tu ne vas pas être engloutie par l’univers, Birdie. Pauvre petit déchet de l’humanité qui n’a que la voix de Malachi pour se retenir quelque part, les consonances italiennes qui résonnent jusqu’à dans sa tête, qu’importe les mots qu’il prononce. S’il essaie de la rassurer, ça ne fonctionne pas. Elle crève de sa présence. S’il veut la rassurer, il doit venir. Parce que la distance n’aide en rien. Elle se détestera sûrement de lui infliger une telle scène. Mais tant pis. A cet instant, la réflexion est loin, inexistante, étouffée. Birdie se concentre sur l’image de son ami derrière ses paupières. “Malachi, j’ai besoin d’toi.” un étouffement, un souffle, un sanglot et la voix qui se brise, incapable d’en dire plus, le téléphone qui dégringole de ses phalanges à bout de force. Birdie a toujours haï l’eau, encore plus qu’elle vient de ses prunelles et qu’elle ne peut pas l’arrêter.

Elle ne le verra pas arriver. Pas plus que la pluie qui s'invite dans le ciel, qu'elle a prédit à l'écran le midi même mais qu'elle n'a pas retenu. Oublié, zappé, étouffé par un poids bien plus immense, plus important. Elle n’aura pas quitté sa position pitoyable. Elle sursautera s’il met une main sur elle. Elle murmurera un faible “c’est pas moi” comme pour lui demander pardon, excuse moi de t’infliger ça, j'y suis pour rien. Tremblante, faible, les yeux engloutis sur les flots qui l'engourdissent et qui la happent. Pétrifiée aussi, dans l'impossibilité de pouvoir se bouger. Pourtant, il faudra. Un moment ou un autre, il faudrait porter ta carcasse et l'entrainer là où on te guidera. Tu le suivras, lui, parce que tu le fais tout le temps et que tu n'as aucune raison de douter de lui. Il est solide, et sa petite voix intérieure espère qu'il est bien solide, car elle a besoin qu'il le soit. Elle attend beaucoup de lui, c'est injuste. Mais que pouvait-elle faire d'autre ?
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Iracebeth

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Birdie #04   [30Y] Malachi & Birdie #04 EmptyJeu 22 Juil - 13:08

Les lumières peu discrètes resplendissent l'endroit de mille et une couleurs, coulant sur les murs, les corps, le sol industriel, c'est une nouvelle soirée qui s'annonce brillante en festivités.

Apeurée, tremblante, tétanisée, repliée sur elle-même. Le téléphone à moitié contre l’oreille, les phalanges qui manquent de le faire tomber tellement que l’angoisse est réelle. La petite blonde qui règne pourtant sur son monde, elle est déchue, échouée contre un conteneur, attendant que le bip incessant laisse place à une voix qui se laisse désirer, qui prend bien trop de temps et dont elle aurait pesté en temps normal.
Quand elle entend sa voix, rassurante, apaisante, familière, c’est un sanglot qui éclate, les doigts libres qui viennent sur ses yeux pour camoufler la vision devant elle alors que les lippes essaient de former une phrase cohérente. Le désarroi, l’incompréhension, la peur et pourtant, elle reste sur place, la pauvre inconsciente.
“Ma- Ma… Ki, y a un corps, y a un corps et je sais pas, vraiment pas ce qui s' est passé et je… Je comprends pas, Maki, je comprends pas pourquoi y a toujours des corps partout-”
La voix est tremblante, elle est paniquée, elle est au bord de la crise.
Le téléphone qui se perd, la voix aussi, les sanglots, les larmes qui continuent, malgré elle.
Malachi est peut être inquiet, il peut avoir le bourdonnement des questions que le silence de la réalisation, qu'elle n'y fait pas vraiment attention. Birdie tente une inspiration pour reprendre une micro seconde parce qu’elle ne peut pas rester comme ça.
“Je sais pas quoi faire, j’ai jamais voulu ça, pour- Pourquoi ça m’arrive toujours à moi, j’ai jamais rien voulu de tout ça, Malachi, tu peux venir, tu vas venir, dis ? Je peux pas faire seule, je sais pas quoi faire, je-”
“J’suis en plein milieu des conteneurs et-”
“Y a d’la musique, plein de lumière, dans la zone industrielle à- A Redcliffe..” Ses yeux se reposent malgré elle sur le corps et il y a un vertige qui la prend en même temps qu’un haut cœur. Elle pose son front sur ses genoux repliés contre elle pour ôter cette vue, se repliant un peu plus sur elle-même. S’il essaie de la rassurer, ça ne fonctionne pas. Elle crève de sa présence. S’il veut la rassurer, il doit venir.
“Malachi, j’ai besoin d’toi.” un étouffement, un souffle, un sanglot et la voix qui se brise, incapable d’en dire plus, le téléphone qui dégringole de ses phalanges à bout de force.
Elle ne le verra pas arriver. Pas plus que la pluie qui s'invite dans le ciel, qu'elle a prédit à l'écran le midi même mais qu'elle n'a pas retenu.
Elle n’aura pas quitté sa position pitoyable.
Elle sursautera s’il met une main sur elle.
Elle murmurera un faible “c’est pas moi” comme pour lui demander pardon, excuse moi de t’infliger ça, j'y suis pour rien. Tremblante, faible, les yeux engloutis sur les flots qui l'engourdissent et qui la happent. Pétrifiée aussi, dans l'impossibilité de pouvoir se bouger. Pourtant, il faudra.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Birdie #04   [30Y] Malachi & Birdie #04 EmptyVen 30 Juil - 14:42

Le sang vibre, heurte ses tempes. Les échos résonnent à ses oreilles et il se demande si ce n'est pas la folie qui guette. Quelle pensée a-t-il bien pu avoir ? Quand a-t-il cédé ?

Le tocsin résonne, s'affaire. Il suit la ligne de ses phalanges, la courbe de ses mains traitresses sur lesquelles il compte cette fois.

L'empreinte du vide. Celle des mots qui résonnent, des paroles qui vrillent. De ces échos que l'on entraine comme des flots diluviens. L'empreinte des heures. Des nuits qui passent. Qui lasses s'évaporent à la faveur des ombres éparses. Le temps est serein, indélébile. Il brille de couleur pâle, teinté de la lueur des lampadaires grésillants. L'âpre des affres éthanolés amène entre les âmes de furtives images irréelles. La silhouette patiente. La montée des minutes. La voix s'évoque entre deux mirages. L'impression reste. Elle se grave. Elle se taille au pilon, prise dans le marbre.

La clé. Au bout des doigts. L'effervescence qui naît, la familiarité de l'augure. L'expression est réelle, mêlée au masque d'apparat. Les regards se forment. Ils glissent. Aucun n'abîme. L'instant en suspens. Les pions avancent. Il est une pièce dans la partie. Les lieux sont connus. Les moindres recoins restent gravés dans le marbre des prunelles. L'aisance reviendrait presque. Les réceptions ont été nombreuses. Interminables parfois. Les plafonds hauts résonnent. Toujours. Les élégants s'emmêlent, rivalisent d'éclats. Il a opté pour la sobriété. Il n'a jamais eu besoin de rien d'autre. Les ombres s'attirent sur ses traits, les prononcent, sculptés. Il tient. Il sait. Et pourtant. Quelque chose retient.
Les effluves s'amenuisent. Les voix se succèdent. Il en perd l'écho, le sens. L'assourdissement menace. Le masque forme un sourire. Les yeux en trahissent la forme. Le cristal entre les phalanges, il s'éloigne soudain. Il s'écarte des silhouettes. Les corps sont flous, indistincts. Les prunelles s'inscrivent vers d'autres lieux. Le balcon. L'air frappe. Il exhale. Les paupières à double tour. Le froid s'engouffre. L'ondée s'annonce. Il vide d'une gorgée. L'éthanol frissonnant irradie son passage. Un souffle. Une seconde. L'oppression reste. Il en ignore la cause. La pensée le rend fou. Il attend, cherche. Rien ne vient. L'incompréhension. Il hésite. Peut-être une nouvelle coupe. Peut-être l'adrénaline a-t-elle retrouvé de nouveaux plafonds. La sensation n'est pas familière pourtant. Elle est inconfortable. Il retrouve les murs étouffants, scintillants, inchangés. L'apaisement se crée mais ne vient pas. Il s'avance. Une autre gagne ses doigts. Il noie la réflexion dans les étoffes, dans les valses des conversations. Il offre des mots, des sourires. Il joue le rôle. Celui qu'il connaît par contre. Alors d'où vient la tension ? Il se laisse entraîner. Il en vide d'autres. Les frémissements dans ses paumes trouvent une origine différente, plus rassurante. Mais la pesanteur est là. Ce n'est pas le premier soir. Ce n'est pas le dernier. Pourquoi cela le serait-il ? Appréhende-t-il ? Non. La mère a raison. Il doit bien le lui accorder. Il est dans son élément. Il l'éprouve juste sous une autre partition. Non. La cause est autre. Mais elle s'esquive. Il devrait rentrer. Les heures nocturnes ont pris de l'avance. Il est peut-être temps d'y trouver un arrêt. Il s'éloigne, s'éclipse après le flot des formalités. Il commande un taxi. Il ne devrait pas conduire. L'aperception reste, croit lentement. Le trajet se fait dans un silence relatif, à peine perturbé par le fond sonore d'une radio à très bas volume, les vibrations du moteur. Ses pensées divaguent, noyées d'interrogations. D'attente. Les minutes progressent. La fin s'énonce. Il descend, paye sa course, dit au revoir sans un autre regard. La porte déclose, il défait le nœud de sa gorge mais l'impression de la boucle reste. La nuit s'agite. Les pensées tergiversent. Il s'effondre. Elles s'éteignent. Changent de forme. Les sons se mêlent aux ombres. Les silhouettes sont floues, indistinctes comme aveuglées par les projecteurs. Il perçoit la scène mais la surface manque. Il chute, s'accroche au néant. Les voix résonnent puis se mélangent dans un maelström dissonant. La sienne lui manque. Elle est sans écho. Pourtant quand la panique menace, il l'entend. Un son. Une vibration. Elle paraît si déplacée, si peu naturelle dans le décor. Il s'y retient, jusqu'au tressaut.
La pièce est noire, à peine striée par les éclats des lampadaires au dehors. Son palpitant est chamade mais ce n'est pas lui qui attire son attention. Non, c'est les pulsations. Elles résonnent encore, plus fortes que jamais. Une main sur son visage puis en titubant, il se lève pour en chercher l'origine. Ses doigts la trouvent sur sa droite. La lumière de l'écran vrille sur ses prunelles. Une seconde. Puis il distingue. Le nom. Le surnom. La décharge crée un sursaut. La main est sûre, l'image glisse. L'appareil à son oreille, il n'est rien que le silence. La sensation enfle, encage le palpitant. La lèvre inférieure est une morsure. Quand la voix s'énonce, le ton est calme. Ce n'est sans doute rien. Ce n'est qu'elle. "Hey, Bi', que puis-je faire pour toi ?" L'heure est indécente. L'importance est inexistante. Elle la devient d'autant quand la réponse se fait. Agonisante. Un sanglot naît de l'autre côté puis des paroles décousues. Il s'accroche à chaque syllabe, à chaque mot. Les parcelles de somnolence s'évaporent. L'enserre cesse d'accroitre. Il se fige. Eveillé. Il imprègne ses mots. La réflexion se forme. Il faut qu'il parte. Sans délai. Son corps réagit. Il se fie à ses réflexes. Le combiné ne lâche pas sa tempe. Il crée des questions, garde une voix stable. La première. "Ou es-tu ?" La réponse vient. Pas celle attendue. Il écoute, cherche. Sa silhouette s'habille, qu'importe si les membres lancent.  Elle s'égare. Ou est-elle ? "Birdie. J'arrive. Mais y faut que tu me dises où tu es." Les mots parviennent. Il est sur le pas de la porte. Ses doigts ont gagné les clés. Il hésite. Peut-il seulement conduire ? Les effluves se sont tues. Son bras pend à sa gauche. Il tente de l'activer. Il frémit, les doigts s'activent lentement. Mais ils vivent. Toujours. La douleur saisit alors ses nerfs mais elle est minime. Invisible. Elle lui en voudra. Aprement. Elle s'occupera d'elle plus tard. Elle n'est pas ce qui compte. Il franchit le pas. Il visualise la zone dont elle parle. Il pense. Il espère. L'enserre est toujours là. Il faut qu'il la trouve. Il démarre. Il ne quitte pas sa voix. "Birdie, ça va aller. J'arrive. Ne bouge pas, j'arrive." Le silence se noie dans les larmes. Il tente encore, sans réponse. Il accélère. L'ondée se forme. Elle a choisi son heure. Il la maudit entre ses dents. Les allées sont vides. Il poursuit sans prêter attention. La distance se forme dans son champ de vision. Il gare le véhicule sans cérémonie. Son bras s'éveille à peine. Qu'il se taise. Elle est tout ce qui compte. Ses pas cherchent, presque hagards. La question lancinante tambourine entre les tempes.
Ou est-elle ?
Il y parvient. Elle est là. Poupée bariolée, recroquevillée. Elle ne paie pas de mine. Elle passerait presque inaperçu. Et rien que ce fait est irrationnel. La transparence ne lui appartient pas. Elle ne l'a jamais fait. Elle est un feu d'artifice. Une nuée tourbillonnante. Vivante. Vibrante. Flamboyante. Elle n'est pas une ombre que l'on le délaisse, qui s'ignore parce qu'elle se mêle à ces ombres inertes. Il se rapproche avec une lenteur exagérée qu'il exècre. Son regard se détourne une seconde. Vers l'autre. Le corps sur l'asphalte. Inanimé. Le mot résonne. Les yeux passent. S'en défont. Elle est à deux pas. Il s'arrête. L'averse noie. Les vêtements s'adhérent. Il rejoint sa hauteur, heurte le bitume d'un genou. L'esprit devrait être submergé de mille questions, d'effroi même peut-être. Que vont-ils faire ? Qu'attend-t-elle ? Que fait ce corps ici ? Que vont-ils en faire ? Est-il vraiment mort ? Il devrait vérifier. Il n'en fait rien. Pour la minute. Pour l'instant. Parce que l'effroi manque. Parce que la panique n'est pas. Il est bien l'inquiétude. Mais pas pour la situation. Juste pour elle. Elle n'est pas elle-même. Cette pensée l'effraie plus que la perspective. Le fait devrait lui causer une nouvelle forme de trouble. Il y reste hermétique. Fixé sur elle. Il rapproche ses doigts, sa main traitresse, étrangement silencieuse. Elle sursaute. Les barreaux se resserrent. La fluette fredonne des faibles paroles sans mélodie. L'autre genou trouve le sol. Et les deux mains, son visage. La voix est douce, à peine plus haute que la précipitation bruineuse. "Birdie, Birdie, regarde-moi. Regarde-moi." Il trace tel une plume, il débarrasse les traits des mèches qui se collent entre les perles de larmes mêlées de pluie. "Ca va aller, Birdie. Je te le promets. Je suis là. Je te le promets." Si c’était moi à ta place, tu ferais quoi ? Tu m’abandonnerais ? Tu me laisserais me crever sans rien dire ? Les mots. Des mois qui datent d'une autre éternité. Et pourtant. La conviction reste. La même. Non. Si c'était toi, je t'abandonnerais pas. Je te laisserais pas crever sans rien dire. Je pourrais pas. Il pourrait pas, non. Il en tient l'évidence. Il a su. Il sait. Alors il reste. Il attend. Il l'observe. Patience indélébile. Cherche des indices sur les lignes de son visage. Sur la silhouette repliée. Celle qui tremble mais qui, pourtant, reste transie. L'étoile entre ses phalanges a perdu de son éclat. La pensée qu'elle puisse s'assombrir est insupportable.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Birdie #04   [30Y] Malachi & Birdie #04 EmptyVen 13 Aoû - 16:04


     

I can hear your whispers in my mind
@"Birdie Cadburry"
Au bout des doigts. L'effervescence qui naît, la familiarité de l'augure. L'expression est réelle, mêlée au masque d'apparat. Les regards se forment. Ils glissent. Aucun n'abîme. L'instant en suspens. Les pions avancent. Il est une pièce dans l'échiquier. Les lieux sont connus. Les moindres recoins restent gravés dans le marbre des prunelles. L'aisance reviendrait presque. Les réceptions ont été nombreuses. Interminables parfois. Les plafonds hauts résonnent. La réception d'après représentation est un spectacle à elle seule. Toujours. Les élégants s'emmêlent, rivalisent d'éclats. Il a opté pour la sobriété. Il n'a jamais eu besoin d'autre. Les ombres s'attirent sur ses traits, les prononcent, sculptés. Il tient. Il sait. Et pourtant. Quelque chose retient.

La nuit se poursuit. Les effluves s'amenuisent. Les voix se succèdent. Puis il en perd l'écho, le sens. L'assourdissement menace. Et le masque forme un sourire. Les yeux en trahissent la forme. Le cristal entre les phalanges, il s'éloigne soudain. Il s'écarte des silhouettes. Les corps sont flous, indistincts. Les prunelles s'inscrivent vers d'autres lieux. Le balcon. L'air frappe. Il exhale. Les paupières à double tour. Le froid s'engouffre. L'ondée s'annonce. Il vide d'une gorgée. L'éthanol frissonnant irradie son passage. Un souffle. Une seconde. L'oppression reste. Il en ignore la cause. La pensée le rend fou. Il attend, cherche. Rien ne vient. L'incompréhension. Il observe les feuillages. Détourne les prunelles vers la rivière. Il hésite. Peut-être une nouvelle coupe. Peut-être l'adrénaline a-t-elle retrouvé de nouveaux seuils. La sensation n'est pas familière pourtant. Elle est inconfortable. Il retrouve les murs étouffants, scintillants, inchangés. L'apaisement se crée mais ne vient pas. Il s'avance. Une autre gagne ses doigts. Il noie la réflexion dans les étoffes, dans les valses des conversations. Il offre des mots, des sourires. Il joue le rôle. Celui qu'il connaît par cœur. Alors d'où vient la tension ? Il se laisse entraîner. Il en vide d'autres. Les frémissements dans ses paumes trouvent une origine différente, plus rassurante. Mais la pesanteur est là. Ce n'est pas le premier soir. Ce n'est pas le dernier. Pourquoi cela le serait-il ? Appréhende-t-il ? Non. La mère a raison. Il doit bien le lui accorder. Il est dans son élément. Il l'éprouve juste sous une autre partition. Non. La cause est autre. Mais elle s'esquive. Il devrait rentrer. Les heures nocturnes ont pris de l'avance. Il est peut-être temps d'y trouver un arrêt.
Il s'éloigne, s'éclipse après le flot des formalités. Il commande un taxi. L'aperception reste, croit lentement. Le trajet se fait dans un silence relatif, à peine perturbé par le fond sonore d'une radio à très bas volume. Ses pensées divaguent, noyées d'interrogations. D'attente. Les minutes progressent. La fin s'énonce. Il descend, paie sa course, dit au revoir sans un autre regard. La porte déclose, il défait le nœud de sa gorge mais l'impression de la boucle reste. La nuit s'agite. Les pensées tergiversent. Il s'effondre. Elles s'éteignent. Changent de forme. Les sons se mêlent aux ombres. Les silhouettes sont floues, indistinctes comme aveuglées par les projecteurs. Il perçoit la scène mais la surface manque. Il chute, s'accroche au néant. Les voix résonnent puis se mélangent dans un maelström dissonant. La sienne lui manque. Elle est sans écho. Pourtant quand la panique menace, il l'entend. Un son. Une vibration. Elle paraît si déplacée, si peu naturelle dans le décor. Il s'y retient, jusqu'au tressaut.

La pièce est noire, à peine striée par les éclats des lampadaires. Son palpitant est chamade mais ce n'est pas lui qui l'attire. Non, ce sont les pulsations. Elles résonnent encore, plus fortes que jamais. Une main sur son visage puis en titubant, il se lève pour en chercher l'origine. Ses doigts la trouvent sur sa droite. La lumière de l'écran vrille sur ses prunelles. Une seconde. Puis il distingue. Le nom. Le surnom. La décharge crée un sursaut. La main est sûre, l'image glisse. L'appareil à son oreille, il n'est rien que le silence. La sensation enfle, encage le palpitant. La lèvre inférieure est une morsure. Quand la voix s'énonce, le ton est calme. Ce n'est sans doute rien. Ce n'est qu'elle. "Hey, Bi', que puis-je faire pour toi ?" L'heure est indécente. L'importance est inexistante. Elle la devient d'autant quand la réponse se fait. Agonisante. Un sanglot naît de l'autre côté puis des paroles décousues. Il s'accroche à chaque syllabe, à chaque mot. Les parcelles de somnolence s'évaporent. L'enserre cesse d'accroitre. Il se fige. Eveillé. Il imprègne ses mots. La réflexion se forme. Il faut qu'il parte. Sans délai. Son corps réagit. Il se fie à ses réflexes. Le combiné ne lâche pas sa tempe. Il crée des questions, garde une voix stable. La première. "Ou es-tu ?" La réponse vient. Pas celle attendue. Il écoute, cherche. Sa silhouette s'habille, qu'importe si les membres lancent.  Elle s'égare. Ou est-elle ? "Birdie. J'arrive. Mais y faut que tu me dises où tu es." Les mots parviennent. Il est sur le pas de la porte. Ses doigts ont gagné les clés. Il hésite. Peut-il seulement conduire ? Les effluves se sont tues. Son bras pend à sa gauche. Il tente de l'activer. Il frémit, les doigts s'activent lentement. Mais ils vivent. Toujours. La douleur saisit alors ses nerfs mais elle est minime. Invisible. Elle lui en voudra. Aprement. Elle s'occupera d'elle plus tard. Elle n'est pas ce qui compte. Il franchit le pas. Il visualise la zone dont elle parle. Il pense. Il espère. L'enserre est toujours là. Il faut qu'il la trouve. Il démarre. Il ne quitte pas sa voix. "Birdie, ça va aller. J'arrive. Ne bouge pas, j'arrive." Attends-moi. Attends-moi. Le silence se noie dans les larmes. Il tente encore, sans réponse. Il accélère. L'ondée se forme. Elle a choisi son heure. Il la maudit entre ses dents. Les allées sont vides. Il poursuit sans prêter attention. La distance se forme dans son champ de vision. Il gare le véhicule sans cérémonie. Son bras s'éveille à peine. Qu'il se taise. Elle est tout ce qui compte. Ses pas cherchent, presque hagards. La question lancinante tambourine entre les tempes.
Ou est-elle ?
Il y parvient. Elle est là. Poupée bariolée, recroquevillée. Elle ne paie pas de mine. Elle passerait presque inaperçu. Et rien que ce fait est irrationnel. La transparence ne lui appartient pas. Elle ne l'a jamais fait. Elle est un feu d'artifice. Une nuée tourbillonnante. Vivante. Vibrante. Flamboyante. Elle n'est pas une ombre que l'on délaisse, qui s'ignore parce qu'elle se mêle à ces ombres inertes. Il se rapproche avec une lenteur exagérée qu'il exècre. Son regard se détourne une seconde. Vers l'autre. Le corps sur l'asphalte. Inanimé. Le mot résonne. Les yeux passent. S'en défont. Elle est à deux pas. Il s'arrête. L'averse noie. Les vêtements s'adhérent. Il rejoint sa hauteur, heurte le bitume d'un genou. L'esprit devrait être submergé de mille questions, d'effroi même peut-être. Que vont-ils faire ? Qu'attend-t-elle ? Que fait ce corps ici ? Que vont-ils en faire ? Est-il vraiment mort ? Il devrait vérifier. Il n'en fait rien. Pour la minute. Pour l'instant. Parce que l'effroi manque. Parce que la panique n'est pas. Il est bien l'inquiétude. Mais pas pour la situation. Juste pour elle. Elle n'est pas elle-même. Cette pensée l'effraie plus que la perspective. Le fait devrait lui causer une nouvelle forme de trouble. Il y reste hermétique. Fixé sur elle. Il rapproche ses doigts, sa main traitresse, étrangement silencieuse. Elle sursaute. Les barreaux se resserrent. La fluette fredonne des faibles paroles sans mélodie. C’est pas moi. Il devrait s'en alarmer. Il n'en fait rien. L'autre genou trouve le sol. Et les deux mains, son visage. La voix est douce, à peine plus haute que la précipitation bruineuse. "Birdie, Birdie, regarde-moi. Regarde-moi." Il trace tel une plume, il débarrasse les traits des mèches qui se collent entre les perles de larmes mêlées de pluie. "Ca va aller, Birdie. Je te le promets. Je suis là. Je te le promets." Folle promesse. C’est pas moi. Sait-il seulement ce qu'il dit ? Si c’était moi à ta place, tu ferais quoi ? Tu m’abandonnerais ? Les mots. Des mois qui datent d'une autre éternité. Et pourtant. La conviction reste. La même. Non. Si c'était toi, je t'abandonnerais pas. Je pourrais pas. Il pourrait pas, non. Il en tient l'évidence. Il a su. Il sait. Alors il reste. Il attend. Il l'observe. Patience indélébile. C’est pas moi. Il cherche des indices sur les lignes de son visage. Sur la silhouette repliée. Celle qui tremble mais qui, pourtant, reste transie. La pensée qu'elle puisse s'assombrir est insupportable. Il devrait la relever. Il la prend contre elle. Elle se noie. Elle s'abime. "Tu peux bouger ?" Le murmure. La voix sûre. Il se rembrunit. Il le sent. Insondable. L'étoile a perdu de son éclat. Au bout de ses doigts.

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Birdie #04   [30Y] Malachi & Birdie #04 EmptyDim 5 Déc - 12:05


"Hey, Bi', que puis-je faire pour toi ?" Réparer, remettre à flots, effacer, être le complice. Malachi pourrait faire tellement de choses. Tu lui en demandes énormément alors que tes paroles sont incohérentes, mélangées aux vibratos de ta peur et aux larmes de l’étouffement de ta poitrine. Le besoin de Malachi est vital, ignorante pourquoi tu l’as contacté en premier lieu ; sûrement l’inconscience qui sait, qui établit que ton ami saura quoi faire, lui qui travaille avec des corps en décomposition depuis son retour à Brisbane. Une véritable déchéance qui lui coûte, à Malachi, et qui te coûte à toi aussi de le savoir misérable. Tu as été encore plus présente qu’à l’accoutumée ; vos habitations sont proches, dans le même quartier, cela change des années d’avant où vous vous opposiez de deux villes distinctes. Malachi est là, Malachi est proche, Malachi est de retour et cela n’a pas aidé ton égoïsme à se satisfaire de noter que tu n’es qu’à quelques pas de sa porte. Tu peux aller lui parler, l’embêter à outrance, faire un commentaire sur ses cheveux, donner ton avis quand il laisse sa barbe pousser un peu trop, apprécier les mets qu’il fait étrangement beaucoup trop quand tu es dans les parages. Tu peux aussi le prendre dans tes bras, le distraire de ses contrariétés en le forçant à regarder avec toi un film idiot pour adolescents ou des thrillers qui finiront toujours par te faire peur au point où tu lui reproches de ne pas avoir su dire non avec plus de fermeté. Tu veilles sur Kimberley-Heather, la prenant en excuse de choix pour tes visites récurrentes, l’araignée ayant elle aussi besoin de sa dose d’affection à défaut de ne pas être en liberté à gambader joyeusement - et faire peur aux humains. "Ou es-tu ?" Dans un tourbillon sans fin où tu ne vois pas de porte de sortie. Si, tu l’as entreaperçu au moment où tu as entendu sa voix, ce timbre si profond, si solide, si rassurant, la familiarité de ses teintes ne manquant pas de t’apaiser furtivement le cœur et l’esprit. Malachi a repris de l’assurance et une perspective d’avenir qui se profile devant lui ; tu n’as pas pensé une seule seconde qu’il puisse être en représentation ce soir. Tu n’as pas la capacité de penser à quoique ce soit à ce moment précis, à part te raccrocher à sa voix à l’autre bout du fil et fermer les yeux. Cloturer les paupières pour ne plus avoir à faire à la scène devant toi, oublier ton présent et essayer d’imaginer ce que Malachi fait au gré des bruits que tu peux entendre à travers le combiné. "Birdie. J'arrive. Mais y faut que tu me dises où tu es." Mais l’italien te force à devoir te rappeler le lieu où tu as échoué ce soir, une information capitale mais que tu énumères en balbutiant. "Birdie, ça va aller. J'arrive. Ne bouge pas, j'arrive."

Oh tu ne risques pas de bouger même si tu le voulais. Tu es pétrifiée, complètement tétanisée et tes muscles ne répondant à aucun appel que ton cerveau peut leur lancer. Ce n’est pas grave si tu t’engourdis de pluie ; peut-être que les gouttes vont pouvoir faire disparaître la pression de ton corps ? Faire voler les ondes de ton esprit ? Tu n’as qu’envie de te mettre en boule et de rester là jusqu’à ce que la lumière du jour apparaisse. Tu es seule, il y a un corps devant toi, un corps dont tu ignores s’il est toujours vivant ou non. La perpective qui ne le soit pas te donne envie de vomir, un haut de cœur te prenant, le vertige avec, mais tes boyaux restant solidement attachés pour le moment. L’angoisse d’un trou noir s’ajoute à la perspective de cette situation dramatique, où l’incompréhension ne te permet aucune once de répit au creux de ton être. Ton esprit s’échauffe en même temps qu’il semble anesthésié. Tes yeux ne percutent même pas les halos de lumière que forment les phares de la voiture qui arrive. Tu t’es mise à compter, le réflexe de cette habitude que tu possèdes quand tu sens que ça devient beaucoup trop. Quand tes poumons manquent d’air, que ton cerveau se compresse et que les parois de ton être se fissurent. Tu comptes, tu bouges les doigts en rythme, cela te donne quelque chose à réfléchir et méditer. Ne pas t’attarder sur la scène, t’enfermer dans ta bulle. Les vêtements s’épaississent au fur et à mesure de la pluie qui s’engoufre ; mais la pluie n’efface rien, elle ne résout rien, elle ne fait qu’ajouter des gouttes dans un vase déjà débordant.

Prise dans tes idées, le contact te surprend. Mais tes paupières se relevant sur lui, tu n’attends pas longtemps avant de te décharger de toute culpabilité. Ce n’est pas toi. Tu n’y es pour rien. Tu es encore là au mauvais endroit au mauvais moment. Tu n’as jamais voulu traîner des corps derrière toi. Ton placard est trop petit. Tu pleures parce que tu penses à tout ce qu’il y a dedans ; ton enfance, Victoria, cette gamine. Maintenant celui-là. Cette forme au sol que tu refuses de regarder ; elle n’existera plus si tu ne la vois plus. Mais tu restes agitée. Parce que même si tu le ne vois plus, il est toujours là. Quelque chose se passe, il se trame un évènement qui t’échappe et cette situation est déplaisante à l’extrême. "Birdie, Birdie, regarde-moi. Regarde-moi." Les mots de Malachi se percutent jusqu’aux tréfonds de ta cabosse et enfin, tu sembles le voir, lui. Ses doigts sur les traits de ton visage, le sien qui se veut rassurant, mais t’es persuadée de voir une trace d’inquiétude dans ses prunelles malgré tout. "Ca va aller, Birdie. Je te le promets. Je suis là. Je te le promets." Il est là, tout va bien se passer, Malachi est là, cries-le plus fort si cela te permet d’y croire tout autant. Pourtant, ta voix qui d’habitude piaille toujours se retrouve coincée dans ta gorge et cela n’est pas dans le bon sens, ce n’est pas un signe positif - mais qui pourrait t’en vouloir ? Il est là, il est là, il est là. Tu n’as plus besoin de compter quand Malachi tient ton visage enseveli sous la détresse avant de te porter contre lui. "Tu peux bouger ?" Tu te fais toute petite, tes membres se repliant toujours plus autour de toi alors que tu secoues la tête. “J’arrive pas, j’arrive plus, je peux plus, c’est pas de ma faute mais je peux pas.” T’es désolée de ne pas pouvoir bouger, de ne pas savoir être plus forte, de le mettre dans une situation pareille, de l’embarquer dans un tel portrait. Malachi ne mérite pas cela, il n’a pas besoin de tes remords, de ta culpabilité et pourtant, l’hésitation n’a été que brève et minime avant de lui infliger un tel parcours. Ton corps entier se place contre celui de Malachi, ses bras autour de toi accentuant l’illusion que tout va bien se passer. Qu’est-ce que vous êtes censés faire ? Le bouger, le laisser ? Le cacher, appeler les secours, les autorités ? “Je sais pas… Je sais pas s’il respire.” Parce que tu ne vois rien à travers la pluie et que le corps est retourné face contre le sol et que, que, que… Tes doigts viennent s’accrocher à la veste de l’italien alors que ton visage se cale contre son cou. Malachi respire, c’est une certitude, tu l’entends, tu le sens et tu te remets à compter silencieusement en te calant sur les battements de sa veine palpitante. “On fait quoi, Maki ? On doit pas rester, c’est dangereux ici, et je me rappelle- Je me rappelle pas comment et je- Maki, tu sais que c’est pas moi, hein ?” que tu répètes en ayant oublié que tu lui as déjà précisé ce fait. Il ne peut pas croire que c’est toi, tu essaies de te raccrocher à cette désespération, et plus tu l’affirmeras, plus tu t’en convaincras. Pourtant, tu n’y es pour rien, Birdie. Ce n’est pas de ta faute, ce n’est pas tes mains qui l’ont rendu dans un état pareil. Tes doigts sont faits pour la création, pas la destruction. Tu es une petite perle perdue au milieu des eaux qui se brise à chaque coup contre le bitume. Mais tu es résistante, tu sauras te redresser. Mais pour l’instant, tu ne peux y arriver si Malachi ne t’aide pas. Pauvre poupée de chiffon échouée, tu n’es qu’une malheureuse qui s’éplore et sanglote dans le creux de ton ami, n’appréciant qu’à peine le réconfort de sa présence à la vue de l’épreuve que tu lui infliges. Un complice par procuration, par la force des choses, tu t’en veux pour cela aussi. “Excuse-moi, Maki, pardon pardon, je savais pas vers qui me tourner et je… J’suis désolée, j’voulais pas mais j’suis perdue…” tu balbuties, tu cèdes, tu craques, tu lâches. Tes nerfs se brisent et tes larmes se mêlent joyeusement à la pluie battante alors qu’elles se multiplient. T’es fatiguée, tu as froid, tu es anxieuse, perdue, éplorée, brisée. L’impression que quoiqu’il arrive, tu n’arriveras jamais à faire les choses correctement, qu’il faut toujours que le karma te rappelle à son bon souvenir et que tu es coincée dans une spirale sans fin. Sans possibilité de pouvoir en sortir.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Birdie #04   [30Y] Malachi & Birdie #04 EmptyDim 5 Déc - 12:05

La nuit pénètre. Un frémissement. Le sien. Celui de ses pores. De ses veines que le froid incendie. Que la pluie consume. L'appréhension aussi. Mais laquelle ? Celle de la décence. Celle de l'assurance. Elle. Elle frémit aussi. Sous les cristaux de pluie, sous les pans de la nuit. Contre un mur. Figure recroquevillée. La fureur. Furtive. Et pourtant. L'acte est déjà actée. Là. Il le voit. Le sent. L'entend dans le silence que la flotte fait être. L'oublie. Une seconde. Puis deux. Puis elle. Les murmures indistincts.

Elle est. Cette vision. Décharnée. Cette vie. Abîmée.

Que crois tu faire ? Qu'espères tu achever ? Il est un corps là. Albâtre de vide. Il est un être. Qui n'est pas. Plus. Il le sent. Les veines ne mentent pas. Elles sont du froid des billes qui s'effondrent sur sa ruine. Celle de la flamme qui s'éteint. Celle de la conscience qui se claquemure. A double tour. Pour elle. Pourquoi pas. Le néant appelle. Clame. Réclame. Ignorant. Il le reste. Le marbre est déjà figé. Noyé dans les flots nocturnes. Une dépouille comme une autre. Comme les mille. Les cents d'avant. De maintenant encore. Parfois. Ou sont les astres ? Les lueurs sibyllines des soirs de gloire. Comme ce soir. Plus à présent. Que fait-il ? Rien. Il fait. Pour elle. Quelle évidence. Tu irais jusqu'où, dis-moi. Le venin craché par les lèvres purpurines. Cette voix haute. Dramatique. Des ans plus tôt. Un écho. Jusqu'où il faut. La notion n'a pas changé. Elle n'est plus là. Mais la question reste. La réponse aussi. Jusqu'où il faudra. Le moment de la sentence. Iras-tu. Il sait. Sans l'hésitation. Jamais. Il ira. Pour elle. Elle revient dans ses prunelles. Il hait chaque pore de l'inanimé à ses côtés. Qu'importe la raison. Quelle importance. Que changerait-elle. Même sans penser, il est en dettes. Un Etherstone paie toujours ses dettes. Les ans lui ont volé nombre mais jamais ses principes. Il tient pour eux encore. Pour elle maintenant. Jusqu'où ?

Jusque là.

Il l'aperçoit. Aussitôt. Frêle, en prise. Avec les ombres. La glace qui s'infiltre. Il s'approche. Quelques pas. Quelques échos sur un goudron sourd. Muet de la nuée qui s'abat. Il parle. Il murmure. Les suppliques. Il répète. Il rassure. Il tente. Il désespère. Non. Il tient. Etrange. Peut-être pas. Il rejette. Il saisit ses traits. Comme de la porcelaine. Comme l'être précieux qu'elle est. Les yeux croisent. Elle est contre lui. Les gestes serrent sans retenir. Les bras retiennent sans avilir. Une interrogation. Un regard qui cherche. Une réponse. Enfin. Des sanglots. Peut-être. Les mains rapprochent. Bercent presque. "Ne t'inquiète pas. Ne t'inquiète pas." Le pense-t-il ? Chaque syllabe. Ses doigts dans ses mèches blondes, ternies par l'ondée. Elle retient. Il refuse à lâcher. Ne le fait pas. La silhouette. Il suit ses prunelles. La pensée transgresse. Il devrait voir. Vérifier. Se relever. La lâcher. Elle retient. Il reste. Il écoute. Il pense. Le regard fixe. Accroché. Il devrait. Les secondes. Elle parle encore. On fait quoi ? Nulle réponse. Il a perdu la mesure, le sens. Pourtant, il réfléchit encore, cherche dans les méandres. La situation est folle. Il le sait. Il ne doute pas. Elle peut lui échapper à n'importe quel moment. Il le sent. Mais les conséquences importent peu. L'après importe peu. Dans l'immédiat. Là, tout de suite, c'est elle qui compte. C'est eux. C'est ce corps jaspe étendu mort ou vivant. Il revoit les silhouettes, la panique sourde. La fatigue le menace mais il a rarement été aussi éveillé. Il laisse le contrôle à ses gestes, à son pragmatisme. La raison n'a que peu de place. Elle en prendra sans doute bien assez le moment venu. La nuit est loin d'être terminée pourtant, si loin encore. Les heures ne sont pour l'instant que des ombres mais elles avancent. En observant les lueurs des ruelles un peu plus tôt, il a senti son inquiétude naître teintée d'un calme inhabituel. Comme si la fébrilité avait cessé de l'atteindre. Peut-être est-ce le cas au fond. Il se raccroche, il observe. Il a vécu dans la lumière pendant longtemps. La fébrilité se mêle alors à l'adrénaline, créé le moment, cette mélodie sublime qu'il se plaisait à reproduire sans lassitude. Cette période n'est plus mais ses nerfs lui appartiennent encore. Tu sais que c’est pas moi, hein ? Il sait. Evidemment, il sait. Le doute n'est jamais né et même s'il est dû. Quelle importance. Quelle pensée. L'ire menace mais elle n'est pas contre elle. Elle, elle est. Elle compte. C'est tout. Jusqu'où ?

Jusque là.

Il laisse le regard se détourner et revenir vers elle. La fragilité le frappe. Elle ne devrait pas. Elle est contre son cou. Il ramène les phalanges dans l'empreinte de ses mèches. "Oui, je sais.". Un murmure. La voix est sourde, teintée de certitude. "Ne t'inquiète pas." Il use du même refrain. "Fais-moi confiance". Elle s'excuse pourtant. Les litanies naissent. Elle cède. Elle s'effondre. Il retrouve le sol, rejoint le mur. Elle est là. Il la laisse, noyée tout ce qu'elle est. L'empreinte de son menton sur le sommet de son crâne. A l'abri. Immergés dans les flots de la nuit. Les yeux clos. Il chuchote sans mot. Puis la lueur revient. Alors il fixe. Ce corps. Ce corps inerte et blafard, si semblable à ceux qu'il a observé quotidiennement. Il pense. Il devrait être submergé par la panique, l'effroi, le désarroi. Mais son sang reste placide. Comme si c'était un jour comme un autre. Un cadavre comme un autre. Parce qu'il l'est. Il le sent. Il doit encore le rejoindre, écouter son silence. Mais il sait. Il faut qu'il sache. Qu'il sache et qu'il la sorte d'ici. Comment ? Ils ne peuvent rester là. La pensée se fait mécanique, insensible. Comment ? Où ? Des faits. Des réponses à trouver. Il observe les lieux avec une vision calculatrice. Il attend. Patiemment. L'idée le heurte. Qu'est-il ? Est-il si ? Il ignore. Il omet. Il oblitère. Il aura le temps d'y penser. De comprendre. De s'abhorrer. Pour être cet être qui envisage avec calme la pensée. Il faut qu'ils se meuvent. Il hésite. Jusqu'où ?

Jusque là.

"Birdie ?" L'attention revient vers elle, vers sa silhouette calfeutrée contre la sienne. Le geste qui effleure ses cheveux est d'une finesse infime. Il murmure encore. "Bi', il faut que je me relève. Que je vérifie. On peut pas rester là." Le murmure couvre l'averse. Sans attendre, il se détache. Avant de céder. Il fait. Il se relève, la dépose. Un regard. Les pas guident. Un regard vers elle puis il s'en approche. Il tend la main, s'arrête, hésite. Il ramène finalement sa manche sur ses doigts avant prendre son pouls. Il commence par le cou, finit par le poignet. Les gestes sont précis à défaut d'être fébrile, méticuleux à défaut d'être tremblant. Mort. Il se relève sans se souvenir de s'être assis, l'expression stoïque. Il relâche sa manche, les yeux toujours accrochés à l'homme. Mort. C'est un murmure, un son de voix presque silencieux, roque et implacable. Quand il se détourne pourtant, il se rattache à elle. Elle est toujours là, frêle, tremblante. Sonnée. Ses traits perdent son impassibilité alors qu'il se rapproche d'elle. Il ne peut rien pour lui. Il peut pour elle. Il retrouve le mur, l'espace délayé. Il s'accroupit en face. A nouveau. "Birdie." Il se revoit. Des mois plus tôt. Elle est restée. Il est là. "Je te promets que ça ira." Un écho. D'un autre temps. Une promesse encore. Il n'en a jamais brisées. Il n'entend pas commencer.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Birdie #04   [30Y] Malachi & Birdie #04 EmptyDim 5 Déc - 17:21


     

I can hear your whispers in my mind
@"Birdie Cadburry"
La nuit pénètre. Un frémissement. Le sien. Celui de ses pores. De ses veines que le froid incendie. Que la pluie consume. L'appréhension aussi. Mais laquelle ? Celle de la décence. Celle de l'assurance. Elle. Elle frémit aussi. Sous les cristaux de pluie, sous les pans de la nuit. Contre un mur. Figure recroquevillée. La fureur. Furtive. Et pourtant. L'acte est déjà actée. Là. Il le voit. Le sent. L'entend dans le silence que la flotte fait être. L'oublie. Une seconde. Puis deux. Puis elle. Les murmures indistincts.

Elle est. Cette vision. Décharnée. Cette vie. Abîmée.

Que crois tu faire ? Qu'espères tu achever ? Il est un corps là. Albâtre de vide. Il est un être. Qui n'est pas. Plus. Il le sent. Les veines ne mentent pas. Elles sont du froid des billes qui s'effondrent sur sa ruine. Celle de la flamme qui s'éteint. Celle de la conscience qui se claquemure. A double tour. Pour elle. Pourquoi pas. Le néant appelle. Clame. Réclame. Ignorant. Il le reste. Le marbre est déjà figé. Noyé dans les flots nocturnes. Une dépouille comme une autre. Comme les mille. Les cents d'avant. De maintenant encore. Parfois. Ou sont les astres ? Les lueurs sibyllines des soirs de gloire. Comme ce soir. Plus à présent. Que fait-il ? Rien. Il fait. Pour elle. Quelle évidence. Tu irais jusqu'où, dis-moi. Le venin craché par les lèvres purpurines. Cette voix haute. Dramatique. Des ans plus tôt. Un écho. Jusqu'où il faut. La notion n'a pas changé. Elle n'est plus là. Mais la question reste. La réponse aussi. Jusqu'où il faudra. Le moment de la sentence. Iras-tu. Il sait. Sans l'hésitation. Jamais. Il ira. Pour elle. Elle revient dans ses prunelles. Il hait chaque pore de l'inanimé à ses côtés. Qu'importe la raison. Quelle importance. Que changerait-elle ? Même sans penser, il est en dettes. Un Etherstone paie toujours ses dettes. Les ans lui ont volé nombre mais jamais ses principes. Il tient pour eux encore. Pour elle maintenant. Jusqu'où ?

Jusque là.

Il l'aperçoit. Aussitôt. Frêle, en prise avec les ombres. La glace qui s'infiltre. Il s'approche. Les quelques pas sont quelques échos sur un goudron sourd. Muet de la nuée qui s'abat. Il parle. Il murmure. Les suppliques. Il répète. Il rassure. Il tente. Il désespère. Non. Il tient. Etrange. Peut-être pas. Il rejette. Il saisit ses traits. Comme de la porcelaine. Comme l'être précieux qu'elle est. Les yeux croisent. Elle est contre lui. Les gestes serrent sans retenir. Les bras retiennent sans avilir. Les lèvres offrent une interrogation. Le regard cherche. Une réponse. Enfin. Des sanglots. Peut-être. Les mains rapprochent. Bercent presque. "Ne t'inquiète pas. Ne t'inquiète pas." Le pense-t-il ? Chaque syllabe. Ses doigts dans ses mèches blondes, ternies par l'ondée. Elle retient. Il refuse à lâcher. Ne le fait pas. La silhouette. Il suit ses prunelles. La pensée transgresse. Il devrait voir. Vérifier. Se relever. La lâcher. Elle retient. Il reste. Il écoute. Il pense. Le regard fixe. Accroché. Il devrait. Les secondes. Elle parle encore. On fait quoi ? Nulle réponse. Il a perdu la mesure, le sens. Pourtant, il réfléchit encore, cherche dans les méandres. La situation est folle. Il le sait. Il ne doute pas. Elle peut lui échapper à n'importe quel moment. Il le sent. Mais les conséquences importent peu. L'après importe peu. Dans l'immédiat. Là. Tout de suite. C'est elle qui compte. C'est eux. C'est ce corps jaspe étendu. Mort ou vivant. Il revoit les silhouettes, la panique sourde. La fatigue le menace. Il a rarement été aussi éveillé. Il laisse le contrôle à ses gestes, à son pragmatisme. La raison n'a que peu de place. Elle en prendra sans doute bien assez le moment venu. La nuit est loin d'être terminée, si loin encore. Les heures ne sont que des ombres mais elles avancent. En observant les ruelles un peu plus tôt, il a senti son inquiétude vivre teintée d'un calme inhabituel. Comme si la fébrilité avait cessé de l'atteindre. Peut-être est-ce le cas au fond. Il se raccroche, il observe. Il a vécu dans la lumière pendant longtemps. La fébrilité se mêle alors à l'adrénaline, créé le moment. Cette mélodie sublime qu'il se plaisait à reproduire sans lassitude. Cette période n'est plus mais ses nerfs lui appartiennent encore. Tu sais que c’est pas moi, hein ? Il sait. Evidemment, il sait. Le doute n'est jamais né et même s'il est dû. Quelle importance. Quelle pensée. L'ire menace mais elle n'est pas contre elle. Elle, elle est. Elle compte. C'est tout. Jusqu'où ?

Jusque là.

Il laisse le regard se détourner et revenir vers elle. La fragilité le frappe. Elle ne devrait pas. Elle est contre son cou. Il ramène les phalanges dans l'empreinte de sa chevelure. "Oui, je sais.". Un murmure. La voix est sourde, teintée de certitude. "Ne t'inquiète pas." Il use du même refrain. "Fais-moi confiance". Elle s'excuse pourtant. Les litanies naissent. Elle cède. Elle s'effondre. Il retrouve le sol, rejoint le mur. Elle est là. Il la laisse, noyer tout ce qu'elle est. L'empreinte de son menton sur le sommet de son crâne. A l'abri. Immergés dans les flots de la nuit. Les yeux clos, il chuchote sans mot puis la lueur revient. Alors il fixe. Ce corps. Ce corps inerte et blafard, si semblable à ceux qu'il a observé quotidiennement. Il pense. Il devrait être submergé par la panique, l'effroi, le désarroi. Mais son sang reste placide. Comme si c'était un jour comme un autre. Un cadavre comme un autre. Parce qu'il l'est. Il le sent. Un cadavre. Il doit encore le rejoindre, écouter son silence. Mais il sait. Il faut qu'il sache. Qu'il sache et qu'il la sorte d'ici. Comment ? Ils ne peuvent rester là. La pensée se fait mécanique, insensible. Comment ? Où ? Des faits. Des réponses à trouver. Il observe les lieux avec une vision calculatrice. Il attend. Patiemment. L'idée le heurte. Qu'est-il ? Est-il si ? Il ignore. Il omet. Il oblitère. Il aura le temps d'y penser. De comprendre. De s'abhorrer. Pour être cet être qui envisage avec calme la pensée. Il faut qu'ils se meuvent. Il hésite. Jusqu'où ?

Jusque là.

"Birdie ?" L'attention revient vers elle, vers sa silhouette calfeutrée contre la sienne. Le geste qui effleure ses cheveux est d'une finesse infime. Il murmure encore. "Bi', il faut que je me relève. Que je vérifie. On peut pas rester là." Le murmure couvre l'averse. Sans attendre, il se détache. Avant de céder. Il fait. Il se relève, la dépose. Un regard. Les pas guident. Un regard vers elle puis il s'en approche. Il tend la main, s'arrête, hésite. Il ramène finalement sa manche sur ses doigts avant prendre son pouls. Il commence par le cou, finit par le poignet. Les gestes sont précis à défaut d'être fébrile, méticuleux à défaut d'être tremblant. Mort. Il se relève, l'expression stoïque. Il relâche sa manche, les yeux toujours accrochés à l'homme. Mort. C'est un murmure, un son de voix presque silencieux, roque et implacable. Quand il se détourne pourtant, il se rattache à elle. Elle est toujours là, fugitive, tremblante. Sonnée. Ses traits perdent son impassibilité alors qu'il se rapproche d'elle. Il ne peut rien pour lui. Il peut pour elle. Il retrouve le mur, l'espace délayé. Il s'accroupit en face. A nouveau. "Birdie." Il se revoit. Des mois plus tôt. Elle est restée. Il est là. "Je te promets que ça ira." Un écho. D'un autre temps. Une promesse encore. Il n'en a jamais brisées. Il n'entend pas commencer.

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Birdie #04   [30Y] Malachi & Birdie #04 EmptyMar 11 Jan - 19:47


"Ne t'inquiète pas. Ne t'inquiète pas." comment il peut lui murmurer ça ? Même si ses bras bercent, même si ses mains la tiennent avec force, même s’il a l’air aussi froid qu’elle est brûlante, il ne peut pas lui demander de ne pas s’inquiéter. Il y a un corps qui gît et elle n’a qu’un trou de mémoire, une absence causée par un coup à la tête qui finit par se déclarer par une douleur qui la fait grimacer. Ses prunelles bleutées sont teintées de larmes, ses membres tremblent de peur et elle redevient la gamine qu’il a connu. Même si la gamine n’a pas connu de situation pareille - tant mieux pour son âme, parce que l’adulte s’en serait bien passée aussi. Même si la sensation de Malachi est agréable. Elle aurait préféré que ce soit dans d’autres circonstances. Pas comme ça, pas dans une agitation précaire où elle a l’impression que plus rien n’avance et que tout est en accéléré en même temps. Quel temps de merde, quelle étape de merde, pourquoi il faut que ça lui tombe sur sa tronche à elle, est-ce qu’elle a un karma à faire balancer ?

"Oui, je sais."
"Ne t'inquiète pas."
"Fais-moi confiance."

Elle ne demande rien d’autre, Birdie. Elle veut le croire mais… “Je me rappelle pas, Maki. Je me rappelle de rien. Comment je dois rester calme alors que- que je sais pas ce qu’il…sait passer pour que je me retrouve avec un corps à mes pieds ? mais la fin de la phrase reste dans sa gorge, pauvre petit oiseau qui en a perdu toutes ses notes alors que le refrain assourdissant de son ami peine à se faire une raison dans sa cabosse. Il est calme parce qu’il connaît les morts, mais ce n’est pas son cas à elle. Encore moins un corps avec lequel elle avait prévu de s’envoyer en l’air - jamais il n’était prévu qu’il soit envoyé en l’air comme ça. C’était censé être une source de plaisir et voilà que ça devient une source d’angoisse incroyable qui la fait se raccrocher avec persistance et vigueur aux bras serrés autour de sa forme de Malachi. "Birdie ?" Birdie est aux abonnés absents, elle se camoufle, elle veut fusionner avec le sol, avec le bitûme, même avec son ami s’il le faut si ça peut lui permettre de rien entendre, de ne rien sentir, de ne plus avoir peur. "Bi', il faut que je me relève. Que je vérifie. On peut pas rester là." elle geint, elle s’accroche un peu plus, elle commence à avoir froid ; l’eau prend ses muscles en otage et s’enroule dans de sordides sillons de glace. Sûrement que la peur rajoute à la température, une fois l’adrénaline passée.

Mais elle geint de nouveau quand il se détache, quand il la punit de l’absence de soutien et qu’elle se retrouve toute seule, avec pour seule solicitude ses bras qui s’enroulent autour de ses jambes tandis qu’elle se recroqueville. Elle n’observe pas Malachi s’approcher du corps. Elle ne fait pas attention à son pouls qu’il vérifie deux fois. Elle ne veut pas. Elle dénigre. Elle serre les paupières alors que l’eau tape sa nuque et ses mèches blondes. Elle n’a plus rien de rayonnant, l’oiseau. Elle est pitoyable, même. Elle n’est qu’un désastre ambulant. Elle n’est bonne qu’à rien d’autre que de semer la mauvaise fortune. Est-ce qu’il y a dans l’univers quelqu’un qui ne l’aime pas ? Sûrement une vieille tante aigrie dôté d’un troisième oeil puissant pour lui envoyer de mauvaises ondes à travers l’au-delà.

"Birdie." son prénom ne résonne que mollement, qu’à peine jusqu’à ses nerfs ; elle ne relève même pas sa tête. La peur d’y lire l’expression sur le visage de Malachi. De voir cette douceur extrême qui va lui donner encore plus envie de s’enrouler autour d’elle-même et de disparaître à fil de l’eau car ce n’est pas normal, il n’y a rien de normal ni de naturel dans cette situation. "Je te promets que ça ira." elle étouffe un sanglot. Elle renifle son nez. Elle passe une main contre un oeil. Puis l’autre. Les os de sa colonne vertébrale craque alors qu’elle finit par se redresser légèrement. Juste ce qu’il faut pour voir Malachi juste en face d’elle. La situation inverse - est-ce qu’il y aurait moyen de pouvoir se voir sans que l’un ou l’autre ne soit au bord du désespoir ? “Qu’est-ce qu’on va faire ? On va le laisser ici ? Il faut prévenir la police, non ? On peut pas-” telle une bonne samaritaine innocente de tout ce qui a pu se passer, voilà qu’elle se sent de nouveau tétanisée si les flics débarquent et qu’elle est toujours là. “Je peux pas être là si les flics viennent. Ils vont croire que j’ai fait quelque chose alors que… Alors que je te promets que c’est pas moi, je me rappelle de rien et je…” son poing s’abat sur son propre crâne, frustrée de ne pas être fichue de se rappeler. Ni d’intrus, ni du coup, ni de la victime elle-même. Pour le peu, elle serait surprise d’entendre de la musique au loin car elle avait oublié qu’elle se trouvait à une fête sauvage juste avant. “On doit faire quoi ?” elle regarde Malachi avec appréhension ; qu’importe ce qu’il répondra, elle l’écoutera. Même si, à son sens, ils devraient tout simplement se barrer d’ici et ne plus jamais revenir dans le coin. Comme si cela suffira à la calmer sur le long terme.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Birdie #04   [30Y] Malachi & Birdie #04 EmptyMar 26 Avr - 19:19


     

I can hear your whispers in my mind
@"Birdie Cadburry"
Ne t'inquiète pas. Il le pense. Ne t'inquiète pas. Il marque chaque mot. D'une voix stable qui devrait être saccadée. D'un murmure confessé que même le déluge ne parvient à noyer. Elle s'accroche. Elle. Cette silhouette recroquevillée. Elle semble fragile, de porcelaine. Les traits froids, le feu dans les veines. Le calme d'apparence, le stoïcisme et là-bas dans un coin de l'esprit, l'envie d'incendier les causes. Celles qu'il ne peut contrôler. Alors il rassure. A coup de mots. A coup de gestes. Il écoute, il inspire. Stable dans la tempête. Dans la réelle. Dans la figurée. Elle est une gamine qui n'a pas besoin de sauveur. Et pourtant, il accourt parce qu'il ne sait rien d'autre. Le voudrait-il seulement ? Alors il dit. Alors il croit.

Fais-moi confiance. Il mesure chaque syllabe. Laisser fuir n'est pas une option. Même quand elle s'effondre, même quand il suit. Quand il retient, sans relâche. Parce qu'elle ne l'a pas fait. Parce qu'il ne penserait pas à le faire. Alors il chuchote. Il expire. Il fixe. L'être hâve. Le marbre sur les pavés. Noyé par les flots. Il fixe comme il pense. Se détache. Pense. Sans réfléchir. Elle parle encore. Il garde l'ouïe présente. L'angoisse perd ses paroles. Il la resserre contre elle. Elle ne doit pas s'émietter. Pourtant, il faut qu'il se relève. Qu'il sache. Qu'il agisse. Là, dans ce pan de ruelle délavée, ils ne peuvent rester. Elle reprend toute l'attention. Il fredonne. Elle ignore. L'insistance. Elle s'accroche. Quitter la perspective pourrait retenir s'il ne fallait pas. Sans outre-mesure, il se lève.

Il est face. Face à lui. Pris entre les murs. Les parois d'eau. Le froid le glace. Le saisit. La mécanique est précise. Il se fige dans son geste. Stoïque. Imperméable. Il se trempe. Il s'en moque. Le déluge noie les pensées plates. Il ne pense pas. Ou plutôt si, il pense. Méthodiquement. Avec précision. Il incise sa réflexion. Clinique. Indifférent. Il calcule. Il mesure. Il suit telle une machine le flot continu d'une intuition. D'une logique. Implacable. Impliqué. Détaché. Loin de toute démesure. De toute émotion débridée. Respire Appliqué. Le geste fin. Le mot exact. Rien ne dépasse. Tout se noie. La nuit brouille, la pluie déteint. Et que fait-il ? Il s'éteint. La déliquescence. Celle d'une vue. Celle d'une vie. Il se distille dans le sentiment. Ce sentiment inexistant. Il impliquerait qu'il sache. Qu'il réalise. Qu'il ne va pas faire le choix attendu. Le bon. Non, il va être égoïste. Il le sait. Ses pores le sentent. Il se détourne. La décision. Actée. Fou . Il revient. Vers elle. Il souffle. Il promet.

Il est face. Face à elle. Redressée. Suffisamment. Elle s'effraie. A raison. Raison qu'il ignore. Raison qu'il pense. Il laisse dire. Mais il retient. Ce geste qu'elle abat contre sa tête. La panique. Celle qui ne l'a pas encore pris. Ou est-elle ? Aliéné. Ses phalanges prennent son poignet, ses prunelles, les siennes. Elle palabre, peine perdue. Le laisser. Partir. Appeler. Fuir. Attendre. Paniquer. S'évaporer. Prier. Faire. Mais quoi ? Elle regarde. Elle attend. Comme s'il avait la réponse. Comme s'il faisait ça tout le temps. La mort. L'abîme qui rattrape. La vie n'est qu'un temps entre deux abîmes. Deux ébauches. Deux ruines. Deux eux. Il ancre ses yeux. L'être délité ne vacille. Il sait.

Les options sont dénouées. Claires. Ils peuvent rester, appeler. Attendre dans le froid, transis. Délier les pensées. Les circonstances. Attendre. Revoir. Parler. Affronter. Ils peuvent appeler, oui. Mais la suite. La suite est incertaine. Que risque-t-elle ? Elle ? Telle qu'elle est. Défaite. Débraillée. Déroutée. Il marque la rayure. Option deux. Rester. Partir. Revenir. Disparaître. Faire disparaître. Non. Il n'a pas sombré, pas encore. La pensée se rejette. Il peut perdre pied. Il va perdre pied. Quand ? Il l'ignore encore. Il omet, égare dans un coin de son esprit. Il sent le gouffre s'ouvrir, le souffle de sa proximité. Tentante, lancinante. Un pas, rien qu'un pas. Il suffit d'un rien. Il le sait. Alors pourquoi hésite-t-il ? Il n'a pas toujours hésité. Non, il s'est laissé prendre, envelopper dans des excès fourbes et subliminaux. Il a manqué de se briser les phalanges, de se tailler les pommettes, d'encercler de noir ses prunelles si sombres que le vert en paraît brun. Il ne pensait pas aux regrets, non. Il ne pensait pas à la latence, à la constante de la douleur qui viendrait le saisir si ça venait à arriver. Il avait juste laissé faire sans penser, sans réfléchir. Juste là. Juste comme ça. Aujourd'hui, il est là pourtant. Perdu dans la nuit. Le temps l'a rattrapé. Le rattrapera-t-il encore ? Sans doute. Dans la nuit sourde, dans les heures funambules, il prendra la mesure, ses traits entre ses doigts et se maudira. Ou rien de tout cela ? Peut-être vaquera-t-il simplement à son existence comme si rien n'était jamais arrivé, noyé dans le déni ou l'indifférence. L'idée l'effraie plus que tout le reste. Mais il n'est pas temps d'y penser. Non, en ce lieu, en cet instant, les méandres ne doivent se concentrer que sur un seul et unique objet. Lui. Cette figure de marbre. Cette silhouette immobile effondrée sur le bitume. Ce cadavre. Parce que c'est qu'il est. Tout ce qu'il représente désormais. Le simulacre d'un être qui, il y a peu encore, était en capacité de respirer, de vivre, de rire, de s'énerver. De penser. Et quelles pensées. Il les cadenasse dans le fond du précipice parce que lui-même ne peut s'en permettre aucune.

Il n'est qu'une option. Pour l'heure. Laisser. Délaisser. Partir sans se retourner. S'occuper d'elle. De lui après. D'eux. Au masculin. Ce ne doit plus être son problème. A elle. Une dette à payer. Il rembourse. Cette nuit. Une première fois. La décision prise. Elle se confirme quand il saisit sa vue. Son attention. Regarde-moi, Birdie. On doit faire quoi ? Viens avec moi. Le murmure. Plus haut. Formulé à voix haute. "Viens avec moi." Relève toi. Suis-moi. Ne pense pas. "Tu peux te lever ?" La voix est douce mais ferme. L'expression résolue. Inquiète pourtant mais pour elle, uniquement. Il amorce un geste vers elle. "Relève toi, je te tiens si jamais ..." Si jamais le monde s'effondre, si tu t'effondres. Si son soleil s'éclipse dans la nuit pour ne plus briller. Non. Cette option-là n'est pas recevable. "On va se mettre à l'abri, ok ?" Le véhicule n'est pas loin. Il peut l'y mener. Il le fera, même s'il doit l'y porter. L'habitacle mettra fin à l'engloutissement. Celui des corps. Sans doute pas des pensées. Ne t'inquiète pas. Il le pense encore. Y croit dur comme fer. Parce qu'il ne peut se perdre. Pas quand elle est.

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Birdie #04   [30Y] Malachi & Birdie #04 EmptySam 14 Jan - 9:06

Comment est-ce que tu as pu te fourrer dans de tels draps ? Une perpétuelle question qui tourbillonne dans ton esprit depuis que tes yeux se sont rouverts pour ne voir que le sinistre spectacle du corps à terre et sans aucune vie. Tu n’as rien demandé de tout ça, tu étais juste ici pour étouffer ta peine, ignorer que c’est l’anniversaire morbide de la disparition de Victoria sur la surface de cette Terre. Chaque année est la même peine, la même douleur, le deuil qui ne finit jamais d’être totalement fermé et tu te sens seule, si seule. Tu n’aimes pas être seule mais ce soir, tu en avais besoin pour t’éloigner, pour respirer, pour t’animer comme tu le souhaites. Voilà le résultat, voilà comment ça se résulte ; un corps, un mal de crâne et l’impression que le monde s’écroule en même temps que la peur au ventre. Tu n’y es pour rien, tu n’as rien vu, tu ne comprends pas ce qu’il se passe et les tambours dans ton crâne n’aide en rien à comprendre davantage la situation. Ce que tu peux comprendre, en revanche, c’est la présence de Malachi. Tu es sur pilote automatique et tout ton désarroi, ton interrogation, ta peur lui retombent comme des dominos sur le visage. Tu paniques, tu pleures, tu frissonnes, tu as froid et ce n’est pas qu’à cause de la pluie qui tombe avec ferveur sur vous. Quand Dame Nature se fout de ta tronche, ça fait encore plus mal.

Tu regardes Malachi se diriger vers le corps et tâter l’endroit qu’il faut pour voir si c’est un inconscient ou un véritable cadavre. Mais il n’y a pas de vie, pas de mouvement, tu n’es pas sûre de voir une respiration non plus. C’est compliqué à voir vu que ta vue est obscurcie par la pluie - et tes larmes. Tu te recroquevilles toujours un peu plus et tu as l’impression de retrouver les mêmes sensations désastreuses d’il y a des années. Celles d’être salie, d’être coupable, d’avoir fauté. Pourtant, rien n’est de ta faute et tes paroles ne sont qu’honnêteté et sincérité. Malachi n’a d’autre choix que de te croire alors que tu ne fais preuve que d’une petitesse qui est loin, très loin d’être ce que tu peux être habituellement. Un rappel strident que tu es humaine, que tu as un coeur et que tu peux aussi être fragilisée au moment où tu t’y attends le moins. C’est toujours comme ça que ça se passe. Pourtant, tu n’es pas une personne faible - tu tentes juste de réagir aux situations qui se placent devant toi de la meilleure façon possible. Même si là, tu aurais pu faire mieux. Cependant, maintenant que Malachi est là, tu te dis que tout va bien se passer. Il le faut. N’est-ce pas ?

“Viens avec moi.” Ton visage se relève sur celui de l’italien qui se tient devant toi, tel le chevalier sombre des temps modernes qui vient à la rescousse des âmes en peine. La tienne surtout. Tu veux te sentir privilégiée ? Il n’y a pas de quoi être fière non plus. Mais qu’importe. Malachi te traite en petite poupée précieuse et c’est tout ce que tu demandes à cet instant. Être prise en considération, ne pas être brusquée et savoir ce qu’il est possible de faire. Ou, plutôt, ce que lui peut faire pour régler cette situation. “Tu peux te lever ?” Tu peux te lever ? C’est une bonne question. Tu mords ta joue en regardant stupidement tes jambes. La main de ton ami se tend vers toi et tu l’observes. “Relève toi, je te tiens si jamais...” Y’a qu’un moyen de le savoir. Tu ne peux pas rester ici. Tu ne veux pas rester ici. Mais tu te sens si inapte… Cependant, tu te raccroches à la main solide de l’italien tout en te tenant contre les conteneurs derrière toi pour te relever. A vrai dire, tes jambes ne sont pas solides mais elles te portent suffisamment pour que tu puisses marcher jusqu’à la portière. Cela ne t’empêche quand même pas d’aller contre le tronc de Malachi, larmoyante et apeurée, les bras l’encerclant alors que tu préfères sentir son corps rassurant plutôt que la vue de celui au sol. “On va se mettre à l'abri, ok ?” Tu hoches la tête alors que tu le laisses te diriger vers la voiture. Une fois assise sur ton siège et avant que Malachi ne referme la portière, tu regardes l’italien avec tes grands yeux tristes. “Qu’est-ce qu’il va se passer maintenant ?” Ta voix est si petite, si brisée, tellement différente de l’éclat habituel de ta vivacité et de ton énergie. Tu fais peine à voir et tu as horreur de l’image que tu peux renvoyer. “Je veux pas te mêler à tout ça… On devrait juste partir ? C’est pas nos affaires après tout…” La seule chose que l’on pourra trouver est ta salive sur la bouche du type que tu auras embrassé mais avec un peu de chance, la pluie aura tout effacé. “Ou le pousser dans l’eau…” Avec la mer pas loin, ça pourrait être faisable. Tu réalises que tu parles d’un corps et te voilà la tête dans tes mains pour t’effondrer de nouveau. “C’est pas vrai…” T’as juste envie d’être au chaud et au sec. Laisser derrière toi, derrière vous, ce spectre qui ne signifie rien à tes yeux. A part un signe de mauvais présage.
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