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 [30Y] Malachi & Gabriel 02

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Iracebeth

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MessageSujet: [30Y] Malachi & Gabriel 02   [30Y] Malachi & Gabriel 02 EmptyLun 25 Oct - 18:50

Elles s'effleurent. Illuminent. Elles transpercent l'empreinte des phalanges et dessinent une mélodie diluvienne. Le geste tire, tressaille. Mais la précision reste. Jamais. La faiblesse n'est pas, plus une option. Le son se créé sans écorcher le tympan. La fluidité n'est pas encore parfaite. Mais elle existe. Les mois s'amenuisent. La lumière inonde. Conduire les notes est un luxe. Les produire est une adrénaline irremplaçable. Le flot est ancien.


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Iracebeth

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Gabriel 02   [30Y] Malachi & Gabriel 02 EmptyMer 2 Mar - 16:12


     

Only life suffered can transform
a symphony from a collection of notes
@"Gabriel Carnahan"
La silhouette s'arrête un instant. L'œil est accroché. Muet. Elle s'agrège, se rapproche comme un aimant. Le silence vit. Assourdissant. L'écho s'abîme. Là, entre les pavés. L'hésitation saisit le geste. Il se laisse emporter. Les pavés sont des planches. Le silence se fait. Étouffé entre le marbre et l'albâtre habillé. La silhouette avance. Nuance par nuance. Les prunelles s'égarent. La retenue s'évapore. Il meut ses pas. Le regard se fige. Les phalanges appellent. Il répond. Il cède. Le son, suspendu. Le piano est accordé. La note. Juste. Il s'en offre une autre. Et puis une encore. La suivante suit la partition noyée dans un coin de mémoire. Il est des choses dont même le temps ne peut atténuer la gravure. L'essence. La symphonie vit des notes, des poussières d'une autre époque. Une existence plus simple. Plus innocente. Exaltée. Il se laisse prendre, immerger dans la nimbe. La composition est subtile, fulgurante, atteinte. Qu'elle revienne est idée étrange. Mais ses pensées ne réfléchissent à rien. Il abandonne ses gestes à la complexité du flot, il l'avait voulu simple, en apparence. Il l'avait irradié. Le chant se poursuit sans mot. Sans anicroche. L'espace est envahi, soutenu à la prochaine seconde. Il s'est assis. Sans s'en apercevoir. Il a clôt les paupières. Par réflexe. Il n'a pas besoin de voir. Il connaît. Par cœur. A la moindre mesure. Au moindre écho relevé. L'instant s'amenuise. Il entend encore. La dernière note résonne. Saisie.
La silhouette en sent une autre derrière elle. Derrière lui. Il hésite. Se relève. Les excuses naissent, meurent sans franchir le pas. Il se retourne. Se tait. Se fige. L'expression s'adoucit. La stature se redresse. Un fin sourire. Un nom qui reste. Un mot franchi.

La satisfaction marque ses traits. Les échos de voix lui répondent. L'enthousiasme transparaît et il se contente d'un sourire. Il noue et dénoue ses phalanges. Par habitude. La douleur est présente mais elle reste minime. Contrôlée. Elle ne viendra rien ruiner. Pas aujourd'hui. L'esprit perdu dans les réminiscences. Celles de quelques heures. Celles de quelques années. Le mélange est étrange. Similaire sans l'être. La posture est différente. L'impression qui en résulte aussi. Il a l'usage d'attraper les yeux en visant les tympans. Dés lors, il ne reste que la silhouette, les gestes. Le flot qui s'écoule n'est plus le sien. Il le crée, l'embrase. Mais il ne le joue pas. Il met la pensée dans un coffre. C'est un autre temps. Nul besoin de ressasser. Même quand il les voit faire, même quand il les dirige. Quand il se retient de voler, de prendre la place, de capter. Il renoue d'ardeur, de drame. Il noue et dénoue ses phalanges. Par habitude. Par instinct. L'effervescence imprègne les lieux. Les couloirs de l'orchestre, vibrants des dernières heures. L'ensemble est presque assourdissant. Presque. S'il n'était pas si vivant. Austin passe dans son dos, serre l'épaule droite sans s'arrêter. Lui se retourne, sans rien dire. Le contentement, il le garde. Il ne veut pas le quitter. Il doute qu'il finisse par le taire. Pas l'un de ces jours. Ils paraissaient si lointains pourtant. Inaccessibles. La roue a tourné. Dans la bonne direction. Il l'espère. L'espoir est une folie mais il n'est pas encore dans la pierre. D'un geste, il hésite. L'appareil entre ses doigts. Il renonce finalement. Elle n'apprécierait pas. La fierté est une fausse bonne nouvelle. Il ne se la laissera pas détourner. L'objet vibre pourtant. Il se laisse surprendre. Un regard lui apprend que la responsable ne l'est pas tant. Surprenante. L'expression en coin, il rejoint sa loge. Il n'est qu'elle pour lui demander. Tête de linotte. Probablement héritée de son père. Les traits s'adoucissent. Il détourne ses pensées. Il abandonne le nœud, la veste de circonstance. Il en revêt une autre. Habillée mais moins formelle. Le manteau reste. Ce n'est l'espace que de quelques minutes. L'heure n'est pas tardive encore. Elle n'appartient plus en la seconde à la partition. Celle qui se jouera plus tard. La môme a envoyé l'adresse. Il visualise sans connaître. Ses pas quittent l'enceinte, la symphonie des exaltés. La main dans les mèches tenues. Un réflexe. Il marque la chaussée. Un taxi hélé. Une course dite. A peine quelques instants. Les doigts pianotent. Sur ses genoux, sur l'écran. Les bâtiments défilent, noyés dans l'écho d'une radio. Il reconnaît la mélodie, en mime le rythme. Vieil automatisme. Accentué. Le quartier approche. Il le connaît bien. Il est surpris de ne pas avoir noté avant. Elle, elle est parvenue à trouver. Elle, c'est la nièce, bien sûr. L'étudiante déterminée. Bianca s'en exaspère parfois. Regarde ce que t'as fait. Une ambitieuse avec des rêves de gloire. Eblouie par des contes de lumière. Tu ramasseras les pots cassés. Les ans passent et elle devient leur mère, Bianca. Plus tolérante mais aussi sévère. Droite. Directe. Implacable assurément. La froideur des pleurs des autres. La rugosité des siens. Il ne dit rien. Il laisse faire. Elle ne l'a pas laissé fléchir mais elle sait. Elle redoute à raison. Il entretient par déraison. Il sait que la lumière quand elle attire rend la résistance futile. Il s'y brûle encore. Ils devront juste faire attention. A ce qu'Icare ne soit pas elle après avoir été lui. La course s'achève. Il règle. Il sort. Il avise. Il retient le titre. Celui du livre. Il s'arrête. Accroché. Il avance. Franchit. Joue. La silhouette perd pied hors de la réalité.

Le damier a quitté ses doigts. L'obscurité, ses iris. Il calque ces dernières sur lui, cet étranger. Qui n'en est pas un. Les vestiges se brouillent. Informes. Lumineux. Même ici entre les allées fourmillantes. Même là entre les mots prisonniers. Les traits trahissent une autre époque. La posture, une existence que l'on reconquiert. Il se redresse. Ses prunelles le discernent. Dans tous les contours. Il n'amorce aucun geste. Le nom reste. Le mot franchit. Un murmure." Ciao".

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La musique :l:


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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Gabriel 02   [30Y] Malachi & Gabriel 02 EmptySam 19 Mar - 13:45

Only life suffered can transform a symphony from a collection of notes
Maliel

Journée d’un calme plat à la librairie. Gabriel ne saurait s’en plaindre, elle lui laisse tout le loisir de se pencher sur des occupations plus personnelles. A l’image de ce qui concentre toute son attention à cet instant. Devant ses yeux défilent ses derniers croquis, qu’il observe d’un œil critique. Voilà quelques temps déjà qu’il s’est donné comme objectif de renouer avec ses anciennes activités artistiques, celles qui étaient si indissociables de lui avant son accident. Objectif qu’il remplit doucement mais sûrement avec davantage de facilités qu’il ne l’aurait pensé. Etonnant comme ses repères et anciennes marques semblent lui être revenus relativement aisément. Malgré le fait d’avoir relégué tout ce pan de lui au fond d’un tiroir durant de trop longues années. Le voici de nouveau à naviguer entre photos, crayons et pinceaux. Et le résultat se révèle peu à peu. Les réflexes reviennent, les gestes sont plus assurés. Par-dessus tout il se sent moins éloigné de lui-même. Certes, la sensation est encore fugace, fragile même, toutefois il lui semble doucement renouer avec certaines parts de lui qu’il a trop longtemps négligé, comme s’il se décidait enfin à remettre les pièces dans l’ordre pour recomposer le puzzle de son existence éclatée. Sensation étrange, que de se redécouvrir pas après pas. Le chemin n’en demeure toutefois pas moins long encore. Mais les progrès sont là, et c’est assurément déjà ça. C’est ce qu’il se dit, tandis que ses doigts pianotent inconsciemment des notes remontées des limbes, presque par habitude. La réalisation l’étonne, le tire de ses songes, tant et si bien qu’il finit par lever le nez de ses croquis. L’air lui paraît aussi familier que lointain, tout droit revenu d’une autre époque. D’un passé révolu. Du moins le croit-il. D’éphémères souvenirs l’effleurent. Il se ravise. Son esprit lui joue des tours. Son imagination aura sans doute extrapolé. C’est du moins ce dont il tente de se convaincre. Sans grand succès. Il doit en avoir le cœur net. Déjà ses pas le mènent vers la source de la mélodie qui le saisit davantage à mesure qu’il s’approche. Aucune illusion. Elle est bien réelle. Et elle n’est pas la seule. Il s’arrête, demeure interdit. La silhouette lui est tout sauf inconnue. Il la reconnaîtrait entre mille, même ainsi, de dos, assise face au piano. Surtout ainsi, peut-être, déroutant parallèle avec la toute première fois où ses prunelles claires se sont posées dessus. Les années ont passé, pourtant le souvenir se révèle soudain, intact, étonnement vivace. Et si les souvenirs ne mouraient jamais vraiment ? S’ils ne faisaient que dormir, profondément enfouis quelque part, dans l’attente, patiente, de ce qui viendra les réveiller ? La mélodie. Le piano. La silhouette. Cette dernière qu’il connait sur le bout des doigts. Littéralement. Seulement, tout cela remonte à si longtemps. D’autres lieux. D’autres temps. Une autre vie. Révolue. Celle d’un garçon insouciant et rêveur, plein d’espérance et de projets, qu’il pense avoir perdu en chemin. Définitivement, il le craint. Broyé par les tourments de l’existence. Mais alors, pourquoi son cœur semble t-il avoir manqué quelques battements au passage ? Pour quelle raison a-t-il l’impression fugace de s’être liquéfié l’espace d’une seconde ? Pourquoi donc ce vertige ? Au point que ses doigts lui font soudain défaut laissant son carnet s’échouer au sol, libérant dans sa chute nombre de feuillets s’éparpillant dans un bruit de papier froissé. « Malachi ? » Comme pour en être sûr alors qu’il l’est déjà. Pour conjurer peut-être. De peur que ce ne soit sa tête qui lui fasse une mauvaise plaisanterie. Il sait que ce n’est pas le cas. Pour donner corps à cette étrange apparition pour le moins inattendue, s’assurer qu’elle n’est pas mirage. Elle ne l’est définitivement pas. C’est bien Malachi qui lui fait face. Les traits restent. La stature est la même, tout comme le timbre grave. L’allure demeure. Le contraire l’aurait sans doute étonné. Si à l’époque, la musique a capté son oreille en guise d’accroche, c’est bien ce quelque chose en plus que dégageait le jeune italien qui a attiré son œil pour finalement le saisir tout entier. Il est des choses qui ne changent guère visiblement.

Une seconde encore. Et le souffle lui revient enfin. En même temps que le mouvement. Le bleu de ses yeux échappe à la vision du violoniste face à lui pour se poser sur le petit désastre à ses pieds, qu’il s’emploie fébrilement à réparer. « Désolé, je… » Je ne m’attendais pas à te voir ici ? A le revoir tout court aurait-été plus juste encore. Après toutes ces années. Certes, la vie leur a déjà donné une occasion de se recroiser par le passé. De ce genre de hasards qui ne sont pas spécialement voués à se répéter. Et bien que le musicien possède un ancrage familial aux alentours de Brisbane, Gabriel l’aurait sans doute davantage imaginé sur quelque scène prestigieuse, sous ces lumières qu’il affectionnait déjà tant autrefois, plutôt qu’en ces lieux. Il est vrai que, pendant un temps, le bouclé a suivi de loin les succès de celui voué à devenir probablement l’un des meilleurs violonistes de sa génération. Sans surprise à son sens, tant ce talent coulait déjà dans ses veines lorsqu’ils se sont connus. Puis il y a eu l’accident, lui faisant perdre le fil de bien des choses, de son existence même, tant passée que présente. Un fil qu’il peine encore à retrouver. Comme si une fissure séparait désormais son existence en deux. Deux vies distinctes, profondément irréconciliables, à jamais séparées par un gouffre sans fond dans lequel il s’est trop longuement perdu. Certitude qui n’a assurément pas lieu d’être. Comme semble le prouver la présence de Malachi, tissant soudain un lien invisible entre passé et présent. « Ciao. » C’est sans y penser qu’il répond dans la même langue. Celle qu’il a si peu utilisée ces dernières années et qui semble cependant capable de lui revenir. Son regard va et vient des feuilles au musicien et inversement. « Tu… » Ses pensées s’éparpillent, difficile d’y faire du tri. Alors, dans un vieux réflexe, ses doigts se perdent parmi ses boucles brunes, comme pour tenter de retrouver un peu contenance. Il ne sait que dire. Des questions lui viennent. Ce qu’il devient, ce qui l’amène ici, ce que les années ont amené avec elles. Il hésite, n’en formule pas une seule. Puis se reprend, esquisse timidement  un sourire, ses prunelles claires daignant enfin se fixer définitivement sur l’italien. « Comment… Comment vas-tu ? » C’est finalement la seule question que ses lèvres parviennent à articuler, que sa voix consent à faire vivre. La seule, peut-être, qui compte vraiment en cet instant. Elle n’est pas simple politesse. La réponse lui importe. Encore. Sincèrement. Même après tout ce temps, il continue de s’en préoccuper.
@"Malachi Etherstone" & Gabriel
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Gabriel 02   [30Y] Malachi & Gabriel 02 EmptySam 18 Mar - 9:00


     

Only life suffered can transform
a symphony from a collection of notes
@"Gabriel Carnahan"
La retenue.
Celle qui retient.
Celle qui se souvient.
Le flot navigue dans la vague de ses pensées. Un tsunami d’images d’instantanées. De gestes, de mots, de notes, d’années et de kilomètres. Le tourbillon se fait, se défait. Les traits n’en laissent rien paraître mais l’esprit est immergé. Dans un autre temps. Dans celui qu’il formule à présent comme celui d’avant. Avant la chute. Avant la descente. Avant le retour. Il est d’avant. Figé. Comme maintenant. Une toile gravée dans un coin. Un songe. Un vieux songe. L’esprit est immergé et il se demande. De quand date ce temps. Combien de temps depuis ce temps-là. Une éternité. Un battement de paupières. Un vertige dans les vestiges. Nul geste. Incertain. Il ne sait plus. Un seul mot a franchi. Une autre langue. Une autre époque. Pour eux du moins. Tant d’années. Trop. Oui, trop. Trop d’entrelacs entre les lignes. Entre les ans. Un regret. Il ne sait pas encore. Il ne sait plus grand-chose là, c’est vrai. Il subit. Il emprunte. Le hasard est vain. Le hasard est étrange. Les idées se bousculent, par vagues sans qu’il ne réalise. Sans qu’il n’appréhende, ne comprenne. Il accepte cette folle subtilité. Lui semble figer. Face à lui. Perdu. Egaré. L’inconnu a donné son nom. L’inconnu n’en est pas un. Non. Il est une symphonie de souvenirs liée à la mélodie qu’il vient d’interpréter. Une philharmonie de notes qu’il a joué en nombre. Il pourrait retracer de mémoire la partition des notes sur sa peau. Que sont-ils devenus ? Pas encore des étrangers. Sa réaction n’est pas subtile. Il retient à peine le sourire face à la scène. Tout n’a pas encore changé. L’indifférence n’est pas devenu sienne. L’inverse l’aurait étonné.
Les yeux naviguent alors sur les traits, la silhouette. L’homme est fébrile. Les réminiscences ravivées. Les mots manquent. Toujours. Lui qui abhorre le silence ne sait encore le briser. L'assurance mais en apparence seulement. L'inconnu qui n'en est pas un a répondu. En écho. Les prunelles se réchauffent. Il hésite, parle plus que lui. Une autre forme d'incertitude. Lui retient toujours. Ses gestes, ses mots, ses pensées qui s'entremêlent. Il n'ose pas s'y arrêter. Un faux pas et il se réveille. Sauf qu'il ne rêve pas.
Pas encore.
Il interroge. Les tonalités de la voix gravées à l'oreille. Il devrait répondre.
Il retient. La version courte. La version longue. La version simple. La version tragique. La nouvelle. Ou l'ancienne. Il sait les années mais l'idée lui paraît absurde. Il s'en voudrait presque. Mais l'enfer les a tous les deux attrapé. A sa manière.
Comment vas-tu ? La question est aisée pourtant. Ce jour-là à sa gloire encore, il va bien, plus que bien. Mais alors pourquoi. L'impression d'omettre. De ne pas assez dire. Il a tout su un jour cet inconnu connu. L'impression de mentir. Qu'il devinera toujours. Mais qu'en sait-il ? Rien. Elle est là la véritable inconnue. L'incertitude qui retient. Quelle dernière image a-t-il gardé, cet artiste ? Les indices sont là. Il pourrait deviner lui aussi. Sans le maelstrom qui submerge et qui éteint toute rationalité. Il le dévisage, s'avance à peine. Un pas, juste un. Un premier. Un premier sourire, juste au coin des lèvres. "Ca va." Le et toi ? brûle la langue. Ca va. Un euphémisme. Une part voudrait dire. Tout. Détailler, déblatérer. Comme une fée blonde déliant ses paroles. Il pourrait l'ensevelir. Mais il retient encore. Il lui fait face, non sans un détour du regard. Vers l'instrument. Le sourire se dessine encore un peu plus. Un coup de crayon. "J'aurais du me douter que tu serais le genre à avoir un piano dans sa boutique." Amusé. Il n'est pas surpris. Pas de ça. De sa présence-là. De l'idée qu'il n'en savait rien. Que ça aurait pu continuer ainsi longtemps. Que le hasard a encore joué. Devrait-il jouer aussi ? Peut-être. Les pensées se peignent incertaines mais il n'a rien oublié. Il ne fuit pas, pas encore. Il semble aussi surpris qu'il l'est. Le chaos à ses pieds semble le témoigner. Un pas. Encore un. Ou deux. Il lui fait face, se penche, commence à saisir les feuilles à terre puis des yeux saisit les prunelles en se redressant. "Et toi ?"

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Gabriel 02   [30Y] Malachi & Gabriel 02 EmptyMer 26 Avr - 13:06

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Maliel

Il se souvient de tout. Gabriel en a désormais la certitude : les souvenirs ne meurent pas. Ils demeurent, intacts, quelque part. Enfouis, oubliés parfois, mais ils restent. Et il se souvient. De la beauté de Vérone. De la première fois où il avait entendu jouer ce charismatique italien à la silhouette élancée. D’un soir de célébration au cœur du Giardino Giusti qui avait tout changé. Des notes et des dessins entremêlés. Des partitions et des livres mélangés. Des mots couchés sur le papier en attendant de se revoir. De la tendresse. De la passion. Des gestes. De tellement plus encore. De la fin aussi. Celle à laquelle il avait fallu se résoudre par raison, en dépit du cœur. Un des rares domaines dans lequel le bouclé n’a pourtant jamais aimé devoir être raisonnable, celui du cœur et des sentiments. La vie avait malgré tout imposé sa sentence, et leurs chemins s’étaient séparés. Sans rancune, pas sans tristesse.

Il se souvient de tout. Il n’a fallu qu’un cillement, un infime battement de cœur pour que le gouffre des années semble soudain se réduire à peau de chagrin. Juste le temps que la réalité reprenne le pas, que la stupeur s’estompe et que les mots franchissent enfin les lèvres. Comment vas-tu ? Voilà tout ce qu’il parvient à formuler. Peut-être est-ce l’essentiel au fond, car la réponse compte, réellement. Il pourrait chercher à la lire au fond des indescriptibles prunelles de l’italien, comme il le faisait autrefois. Il ne s’y autorise toutefois pas. Il fut un temps, où il observait, guettait, chaque geste ou attitude, le moindre regard, un infime froncement ou l’esquisse d’une fossette sur son visage. Ce temps-là est révolu. C’est un droit que Gabriel ne saurait s’accorder à cet instant. Alors il égare le bleu de ses iris un peu ailleurs, dans l’attente des mots qui feront écho à sa question. Il y en a tant d’autres qu’il aimerait poser encore. Laisser Malachi le bercer de ses mots et de ses graves, comme à l’époque. Rattraper les années silencieuses. Il les retient. Pour l’heure. Une chose à la fois. Ca va. Ses prunelles claires reviennent finalement s’accrocher à celles du musicien. Ca va. Gaby ne peut retenir un sourire doux, sincère. Il s’en réjouit, vraiment. Deux mots, c’est bien peu c’est vrai. Et pourtant. Il considère la réponse. Ici, maintenant, il va bien, et c’est sûrement déjà ça. Il suit le regard du musicien qui s’attache à l’instrument redevenu parfaitement silencieux. Le sourire vire à un certain amusement à ses mots. Il ne saurait expliquer pourquoi, sans doute parce qu’il n’y a rien à expliquer. Ils se sont assez connus pour que le grand brun sache toute l’importance du piano pour le libraire, et qu’à l’inverse, ce dernier devine l’irrésistible attrait du clavier pour son vis-à-vis. « J’aurais dû me douter que tu serais le genre à en jouer au beau milieu d’une librairie. » Le sourire s’étire encore, une pointe de malice s’y mêle. Car ils sont rares, ceux qui s’osent à faire résonner le clavier entre les ouvrages, comme s’il existait une étrange frontière entre musique et livres. De celles qui n’ont pas lieu d’être dans le monde de Gabriel. Cloisonner n’a jamais été son fort. Au contraire, quant la perméabilité paraît offrir tant de belles surprises et de créativité. Mélanger les univers, déambuler de l’un à l’autre, voilà qui lui ressemble davantage. L’homme qui lui fait face en sait quelque chose. Lui qui s’avance, et le sourire du bouclé qui s’amenuit à mesure. Lui qui saisit les esquisses tombées au sol avant de se redresser et de les lui tendre. Ses prunelles qui croisent le bleu des siennes. Gaby manque une inspiration, incapable d’expliquer précisément ce qu’il éprouve à ce moment. « Merci. » Il souffle, à peine audible, en récupérant les feuillets. Il a du mal à réaliser. Encore un peu. La question lui est cette fois destinée. Il tente de reprendre contenance, une main s’égare dans ses boucles indisciplinées. Toujours ce vieux réflexe. Et lui ? Est-il seulement possible de résumer tant d’années, tant d’évènements, des bonheurs les plus doux aux épreuves les plus terribles, en quelques mots ? L’irlandais sait bien que non. Alors il se concentre sur le présent. « Ca va bien, je te remercie. » C’est vrai, aujourd’hui, après tout ce qu’il a traversé, il peut le dire. Et ce bien qu’il manque encore au ciel de ses prunelles une lueur, une étincelle, qui lui était autrefois propre. Une absence qui saurait trahir tout ce qu'il ne dit pas. Ce sont ces mêmes prunelles qui finissent par se perdre un peu maladroitement sur les croquis revenus entre ses mains. Quelques secondes filent, comme un temps nécessaire pour parvenir à formuler de nouvelles phrases intelligibles. « Et dis-moi qu’est-ce que… Qu’est-ce que tu deviens ? Tu es de passage à Brisbane ? » La question est d'une implacable innocence, car le petit brun ne saurait deviner, tout ce que le musicien a traversé, ce qui a amené ses pas jusqu'ici. Il ne peut qu'enfin se décider à lever le nez de ses fausses contemplations pour se risquer à sonder le regard de Malachi du bleu du sien.
@"Malachi Etherstone" & Gabriel
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