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 [SH] Eliott & Jonas #01

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Iracebeth

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MessageSujet: [SH] Eliott & Jonas #01   [SH] Eliott & Jonas #01 EmptyVen 1 Sep - 20:26

Dans un autre plan de l'existence, ses veines auraient vrillé de flammes. Et bien que l'idée n'était pas concevable dans l'actuel, l'impression n'était pas si différente. Si l'on venait à l'interroger sur la question, il se trouverait bien dans l'incapacité de répondre. Les causes pourtant étaient multiples. Les jours s'évaporaient et se poursuivaient sans que les effets ne parviennent à s'endormir. Ca avait été beaucoup. Presque trop. Après quelques siècles à fouler le sol, il n'était pourtant pas étranger aux désagréments de l'existence. A la vérité, il en avait même perdu le compte. Les ans se succédaient et apportaient comme au temps de l'humanité leur lot de désespoir et de déplaisants imprévus. L'année précédente n'y avait pas manqué et il pouvait désormais en dire autant de la présente. Que n'aurait-il pas donné pour un temps de complaisance pour une fois. C'était inhabituel de sa part. L'ennui était l'un de ses plus clairs ennemis mais les semaines qu'il venait de passer avaient eu tôt de lui rappeler qu'il n'était plus de cet âge. Il ne se considérait pas ancien, loin de là. Sa vivacité, presque paradoxale au vu de sa condition était intacte, parfois plus enfantine même que la moyenne. Elle représentait bien souvent ce besoin inexorable de compenser tout ce qui allait en travers. Et ce tout était nombreux. Mais de tels événements pourtant, il n'avait pas eu à en connaître depuis plus de dix décennies. Il en aurait presque perdu l'habitude. Celles qui avaient suivi n'avaient pas été de tout repos mais le cœur même de la Famille s'en était bien porté. Pourquoi avait-il fallu soudainement que les affaires s'accélèrent ? Après Eve, après la mort de sa belle-soeur, voilà qu'il se retrouvait à gérer des trahisons, des exécutions, des offices funéraires et des plaies humaines passablement irritantes. L'exaspération l'avait saisi au palpitant alors même que celui avait oublié comment battre depuis bien longtemps. Et puis il avait fallu que tout cela intervienne cette semaine-là. Celle-là. Pour la première fois en plusieurs décades, il n'avait pu s'éloigner. L'irritation qui en résultait ne venait que parachever tout le reste. Il s'était donc employé à l'exercice qu'il connaissait et maîtrisait le mieux. Gouverner. Reprendre les rênes. User de son influence pour manipuler tout ce qui devait l'être sans le moindre état d'âme. On était venu l'attaquer en son lieu et bien soit, les conséquences allaient être certaines. L'étendue de son pouvoir dans une ville qu'il possédait depuis une éternité avait pu se faire sentir et les acteurs qui l'ignoraient encore le découvraient sans préalable. Ceux qui le vaincraient dans son royaume n'étaient pas encore nés. Et il n'était pas encore terminé.
Cette nuit-là, il s'était donc engagé à poursuivre ses affaires. Le Bloody Mary étant fermé jusqu'à nouvel ordre, il se devait de trouver un nouveau domaine pour la salle du trône telle qu'il se plaisait la nommer. Le nombre d'établissement qu'il possédait au sein de la ville n'avait cessé d'augmenter au fil des ans et il était loin d'avoir terminé son parcours tant il n'avait su retenir ses ardeurs. Qu'importe. C'était là encore une preuve de son influence et elle avait bien besoin d'être rappelée. Ces ignominies de chasseurs qui auraient sa carcasse n'étaient pas encore de ce monde, eux non plus. Après avoir réglé toutes les affaires courantes, il s'était donc relancé à nouveau dans son tour du propriétaire. L'impatience qu'il avait pu ressentir de la part des survivants de son nid ne l'avait que motiver encore davantage à ne pas s'arrêter en si bon chemin. De ceux qu'il avait pu observer jusqu'à présent, quelques-uns étaient parvenus à retenir son attention mais il n'était pas encore pleinement satisfait. C'était d'ailleurs bel et bien sans son patronyme d'homme d'affaires et de maître de lieu qu'il faisait ses visites. Il n'était pas rare que les patrons et autres têtes de bar ignorent qu'il était celui qui tirait les rênes. A quoi bon ? Les hommes étaient si faibles et insignifiants qu'ils méritaient bien l'illusion de la liberté, sans compter qu'en dépit de son esprit supérieur, il n'était pas doté du don d'ubiquité. Il ne l'aurait pas refusé pourtant. Non, pour l'heure, il prenait surtout plaisir à surprendre et à observer ce que ces pauvres créatures avaient réussi à faire de ses lieux. Et il avait essuyé peu de déception. Tout n'avait pas nécessairement le standing attendu mais il était vrai que l'humanité ne le recherchait pas nécessairement. Certains paraissaient préférer une étrange forme de simplicité. L'idée le dépassait mais qu'importe, même là, il parvenait encore à posséder la meilleure main. Il continuait de naviguer entre les différentes atmosphères qu'ils étaient arrivés à créer et il se surprenait presque à apprécier les déplacements. A détenir tant, il avait pratiquement oublié d'en ressentir la valeur. Les découvertes comme les retrouvailles avaient comme un effet thérapeutique sur ses nerfs à vif écorchés par les événements. Elles étaient une pause salutaire dans un tourbillon inextricable d'affaires et de contrariétés. Au delà de la raison première de sa présence, il se retrouvait donc à profiter de ce que la nuit franciscanaise pouvait lui offrir, créant de nouvelles perspectives et une ébullition d'idées qui signifiait sans anicroche que les affaires reprenaient.
Il quitta en se mêlant au flot de la foule californienne un premier établissement qui n'avait pas tout à fait abouti à ses attentes. Il avait l'étrange impression que le suivant sur sa liste mentale ne ferait pas mieux mais il tenta toutefois l'expérience. Il parcourut sans mal les quelques mètres qui l'en séparaient, appréciant momentanément la fraîcheur de l'obscurité. Quand il franchit le pas de la porte, il sut aussitôt qu'il avait eu raison mais qu'importe. Il était là, autant s'atteler soigneusement à la tâche. Ses prunelles parcoururent lentement le lot de la clientèle et du personnel avant qu'elles ne s'arrêtent sur une silhouette étrangement familière. Il mit quelques infimes secondes à retrouver d'où elle pouvait l'être. Puis un sourire prit en otage ses lèvres. Oh, évidemment. C'était parfait. Tellement parfait. La fureur aurait du le saisir mais ce fut un contentement sadique qui prit le pas. La nuit risquait peut-être d'être fructueuse au bout du compte. Il s'avança et prit place parmi les badauds qui se retournaient sans y prendre garde sur son passage. Il fallait dire que même sa tenue pourtant relativement simple pour une fois n'était pas à l'image des lieux. Mais même pour des visites de courtoisie, il ne pouvait renoncer à une certaine élégance et qu'importe si ne serait-ce que des haillons auraient eu l'air magnifique s'il les avait portés. En d'autres circonstances et sur d'autres individus, le noir qu'il avait revêtu aurait presque pu passer inaperçu pourtant. Il se rapprocha du cœur de lieu, ses iris fixées sur l'individu qui avait retenu son attention, un serveur à ce qu'il pouvait en juger. Parfait. Il finit par se placer non loin du comptoir avant d'attirer son attention d'un geste des doigts qui n'était pas sans rappeler celui qu'il adressait à son personnel quand il désirait l'appeler. Ce qu'il était en fin de compte. Qu'il tente donc de l'ignorer, il n'allait pas être déçu.
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Iracebeth

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MessageSujet: Re: [SH] Eliott & Jonas #01   [SH] Eliott & Jonas #01 EmptyLun 4 Sep - 21:18

Dans le jeu de la comédie brute auquel s'attelait sans y penser nombre de ces êtres condamnés à une fin lente et pathétique, il avait eu tôt l'occasion de maîtriser les règles. Au temps où il appartenait à cette piètre catégorie, il est vrai que les intrigues étaient plus évidentes. Tout, surtout à la Cour, était affaire de manipulations et de combines. Les uns s'offraient une part tandis que les autres se faisaient un plaisir certain à la voler pour la simple satisfaction de destituer le premier. Si la naissance ne l'avait pas doté d'un titre aussi important que celui de son aîné, il n'avait pas été à plaindre et au fond, il en avait fait davantage usage que ce dernier. Il n'était rien de plus enivrant que de créer l'ébullition dans une pièce, de nouer les interrogations, de faire proliférer les illusions. La sensation de pouvoir qui en naissait était l'une des plus appréciables qu'il n'ait jamais expérimenté. Et il était pourtant loin de ne pas s'y être évertué. La meilleure manière d'éclipser les attitudes regrettables d'un géniteur se trouvait dans les agréments du monde doré des individus de son rang. Tant que l'on parlait de lui, c'était tout ce qui importait. Et n'avait-il brillamment réussi. Avec le recul, plusieurs décennies après, il n'avait pu s'empêcher de sourire à la pensée que c'était au final son absence qui avait attiré le plus d'attention, que c'était bien sa disparition qu'il l'avait d'autant plus positionné au centre de l'intérêt. C'était presque gratifiant de penser que même manquant, toute la lumière pouvait lui être offerte. Des hégires étaient passées depuis. Il avait quitté le flot de l'humanité pour appartenir à une catégorie bien supérieure. Mais là, il était encore amusant de s'y mêler. Il était d'autant plus divertissant de les voir s'évertuer à vivre et à connaître pour une durée aussi limitée. C'était une idée somme toute respectable. Il l'avait lui-même manipulé mais il ne regrettait en rien sa défection de cette franche là de la nature. En réalité, il n'avait rien perdu de son talent pour le théâtre pittoresque de l'humanité. Ses sens lui permettaient d'appréhender avec amusement les débattements de ceux qui se fourvoyaient contre le flot de la société. Au fil du temps, il avait fini par ne les considérer que comme de simples pions, bons pour divertir la galerie. Le respect qu'ils pouvaient espérer obtenir de lui n'intervenait finalement quand que ils cessaient de se battre contre le courant. Les êtres aptes à poursuivre leur route sans se perdre dans les méandres d'un monde inadapté pour eux étaient rares, presque inexistants mais obtenaient alors un caractère presque précieux. C'était l'une des raisons pour lesquelles il se surprenait à considérer davantage les enfants. Leur innocence toute circonstancielle leur octroyait une liberté qui n'était pas si illusoire. Quoique puisse en dire son aîné, c'était bien ce genre de désinvolture qu'il se plaisait à cultiver. Car si lui n'était pas affranchi qui pouvait prétendre à l'être ? Certainement pas ces pauvres pantins qui ont perdu jusqu'à leur indépendance d'esprit. Ils étaient nombreux pourtant, si nombreux. Grouillants, foisonnants, s'escrimant sans cesse pour arriver au jour suivant. Ils étaient là, abondants, disparaissant aussitôt qu'ils venaient au monde, distrayants mais si communs. De leur propre tragédie, ils n'étaient pour la plupart que de banals figurants. Ils n'étaient même pas acteurs ou encore metteurs en scène. C'était affligeant d'humanité.

Cette nuit-là, la pièce n'était pas différente. Ils évoluaient tous dans leurs décors comme des simples figures de papier. Ils se perdaient dans des liquides ambrés ou effervescents, tentaient d'oublier que l'ennui le guettait et que leur existence finalement n'avait pas tant d'intérêt. Qu'avaient-ils espérer ? Que la richesse, que la besogne les rendraient vivants, que l'allégresse et la perdition les rendraient heureux ? Que le véritable orchestre de leur subsistance jouait une partition qui avait du sens ? Certains l'ignoraient, d'autres le fuyaient. Tous poursuivaient cette route jusqu'au dernier arrêt. En d'autres circonstances, en d'autres vies, il aurait presque pu y trouver un caractère attendrissant mais rares étaient les occasions désormais. S'attendrir revenait à s'amollir et il ne pouvait se le permettre. Même dans les lieux de l'ivresse, même dans un univers dont il domptait tous les codes et toutes les idées. Il poursuivait son odyssée sans s'appesantir, observant la futilité, presque amusé. Il pourrait presque en venir à envier leur naïveté et leur vacuité. Comme tout devait être tellement plus simple, tellement plus évident sans le véritable poids des événements sur la nuque. De temps à autre, quand le temps le vrillait, il se dénichait une victime. Qu'elle puisse apprécier l'aube était une autre question. Oh ça n'était pas par anadipsie ou avidité, c'était simplement par esprit récréatif. Il y avait bien longtemps qu'il ne se laissait plus assujettir par les pulsions animées par sa condition. C'était toujours anticipé et discipliné. Non, c'était juste pour la plaisance.

Cette nuit-là, il avait envie de jouer une autre acte. Le quand lui était totalement inconnu tout comme le qui mais c'était sans importance. Le lendemain, il aurait oublié jusqu'aux mots, jusqu'aux traits, jusqu'au frisson des réjouissances. Le quoi même n'était pas établi. Il venait avec le reste, au fil de l'instinct et il ne pouvait formuler aucune promesse pour la victime. Il était rare qu'elle se plaigne de toute manière et pourquoi le ferait-elle alors même qu'elle était privilégiée ? Mais il était vrai que la bêtise mortelle n'avait pas de limites. En vérité, il ne pouvait fournir aucune assurance à celui qui avait finalement attiré son attention. Et pourquoi l'aurait-il fait ? Sa dernière rancœur s'adressait à une certaine catégorie de l'humanité et il se trouvait en faire partie. De ce qu'il avait pu en juger, il n'avait que peu à craindre mais qu'importe. Il avait choisi le camp des perdants, il devait en payer les conséquences. Qui avait dit que cette soirée-là ne serait pas satisfaisante finalement ? Oh non, elle venait de prendre un tournant des plus attrayants. Il jaugeait sa silhouette et ses traits avec un instinct de prédateur alors même que le masque qui ornait son propre visage ne laissait rien transparaître. Qu'allait-il bien pouvoir en faire ? Il allait laisser venir sans nul doute. Pourquoi se presser ? La nuit était encore longue et l'aube bien loin de naître. Que l'attendait-il ? Un nid désorienté, un aîné exaspérant de primauté et une humaine horripilante dont il devait être décider du sort. Sa progéniture était assoupie depuis des heures maintenant. Non, rien d'intéressant n'attendait. Il ne devrait même pas être là en réalité. C'était cette période-là de l'année. Ce temps-là où il s'évaporait, perdu dans ses idées. Ce moment-là, sacré, plus que tout autre. C'était des individus comme celui qu'il observait en cet instant-même qui était venu tout ruiner. S'il devait prendre pour les autres, qu'il en soit ainsi. Mais il allait prendre son temps. La vivacité de ses nerfs ne paraissait pas vouloir s'atténuer, autant en profiter.
Il avait pris place à une table proche de son attention et retenu sans peine un sourire à l'écoute du discours empli de palabres de son interlocuteur. Au fond, il lui rendait presque service. Quelle mansuétude, vraiment. L'homme ne mit pas longtemps à réagir et finit par s'approcher de lui avec un sourire engageant. Le son de sa voix sonna à ses oreilles et il se redressa presque infimement pour croiser son regard. Ses lèvres formèrent une expression qui se voulait avenante tout comme son ton qui laissait pourtant peu de doutes sur son statut alors qu'il conservait les iris fixées sur ses prunelles. Le timbre était chaud, presque grave, dénué de son habituel accent britannique qu'il affectionnait pourtant.

- Bonsoir. Qu'auriez-vous à me proposer dans ce que vous avez de plus onéreux ? Monsieur .... ?

Cette nuit-là, la pièce n'avait pas encore de genre mais il n'en lâcha pourtant aucune ficelle. La suite des événements finalement ne dépendrait que de son fait. Mais quelle importance, pourvu que la pantomime soit divertissante.
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MessageSujet: Re: [SH] Eliott & Jonas #01   [SH] Eliott & Jonas #01 EmptyVen 27 Oct - 11:28

Parfois, je m'imaginais que j'aurais pu avoir une autre carrière. Oui, si j'avais travaillé un peu plus à l'école, si j'avais été plus loin dans les études j'aurais pu être autre chose qu'un simple type qui passe son temps à servir des verres derrière un comptoir. Oh bien sûr il n'y a rien là de déshonorant, aucun métier ne l'est à partir du moment où on le fait sérieusement, mais niveau enrichissement personnel, j'avoue qu'on peut trouver mieux. Il y a cependant certains avantages avec ce métier, il apprend la patience, qualité essentielle à tout bon chasseur. Oui, il faut de la patience pour supporter le discours de certains clients, ça je peux vous l'assurer. Heureusement, parfois il nous arrive de croiser la route de certaines personnes semblant un peu plus intéressantes, comme ce type habillé de manière plus recherchée que la majorité des clients ici et qui venait de m'appeler comme il le ferait pour une personne qu'il considérait inférieure à lui.

Parce que nous vous y méprenez pas, si j'ai répondu avec un air affable et rapidement, c'est simplement parce que ce type m'avait sauvé d'une conversation dont j'avais déjà perdu le fil. Si cela n'avait pas été le cas, il aurait attendu son tour, je ne me considérais pas comme le larbin de qui que ce soit, mais ce type semblait être riche, du coup, pour lui, les gens qui faisaient un métier comme le mien étaient obligatoirement à leur service. Enfin c'était ainsi que je voyais les choses, mais pour une fois, je ne dirais rien. Je m'étais donc approché de lui et lui avais demandé ce qu'il désirait boire. Je retins un rire avec peine lorsqu'il me demanda ce que j'avais de plus cher. Nul doute que la boisson que nous avions de plus chère ici n'était pas idéale pour quelqu'un comme lui, nous n'avions pas vraiment de "grands crus", il ne s'agissait que de Martini et autres Whisky que l'on pouvait aisément trouver au supermarché du coin. Toutefois, je savais que mon boss gardait pour lui une bouteille d'un excellent champagne, en format Magnum. Je sais qu'il veut le garder pour lui, mais quelque chose me disait qu'il ne refuserait pas que je le serve à ce type.

- Sanders, Jonas Sanders, mais vous pouvez m'appeler Jonas, c'est comme ça qu'on m'appelle ici...ou alors parfois j'ai le droit à "petit". C'est comme vous voulez. Concernant votre demande, j'ai bien quelque chose qui pourrait vous plaire. Ne bougez pas, je reviens.

A peine avais-je prononcé ces mots que je filais dans la cuisine pour descendre à la cave et...merde, mon boss s'y trouvait. Il ne dit rien en me voyant, mais fronça les sourcils tandis que je m'approchais de sa précieuse bouteille qui n'avait pas encore été ouverte. Je la pris dans mes mains et la retournait pour l'observer sous toutes les coutures. Parfait. Une fois ceci fait, je m'apprêtais à remonter, mais mon boss me stoppa, me demandant ce que je comptais faire de cette bouteille. Je retournais vers lui et levais les yeux au ciel.

- A ton avis...lui faire prendre l'air ?

- Je ne plaisante pas Jonas, repose-la où elle était.

- Ecoute, tu vas venir avec moi et je vais te montrer la personne à qui je compte la servir et tu me diras si il faut vraiment que je range ta fichue bouteille où elle était

- Tu m'emmerdes, tu....hey !

Je ne l'avais pas laissé finir et j'étais parti, si bien qu'il me suivait. Nous étions arrivés dans la cuisine et de là où nous étions, nous pouvions parfaitement voir mon précieux "Dandy", je le désignais d'un signe de tête à mon boss.

- Tiens, tu vois, c'est le type là-bas, d'ailleurs, si ça ne te dérange pas, j'aimerais bien y retourner, ce serait dommage qu'il s'impatiente. Bon alors du coup tu....Oh là, est-ce que ça va ?

Mon boss reculait en bredouillant des paroles incompréhensibles, il semblait avoir vu un fantôme, il était pâle comme la mort.

- Oh...qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- C'est pour...c'est pour lui ?

- Bah oui, je viens de te le dire, ça fait plaisir quand tu écoutes ce qu'on te dit, je t'assure.

- Va...va lui servir ça et je veux que tu restes auprès de lui tout le temps qu'il est là, tu ne te consacres qu'à lui est-ce que c'est clair ?

- Euh...ouais, si tu veux, mais qui est-ce ? Un pote à toi ?

- Je t'expliquerais une autre fois, mais il ne faut surtout pas qu'il reparte d'ici contrarié, tu m'as bien entendu ?

- Ouais, ouais, c'est bon...comme si j'avais l'habitude de les mettre de travers tes clients.

Je repartis ensuite dans la salle avec ma bouteille dans les mains, un grand sourire sur le visage.

- Voilà, excusez-moi, ça a été un peu plus long que prévu. Tenez, vous m'en direz des nouvelles.

Je lui servis donc un verre et posais la bouteille à côté de lui, il s'agissait d'un Louis Roederer, un des meilleurs champagne français. Comment mon boss l'avait-il eut dans sa cave, ça je l'ignorais et ne voulais pas spécialement le savoir.
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MessageSujet: Re: [SH] Eliott & Jonas #01   [SH] Eliott & Jonas #01 EmptyJeu 22 Fév - 14:30

Next response.
- Text from his envoy in NY
"Michael is dead. A few survivors. We're on the road"
(Michael est mort. Peu de survivants. On est sur la route)
"How many ?"
(Combien ?)
"Six"
"Guide them"
(Guide-les)
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MessageSujet: Re: [SH] Eliott & Jonas #01   [SH] Eliott & Jonas #01 EmptyJeu 22 Fév - 16:19

Il n'était rien de plus fascinant que l'ivresse. Cette alacrité à laquelle s'adonnait tant d'êtres pour des raisons aussi éclectiques qu'inaltérables. La forme qu'elle pouvait prendre était alors particulièrement troublante. Dans des lieux comme celui où il se trouvait cette nuit-là, elle était bien souvent due à l'éthanol, à ces liquides âpres et scintillants destinés à faire oublier le pathétisme d'une existence dépourvue de toute cette allégresse. La submersion pouvait alors aller du déni à l’effondrement. Ce dernier était d'autant plus flagrant dans ces établissements. On pouvait repérer avec aisance ceux qui s'immergeaient désespérément dans le flot de leur spiritueux. Les causes de l'affliction responsable étaient inconstantes comme uniformes. Les traits les trahissaient souvent comme si l'idée même de retenir le fond de son fléau était totalement étrangère. Il y avait là quelque chose de divertissant comme de profondément désespérant. Comme si les plaies de leur réalité avaient la moindre valeur, le moindre intérêt. C'était tellement pathétique. Il aurait pu en noter des dizaines pourtant en proie à la désespérance, accrochés à la solitude ou noué à l'illusion que leur cas pourrait importer un autre. Sans doute était-il là les plus navrants. Pendant une infime seconde, il aurait pu prétendre compatir avec la position de ce pauvre barman. Dire qu'il devait supporter sans soupir les moindres de ces élucubrations sans attrait. Il fallait sans doute une certaine forme de courage pour conserver une telle constance. Et peut-être s'il n'avait appartenu à cette caste de délabrés, aurait-il pu lui offrir des circonstances atténuantes. Mais ça n'était ni le soir, ni le lieu, ni l'humeur. Sans doute aurait-il mieux fait de poursuivre sa comédie ciselée avec son client affligé. Mais il n'était pas homme à refuser ses requêtes, nul ne l'était. Si seulement tous pouvaient avoir la décence de saisir.
L'ivresse à laquelle il comptait se livrer lui n'avait rien d'aussi triviale que celle de l'émulsion. Non, elle était de celle que peu dans ce monde pouvait se prétendre à connaître, quoi qu'il puisse en prétendre. Il était dynaste en ces lieux et nul autre moment que la nuit ne lui appartenait davantage. Il était harassé de devoir supporter le poids des fourvoiements d'autrui. Les jours qu'il venait d'observer étaient irrécupérables. Il ignorait combien son esprit pourtant si remarquable pourrait le soutenir. Allait-il pour autant renoncer à l'intempérance ? Abdiquer cette merveilleuse sensation d'obédience ? Non. D'aucun ne pouvait remettre en cause sa conception comme son jugement. S'il désirait faire fi un instant de méandres de la circonstance, cela serait fait. Dire que pendant un épisode, il avait cru perdre la maîtrise. Quelle belle illusion pour ces autres. Et qu'importe ce que pourrait en dire son aîné. Il était régent en son lieu et ce n'était ni son absence, ni même sa présence qui allait y changer quelque chose. Il avait fait son choix après tout et il paraissait vouloir y céder à nouveau. Qu'avait-il donc tant perdu ? Il saisissait bien sûr la portion de son accablement mais ce dernier ne pouvait tout justifier. Peut-être n'aurait-il du jamais reparaître. Peut-être.

Il sentait son esprit dériver alors même qu'il devait le conserver sur la situation présente. Sur cet humain. Il avait acquiescé avec un sourire appuyé et un regard qui l'invitait à procéder comme il l'entendait. Ce que l'humain tout à sa crédulité s'empressa de faire. Mais le voilà désormais qu'il revenait, accompagné toutefois. Il reconnaissait la source de l'autre voix et se retenait avec quelque peine de sourire de dédain. L'accélération paniquée de ses battements venait jusqu'à ses tympans et si le sien avait encore frappé, ça en aurait été de complaisance. Le pantin n'avait donc pas la mémoire si courte, voilà qui était distrayant. Il en aurait presque ri intérieurement tant ses propos ne prenaient nulle peine à démentir ce que son esprit et sa poitrine avaient déjà assimilés. Et dire qu'il venait de lui offrir sa cible sur un plateau. C'était bien trop aimable de sa part. Ou était l'amusement ? Bien assez tôt, son jeune divertissement revint, tenant entre les phalanges un magnum qui signifiait au moins qu'il n'était pas totalement dépourvu d'intelligence.

- Je vous en prie. Ce cher Louis en vaut certainement la chandelle.

Il saisit le cristal du bout des doigts, appréciant d'une manière que l'humanité ne le pourrait jamais la somptuosité de ce liquide. Il en détourna cependant son regard une seconde pour le retourner vers son interlocuteur qui, obéissant à ses instructions, était resté face à lui. Un nouveau sourire vint saisir ses lèvres.

- Corrigez-moi si je fais erreur, Monsieur Sanders, mais je ne pense pas que vous y ayez déjà goûté ?

Après tout la nuit était longue et l'agonie d'autant plus lente, il pouvait bien lui faire profiter d'un ultime verre à moins qu'il ne parvienne à s'offrir un répit et sa miséricorde.

- Asseyez-vous donc. A moins que vous n'ayez d'autres affaires à mener ? Mais puisque vous paraissez disposer à rester, autant vous mettre à ma hauteur.

L'interrogation bien sûr était tout à fait rhétorique. Il doutait qu'il soit en capacité de désobéir à son supérieur quand bien même il aurait pu considérer avoir d'autres faits à gérer. Quant à se mettre à sa hauteur, il pouvait bien lui en offrir l'illusion. Rien en lui ne pouvait soumettre l'idée qu'il pourrait jamais parvenir à son diapason. Mais les chimères avaient toujours eu quelques attraits. Il attrapa un autre serveur du regard, d'un œil qui ne laissait aucune compromission.

- Un second verre, je vous prie.

L'employé détourna son regard vers son collègue avant de partir sans demander son reste pour revenir au bout de quelques secondes à peine. La prunelle qu'il lui offrit alors le fit disparaître à nouveau sans plus un mot. L'expression propre à l'amusement, il se saisit à son tour de la bouteille, servant un verre, sans prêter plus d'attention à son égard, à son tributaire interlocuteur. Il reprit ensuite le verre scintillant entre ses doigts et le leva face à lui, le regard marqué sur le chasseur.

- Vous m'en direz des nouvelles.

Non, vraiment, c'était bien trop aisé.Avait-il seulement conscience de son soudain privilège ? Sans doute que non mais que son jeune ami ne se fasse guère de faux-semblant. L'acmé de l'ivresse n'avait pas encore saisi la partie.
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