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 [SH] Eliott & Bailey #01

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Iracebeth

Iracebeth


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MessageSujet: [SH] Eliott & Bailey #01   [SH] Eliott & Bailey #01 EmptyDim 24 Sep - 8:17

Bailey

Si l’on vous demande ce que je fiche à l’heure actuelle, la réponse est simple. Je n’en sais fichtrement rien. Il me semble flotter mais je n’en suis pas sûre – pour tout dire, je ne suis pas non plus foutue de savoir où se trouvent mes orteils au moment où je vous parle. Il faut avouer que je n’ai pas vraiment un bon souvenir de la dernière situation : je veux dire, je suis irrémédiablement dans la merde, ça, je n’en ai aucun doute. Mais à quel stade, cependant ? Ma conscience me chuchote le dernier, mais je préfère faire la sourde oreille et me concentrer sur les ressentis – pauvres – que je peux avoir à propos de ma personne. Je crois réussir à froncer les sourcils en plus du nez : moue que j’aborde souvent lorsque quelque chose me frustre, mais je n’en suis toujours pas sûre à cent pour cent. Je dois certainement dormir, après mûre réflexion. Ça expliquerait pourquoi le monde est encore sombre, avec quelques nuances brunes, faiblement éclairées par des ombres aux couleurs sableuses. Mhm. Ce que je dis n’a aucun foutu sens. Qu’importe. Le plus important reste de savoir qu’il s’agit là d’une sensation similaire – mais désagréable - : un corps lourd à manier et difficilement discernable. Bon. C’est au moins ça. Néanmoins, au bout de ce qui me semble être plusieurs longues minutes, j’arrive tout de même à distinguer une sorte de picotement dans mon corps, comme si il était engourdit. Ne reste plus qu’à savoir où cela se situe avec précision – est-ce mon coude, puisque je dors souvent recroquevillée sur le coté ? J’ai l’impression d’être ankylosée, à moins que je ne sois en train de me retourner en grognant quelque chose - c’est probable. Jack dit que je parle en dormant, mais là encore il doit exagérer. Jack. Si vous ne le saviez pas, il s’agit de mon fils, mon puppy adorable de sept … non, huit ans. Tiens d’ailleurs où est-il ? Dans ma rêverie digne d’Alice in Wonderland avec les paillettes colorées et les lapins en tricots, je me mets à froncer les sourcils pour de bon – à moins que ce ne soit dans la réalité, qu’en sais-je ? – avant d’essayer de recaler tous mes neurones au même niveau pour avoir une bonne connexion. Se souvenir. Où est mon fils ? Et le bouton pour allumer la lumière au fond de mon cerveau ? Je tâtonne. Une fois. Deux fois. Trois F … BORDEL DE MERDE. « JACK ! » « Connexion réussie, chef. Cerveau opérationnel. Le reste, par contre ... »

J’ouvre les yeux subitement, sursautant dans un même temps et manquant de me casser la gueule – j’ai au moins le reflexe et de tourner de l’autre coté au bon moment, signe que je ne suis pas encore totalement foutue et que j’ai encore tous mes membres. Ma tête tourne et je grogne pour de bon un mot qui n’existe pas théoriquement pas dans notre langue, ma nuque me lançant affreusement. « Mais qu’est-ce que … » mon souffle, pâteux et rauque, brûle ma gorge tandis que ma main gauche s’en va se poser avec quelques difficultés à l’arrière de mon cou sensible. Bon dieu de merde. Que m’est-il encore arrivé ? Bon. Okay. Inspirer, expirer. Là. Tout va bien. Je crois. Ne pas paniquer surtout. Ca ne servirait à … rien. Je cligne des yeux une fois ou deux, me stabilisant en quelques secondes, avant de regarder ce qui m’entoure – ou essayer. Qu’est-ce que c’est que ce foutu bordel encore ? Il me semble être dans un bureau – où en tout cas ça y ressemble. « Au moins je ne suis ni nue ni attachée. » je marmonne bougonne et absolument pas réveillée, remarquant que j’ai encore mes vêtements, avant de tenter d’y voir plus clair. Pas que la luminosité manque, juste que j’ai la tête dans le cul et le cul dans le potage – pour m’exprimer familièrement. Je grimace en tentant d’observer à nouveau les lieux, remarquant une bibliothèque et des sièges, des tableaux informes pour le moment, m’arrêtant dans ma recherche car ma nuque me lance. Vue la douleur … Sweet Jésus. Quel est le con qui m’a assommée ? J’inspire à fond à nouveau, passant ma langue sur mes lèvres sèches, avant de reprendre mon examen, survolant la pièce immense et digne d’une foutue salle de réception à ma connaissance … jusqu’à tomber sur LE détail gênant de la situation.

Car tout se remet en place naturellement lorsque je le remarque enfin, sa silhouette se découpant grâce aux ombres et jeux de lumières artificielles. Lui. Ce type. Celui de … d’avant. Hier. Maintenant. Je ne sais plus. Je ne sais pas. Bref. Le mec qui m’avait coincée quelques temps plus tôt contre ma voiture, et à qui j’aurais rêvé d'offrir gratuitement un ravalement de façade jusqu’à ce que ... « Putain qu’il est sexy ! » Ma voix interne hurle et je me fige, surprise par ma propre pensée, ou plutôt celle de ma déesse intérieure qui vient de se réveiller en sursaut pour de bon – la seule différence entre elle et moi est qu’elle n’a pas besoin de café pour être cohérente et chiante dès le matin. La ferme, conscience. « Non mais regarde enfin ! » Elle reprend et je me concentre sur le type qui me fait face, sorte d’apollon à la manque, tellement d’ailleurs que je crois buguer complètement, mes yeux vissés sur sa stature comme une junkie en manque. « Vrai que tu as une sale trogne. Attends. C’est quoi qu’il tient, là ? Un verre ? Vue la couleur on dirait du whisky. Ou du scotch. Et ses lunettes. Non mais mate-moi ça Bailey ! Tu aurais pu tomber sur plus moche … » Je secoue la tête pour m’enlever ses pensées monstrueuses. Ressaisie-toi. Concentre-toi sur ce qui s’est passé la dernière fois. « Oui. Son corps musclé contre le tien … C’était chaud ! Dommage qu’il ait éteint la lumière ensuite, j’aurais voulu voir les détails » « La ferme » Je marmonne à moi-même et elle hausse les épaules, avant de reprendre minutieusement son examen tandis que je détourne le regard, subitement gênée – merde, je dois être pivoine à l’heure actuelle. Comme si j’avais besoin de ça. « Hrm. » C’est ça. Reprends-toi. Et ne pense surtout pas à ses fesses ou autre partie de son anatomie qui semble être parfaite. … Raaaaah ! « Vous m’avez assommée. » C’est bien Bailey, tu progresses. Je fronce les sourcils, tournant à nouveau mon regard vers … L’inconnu, pour le fixer dans les yeux, l’air peu amène mais toujours aussi groogy – très certainement. « Où sommes-nous ? » Pathétique. Peut mieux faire. « Où est Jack ? » Mieux, bien qu'il me semble avoir déjà formulé cette question autrefois. Qu'importe. Je ne me souviens plus de la réponse. Mon fils est censé être ma foutue priorité et le moins que l’on puisse dire c’est que je ne perds pas le nord. Point positif. Surtout que de ce que je me souviens, le type qui me fait face est un putain de vampire. … Attendez. Quoi ?! « Il peut être ce qu’il veut ma vieille. Il n’empêche que, il reste sacrément sexy et que j'en ferais bien mon quatre heures. » .... Pitié, Dieu.. N'importe qui. Juste. Sortez-moi de là - avec mon fils - ?
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Iracebeth

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MessageSujet: Re: [SH] Eliott & Bailey #01   [SH] Eliott & Bailey #01 EmptyDim 24 Sep - 8:18

Eliott

La pâleur aurorale pénétrait peu à peu les volets résolument clos du lieu. Il y avait quelque chose de presque tragique à la manière dont ces maigres parcelles de lumière tentaient de se faire une place au creux des interstices offerts à elles par les circonstances. Il releva son regard une seconde, permettant à ses prunelles de saisir les moindres éclats de poussière laissées derrière elle par la douceur de l'astre solaire. Il était presque étrange qu'après trois siècles encore, il parvienne à y trouver une beauté. Dans le flot, dans le mouvement, dans l'aisance avec laquelle ils volent sans perception, victimes inaltérables d'un phénomène scientifique millénaire. Vivantes et mortes, ressuscitées alors même qu'il respirait encore, plus par habitude et commodité d'apparence que par réelle nécessité. Il cessa une seconde, les paupières closes. C'était déconcertant sans être inconfortable. L'une des précieuses particularités qui faisait sa condition. Un sourire passa. Son regard revint sans y penser sur les multiples objets de son attention. Ces chiffres n'avaient que peu de sens en somme. Ils n'étaient que des listes infinies, des combinaisons ineptes, du simple noir sur de l'écorche blanche. Précieux sans vraiment l'être. Quelle importance pouvaient-t-ils réellement posséder ? Il avait connu l'un sans l'autre, l'opulence comme la désespérance. Parfois elle l'ennuyait cependant. Son intérêt se fanait et son esprit naviguait alors vers des horizons plus providentiels, plus fascinants. Il était toujours étrange d'observer à quel point l'attention pouvait être modulable, changeante, presque versatile. Comment la lassitude pouvait naître avant d'offrir des aspects plus appréciables, plus intrigants. Les semaines précédentes avaient offert leur lot de vivacités, de changements infimes comme inéluctables mais si présents. Ils n'étaient pas désagréables en somme. Parfois exaspérants mais ils faisaient le sel d'une existence d'avis trop longue. Elle venait pourtant d'offrir la preuve qu'elle ne l'était pas encore. Que la fatalité n'en avait pas terminé encore, qu'elle avait d'autres atouts dans sa manche. Plus plaisants cette fois qu'auparavant. Du moins pour l'heure. Le nouvel atout venait d'apparaître et il n'avait pas encore décidé s'il était de bonne augure ou s'il allait offrir quelques désagréments encore. Sa jeune création s'était montrée étonnamment discrète sur la question. Elle savait ce qui l'attendait pourtant. Il n'avait pas encore pris de décision la concernant néanmoins. Il manquait de réponses. Et il espérait bien les obtenir sous peu. La menace était pour l'heure toujours bien réelle. Nonobstant, elle ne l'effrayait pas outre-mesure. Qu'était une pauvre humaine sans défense après tout ? Qui noterait véritablement son absence ? Il n'aurait qu'à mentir à l'enfant. Il finirait par accepter l'idée, un jour, peut-être, avec du temps. Il ne lui avait rien promis encore. Il y avait veillé. Il n'appréciait pas particulièrement d'avoir à briser quelques paroles. Question de principes. L'âge comme la nature n'y changeaient rien. Il était encore de ce monde pour une bonne raison. Il en maîtrisait les codes et ne prévoyait pas d'en changer. Il avait déjà en tête toutes les remarques que son illustre aîné allait pouvoir lui offrir sur le sujet. Il était bien moins compliqué que lui en fin de compte. Plus certain, plus âpre. Il ne saurait dire si cela était du à sa position, à son âge ou à son caractère. Peut-être étaient-ils juste discordants. Ça n'était pas forcément une mauvaise chose. Peut-être était-il un optimiste au fond. Encore un naïf, croyant à cette faible et pitoyable humanité. Peut-être était-il le pitoyable en définitive. Un nouveau sourire passa sur ses lèvres et s'autorisa une nouvelle gorgée ambrée qui lui brûla la gorge presque assoiffée. Il patienterait toutefois. Il avait bien plus urgent, bien plus à faire. Il laissa son regard se perdre sur elle, sur cette silhouette. Il tenta de noter les traits qu'il pouvait reconnaître, d'appréhender ce qu'il avait bien pu prendre d'elle plutôt que de lui. Elle avait besoin d'apprêter mais elle était plutôt belle pour une humaine, sans la fatigue et l'anxiété pour ruiner ses traits. Sans doute ferait-elle un beau modèle. Mais il était trop tôt pour le décider. L'important pour l'heure était surtout de savoir s'il devait la laisser vivre. Elle était intrigante, dans un sens presque inédite. Et elle l'amusait. Si elle acceptait les règles du jeu peut-être pourrait-elle ne pas détonner dans les lieux. L'enfant, c'était certain, en serait soulagé. Mais il ne pouvait ignorer ce qu'elle représentait. Le clan passait avant le reste, avant la survie d'une aussi simple et élémentaire créature. Il se détourna après un temps, revenant à ses affaires, la concentration volatile mais l'esprit bien présent.
La silhouette au loin finit quelques heures plus tard par reprendre vie. Il percevait ses mouvements, ses gestes. Sa respiration et les battements appréciables et presque affolés de son organe vital. Il se retint de sourire, prit une autre gorgée de son verre. La suite rendit encore plus compliquée sa décision de garder un visage neutre. Il ramena ses lunettes sur l'arrête de son nez, prétendant être concentré ailleurs. Quand elle s'adressa à lui, cependant, il eut du mal à l'ignorer et le sourire apparut sur ses lèvres, amusé, bien malgré lui. Il pouvait presque suivre la logique de son questionnement et finit par se concentrer sur elle. Relevant le regard, il décida que oui, elle était amusante.
"Bien dormi ?"
Que ce soit le cas ou non, elle paraissait déjà plus en capacité de ses moyens qu'auparavant. Peut-être pourrait-il lui faire comprendre alors plus aisément que c'était lui qui faisait les règles et qu'elle allait devoir s'y faire, si elle désirait obtenir quoi que ce soit de son gré. Pourquoi l'avait-il accepté de la laisser respirer déjà ?
"Jackson est en sécurité et se porte comme un charme"
Oh oui, c'est vrai. Par égard pour l'inhabituel petit humain dont elle était la génitrice. Il se tourna définitivement vers elle, l'accaparant de toute son attention, une lueur dans le regard.
"Que je puisse affirmer la même chose pour vous ne dépend que de votre fait."
Il fit tourner le cristal presque vide entre ses doigts, reprenant son étude.
"Combien en savez-vous exactement ? Et je vous conseille de me répondre avec la plus grande franchise, autrement, je le saurais et vous pourrez dire adieu à l'idée même de revoir votre fils un jour"
Le sourire n'avait pas quitté ses lèvres mais le ton de ses prunelles ne mentait pas, pas plus que celui de sa voix qui malgré le volute n'en demeurait pas moins parfaitement clair.
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MessageSujet: Re: [SH] Eliott & Bailey #01   [SH] Eliott & Bailey #01 EmptyDim 24 Sep - 8:18

Bailey

L'affrontement qui fait rage en moi est d'une violence inédite. D'un coté, l'envie de sauter sur l'homme qui me fait face pour lui coller mon poing dans la figure gagne en force, de l'autre, c'est l'envie de me rapetisser et me planquer sous le canapé qui prime. Que faire ? « Saute lui dessus, embrasse-le, frappe le et tire toi. » Si seulement. Je roulerais bien des yeux à cette pensée idiote, mais je suis présentement trop concentrée sur le vampire qui me fait face pour réellement bouger d'un iota. Sa présence est ... écrasante et si il y a bien quelque chose que je déteste en ce monde, c'est le fait de me sentir diminuée par un connard - qui semble fortement s'amuser de la situation qui plus est. Je ne lui en veux pas vraiment pour cela, ceci. Je serais à sa place, je rirais également de la situation : l'histoire absurde de la fourmi qui se rebelle contre la botte. Seulement, il ne sait pas encore que je suis une fourmi rouge - c'est peut-être là la différence. Je me suis battue toute ma vie, ce n'est pas maintenant que je vais abandonner. Je fronce les sourcils à sa question, tentant de rester calme, tandis que son sourire se renforce. Est-ce qu'il se fiche de moi ? « Faut croire que tu es tombée sur un vampire qui aime faire de l'humour. » Je claquerais bien la langue pour dire à mon cerveau de se taire, mais ma nuque me lance à nouveau et je grimace imperceptiblement, avant de plonger mes yeux dans ceux de mon ... ravisseur, ma voix se faisant quelque peu railleuse pour la réponse qui ne tarde pas.
« Très bien, je suppose. Merci pour la sieste. Cependant, la prochaine fois, il serait peut-être préférable de ne pas assommer vos victimes, histoire que le réveil soit moins difficiles pour elles. » Just sayin'. Comme si il en avait réellement quelque chose à foutre de toute façon. Enfin. Est-ce que je suis vraiment en train de déconner avec un vampire ? Il semblerait bien. Je soupire ensuite, regardant quelque peu autour de moi, retrouvant enfin tous les éléments de mon cerveau, bien que restant sur la défensive. La fatigue est encore présente, mais elle est liée à la tension accumulée depuis les deux derniers mois et la méfiance étant logée dans chaque fibre de mon corps, je reste tendue comme un arc.

La suite à au moins le don de me couper le souffle, me figeant net. Je ne m'y attendais pas. Pas du tout. « Merci mon dieu. » Le souffle passe à travers mes lèvres malgré moi, et une rafle d'espoir emballe mon coeur dans une remontée vertigineuse. Jackson va bien. Il est en vie. Je reprends ma respiration, la nouvelle douloureuse me donnant presque le tournis tandis que que je sens les larmes me monter aux yeux - que je chasse pourtant en moins de temps qu'il n'en faut pour dire cheesecake. J'ai désormais l'impression de me transformer en coton, me détendant imperceptiblement tandis que cela tourne en boucle dans ma tête. Il va bien. Il est en vie. Il va bien. Je ferme même les yeux quelques secondes, soulagée, mes mains tremblants quelque peu, inspirant à fond. C'est ok. Calme-toi, Bailey. C'est ok.
Il me faut bien une minute pour assimiler les faits - car entre l'espérer et en avoir la certitude ... Je me redresse pourtant, rouvrant les paupière pour plonger mes iris dans celle du vampire, cherchant une quelconque trace de mensonge. Cela me tuerait si c'était le cas. Cependant, c'est avec surprise et gratitude que je comprends qu'il n'en est rien. Il ne ment pas. Ce n'est peut-être pas un salopard à 200% finalement. Qu'est-ce que cela lui apporterait, après tout ? Cependant de nouvelles questions fourmillent que je repousse à plus tard pour pouvoir me concentrer sur la suite de ses mots - et sourire. Oui, sourire. Cela me ferait presque rire, d'ailleurs. Mon sort, hu ? Comme si cela m'importait vraiment. Je balaye ses questions d'un haussement d'épaules, avant de m'approcher de lui, après un instant d'hésitation. Il joue avec moi, pourquoi ne pourrais-je pas faire de même ? « Je savais que tu étais cinglée, mais pas à ce point. » La ferme, conscience. Je m'approche ainsi lentement, jusqu'à pouvoir me planter devant lui, à seulement quelques centimètres, le scrutant - et retenant mon souffle car la lumière artificielle ne lui rend pas justice. C'est la première fois que je vois un vampire de près et, si je sais et sens au plus profond de mes cellules qu'il est dangereux, je décide de passer outre cet avertissement pour le moment.« Merci. Je ne sais pas si c'est à vous que je le dois. Mais merci. » Pour avoir pris soin de Jack. Je ne le lâche plus des yeux, à présent, inscrivant dans mon esprit ses traits, comme pour les apprendre par coeur. « Combien j'en sais ? A quel sujet au juste ? » J'arque un sourcil, mon regard dérivant sur son verre, et un soupire sort à nouveau entre mes lèvres, la sensation de soif commençant à me brûler la gorge tandis que je reprends, virant les instincts primaires aussi rapidement que je muselle ma déesse intérieure.Let's the game begins.
« Vous êtes un vampire. Ce serait plutôt à moi de poser des questions à votre sujet, vous ne croyez-pas ? » Je lui lance un sourire mi figue mi raisin, avant de secouer la tête, croisant les bras. « Combien j'en sais ... Et bien tout dépend du sujet ? Si il s'agit des vampires, vous semblez être un agréable mélange de Lestat et Dracula, cependant les légendes naissent bien de quelque part. Je serais affreusement déçue si vous m'avouez briller au soleil, votre classe en prendrait un sacré coup. » J'ose lui offrir un sourire lumineux, me fichant ouvertement de lui à présent bien que je pense chaque mot, avant de pencher la tête et reprendre mon examen minutieux de sa personne, redevenant sérieuse quelques secondes. « Si cela vous concerne vous en tant qu'individu ... J'opterais pour control freak. Dangereux. Charismatique. Arrogant. Certainement têtu. Je suppose que vous êtes cependant de nature curieuse, sinon je serais déjà morte à l'heure actuelle, right ? » Je fronce les sourcils à cet état de fait, avant de finalement m'approcher encore, posant mes mains sur les accoudoirs du luxueux fauteuil, mon visage se retrouvant à seulement quelques centimètres du sien. Quitte à être masochiste et suicidaire, autant l'être jusqu'au bout. « Ecoutez-moi, bien monsieur le vampire. Je me fiche de ce que vous êtes. De qui vous êtes ou encore de ce que vous faites. Tout ce que je souhaite, ici, maintenant, c'est retrouver mon fils et rentrer chez moi. Si je peux en prime frapper le ... L'énergumène que me l'a enlevée il y'a deux mois, de préférence avec une batte de baseball, se serait cadeau bonus. Si ce n'est pas possible, qu'importe. Jack est tout ce qui m'importe, le reste - que se soit votre place ou la mienne dans la chaîne alimentaire, par exemple - est aussi inutile que superflu à mes yeux. » Ceci étant dit, je lui offre un nouveau sourire, que l'on pourrait qualifier de charmeur, la tension dans mes épaules étant pourtant de retour, tout comme la colère. Je mérite un oscar pour cette performance, et si je m'en tire, une bouteille whisky ayant mon âge. Je me recule ensuite, pour simplement mieux me redresser et croiser à nouveau les bras, une lueur déterminée dans le regard. « Je réitère donc ma question, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. S'il vous plaît. Où se trouve mon fils ? Et ... Je préfère vous prévenir. Je suis du genre têtue, au moins autant que vous. De ce fait, à moins de me tuer maintenant pour vous éviter des migraines, si toutefois votre nature vous permets d'en avoir, je vous conseille d'être aussi honnête que je puisse l'être car si mentir n'est pas dans mon intérêt, je n'aime pas qu'il y ait deux poids deux mesures. Sans vouloir vous commander, bien sûr. »
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Iracebeth

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MessageSujet: Re: [SH] Eliott & Bailey #01   [SH] Eliott & Bailey #01 EmptyDim 24 Sep - 8:18

Eliott

L'incandescence de la jeunesse. Il y avait un aspect étrangement fascinant dans l'observation de cette si juvénile et puérile créature. L'agitation, l'évaporation, la logorrhée de mots sans intérêt. C'était si curieux. Au cours d'une existence bien plus longue que d'ordinaire, il avait été témoin de nombreux de ces êtres. En un temps encore plus lointain, il en avait même été un. Les parcelles de mémoire qu'il conservait paraissaient toujours appartenir à quelqu'un d'autre. Qu'elles soient brillantes ou désolantes, propres à sourire ou à en cauchemarder, elles ne lui appartenaient plus vraiment. Les sensations étaient désormais si différentes. Son corps insensible à l'âge avait oublié. Alors il ne lui restait plus qu'à observer, qu'à apercevoir. Il en avait croisé de toutes sortes. De ceux qui, au temps même de son humanité, l'auraient exaspéré par tant de superficialité et de dénuement. D'autres qui, en revanche, étaient parvenus à capter son attention si volatile et graver leurs marques dans le marbre de son sang comme de son désespoir. Ils étaient rares cependant et restaient encore à ce jour de merveilleuses exceptions teintées de regret et de mélancolie. Dans leur immense majorité pourtant, ces créatures proposaient un intérêt, du moins pour un temps. Quand il n'était pas purement alimentaire ou récréatif, il était amusant. Il parvenait à saisir ses prunelles et son esprit et à gagner un attrait dans l'existence. Il ne fallait guère se mentir qu'ils soient beaux ou non, ils étaient bien souvent interchangeables. Seuls les esprits dérivants, hors du temps et des horizons manifestaient une utilité. Ils avaient au moins celle de le distraire, de lui faire oublier l'espace d'une infinie seconde que l'éternité était immuable et qu'il la traverserait sans effort ou mansuétude.
A quelle catégorie appartenait-elle ? Il n'en était pas encore certain. Pas la première de prime abord. Elle était définitivement divertissante. Instantanément, elle pourrait devenir lassante mais dans l'immédiat, il goûtait comme une expression de rire au creux de ses lèvres. Sa voix résonnait à son ouïe de manière très particulière et il se demanda le temps d'une infime seconde si elle l'utilisait pour l'art. Ses doigts étaient bien plus marqués que la moyenne, pour une femme en tout cas. Elle n'était de toute évidence pas de l'espèce de celles qui passent nombre de temps à s'occuper de leur apparence. Ce n'était pas si rare mais il en croisait finalement peu dans les parages, ce qui n'avait rien d'étonnant. Les lieux qu'il fréquentait exigeaient généralement un certain prestige et il n'avait pu s'empêcher de noter là encore qu'elle en manquait cruellement. Il se réservait une opinion plus tranchée quant à son physique, somme toute peu désagréable, mais il n'était pas certain de pouvoir en dire autant sur son comportement. L'affaire avait un aspect presque inédit et à la vérité, il lui en fallait alors peu pour y trouver un intérêt quelconque au moins pour les prochaines minutes. L'impertinence à l'occasion pouvait avoir un caractère séduisant. Il fallait bien qu'elle parvienne à compenser quelque part. Mais il ne pouvait se permettre de perdre de vue ses objectifs cependant et avant de passer aux abords plus distrayants, il devait s'occuper de son compte.

Le ton de ses paroles ne manquait pas de le ramener au flot de la réalité qu'il appréhendait avec un léger sourire. Il s'enquit cependant de sa requête et put entendre distinctement les réactions de son frêle palpitant. Le changement sur le corps de la jeune femme avait été immédiat. Ainsi donc l'enfant n'avait pas menti. Sa génitrice lui portait bel et bien une attention. Intéressant. Certainement problématique pour le long terme mais plutôt intriguant pour l'heure. Qu'elle parvienne ensuite à soutenir ses iris lui ajouta encore du cachet. L'occasion était alors parfaite pour en connaître davantage. La Famille passait malgré tout au premier plan et il ne pouvait se permettre de l'omettre de ses pensées ou de ses préoccupations présentes. Qu'elle parût balayer ses menaces à peine voilées d'un mouvement d'épaules ne manquât pas de le mettre en garde. Mais peut-être était-ce encore là une manifestation de son inopportune innocence ? Et tandis qu'elle s'approchait de lui avec une imprudence fabuleuse, il se contenta de la suivre du regard d'un imperceptible mouvement de prunelles où seuls ses doigts frôlant le récipient de cristal trahissaient ses actions. Qui qu'elle soit réellement, elle venait en tout cas de faire son entrée dans la catégorie supérieure. Il pût percevoir à sa respiration qu'elle n'était pas tout à fait sereine mais il devait lui reconnaître une folie certaine. Son regard se permit à gagner un peu de chaleur à l'écoute des remerciements qu'elle lui adressait et qui était, il devait bien le reconnaître, relativement inhabituels voire quelque peu inattendus au vu de la situation. La réponse qu'il désirait se faisait attendre toutefois mais sa patience fût bientôt récompensée bien que d'une façon inédite. Il la laissa entamer ses simagrées et ne pût que difficilement retenir l'amusement qu'elle provoquait alors. Il demeura toutefois impassible tout du long non sans lui offrir une expression flamboyante dont le regard laissait peu de place à l'imagination. Divertissante, c'était certain. Elle s'approcha encore davantage mais il n'avait encore amorcé aucun mouvement à son égard. La proximité avait quelque chose d'intriguant mais elle ne parvint pas pour autant à dériver son attention de ses paroles, les iris incandescentes. Elle finit par reculer avant de poursuivre. Quand avait-il croisé pour la dernière fois une créature aussi prolixe ? Oh qu'elle était divertissante. Présomptueuse, imprudente, insolente et probablement suicidaire mais indubitablement distrayante. Ce ne fût que quand elle eut enfin terminé qu'il se décida à amorcer un geste. Il commença pour libérer ses prunelles du verre qu'il portait à l'occasion au travers des traits. Puis avant même qu'un quelconque oeil humain ne puisse le saisir, il s'était levé et la plaquait désormais contre le mur, ses poignets entre ses doigts de marbre sur lesquels il exerçait une force raisonnable qui n'avait pas pour ambition d'être douloureuse. Le filtre de la lueur artificielle mêlé aux prémices solaires lui conférait une apparence encore plus surréaliste, mettant en valeur ses traits qui avaient oublié l'âge.
"Je peux voir dans votre si distrayante innocence que vous savez finalement bien peu de choses. Et bien que j'ignore si cela relève de la témérité ou de la plus folle imprudence, permettez-moi de mettre les choses au clair. La localisation actuelle de votre fils ne dépend que de mon fait et que je décide ou non de partager cette information avec vous ne regarde que moi. Comme vous l'avez si justement remarqué, je pourrais aisément vous tuer et m'épargner quelques céphalées malvenues mais là encore, c'est à moi d'en décider. Votre ténacité et votre détermination vous honorent, je vous le concède. Vous avez définitivement gagné de l'intérêt à l'instant même où vous l'avez signifié mais j'ose espérer que vous comprenez aussi qu'en dépit de toutes vos belles réclamations, la suite n'interviendra que selon mon bon vouloir."
Il marqua une pause légère, savourant les effets sur son palpitant. Son ton âpre n'avait point l'apparence d'une menace mais offrait peu d'illusions. Il pouvait sentir les rouages de son esprit préparer quelques exaspérantes simagrées. Qu'elle soit parvenue jusque là signifiait sans le moindre doute qu'elle ne s'arrêterait pas en si bon chemin. Il le sentait et s'en amusait presque. Son regard ne l'avait quitté qu'une seconde pour se perdre sur sa jugulaire avant de retrouver ses prunelles. Il pouvait ressentir ses veines pourpres sous ses doigts. La soif ne le tannait pas encore et il la contrôlait de toute manière à la perfection. Les pulsions bestiales faisaient partie des aspects auxquels il refusait de se soumettre. Là encore, elles devaient dépendre de son bon vouloir. Il poursuivit finalement d'un ton ardent, presque murmuré mais dont il ne faisait aucun doute qu'elle pouvait percevoir chaque mot tant il était désormais proche de ses traits.
"Maintenant, ma chère, je vous demanderais de contrôler vos ardeurs et j'accéderais peut-être à votre requête."
Il se recula de quelques centimètres à peine avant de poursuivre.
"La créature qui vous a amené en ces lieux a commis une vulgaire erreur et je suis le type d'individus qui a grand mal à les tolérer. Après tout, on ne peut pas être moi en étant si ... faible. Non qu'une humaine comme vous puissiez le comprendre évidemment. Mais entendez toutefois ceci. Ici, il n'est qu'un maître et il se trouve en face de vous. Je vais supposer qu'en tant que mère, vous n'autorisez pas tout à votre progéniture et bien sachez qu'il en va de même d'une moindre mesure pour ma personne et ceux que je gouverne. Quand je vous ai demandé combien vous en saviez, c'était dans ce domaine que se trouvait ma question. Maintenant, vous m'apparaissez somme toute ignorante et cela vous sert mais même en dépit de ça, vous en savez tout de même trop. Les erreurs se corrigent, ma chère et c'est mon rôle d'y veiller. Aussi en attendant que je décide quoi faire de vous, vous êtes à moi. Que cela vous plaise ou non m'est sombrement égal. Mais j'ai cru comprendre et à vous de me dire si je me trompe que tout ce qui vous importe pour l'heure, c'est Jackson. Cela vous honore aussi, c'est certain. J'ai connu suffisamment d'êtres de votre espèce pour savoir que nombre de géniteurs n'ont pas la même vision de ce devoir que la vôtre. Cela vous vaudra peut-être ma mansuétude en fin de compte mais avant, je veux être certain que je me suis bien fait comprendre."
Il le dévisagea une seconde, amusé, avant de libérer finalement ses membres. Il s'éloigna de quelques centimètres avant d'amorcer un nouveau mouvement vers son bureau auquel il s'adossa légèrement, les iris fixées sur elle. Que cette incandescence pouvait être fascinante.
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MessageSujet: Re: [SH] Eliott & Bailey #01   [SH] Eliott & Bailey #01 EmptyDim 24 Sep - 8:19

Bailey

Nom de Dieu. C’est certainement la première expression qui me vient en tête au moment même où la situation prend un nouveau tournant, complètement inédit. « Je n’osais pas le dire » répond ma conscience, haussant un sourcil, avant de ronronner tandis que j’essaye de me remettre de cette fabuleuse et ignoble supercherie. Comment est-ce que … « Et bien, si tu en doutais, tu as la preuve évidente qu’effectivement, il n’est pas humain. Un être aussi sexy et bien foutu ne peut pas pas être mortel. » reprend t-elle, doctement tandis que je me fige. … Bon sang, j’ai définitivement un problème – outre le fait que je me parle un peu trop à moi-même, s’entend. Je ne l’avais pas vu bouger. Comment aurais-je pu cependant ? Il était là, assis, devant moi, à quelques centimètres, et d’un coup … Nom de Dieu. « Tu te répètes » glousse la déesse dans mon esprit cinglé. Oh, la ferme. Et maintenant ?
Inspirer, expirer. Un couinement est sorti de mes lèvres sous la surprise, hoquet de stupeur involontaire et traître me dépouillant de ma façade bravache lorsque je me suis subitement retrouvée coincée contre le mur froid, plaquée contre lui pour le plus grand plaisir de ma conscience perverse, tremblante de peur. Ma bouche, ouverte en un ‘o’ de stupéfaction muet, n’est cependant pas la seule à prouver mon malaise. Mon corps, complètement immobilisé, est à présent à sa merci la plus totale. Le temps de me reprendre cependant, il a repris la parole et, si dans mes yeux la stupeur laisse place à la colère, le torrent qui gronde en moi se calme subitement, mes membres raides se détendant en une sorte de sursaut étrange. Si je déteste me sentir ainsi acculée, à la merci du prédateur qu’il est, peut-être la démonstration de force était-elle nécessaire à ses yeux. Il n’a cessé de me mettre en garde de sa voix chaude et envoutante, continuant encore par ailleurs, bien qu’il se fourre encore le doigt dans l’oeil jusqu’au coude pour certaines choses. Je le fixe donc, prenant mon mal en patience, attendant qu’il termine – et qu’il me lâche, pour pouvoir à mon tour en placer une, mais d’un ton nouveau. Dans mes yeux et ma voix, l’ironie n’est plus soudain. La colère, toujours là, est partie se tapir jusqu’à la prochaine incartade, la fatigue la relevant au pied de course après toutes ses émotions contradictoires qui me font tourner la tête. Restant contre le mur, inspirant doucement, c’est dans un murmure que je réponds, tandis que je cherche à calmer les palpitations de mon coeur, les tremblements de mon épiderme ayant cessé – dieu merci.

« Que désirez-vous au juste ? »

La méfiance est toujours là, et c’est certainement elle qui me tient éveillée. Je secoue la tête, doucement, soupirant, avant de reprendre, mon coeur ayant encore un peu de mal à se remettre.

« Ce n’est certainement pas mon argent ou mon sang, n’est-ce pas ? Vous êtes un playboy milliardaire arrogant, vous devez valoir mieux qu’une pauvre humaine sortie des bas fonds … du moins je suppose. »

Ca ne colle pas avec le personnage, tout du moins. Je croise les bras et m’adosse au mur, le fixant, le jaugeant, l’éclat de mes pupilles brillant de curiosité nouvelle avant de pencher la tête et observer la salle dans laquelle je suis cloîtrée avec lui depuis mon réveil, notant de nouveau détails. En théorie il ne faudrait pas quitter des yeux l’ennemi, mais mon cerveau a besoin d’oxygène le temps de traiter toutes les informations qu’il m’a offert – cet être trop déstabilisant, trop surnaturel pour mon propre bien et si la colère me permettait de faire face, ce n’est plus réellement le cas. Laissant donc planer quelques secondes de silence, je ne reprends finalement qu’une fois que les mots se soient formés dans l’ordre voulu, de ce ton calme qui est présent la mien.

« Je pense pouvoir comprendre la position qui est la votre ainsi que la mienne, cependant … je ne suis la propriété de personne. Nous naissons libres, a défaut d’être égaux, et si vous gouvernez votre … royaume tel une sorte de monarque, je ne fais pas partie de vos gens. »

Je continue, secouant la tête doucement, fronçant les sourcils, tentant de le comprendre, de le décortiquer. A quoi suis-je en train de jouer au juste ? C’est une bonne question – j’ai mis mon cerveau sur pause pour de bon.

« Vous pourriez avoir 436 ans et être Charlemagne en personne, cela n’y changerait rien. Cela n’est pas pour autant que je ne vous respecte pas. Je ne suis juste pas une esclave … sans compter que nous sommes au vingt et unième siècle. »

Un sourire pointe légèrement sur mes lèvres, virant en grimace – il ne peut être si vieux, n’est-ce pas ? - tandis que je me décolle du mur pour me rapprocher, à peine, d’une allure plus docile. Il est déjà trop près à mon sens mais je suis celle qui a rompu la distance la première après tout.

« Ceci étant dit … Je ferais ce qu’il faut, dans la mesure de l’acceptable. Tout ce que je demande est mon fils en échange. Ma vie contre la sienne si il le faut – sans lui, elle ne vaut de toute façon pas la peine d’être vécue. »

Que pourrait-il me faire de pire que me prendre mon garçon ? Me torturer ? Je rirais amèrement à l’idée. Pourrait-il seulement comprendre à quel point Jackson est important à mes yeux ? Si seulement cela était une vaste blague … Mais ce n’est pas le cas. Je le scrute à nouveau, la méfiance revenant au galop, avant de finalement tendre la main vers lui, en signe de paix, du moins est-ce là ce que j’ose penser naïvement.

« Pas comme si vous en aviez réellement quelque chose à faire mais … Je me nomme Bailey. Enchantée, je suppose ? »

Mais avant que je n’ai pu ajouter quoi que ce soit, voilà que mon ventre se met à vouloir lui-même participer à la conversation en poussant un grondement parfaitement reconnaissable – je suis aussi réveillée que lui finalement. Surprise, choquée, je regarde donc le vampire en écarquillant les yeux avant de virer pivoine d’embarras – on échappe pas à sa condition humaine semble t’il – et c’est après m’être traitée d’idiote et mordue la lèvre que je termine finalement, détournant les yeux pour fixer la bibliothèque avec un réel intérêt – tout plutôt que croiser son regard amusé et certainement arrogant.

« Hm … Pourriez-vous m’indiquer l’heure ? Je pense avoir perdu le peu de repères que je possédais. »
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MessageSujet: Re: [SH] Eliott & Bailey #01   [SH] Eliott & Bailey #01 EmptyMar 26 Sep - 11:35

En quelle ère du temps ce trait était-il né ? A quelle page de son existence s'était laissé prendre par ce sentiment, par cette sensation alerte et désagréable ? Etait-il encore humain ? En était-il encore l'illusion ? Ou avait-il déjà rejoint le cercle des être supérieurs auquel il appartenait encore comme il se devait ? Il pouvait laisser sa réflexion s'y perdre, il ne parvenait pas à trouver la réponse. Peut-être l'avait-il toujours été ? Peut-être que cette méfiance folle avait toujours fait partie de son éthopée ? L'illusoire épisode de son humanité lui en avait surement donné l'occasion. Toujours était-il qu'insidieusement la paranoïa ne quittait jamais entièrement ses pensées. Il ne passait un jour sans que son esprit ne dérive, méfiant. Une part de lui savait pertinemment qu'il y devait sans doute sa survie mais une autre ne pouvait s'empêcher de noter qu'elle représentait une faiblesse. Il l'associait à la peur, à une certaine forme d'anxiété pathétique et il détestait ça. La crainte ne devrait pas appartenir à son existence. Il avait l'immortalité pour lui et l'acmé de la perfection comme héritage. Que pouvait-il tant redouter ? Ce trouble pourtant ne le quittait jamais vraiment et il connaissait son origine, son sens. En dépit de tout ce qu'il pouvait être ou affirmer, il n'était pas invincible. Son univers, sa quintessence, son éternité n'étaient pas impérissables. Il le sentait à chaque infime seconde. La moindre parcelle de poussière dans les rouages pouvait tout faire basculer, tout consumer en l'espace d'un instant. La perspective était terrifiante et il se haïssait de devoir l'envisager. Il le fallait pourtant. La plus mineure inconséquence aurait tôt fait de l'annihiler et c'était bien un aléa qu'il ne pouvait s'octroyer. Il n'avait d'autre option que de consentir. D'embrasser telle qu'elle était cette harassante sensation que la hantise. Au fil des âges, il lui était prouvé qu'il avait eu raison. Les circonstances lui avaient causé du tort plus que d'occasion. Son propre aîné n'avait pas manqué même de rendre ses inquiétudes réelles. La situation avait repris des accents de normalité mais elle n'était plus tout à fait la même. L'absence n'omettait jamais de se rappeler. Et il ne pouvait le renier, son comportement même manquait. La seule occurrence presque réjouissante paraissait prendre la forme d'un jeune être humain. Il ignorait si les souvenirs venaient frapper ou si c'était l'innocence de la jeunesse mais l'existence avait repris quelques couleurs satinées. C'était plus que définitivement étrange. Mais cela n'ôtait rien à l'agitation. Bien au contraire. La responsabilité qu'il représentait s'avérait être une nouvelle source de tourment. Quelle belle ironie. Si on lui avait un jour mentionné qu'il se prendrait de tant d'inquiétude à cause d'un être humain, il n'y aurait pas cru. Mais ce dernier siècle avait, semble-t-il, eu raison de ses dernières résistances et l'enfant ne paraissait que le prouver davantage. Quand avait-il donc cédé à ce point à ces faiblesses si déplorablement humaines ? Etait-ce ? Il n'aurait su le dire là encore et ça l'exaspérait profondément. Il se trouvait devant le fait accompli cependant et il n'avait guère d'autres possibilités que d'en gérer les conséquences. Il était passé maître dans cet art comme dans tant d'autres. Ce n'était qu'un désagrément de plus. Et puis c'était toujours distrayant. Le fardeau des rois. Il avait su à quoi il avait pris la décision de s'exposer quand il avait fondé son monde. Il se devait donc de l'assumer pleinement. Et cela incluait prendre en charge l'arrivée inopportune et indésirable de l'humaine génitrice de Jackson. Les moyens par lesquels elle était parvenu jusqu'ici seraient une autre affaire à régler et il ne manquerait de rappeler à la Famille ce qu'il pensait de la remise en question de son autorité. Il avait eu tout le loisir en attendant le réveil de la jeune femme pour réfléchir au sort qu'il infligerait à sa jeune création. Cette chère Abigail. Mais il manquait alors encore d’éléments suffisants pour juger de la teneur de son erreur. De la même façon, il avait profité du temps de répit qu'il s'était si gracieusement octroyé pour collecter toutes les données qu'il pouvait. A son réveil, il s'était avéré qu'elle en savait bien peu, sur la situation comme sur sa personne. C'était rassurant comme presque regrettable. Il aurait été tellement aisé de simplement se débarrasser d'une dépouille gênante et puis à quoi avait donc bien servi sa jeune vampire si elle n'avait même pas pris la peine de faire valoir son auguste personne. Il n'était auréolé que de déceptions. C'était dans ces instants-là qu'il pouvait saisir la lassitude si caractéristique de son aîné. Tout cela était exaspérant. Bien heureusement la suite des événements s'était révélée bien plus divertissante. Cette humaine n'était définitivement pas ordinaire. Ca n'était pas plus mal. Le commun était si insipide. Il lui avait laissé l'occasion de déblatérer ses simagrées avec une énergie inusitée avant d'acter son autorité. Son insolence était follement amusante mais la limite était infime. Elle pouvait sans crier gare se transformer instantanément en quelque chose de fortement irritant. Et le mécontentement menait généralement à une issue peu enviable. Pour la partie adverse. Il apparût pourtant rapidement que cela n'avait pas suffi. N'avait-il jamais croisé de créature aussi insensée ? Il n'avait aucun doute sur l'origine du caractère de l'enfant. Il tenait avec évidence bien plus de sa génitrice que de son ramassis débectant de paternel.

Revenu à sa position initiale, il continua de l'observer, intrigué, tandis qu'elle reprenait contenance et parole. Que désirait-il ? Il ne pouvait guère espérer qu'un être aussi insignifiant et friable qu'elle puisse comprendre mais il allait devoir éclaircir son parti à son sujet. Il trouvait l'image qu'elle décrivait de lui excessivement réductive mais qu'en savait-elle ? S'il avait eu besoin d'une nouvelle preuve de son ignorance, elle venait de l'en offrir une. Sa simplicité était navrante. D'un niveau tel qu'il devait se retenir de sourire avec une condescendance qui aurait pourtant été méritée. Il finit par croiser son regard, fixant ses prunelles à la couleur changeante.
"Ce que je désire est une bien vaste question. Mais en ce qui vous concerne, je dirais que ce serait de mettre fin au désagrément que votre présence ici me cause. J'ai des affaires plus urgentes et surtout plus passionnantes à régler sans avoir à m'occuper de votre indésirable cas. Mais le choix n'est pas toujours celui que l'on souhaite. Je suppose que vous n'irez pas me contredire à ce sujet. Je suis donc en train de décider de ce que je vais bien pouvoir faire de vous."
La suite de ses paroles ne manqua pas en dépit de son envie de retenir une forme de rire. Si naïve, si inconséquente, si stupide. Dieu qu'il n'enviait pas ces créatures-là. D'un geste fin, il ôta les verres qu'il portait devant le regard avant de saisir entre sa paume le cristal ambré de scotch. Un sourire amusé et moqueur sur les lèvres auxquelles il finit par porter le verre. Il soupira, les prunelles détournées, désormais fixées sur le contenant entre ses doigts.
"Tant de naïveté. Ca en est drôle avant d'en devenir navrant." Il ramena son regard vers elle. "Je n'ai pas le souvenir d'avoir mentionné des esclaves." Esclave. Si seulement elle savait. Il reposa doucement le verre sur le bureau d'acajou. "Quant à l'époque à laquelle nous vivons, vous apprendrez qu'elle n'a aucune pertinence en ces lieux. Le privilège de traverser les siècles semble-t-il." La comparaison avec Charlemagne l'avait amusé pourtant. Elle n'avait donc aucune idée. Cela promettait d'être amusant en temps voulu. Elle finit par rapprocher à nouveau et il n'entama aucun geste à son égard. L'abnégation dont elle faisait preuve encore dans ses mots ne manquait pas de l'intriguer. C'était certainement un aspect qu'il pourrait utiliser à son propre avantage. Le geste qui suivit ne tarda pas à le troubler encore davantage. Mais avant qu'il ne puisse entamer la moindre action, sa condition se rappelle à sa jeune interlocutrice, l'amenant à se détourner d'embarras en même temps que la conversation. Il y avait bien longtemps que cet écho n'avait pas atteint ses oreilles.
Il finit par se relever pour se placer juste derrière elle, observant dans le même mouvement ce sur quoi elle a fixé son regard.
"Cela me parait plus qu'évident, Miss Johnson."
Il attendit sa réaction qui ne manqua pas de le distraire encore.
"Bailey Harmony Sybille Johnson de Bend, Oregon, à moins que vous ne préfériez La Pine ? Il est vrai que nous n'avons pas été convenablement présenté. Il faut croire que la misérable corruption de l'un de mes vampires et vos maigres recherches ne vous ont pas tout dit. C'est toujours trop mais dans un sens, peut-être n'est-ce pas assez."
Le sourire dessiné sur ses lèvres était plus malicieux que jamais. Puis il fit soudain mine de réfléchir, son expression le trahissant sans mal.
"Mais pour répondre à votre question, je dirais que nous sommes aux alentours de six heures du matin. Affamée ?"


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MessageSujet: Re: [SH] Eliott & Bailey #01   [SH] Eliott & Bailey #01 EmptyLun 20 Nov - 13:56

En quelle ère du temps ce trait était-il né ? A quelle page de son existence s'était laissé prendre par ce sentiment, par cette sensation alerte et désagréable ? Etait-il encore humain ? En était-il encore l'illusion ? Ou avait-il déjà rejoint le cercle des être supérieurs auquel il appartenait encore comme il se devait ? Il pouvait laisser sa réflexion s'y perdre, il ne parvenait pas à trouver la réponse. Peut-être l'avait-il toujours été ? Peut-être que cette méfiance folle avait toujours fait partie de son éthopée ? L'illusoire épisode de son humanité lui en avait surement donné l'occasion. Toujours était-il qu'insidieusement la paranoïa ne quittait jamais entièrement ses pensées. Il ne passait un jour sans que son esprit ne dérive, méfiant. Une part de lui savait pertinemment qu'il y devait sans doute sa survie mais une autre ne pouvait s'empêcher de noter qu'elle représentait une faiblesse. Il l'associait à la peur, à une certaine forme d'anxiété pathétique et il détestait ça. La crainte ne devrait pas appartenir à son existence. Il avait l'immortalité pour lui et l'acmé de la perfection comme héritage. Que pouvait-il tant redouter ? Ce trouble pourtant ne le quittait jamais vraiment et il connaissait son origine, son sens. En dépit de tout ce qu'il pouvait être ou affirmer, il n'était pas invincible. Son univers, sa quintessence, son éternité n'étaient pas impérissables. Il le sentait à chaque infime seconde. La moindre parcelle de poussière dans les rouages pouvait tout faire basculer, tout consumer en l'espace d'un instant. La perspective était terrifiante et il se haïssait de devoir l'envisager. Il le fallait pourtant. La plus mineure inconséquence aurait tôt fait de l'annihiler et c'était bien un aléa qu'il ne pouvait s'octroyer. Il n'avait d'autre option que de consentir. D'embrasser telle qu'elle était cette harassante sensation que la hantise. Au fil des âges, il lui était prouvé qu'il avait eu raison. Les circonstances lui avaient causé du tort plus que d'occasion. Son propre aîné n'avait pas manqué même de rendre ses inquiétudes réelles. La situation avait repris des accents de normalité mais elle n'était plus tout à fait la même. L'absence n'omettait jamais de se rappeler. Et il ne pouvait le renier, son comportement même manquait. La seule occurrence presque réjouissante paraissait prendre la forme d'un jeune être humain. Il ignorait si les souvenirs venaient frapper ou si c'était l'innocence de la jeunesse mais l'existence avait repris quelques couleurs satinées. C'était plus que définitivement étrange. Mais cela n'ôtait rien à l'agitation. Bien au contraire. La responsabilité qu'il représentait s'avérait être une nouvelle source de tourment. Quelle belle ironie. Si on lui avait un jour mentionné qu'il se prendrait de tant d'inquiétude à cause d'un être humain, il n'y aurait pas cru. Mais ce dernier siècle avait, semble-t-il, eu raison de ses dernières résistances et l'enfant ne paraissait que le prouver davantage. Quand avait-il donc cédé à ce point à ces faiblesses si déplorablement humaines ? Etait-ce ? Il n'aurait su le dire là encore et ça l'exaspérait profondément. Il se trouvait devant le fait accompli cependant et il n'avait guère d'autres possibilités que d'en gérer les conséquences. Il était passé maître dans cet art comme dans tant d'autres. Ce n'était qu'un désagrément de plus. Et puis c'était toujours distrayant. Le fardeau des rois. Il avait su à quoi il avait pris la décision de s'exposer quand il avait fondé son monde. Il se devait donc de l'assumer pleinement. Et cela incluait prendre en charge l'arrivée inopportune et indésirable de l'humaine génitrice de Jackson. Les moyens par lesquels elle était parvenu jusqu'ici seraient une autre affaire à régler et il ne manquerait de rappeler à la Famille ce qu'il pensait de la remise en question de son autorité. Il avait eu tout le loisir en attendant le réveil de la jeune femme pour réfléchir au sort qu'il infligerait à sa jeune création. Cette chère Abigail. Mais il manquait alors encore d’éléments suffisants pour juger de la teneur de son erreur. De la même façon, il avait profité du temps de répit qu'il s'était si gracieusement octroyé pour collecter toutes les données qu'il pouvait. A son réveil, il s'était avéré qu'elle en savait bien peu, sur la situation comme sur sa personne. C'était rassurant comme presque regrettable. Il aurait été tellement aisé de simplement se débarrasser d'une dépouille gênante et puis à quoi avait donc bien servi sa jeune vampire si elle n'avait même pas pris la peine de faire valoir son auguste personne. Il n'était auréolé que de déceptions. C'était dans ces instants-là qu'il pouvait saisir la lassitude si caractéristique de son aîné. Tout cela était exaspérant. Bien heureusement la suite des événements s'était révélée bien plus divertissante. Cette humaine n'était définitivement pas ordinaire. Ca n'était pas plus mal. Le commun était si insipide. Il lui avait laissé l'occasion de déblatérer ses simagrées avec une énergie inusitée avant d'acter son autorité. Son insolence était follement amusante mais la limite était infime. Elle pouvait sans crier gare se transformer instantanément en quelque chose de fortement irritant. Et le mécontentement menait généralement à une issue peu enviable. Pour la partie adverse. Il apparût pourtant rapidement que cela n'avait pas suffi. N'avait-il jamais croisé de créature aussi insensée ? Il n'avait aucun doute sur l'origine du caractère de l'enfant. Il tenait avec évidence bien plus de sa génitrice que de son ramassis débectant de paternel.

Revenu à sa position initiale, il continua de l'observer, intrigué, tandis qu'elle reprenait contenance et parole. Que désirait-il ? Il ne pouvait guère espérer qu'un être aussi insignifiant et friable qu'elle puisse comprendre mais il allait devoir éclaircir son parti à son sujet. Il trouvait l'image qu'elle décrivait de lui excessivement réductive mais qu'en savait-elle ? S'il avait eu besoin d'une nouvelle preuve de son ignorance, elle venait de l'en offrir une. Sa simplicité était navrante. D'un niveau tel qu'il devait se retenir de sourire avec une condescendance qui aurait pourtant été méritée. Il finit par croiser son regard, fixant ses prunelles à la couleur changeante.
"Ce que je désire est une bien vaste question. Mais en ce qui vous concerne, je dirais que ce serait de mettre fin au désagrément que votre présence ici me cause. J'ai des affaires plus urgentes et surtout plus passionnantes à régler sans avoir à m'occuper de votre indésirable cas. Mais le choix n'est pas toujours celui que l'on souhaite. Je suppose que vous n'irez pas me contredire à ce sujet. Je suis donc en train de décider de ce que je vais bien pouvoir faire de vous."
La suite de ses paroles ne manqua pas en dépit de son envie de retenir une forme de rire. Si naïve, si inconséquente, si stupide. Dieu qu'il n'enviait pas ces créatures-là. D'un geste fin, il ôta les verres qu'il portait devant le regard avant de saisir entre sa paume le cristal ambré de scotch. Un sourire amusé et moqueur sur les lèvres auxquelles il finit par porter le verre. Il soupira, les prunelles détournées, désormais fixées sur le contenant entre ses doigts.
"Tant de naïveté. Ca en est drôle avant d'en devenir navrant." Il ramena son regard vers elle. "Je n'ai pas le souvenir d'avoir mentionné des esclaves." Esclave. Si seulement elle savait. Il reposa doucement le verre sur le bureau d'acajou. "Quant à l'époque à laquelle nous vivons, vous apprendrez qu'elle n'a aucune pertinence en ces lieux. Le privilège de traverser les siècles semble-t-il." La comparaison avec Charlemagne l'avait amusé pourtant. Elle n'avait donc aucune idée. Cela promettait d'être amusant en temps voulu. Elle finit par rapprocher à nouveau et il n'entama aucun geste à son égard. L'abnégation dont elle faisait preuve encore dans ses mots ne manquait pas de l'intriguer. C'était certainement un aspect qu'il pourrait utiliser à son propre avantage. Le geste qui suivit ne tarda pas à le troubler encore davantage. Mais avant qu'il ne puisse entamer la moindre action, sa condition se rappelle à sa jeune interlocutrice, l'amenant à se détourner d'embarras en même temps que la conversation. Il y avait bien longtemps que cet écho n'avait pas atteint ses oreilles.
Il finit par se relever pour se placer juste derrière elle, observant dans le même mouvement ce sur quoi elle a fixé son regard.
"Cela me parait plus qu'évident, Miss Johnson." Il attendit sa réaction qui ne manqua pas de le distraire encore."Bailey Harmony Sybille Johnson de Bend, Oregon, à moins que vous ne préfériez La Pine ? Il est vrai que nous n'avons pas été convenablement présenté. Il faut croire que la misérable corruption de l'un de mes vampires et vos maigres recherches ne vous ont pas tout dit. C'est toujours trop mais dans un sens, peut-être n'est-ce pas assez."
Le sourire dessiné sur ses lèvres était plus malicieux que jamais. Puis il fit soudain mine de réfléchir, son expression le trahissant sans mal.
"Mais pour répondre à votre question, je dirais que nous sommes aux alentours de six heures du matin. Affamée ?"
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MessageSujet: Re: [SH] Eliott & Bailey #01   [SH] Eliott & Bailey #01 EmptyMer 18 Juil - 17:43

L'ennui. S'il était bien un élément qui appartenait aux indicibles et plus désagréables aspects de l'existence, c'était bien celui-ci. L'aversion qu'il y portait ne datait guère du temps de son avènement à l'échelle de la nature. Il devait bien le reconnaître, c'était un trait qu'il arborait depuis les premiers jours. Quand il était simplement humain, le combler était une affaire aisée. L'instruction, l'éducation, les représentations puis le fléau de la guerre avaient eu tôt fait d'occuper l'insatiable qu'il était déjà. A l'aube de sa nouvelle éternité, l'interrogation ne s'était point posée. Les circonstances avaient été telles que l'idée même n'était venu l'effleurer. La découverte de ce qu'il était, la vie qu'il ré-apprenait sous d'autres formes et d'autres aurores étaient parvenues à saisir son esprit sans faillir. L'Histoire s'était, elle, chargée du reste. Quand il avait manqué de venir frapper, il avait pris les voiles, franchi le pas d'un nouveau continent, d'un nouvel univers à conquérir et à embrasser de sa présence et de sa personne. Au fond, les occasions d'y céder avaient été rares au cours d'une perpétuité qui s'étayait déjà sur plusieurs ères. L'inactivité n'avait jamais pris sens. Il en restait toutefois que tout n'avait pas d'intérêt, qu'à force de voir et de connaître, une certaine lassitude finissait presque par survenir. Contre cela, bien sûr, il savait trouver des opportunités. Les chances de se divertir ne manquaient guère, plus particulièrement quand elles provenaient de l'humanité. Elle pouvait parfois se démontrer si absurde, si inepte, si frivole qu'elle en devenait presque follement amusante. Au sein de son établissement, chantre de luxure et de distraction, les exemplaires ne pêchaient nullement. Il n'était pas une nuit sans qu'un simulacre anthropique ne fasse preuve de son ingéniosité et de sa profonde bêtise. Quelque fois comme par une forme de miracle, le divertissement changeait de contour, de couleur. Le responsable, ces derniers temps, était également humain mais bien plus jeune qu'aucun de membres de sa clientèle. On pourrait presque croire qu'il finissait par s'attendrir. Mais ça serait là une belle hérésie. Comment pouvait-il seulement l'envisager si ce n'était comme une faiblesse ? Il se retenait d'y penser plus avant, sachant pertinemment que l'innocence de la jeunesse qu'il y trouvait n'était pas le seul critère. Il en était d'autres et il préférait les ôter rapidement de sa pensée. Y céder pourrait être source d'ennui d'une autre nature, ce qu'il ne pouvait là encore s'octroyer. La lassitude l'atteignait cependant bien plus souvent que de coutume. Il était inassouvi, insatisfait devant l'apogée du temps. Les heures avaient beau s'écouler, noyées sous la charge, le goût de l'intérêt s'évaporait trop hâtivement. Il n'y offrait que peu d'attention, redoutant qu'à son échelle, les proportions ne deviennent trop importantes. L'origine n'avait, par ailleurs, aucun secret et il était sans doute plus avisé de plus y revenir, quand bien même la raison s'autorisait parfois un autre choix.

Pour l'heure, cependant, rien de tout cela n'était le coeur de son attrait. Non, celui-ci prenait une forme, pour l'instant, encore terriblement distrayante tant par son attitude que par ses discours, bien que ceux-ci soient généralement sans attraction. Il était rare, en effet, aujourd'hui, encore qu'il ne rencontre d'être humain qui avait conscience de leur ignorance de ce qu'il avait en face d'eux. Certes, elle était pathétiquement ignare sur bon nombre d'aspects mais elle savait. Et l'idée qu'elle pouvait s'en faire, bien que profondément erronée ne pouvait faire fi du danger dans lequel elle se trouvait. Il ne s'était encore décidé sur le sort qu'il allait lui réserver. Il n'était même pas certain de la mentionner à Alistair et il doutait qu'Abigail ne fasse preuve de davantage d'impertinence. Bien sûr, s'il lui offrait un destin tragique, il s'en garderait de le signaler également à sa progéniture mais en cet instant, la décision était encore inconstante, versatile. Il doutait très sérieusement de sa dangerosité mais elle pouvait toutefois se révéler particulièrement gênante à moins qu'il ne parvienne à lui trouver une utilité. Nullement comme employée, en revanche tant elle ne saurait se fondre et il préférerait éviter qu'elle ne fréquente à nouveau sa création, pour le moment. Pourrait-il user d'elle avec son dernier prisonnier ? Non. L'idée manquait terriblement de lyrisme. Elle avait beau être une singulière épine, elle était toutefois parvenue à obtenir son respect sur un trait. Son attachement et sa dévotion pour Jackson. La détermination était encore sur la balance et il s'en amusait avec tout le temps dont il disposait. Le cristal entre les doigts, il ne cessait de l'observer s'agiter, s'évertuer à se ressaisir, se perdre dans des palabres et tentait de se maintenir. Quelques instants plus tard, il était à nouveau derrière elle, lançant de nouveaux pions dans le jeu qu'elle ne manquait pas de rattraper. Son sourire faisait écho au sien et elle marqua un nouveau point dans la ligne de son intérêt. Peut-être parviendrait-elle à survivre finalement.
"Ca serait inutile, en effet. Et bien que Comte soit proche de la réalité, je ne suis au regret de vous annoncer que je ne suis point Dracula."
Ce qui était encore heureux tant il trouvait l'individu passablement exaspérant. Quoique, à la réflexion, Edward Cullen était indubitablement devant. Si telles étaient ses références, elle était définitivement bien loin de la vérité. La réalité n'en serait que plus amusante, d'autant qu'il savait pertinemment qu'elle en connaissait bien plus sur le sujet. La fréquentation qu'elle avait pu faire d'Abigail n'aurait pas manqué de l'informer de l'essentiel de leurs particularités, qui n'avaient, elles, rien de fictif.
"Si elles sont pertinentes, je n'ai rien contre les questions. Mais auquel cas, veillez à ne pas m'ennuyer trop rapidement."
La demande qui suivit cependant n'avait rien d'une interrogation et si elle l'interpellait, elle ne l'intéressait guère. Ses lacunes revenaient à nouveau sur le devant sans la moindre vergogne. Là. C'était exaspérant. Elle parvint néanmoins à ramener un semblant d'intrigue sur sa personne avec la fin de sa jacasserie.
"J'ai bien peur, ma chère, qu'Abigail ne m'appartienne. Je suis être d'honneur et je ne tolère guère la trahison même pour des motifs que l'on pourrait penser louables. Elle recevra donc le traitement qu'elle se savait devoir acquitter en revenant ici. Elle est revenue cependant, peut-être serais-je donc plus miséricordieux. On ne peut en dire autant de la cloaque que vous appelez Greg. Si l'humeur m'en dit, je vous ferais signe à son sujet."
Si l'expression amusée et presque détendue n'avait aucunement changé, on ne pouvait dire de même de son ton qui avait pris une teneur implacable et presque cruelle. Dans le cas où elle aurait encore le moindre doute quant au sort qu'il pourrait lui infliger, il doutait qu'elle le possède encore.
L'air épais et momentanément suffocant reprit son souffle et un sourire revint prendre naissance sur ses lèvres tandis qu'il s'appuyait sur le bureau derrière lui. Ah l'humanité et ses désagréments !
"J'ai bien peur de n'avoir que de l'alcool à vous offrir pour l'instant, Miss Johnson et je doute que cela soit bien sage. Je préférerais vous avoir parfaitement au fait de vos moyens mais je suis certain que je peux vous trouver une solution."
Sans la quitter du regard, il laissa ses doigts pianoter sur l'écran de son téléphone le temps d'une fraction de secondes.
"En attendant. Je suppose qu'il va me falloir nous offrir un certain pied d'égalité en termes d'information. Aussi, comme dit précédemment, je ne suis pas Dracula. Je ne suis pas non plus Charlemagne, ni même Lestat et encore moins Edward Cullen. Mon nom est Eliott d'Arundel et je suis le maître de ces lieux. Et vous, très chère, pour l'heure, vous êtes à moi."
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