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 [30Y] Malachi & Will #01

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Iracebeth

Iracebeth


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MessageSujet: [30Y] Malachi & Will #01   [30Y] Malachi & Will #01 EmptyLun 11 Jan - 13:26

♛ We're the masters of our own fate, we're the captains of our own souls

▼▲▼

L’amour, cette déception.
Le mariage, n’en parlons même pas.

Dix jours. Dix jours que j’ai signé les papiers de mon divorce. C’est fait. C’est officiel, je suis de nouveau célibataire et si une partie de moi en est ravie, l’autre se trouve quand même légèrement déprimée. Parce que pour elle, j’ai fait des efforts. J’ai même mis de côté mon amour pour les jeu-vidéos quand elle me l’a demandé. Parce qu’apparemment, c’est chiant d’être mariée à un gamin qui passe son temps sur sa console. C’est ses mots, pas les miens. Je revois de nouveau Birdie lever les yeux au ciel quand je lui raconte mes problèmes de couple, parce que Sofia, elle l’aimait pas et peut-être que j’aurais dû l’écouter. Peut-être que j’aurais dû suivre l’instinct de ma meilleure amie. Elle est douée pour ce genre de chose, moi les gens, j’ai jamais été le plus doué avec eux. La communication et le contact humain c’est assez emmerdant quand même. Les gens, ils finissent tous par nous décevoir, la preuve. Au début tout est beau. Tout est rose. Moi, William Dunham j’avais réussi à trouver une fille qui m’aimait pour qui j’étais ; le gros nerd qui parle toujours de dinosaures, ce mec qui passe ses soirées sur World of Warcraft, ce gamin qui achète des mois en avance son ticket de cinéma pour l’avant-première du prochain Star Wars. Au début, tout ça, ça ne la dérangeait pas. Au contraire, elle aimait bien mon côté passionné qu’elle me disait. Mais ça, c’était au début. Les premières années. Et puis il y a eu la tromperie, et moi comme un con, je lui ai tout pardonné. Je lui ai même demandé en mariage en pensant sincèrement que nous lier de la sorte nous aiderait à retrouver la flamme des débuts. Ça a été le cas. Un peu. Au début. Pas très longtemps. Mais je me suis quand même marié, parce qu’au final moi je l’aimais encore et j’avais envie de tout s’arrange entre nous. Sauf que tout a changé.  « t’es encore sur l’ordinateur ? » si j’avais gagné un dollar à chaque fois qu’elle avait prononcé cette phrase, les gars, je vous assure que je serai riche. Elle m’a demandé de délaisser ma console, alors je l’ai fait. Elle me faisait comprendre qu’elle n’était plus intéressée quand je lui parlais de mes dernières lectures paléontologiques, alors j’arrêtais de lui en parler. Maintenant je me sens con, parce qu’elle méritait pas tout ça.

Dix jours que je suis officiellement un homme libre. Vous devez penser que j’en ai profité pour sortir ? Rencontrer des femmes ? Profiter de ma toute nouvelle liberté ? Ha. Ha. Ha. Ha. Pas du tout. Je crois que j’ai une tendinite aux pouces à cause de tous les QTE des jeux auxquels j’ai joué sur la playstation. En gros, dans le langage Will, ça veut dire que je suis pas sorti de chez moi. À quoi bon, de toute façon. Je dis à tout le monde que je vais très bien et que le divorce était tellement nécessaire que je me sens plus soulagé que triste. C’est en partie vrai. Parce que ouais, il était nécessaire. Genre, vraiment. Donc oui j’en suis un peu soulagé, mais tellement triste. Mais ça j’ai osé l’avouer à personne. Pas même à Birdie, alors qu’au final je sais que je peux tout lui dire. De toute façon je la soupçonne d’être Legilimens avec moi, elle lit dans mes pensées. Ou bien une personne normale dirait qu’elle me connait par cœur, mais c’est beaucoup moins fun. Bref. Elle doit certainement savoir ou du moins, se douter que la séparation et le divorce est plus difficile que je lui dis réellement. Mais aujourd’hui, elle voulait qu’on passe la soirée ensemble mais j’ai décliné son invitation prétextant avoir un rendez-vous avec des amis pour jouer en réseau. Et si c’est quelque chose que je fais souvent – trop souvent si j’en crois les dires de ma cousine, ou bien même de mon ex-femme, du coup – ce soir c’est pas vrai. Je ressors du cinéma mon gros pot de popcorns vide. Deuxième visionnage de Rogue One et si j’ai des étoiles dans les yeux et les poils qui se redressent en me refaisant encore les meilleures scènes du film dans ma tête, c’est bien la seule chose qui me fait sourire ce soir. Dès que je sors du cinéma, je prends la direction de la plage artificielle. J’ai envie d’être dans mon coin, ce soir pour regarder le soleil se coucher. J’ai les écouteurs dans les oreilles et la plupart des personnes normales seraient en train d’écouter des chansons déprimantes histoire de bien coller avec mon mood mais moi ce soir, c’est un podcast d’une émission scientifique que j’écoute. Il y a pas mal de monde sur la plage, trop même à mon goût alors je m’en éloigne le plus possible. Moyennement motivé par l’idée de me mêler à une foule trop importante. Déjà qu’habituellement c’est pas quelque chose que j’aime, mais encore moins aujourd’hui. Je trouve un coin plus tranquille, un endroit moins fréquenté. Seules quelques personnes sont là, dont une qui ne m’est pas vraiment inconnue. « T’es plus team captain ou team iron man ? » Parce que dire bonjour avec toutes les formules de politesse comme tout le monde le fait, c’est nul. Il fallait bien que je trouve un moyen plus sympa et plus original d’entamer la conversation avec Malachi. Il va pas s’offenser, il me connait depuis assez longtemps pour savoir que je ne fais jamais comme les autres. « Non parce qu’après un énième visionnage de civil war franchement, y a pas photo. C’est Tony qui surpasse tout et puis sérieux, il est quand même beaucoup plus classe que Captain tu trouves pas ? Et puis moi je trouve ça normal que Tony lui en veuille. Il savait qui a tué ses parents et il lui a rien dit, c’pas cool de sa part. » Au cas où vous l’auriez pas compris, j’ai adoré civil war et après l’avoir vu cinq fois au cinéma, j’ai été l’acheter en dvd dès le premier jour de sa sortie. J’arrête de le faire chier avec mes conneries. Parce que je suis sûr qu’il en a strictement rien à foutre, et je m’assois à ses côtés avant d’ôter les écouteurs de mes oreilles. « Birdie m’a dit que t’étais de retour à Brisbane. Content de revenir ? » Voilà, ça c’est déjà mieux. C’est même sûrement par ça que tout le monde aurait commencé.

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Will #01   [30Y] Malachi & Will #01 EmptyJeu 14 Jan - 13:24

Déjà qu’habituellement c’est pas quelque chose que j’aime, mais encore moins aujourd’hui. Je trouve un coin plus tranquille, un endroit moins fréquenté.
« T’es plus team captain ou team iron man ? »
« Non parce qu’après un énième visionnage de civil war franchement, y a pas photo. C’est Tony qui surpasse tout et puis sérieux, il est quand même beaucoup plus classe que Captain tu trouves pas ? Et puis moi je trouve ça normal que Tony lui en veuille. Il savait qui a tué ses parents et il lui a rien dit, c’pas cool de sa part. »
Et je m’assois à ses côtés avant d’ôter les écouteurs de mes oreilles.
« Birdie m’a dit que t’étais de retour à Brisbane. Content de revenir ? »
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Will #01   [30Y] Malachi & Will #01 EmptySam 16 Jan - 11:51

L'air est opaque. Irrespirable. Les membres tremblent sans le moindre contrôle. Le regard fuit, instable. Il retient. Les cris, les gestes. Les mouvements abrupts. Il s'éloigne. Un pas après l'autre. Les silhouettes troubles se fondent dans le méandre. Indistinctes. Transparentes. Sans importance. La vue vacille. Il poursuit. La saccade a pris le souffle. Le rythme lui déplaît. Pensée furtive. Absurde. Un rire sans joie menace d'un rictus. Mais il ne naît. Il passe, il contourne. Il distingue à peine. Il ignore. Obstinément. La lumière devrait frapper mais elle est déjà sombre. Obscurcie par les nuages nocturnes, les heures diurnales approchent de leur échéance. Pour cette fois. L'air, en revanche, frappe. Il enveloppe. Il libère la cage de sa respiration qui se ralentit dans le fil des secondes. Les battement perdent de leur affection, reprennent une allure, une fluidité ordinaire. Il bat des cils. Les traces brunes se désagrègent. Il s'accroche au mur de la façade, s'appuie sans réflexion. Les iris accrochent les astres qui naissent, se réveillent lentement. Il en récite les noms dans un coin de sa tête. Comme la mélopée des notes qu'il apprend à chaque nouvelle partition. Le palpitant a réduit sa résonnance. Il y porte la main, incertain. Ses paupières s'agitent soudainement gênées. La vue vacille encore, se trouble. Mais la cause ne saisit pas que ses prunelles. Elle marque ses traits en filament irrégulier qu'il brouille d'un geste agité, d'un mouvement de phalanges frémissantes. Il sait ce qui naît, ce qui arrive. Il le sent. Il s'y refuse. Alors il repart, quitte le mur, l'enceinte des murs. Vers où ? Il l'ignore. Ses pas trouvent le sentier d'un véhicule. La main retrouve l'ancre des clés au fond d'une poche, ouvre la portière d'un claquement. Il saisit le volant, barbouille encore l'ébauche de ses sanglots et démarre sans penser.

La route tient du par cœur. Il ne s'y attache guère. Il laisse l'abîme de ses pensées se confondre sans barrière. Les réminiscences se croisent, s'extraient des souvenirs. Le sens est clair, parfois confus. Une cacophonie de sons et de couleurs. Des traits qui se changent, se mélangent. Des sourires qui naissent. Des expressions qui se noient dans le grave. Les enterrements qui s'enchainent. Valse des funérailles. La constante d'une existence étrange qui lui appartient si l'envie lui vient d'en faire fi. Jamais. Hormis maintenant, peut-être. Il n'y a rien de pire que d'enterrer les siens. Il connaît l'ambiance, les circonstances. Ils y parviennent un à un. Inattendu ou peu surprenant. Marque de l'âge ou de l'injustice d'un destin. Le précédent était le beau-frère. La détresse de son aînée le hante encore. Les mômes trop jeunes pour comprendre. A quoi ressemble une vie sans père ? Il en découvre la mesure. Il en hait chaque parcelle. Les jours ont passé mais les lieux s'emplissent encore. Encore et toujours. Affluence permanente. Etouffante. Furtivement, il se dit qu'on le cherchera peut-être. Qu'on se demandera où il est passé. Là, à la minute, il se trouve à n'en avoir que faire. Asphyxié. Il aime la foule, s'en abreuve. Mais celle-ci, il ne l'a pas réclamé. Il n'en veut pas pour ce qu'elle engendre, ce qu'elle signifie. Qu'ils partent tous, qu'ils ignorent. Qu'ils nient la réalité. Elle prend ses doigts. Il les serre. Nerveusement. Il sent les remous s'accélérer. Il ne sait pas où il se trouve. Aucune importance. Il suit le premier panneau, grave ses yeux sur la route pour leur éviter de s'immerger. Une vibration soudaine contre ses côtes, peu naturelle. Il est distrait. Il claque des paupières, laisse sa main rejoindre l'origine. Il sort l'appareil de sa poche intérieure et y suspend son regard une seconde. Un rictus nerveux. Il balance l'objet sur le siège passager. Sienna. L'ex-femme. Il n'a pas envie de lui parler. Que fait-elle là encore ? Il l'ignore. Il la pensait évaporée après la cérémonie. Une part de lui a apprécie qu'elle vienne. Une autre aurait préféré qu'elle s'abstienne. Il a saisi les regards de la mère. Il n'aurait pas du céder. Il n'en sait rien. Elle n'était pas là. Il était loin. Loin d'eux, loin d'elle. Elle n'a jamais vu. Elle n'a jamais su. Et il n'a jamais eu l'indécence de lui en parler. Il ne le fera pas davantage à présent. Alors qu'elle s'apparente à une ombre, une pâle figure désemparée. Elle tient les apparences. Mais il la connaît. Elle porte bien le masque. Comme elle leur a appris. Mais le sien se flétrit, menace de s'effondrer. Combien de temps avant qu'elle ne cède ? Qu'elle ne chute elle au sens figuré ? L'idée l'effraie. Epeurante. La mère ne peut basculer. La cage s'oppresse encore. Les battements sporadiques. Il ne va pas continuer. Il se ressaisit, observe les alentours. Il approche de la côte. Il suit les kilomètres qui manquent, que la nuit a embrasé. Dés l'arrêt, il quitte l'habitacle. L'air marin prend vie contre ses pores, dans ses poumons atrophiés. Il s'appuie contre le capot une seconde, laisse la vie naître à ses oreilles. Les échos des voix, les vivacités de la foule. Les rires, les éclats. Les intonations qui s'envolent. Il réalise qu'il a fait la route en silence. A quoi pensait-il ? A rien. A tout. Justement. A trop. Il se relève. Il prend la direction de la plage mais évite obstinément les cohues. Le bruit du large suffit. Harmonieux. Incontrôlable mais régulier. Parfait. Il s'arrête finalement, s'assoie à même le sable. Les genoux entre ses bras. Il s'abandonne au lieu, aux nuances dans le silence qui n'existe plus, brouillé. Ses pensées rejoignent le creux des vagues, le flot a quitté l'ancre de ses traits. Il clôt le regard. Il faut qu'il se reprenne. Le masque se revêt. L'expression sereine ne trahit rien des errances de son esprit. Cette panique l'effraie, cette angoisse. Elle n'est pas sienne. Il ne sait quoi en faire. Il faut qu'elle cesse, qu'il l'arrête avant qu'elle ne se niche. Qu'elle ne le paralyse. Il ne peut être paralysé. En camisole de lui-même. Prisonnier d'un corps qu'il ne peut maîtriser. Il ne peut perdre cette retenue, ce contrôle sur ce qu'il est, fait. La précision naît de cette perfection. Il ne peut la dévoyer. Elle est ce qu'il reste. Il a perdu celui qui venait l'observer. La commenter avec une pensée experte. Parce qu'il a essayé. Parce qu'il le voulait. Le seul juge qui importe. La seule voix qui a de l'intérêt. L'acmé ne sera plus suivi que par le tacet. Et il en abhorre la perspective. Il s'absorbe dans l'observation de ses mains, dans l'écoute des murmures sans nom, dans les courbures de ses réflexions qui s'alternent entre les désespérances. Il ne prête pas attention à la silhouette qui s'approche, à son propriétaire. Sans doute un simple passage. Un autre errant dans la nuit australe. Pourtant une voix l'accroche. Et l'interrogation détonne tant avec sa réflexion qu'il se trouve à froncer son expression. Mais la voix poursuit. Il la connaît d'une période presque antédiluvienne qu'il n'arrive pas à accrocher au contexte qui est. Il l'écoute cependant, boit les paroles qui se déclament avec une conviction inattendue. Du moins devrait-elle l'être. Que sait il de la certitude désormais ? Le causeur s'assoit à côté de lui et il se demande presque s'il ne devrait pas chercher une autre tête blonde quand celui-ci parle à nouveau. De la tête blonde en question. Il ne sait plus de quand date la dernière fois qu'il a croisé cet acolyte. Will. L'inséparable. Le débiteur de mots passionné qui pourrait presque faire rougir les Cadburry. Presque. L'acabit est similaire. En d'autres temps, il se serait autorisé un sourire. Mais la réponse serait un mensonge. Une expression sans joie. Son tourbillon a parlé. Mais pas assez. La pensée est absurde. Tout semble l'être dans ce foutu présent. Il détourne ses prunelles, parle d'une voix sourde, grave à ses tympans, éraflée. "J'en déduis qu'elle a omis de te dire pourquoi j'étais rentré." Un regard à ses poignets. Vers l'horizon. "On a enterré le père cette semaine." Enterré. Non, il n'est pas perdu. Ni mort. Ni disparu. Ni évaporé. Enterré. Ce n'est qu'un corps, pas un être. Pas une réalité. Des paupières qui se serrent. Il les méprise. Il cherche un détour à la pensée. Tout. N'importe quoi. "Mais toi, comment tu vas ?" Un sourire presque. Une expression qui se tourne vers lui. Parle s'il te plaît. De tout. De n'importe quoi. De rien. D'absurde encore. Noie le silence. Noie le vrai. Lance toi dans le moindre truc qui t'intéresse. Ramène-moi vers ce putain de passé. Celui des mômes. Des idées folles. Des vies légères. Des éclats oubliés.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Will #01   [30Y] Malachi & Will #01 EmptySam 16 Jan - 12:38


     

 We're the masters of our own fate,
we're the captains of our own souls
@"Will Dunham"
L'air est opaque. Irrespirable. Les membres tremblent sans le moindre contrôle. Le regard fuit, instable. Il retient. Les cris, les gestes. Les mouvements abrupts. Il s'éloigne. Un pas après l'autre. Les silhouettes troubles se fondent dans le méandre. Indistinctes. Transparentes. Sans importance. La vue vacille. Il poursuit. La saccade a pris le souffle. Le rythme lui déplaît. Pensée furtive. Absurde. Un rire sans joie menace d'un rictus. Mais il ne naît. Il passe, il contourne. Il distingue à peine. Il ignore. Obstinément. La lumière devrait frapper mais elle est déjà sombre. Obscurcie par les nuages nocturnes, les heures diurnales approchent de leur échéance. Pour cette fois. L'air, en revanche, frappe. Il enveloppe. Il libère la cage de sa respiration qui se ralentit dans le fil des secondes. Les battement perdent de leur affection, reprennent une allure, une fluidité ordinaire. Il bat des cils. Les traces brunes se désagrègent. Il s'accroche au mur de la façade, s'appuie sans réflexion. Les iris accrochent les astres qui naissent, se réveillent lentement. Il en récite les noms dans un coin de sa tête. Comme la mélopée des notes qu'il apprend à chaque nouvelle partition. Le palpitant a réduit sa résonnance. Il y porte la main, incertain. Ses paupières s'agitent soudainement gênées. La vue vacille encore, se trouble. Mais la cause ne saisit pas que ses prunelles. Elle marque ses traits en filament irrégulier qu'il brouille d'un geste agité, d'un mouvement de phalanges frémissantes. Il sait ce qui naît, ce qui arrive. Il le sent. Il s'y refuse. Alors il repart, quitte le mur, l'enceinte des lieux. Vers où ? Il l'ignore. Ses pas trouvent le sentier d'un véhicule. La main retrouve l'ancre des clés au fond d'une poche et ouvre la portière d'un claquement. Il saisit le volant, barbouille encore l'ébauche de ses sanglots et démarre sans penser.

La route tient du par cœur. Il ne s'y attache guère. Il laisse l'abîme de ses pensées se confondre sans barrière. Et les réminiscences se croisent, s'extraient des souvenirs. Le sens est clair, parfois confus. Une cacophonie de sons et de couleurs. Des traits qui se changent, se mélangent. Des sourires qui naissent. Des expressions qui se noient dans le grave. Les enterrements qui s'enchainent. Valse des funérailles. La constante d'une existence étrange qui lui appartient si l'envie lui vient d'en faire fi. Jamais. Hormis maintenant, peut-être. Il n'y a rien de pire que d'enterrer les siens. Il connaît l'ambiance, les circonstances. Ils y parviennent un à un. Inattendu ou peu surprenant. Marque de l'âge ou de l'injustice d'un destin. Le précédent était le beau-frère. La détresse de son aînée le hante encore. Les mômes trop jeunes pour comprendre. A quoi ressemble une vie sans père ? Il en découvre la mesure. Il en hait chaque parcelle. Les jours ont passé mais les lieux s'emplissent encore. Encore et toujours. Affluence permanente. Etouffante. Furtivement, il se dit qu'on le cherchera peut-être. Qu'on se demandera où il est passé. Là, à la minute, il se trouve à n'en avoir que faire. Asphyxié. Il aime la foule, s'en abreuve. Mais celle-ci, il ne l'a pas réclamée. Il n'en veut pas pour ce qu'elle engendre, ce qu'elle signifie. Qu'ils partent tous, qu'ils ignorent. Qu'ils nient la réalité. Elle prend ses doigts. Il les serre. Nerveusement. Il sent les remous s'accélérer. Il ne sait pas où il se trouve. Aucune importance. Il suit le premier panneau, grave ses yeux sur la route pour leur éviter de s'immerger. Une vibration soudaine contre ses côtes, peu naturelle. Il est distrait. Il claque des paupières, laisse sa main rejoindre l'origine. Il sort l'appareil de sa poche intérieure et y suspend son regard une seconde. Un rictus nerveux. Il balance l'objet sur le siège passager. Sienna. L'ex-femme. Il n'a pas envie de lui parler. Que fait-elle là encore ? Il l'ignore. Il la pensait évaporée après la cérémonie. Une part de lui a apprécié qu'elle vienne. Une autre aurait préféré qu'elle s'abstienne. Il a saisi les regards de la mère. Il n'aurait pas du céder. Elle n'en sait rien. Elle n'était pas là. Il était loin. Loin d'eux, loin d'elle. Elle n'a jamais vu. Elle n'a jamais su. Et il n'a jamais eu l'indécence de lui en parler. Il ne le fera pas davantage à présent alors qu'elle s'apparente à une ombre, une pâle figure désemparée. Elle tient les apparences. Mais il la connaît. Elle porte bien le masque. Comme elle leur a appris. Mais le sien se flétrit, menace de s'effondrer. Combien de temps avant qu'elle ne cède ? Qu'elle ne chute elle au sens figuré ? L'idée l'effraie. Epeurante. La mère ne peut basculer. La cage s'oppresse encore. Les battements sporadiques. Il ne va pas continuer. Il se ressaisit, observe les alentours. Il approche de la côte. Il suit les kilomètres qui manquent, que la nuit a embrasé.

Dés l'arrêt, il quitte l'habitacle. L'air marin prend vie contre ses pores, dans ses poumons atrophiés. Il s'appuie contre le capot une seconde, laisse la vie naître à ses oreilles. Les échos des voix, les vivacités de la foule. Les rires, les éclats. Les intonations qui s'envolent. Il réalise qu'il a fait la route en silence. A quoi pensait-il ? A rien. A tout. Justement. A trop. Il se relève. Il prend la direction de la plage mais évite obstinément les cohues. Le bruit du large suffit. Harmonieux. Incontrôlable mais régulier. Parfait. Il s'arrête finalement, s'assoie à même le sable. Les genoux entre ses bras. Il s'abandonne au lieu, aux nuances dans le silence qui n'existe plus, brouillé. Ses pensées rejoignent le creux des vagues, le flot a quitté l'ancre de ses traits. Il clôt le regard. Il faut qu'il se reprenne. Le masque se revêt. L'expression sereine ne trahit rien des errances de son esprit. Cette panique l'effraie, cette angoisse. Elle n'est pas sienne. Il ne sait quoi en faire. Il faut qu'elle cesse, qu'il l'arrête avant qu'elle ne se niche. Qu'elle ne le paralyse. Il ne peut être paralysé. En camisole de lui-même. Prisonnier d'un corps qu'il ne peut maîtriser. Il ne peut perdre cette retenue, ce contrôle sur ce qu'il est, fait. La précision naît de cette perfection. Il ne peut la dévoyer. Elle est ce qu'il reste. Il a perdu celui qui venait l'observer. La commenter avec une pensée experte. Parce qu'il a essayé. Parce qu'il le voulait. Le seul juge qui importe. La seule voix qui a de l'intérêt. L'acmé ne sera plus suivi que par le tacet. Et il en abhorre la perspective.
Il s'absorbe dans l'observation de ses mains, dans l'écoute des murmures sans nom, dans les courbures de ses réflexions qui s'alternent entre les désespérances. Il ne prête pas attention à la silhouette qui s'approche, à son propriétaire. Sans doute un simple passage. Un autre errant dans la nuit australe. Pourtant une voix l'accroche. Et l'interrogation détonne tant avec sa réflexion qu'il se trouve à froncer son expression. Mais la voix poursuit. Il la connaît d'une période presque antédiluvienne qu'il n'arrive pas à accrocher au contexte qui est. Il l'écoute cependant, boit les paroles qui se déclament avec une conviction inattendue. Du moins devrait-elle l'être. Que sait il de la certitude désormais ? Le causeur s'assoit à côté de lui et il se demande presque s'il ne devrait pas chercher une autre tête blonde quand celui-ci parle à nouveau. De la tête blonde en question. Il ne sait plus de quand date la dernière fois qu'il a croisé cet acolyte. Will. L'inséparable. Le débiteur de mots passionné qui pourrait presque faire rougir les Cadburry. Presque. L'acabit est similaire. En d'autres temps, il se serait autorisé un sourire. Mais la réponse serait un mensonge. Une expression sans joie. Son tourbillon a parlé. Mais pas assez. La pensée est absurde. Tout semble l'être dans ce foutu présent. Il détourne ses prunelles, parle d'une voix sourde, grave à ses tympans, éraflée. "J'en déduis qu'elle a omis de te dire pourquoi j'étais rentré." Un regard à ses poignets. Vers l'horizon. "On a enterré le père cette semaine." Enterré. Non, il n'est pas perdu. Ni mort. Ni disparu. Ni évaporé. Enterré. Ce n'est qu'un corps, pas un être. Pas une réalité. Des paupières qui se serrent. Il les méprise. Il cherche un détour à la pensée. Tout. N'importe quoi. "Mais toi, comment tu vas ?" Un sourire presque. Une expression qui se tourne vers lui. Parle s'il te plaît. De tout. De n'importe quoi. De rien. D'absurde encore. Noie le silence. Noie le vrai. Lance toi dans le moindre truc qui t'intéresse. Ramène-moi vers ce putain de passé. Celui des mômes. Des idées folles. Des vies légères. Des éclats oubliés.

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Will #01   [30Y] Malachi & Will #01 EmptySam 20 Fév - 8:47

♛ We're the masters of our own fate, we're the captains of our own souls

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Vous voyez quand, dans Harry Potter et les reliques de la mort, Voldemort demande à Lucius comment fait-il pour se supporter ? Je me pose souvent cette question. Sérieux, je me demande vraiment comment je fais pour vivre avec moi-même depuis tout ce temps. Comment mes parents ont fait pour me supporter pendant toute mon enfance ? Pas que j’étais un gamin perturbé, chiant ou turbulent. J’étais assez calme. Enfin calme, je pense que ça dépend carrément du point de vue. Je ne posais pas problème, disons. Mais sinon j’ai toujours eu ce besoin constant de tout le temps être en mouvement – quand je suis pas sur la console. – Je fais des conneries, des maladresses toujours sans le vouloir. Je suis, ce qu’on peut appeler, un boulet. Un véritable boulet et au final je l’assume. Peut-être que c’est pour ça que mon ex a voulu divorcer. Pour ça mais pas que, en fait. Je suis un  gamin, boulet, obsédé par les dinosaures qui ne veut pas de gosses. C’est incompatible avec une femme qui veut fonder une famille, faut croire. Je sais qu’elle avait raison en me demandant le divorce, elle avait toutes les raisons de ne plus vouloir rester mariée avec moi. Mais pourtant, moi, il y avait toujours une petite partie qui pensais qu’on aurait pu tout faire pour que ça fonctionne entre elle et moi. Sauf qu’on était sûrement une cause perdue. Les raisons du mariage n’étaient déjà pas les bonnes ; une tromperie et comme une ultime tentative de raviver la flamme une demande en mariage. C’est con. C’est même ultra con. Et c’est même ce que Birdie s’est tuée à me dire quand elle a finalement appris pourquoi j’avais décidé de me marier, sauf qu’elle n’a pas le droit de critiquer cette décision puisqu’elle n’était pas là à ce moment-là. Elle était partie. Disparue. Évaporée dans la nature pendant deux, et il faut croire que sans mon astre solaire, je suis perdu, je prends des décisions plus que douteuses. Parce que maintenant, avec un peu de recul, sérieusement, une demande en mariage c’était complètement con et j’aurais pu m’en douter. Sauf que je n’ai jamais été très doué dans les relations humaines et je pense qu’avec toutes ces informations on en a la preuve ultime. Ça craint. Tout ça, ça craint. Le mariage, ça craint. L’amour c’est nul et je commence même à me demander si ça existe vraiment. C’est que des conneries de toute façon. Je suis bien mieux avec mon podcast de l’émission scientifique qui résonne dans mes oreilles. Bien mieux quand je passe mes journées, affalé sur le canapé comme le loser que je suis, une manette de console à la main. Au point où j’en suis, de toute façon. Foutu pour foutu, pas vrai ?

C’est comme ça que je vois les choses et pourtant à la base, je suis pas le plus pessimiste, au contraire. Mais Sofia, elle, elle n’aura aucun mal à retrouver quelqu’un d’autre, c’est une belle femme et il faudrait être con pour la laisser filer. Aussi con que moi. Donc ça doit pas courir les rues, franchement. Au lieu de rester seul aujourd’hui j’aurais pu passer la journée avec Birdie. Peut-être que j’aurais dû mais je ne l’ai pas fait. Parce qu’il y a toujours cette toute petite partie de moi qui lui en veut et qui pense très sincèrement qu’elle aurait pu m’empêcher de faire cette connerie de passer la bague au doigt à une femme qui, déjà même avant le mariage avait été voir ailleurs. C’était foutu d’avance nous deux, mais j’ai voulu nous laisser une dernière chance et je me suis retrouvé comme le dernier des cons. C’est peut-être à moi-même que j’en veux plus qu’à ma meilleure amie. Au fond elle y peut rien, elle, je le sais. Mais si j’avais passé la journée avec elle je ne serais sûrement pas là, ce soir. Sur la plage, avançant vers Malachi. Lui aussi il est perdu dans ses pensées je le vois, mais au lieu de le laisser tranquille, je l’accoste. "J'en déduis qu'elle a omis de te dire pourquoi j'étais rentré." Non, elle ne m’a rien dit. Ou bien peut-être que je l’écoutais à moitié, ça aussi c’est possible. Ça m’arrive de temps en temps, surtout en ce moment. "On a enterré le père cette semaine." Voilà pourquoi je me demande toujours comment je fais pour vivre avec moi-même. Je suis actuellement en train de songer à me faire tatouer ’boulet, pour votre propre santé mentale, veuillez faire attention à cet individu’ Installé à ses côtés je grimace, réalisant la belle – horrible – gaffe que je viens de faire, repliant mes genoux contre mon torse. « Voilà pourquoi on me dit souvent de pas trop parler aux gens. » Un ton ironique, du second degré, de l’ironie sûrement pour un peu cacher le malaise que je ressens là, maintenant, tout de suite. J’ai souvent l’impression d’être comme un mélange entre Ross Geller et ses anecdotes dont tout le monde se fout, et Chandler Bing et ses gaffes monumentales. Je viens encore de le prouver. Dorénavant je me promets de réfléchir à tout ce que je vais lui dire. « Désolé, vraiment. Ça doit pas être facile. » Et le truc c’est que j’imagine pas vraiment ce qu’il ressent parce que j’ai la chance d’avoir encore mes deux parents, moi. "Mais toi, comment tu vas ?"  Moi mes parents sont encore en vie, j’ai pas vraiment de quoi me plaindre. Et si habituellement j’aurais été plein d’énergie, j’aurais sûrement essayé de lui changer les idées avec mes conneries habituelles mais je ne suis pas sûr d’en avoir la force. Aujourd’hui, j’ai pas vraiment envie de faire comme si tout allait bien alors que c’est loin d’être le cas. J’hausse les épaules et avant de répondre je prends une grande inspiration. « Officiellement divorcé. » Et même si c’était inévitable, même si c’était nécessaire, ça ne rend pas la situation moins difficile. « Mais sinon ça va super. » Vous sentez l’ironie ?

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Will #01   [30Y] Malachi & Will #01 EmptyMer 11 Aoû - 18:32

L'empreinte du vide. Celle des mots qui résonnent, des paroles qui vrillent. De ces échos que l'on entraine comme des flots diluviens. L'empreinte des heures. Des nuits qui passent. Qui lasses, s'évaporent à la faveur des ombres éparses. Le temps est morne, indélébile. Il brille de couleur pâle, teinté de la lueur des lampadaires grésillants. L'âpre des affres éthanolés amène entre les âmes en furtives images irréelles. Sa silhouette patiente. La montée des minutes. Sa voix s'évoque entre deux mirages. L'impression reste. Elle se grave. Elle se taille au pilon, prise dans le marbre. Les mots se retiennent. Au travers de la gorge. Les paroles qui se formulent sont vides. Sans intérêt. De la conversation sans motif. Juste dénuée. L'étouffement rejoint l'impression.
Il fuit. Il s'éloigne sans pensée, sans regard en arrière. L'instinct le guide vers l'inconstance des eaux. Il s'y arrête, s'abreuve du silence. Du déni qui gravite, qu'il ne demande qu'à embrasser. Ce pan de son existence ne l'intéresse pas. Ou est le temps qu'on lui a volé ? Ou sont les années qui restent ? Les mois à espérer. La fureur menace d'accrocher ses veines. Une voix interrompt l'écho de ses pensées. Le discours est presque absurde tant il est déconnecté. Déconnecté de l'instant, de la forme de ses réflexions. L'idée est familière. Plus encore qu'il ne l'aurait pensé. Une silhouette le rejoint sur le sable. Connue. Lointaine. Quand tout a-t-il autant changé ? Il l'évoque, elle. Elle qui s'est tue sans se taire. Plus touchée peut-être que les apparences ne le montrent. C'est sans doute vrai. Il n'en serait pas étonné. Sa voix sourde énonce une réponse. Un euphémisme. Loin de la matérialité. L'autre menace de créer un nouveau sourire. En d'autres temps, en d'autres lieux, peut-être serait-il né. Mais pas ici, pas en cette nuit qui s'invente. Son corps est d'une fébrilité, d'une fragilité étrangère. Son esprit s'en arrache, défait. De pas trop parler aux gens. Il ne demanderait que ça en l'instant. La voix pour noyer le silence, la voix pour immerger le fait. Les pensées qui s'entremêlent et qui enserrent ses pores. Facile. Non. Jamais. Il baisse encore les traits. Les prunelles fixes sont sur ses phalanges. Il devrait les jouer à en perdre raison. Comme la dernière fois. Il se rattache. A quoi ? Les premiers mots qui viennent. Qu'importe la cohérence. Il ne lui tiendra pas rigueur. "On s'habitue à enterrer des inconnus, même des connaissances. J'ai connu ça tous les jours. Pendant des années. D'aussi loin que je m'en souvienne. Mais on s'habitue pas à être de l'autre côté. A être eux. Ceux qui perdent." On s'y habitue jamais. Le pire est fait. Peut-être. En théorie. Il reste encore une. L'ombre qui se maintient digne, la statue érigée. Elle maintient l'illusion, l'image. A deux doigts de s'effondrer. Il le sait. Comme eux. Comme ils sont. Doués pour prétendre, pour garder la distance. Pour laisser transparaître la compassion sans y laisser le reste. Doués pour être sans s'effriter. Mais derrière les murs, le silence demeure. Elle se noie dans les paroles saintes. Il s'imprègne dans les notes. Et le lendemain est une ritournelle. Mais pas cette fois. Il doute. Doute encore. Il s'égare. Se détourne. Se retourne vers lui. Parle. Parle encore. La question demande. Elle est suivie d'une inspiration. Officiellement divorcé. Sa réponse vrille sans concentration. "Alors on est deux." Il tente de la ramener en mémoire, celle qu'il avait épousée. Sofia. Oui, il croit. Combien de temps cela a-t-il duré ? Il s'en souviendrait sans les encombres. Il s'en rappellerait s'il pouvait penser. Ca va super. Le déni possède encore des beaux horizons. Il sait qu'il est trop tôt. Ou projette-t-il. Il n'en sait rien. Il est peu qu'il sache toujours. Le sens manque cruellement. Pourtant, il demande. "Vraiment ?" Le murmure s'élève à peine. Plus haut que les ressacs. Il sait. L'empreinte de ses yeux se souvient de la silhouette qui s'éloigne, ses tympans, de la voix qui monte, qui s'écorche. Qui abîme de paroles fausses des secondes insignifiantes. Elle est venue. Il l'a ignorée. Il n'ignore pas celui qui est, qui prétend comme lui s'illusionne. Comme lui aimerait croire que le lendemain, ça ira. Non, l'aurore sera vide. Dissociée. Il s'abreuvera du déni, de l'insouciance. La réalité est factice. Elle ne peut être autrement. Sinon c'est la tentation qui s'agite. Celle d'avancer dans les flots pour s'y immerger et ne jamais remonter. Il chasse. Il triture ses phalanges. Le déni, la distance. L'autre. Celui qui attend. Qui est trop silencieux pour prétendre. Deux figures rafistolées. "C'est douloureux même quand ça menace. Ca reste un vide. Une vision qui s'éteint." Qu'est-ce qu'il palabre ? J'aurais du emporter une bouteille. Peut-être. Sans doute. Furtif. Il relève la vue vers l'horizon. J'aurais du. Les mille s'accumulent. Les regrets pourraient naître. Inutiles. Illusoires. Comme cette chimère qui est.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Will #01   [30Y] Malachi & Will #01 EmptyMar 11 Jan - 19:45


     

 We're the masters of our own fate,
we're the captains of our own souls
@"Will Dunham"
L'empreinte du vide. Celle des mots qui résonnent, des paroles qui vrillent. De ces échos que l'on entraine comme des flots diluviens. L'empreinte des heures. Des nuits qui passent. Qui lasses, s'évaporent à la faveur des ombres éparses. Le temps est morne, indélébile. Il brille de couleur pâle, teinté de la lueur des lampadaires grésillants. L'âpre des affres éthanolés amène entre les âmes en furtives images irréelles. Sa silhouette patiente. La montée des minutes. Sa voix s'évoque entre deux mirages. L'impression reste. Elle se grave. Elle se taille au pilon, prise dans le marbre. Les mots se retiennent. Au travers de la gorge. Les paroles qui se formulent sont vides. Sans intérêt. De la conversation sans motif. Juste dénuée. L'étouffement rejoint l'impression.

Il fuit. Il s'éloigne sans pensée, sans regard en arrière. L'instinct le guide vers l'inconstance des eaux. Il s'y arrête, s'abreuve du silence. Du déni qui gravite, qu'il ne demande qu'à embrasser. Ce pan de son existence ne l'intéresse pas. Ou est le temps qu'on lui a volé ? Ou sont les années qui restent ? Les mois à espérer. La fureur menace d'accrocher ses veines. Une voix interrompt l'écho de ses pensées. Le discours est presque absurde tant il est déconnecté. Déconnecté de l'instant, de la forme de ses réflexions. L'idée est familière. Plus encore qu'il ne l'aurait pensé. Une silhouette le rejoint sur le sable. Connue. Lointaine. Quand tout a-t-il autant changé ? Il l'évoque, elle. Elle qui s'est tue sans se taire. Plus touchée peut-être que les apparences ne le montrent. C'est sans doute vrai. Il n'en serait pas étonné. Sa voix sourde énonce une réponse. Un euphémisme. Loin de la matérialité. L'autre menace de créer un nouveau sourire. En d'autres temps, en d'autres lieux, peut-être serait-il né. Mais pas ici, pas en cette nuit qui s'invente. Son corps est d'une fébrilité, d'une fragilité étrangère. Son esprit s'en arrache, défait. De pas trop parler aux gens. Il ne demanderait que ça en l'instant. La voix pour noyer le silence, la voix pour immerger le fait. Les pensées qui s'entremêlent et qui enserrent ses pores. Facile. Non. Jamais. Il baisse encore les traits. Les prunelles fixes sont sur ses phalanges. Il devrait les jouer à en perdre raison. Comme la dernière fois. Il se rattache. A quoi ? Les premiers mots qui viennent. Qu'importe la cohérence. Il ne lui tiendra pas rigueur. "On s'habitue à enterrer des inconnus, même des connaissances. J'ai connu ça tous les jours. Pendant des années. D'aussi loin que je m'en souvienne. Mais on s'habitue pas à être de l'autre côté. A être eux. Ceux qui perdent." On s'y habitue jamais. Le pire est fait. Peut-être. En théorie. Il reste encore une. L'ombre qui se maintient digne, la statue érigée. Elle maintient l'illusion, l'image. A deux doigts de s'effondrer. Il le sait. Comme eux. Comme ils sont. Doués pour prétendre, pour garder la distance. Pour laisser transparaître la compassion sans y laisser le reste. Doués pour être sans s'effriter. Mais derrière les murs, le silence demeure. Elle se noie dans les paroles saintes. Il s'imprègne dans les notes. Et le lendemain est une ritournelle. Mais pas cette fois. Il doute. Doute encore. Il s'égare. Se détourne. Se retourne vers lui. Parle. Parle encore. La question demande. Elle est suivie d'une inspiration. Officiellement divorcé. Sa réponse vrille sans concentration. "Alors on est deux." Il tente de la ramener en mémoire, celle qu'il avait épousée. Sofia. Oui, il croit. Combien de temps cela a-t-il duré ? Il s'en souviendrait sans les encombres. Il s'en rappellerait s'il pouvait penser. Ca va super. Le déni possède encore des beaux horizons. Il sait qu'il est trop tôt. Ou projette-t-il. Il n'en sait rien. Il est peu qu'il sache toujours. Le sens manque cruellement. Pourtant, il demande. "Vraiment ?" Le murmure s'élève à peine. Plus haut que les ressacs. Il sait. L'empreinte de ses yeux se souvient de la silhouette qui s'éloigne, ses tympans, de la voix qui monte, qui s'écorche. Qui abîme de paroles fausses des secondes insignifiantes. Elle est venue. Il l'a ignorée. Il n'ignore pas celui qui est, qui prétend comme lui s'illusionne. Comme lui aimerait croire que le lendemain, ça ira. Non, l'aurore sera vide. Dissociée. Il s'abreuvera du déni, de l'insouciance. La réalité est factice. Elle ne peut être autrement. Sinon c'est la tentation qui s'agite. Celle d'avancer dans les flots pour s'y immerger et ne jamais remonter. Il chasse. Il triture ses phalanges. Le déni, la distance. L'autre. Celui qui attend. Qui est trop silencieux pour prétendre. Deux figures rafistolées. "C'est douloureux même quand ça menace. Ca reste un vide. Une vision qui s'éteint." Qu'est-ce qu'il palabre ? J'aurais du emporter une bouteille. Peut-être. Sans doute. Furtif. Il relève la vue vers l'horizon. J'aurais du. Les mille s'accumulent. Les regrets pourraient naître. Inutiles. Illusoires. Comme cette chimère qui est.[/

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Will #01   [30Y] Malachi & Will #01 EmptySam 19 Mar - 14:14

♛ We're the masters of our own fate, we're the captains of our own souls

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William Dunham, ou l’homme le plus doué pour poser les questions qui ne faut pas. Pour ta défense tu ne pouvais pas deviner que Malachi a enterré son père cette semaine, t’en avais pas la moindre idée. Au moins pour une fois ton humeur ne sera pas en total décalage avec ton interlocuteur. C’est rare, mais tu n’as pas vraiment le moral aujourd’hui. Ton esprit se perd dans tout un tas d’idées, de regrets, de déceptions et d’incompréhension. Tu n’es plus un homme marié bien que tu n’aies pas encore retiré ton alliance qui habille ton annulaire gauche. Pourtant tu n’es plus amoureux. Plus vraiment. Encore attaché à Sofia, à ta femme. Ou plutôt ton ex-femme. Vous avez été heureux pendant un moment et même qu’elle parvenait à te faire un peu sortir de ta caverne. Sauf que toutes les bonnes choses ont une fin. Des regrets, tu en as beaucoup, mais il est encore bien trop tôt pour que tu t’en rendes compte et pour que tu acceptes ta part de responsabilité dans l’énorme fail qu’a été ton mariage. Tu te vois comme une victime, un cocu, un homme qui a été trompé deux fois par sa femme. C’est dur, ton égo en prend un coup quand même mais tu gardes en général ton sourire et tes blagues pourries pour éviter de montrer ô combien cette situation peut t’affecter. Il n’y a pas grand monde qui sait pourquoi Sofia et toi avaient décidé de divorcer. Birdie, ta meilleure amie, ton acolyte, ta moitié, ton autre toi, ta sœur jumelle, elle est au courant. Tu ne te voyais pas lui cacher quoi que ce soit. C’est aussi surtout parce qu’elle te connait assez pour savoir quand tu lui mens, ou bien quand tu omets certains détails de ta vie. Même Adèle, ta cousine ne connait pas la version officielle de l’histoire. Ça n’allait plus, on se disputait tout le temps, on n’était plus amoureux. Et si ce dernier point reste vrai tout le reste n’est pas forcément vrai.

Malachi a enterré son père, lui non plus il ne nage pas dans le bonheur. T’as envie de lui faire un high five et lui dire qu’au moins vous êtes tous les deux dans la même galère ce soir. Sauf que pas vraiment. Donc ferme-la, William. "On s'habitue à enterrer des inconnus, même des connaissances. J'ai connu ça tous les jours. Pendant des années. D'aussi loin que je m'en souvienne. Mais on s'habitue pas à être de l'autre côté. A être eux. Ceux qui perdent." Il y a bien un point sur lequel tu sais que tu es chanceux, c’est celui-là. T’as jamais vraiment perdu quelqu’un de proche, tu ne peux pas comprendre Malachi. Alors tu ne peux pas lui dire que tu le comprends tout en lui tapotant le dos, ça serait un gros mensonge parce que tu n’as pas la moindre idée de ce qu’il est en train de vivre en ce moment. "Alors on est deux." Tu te souviens qu’il a été marié lui aussi, tu ne te rappelles plus du nom de son ancienne épouse tu te sais plus non plus combien de temps ça a duré mais est-ce que c’est si important que ça ? La chose dont tu es sûr c’est qu’au moins il peut comprendre ce que tu ressens. « Pourquoi tu as divorcé ? » Une question peut-être un peu intime et un peu trop personnelle mais tu la poses quand même. Parce que tu as peu de retenue et que même si Malachi et toi n’êtes pas les plus grands amis qui puissent exister, vous vous connaissez depuis suffisamment longtemps pour ce genre de question. "Vraiment ?" Tu hoches la tête de haut en bas alors que tu joues avec ton alliance – qu’il serait d’ailleurs grand temps de retirer – « ouais   tu commences, tu laisses quelques secondes de blanc et tu reprends vite , imagine, elle a refusé de regarder la version longue du seigneur de anneaux. » Tu fais un mouvement de la main. C’est pas vrai, tu l’as bien forcé à regarder ces films qui durent tous minimum trois heures. Mais ce motif de divorce est bien plus drôle que le vrai. "C'est douloureux même quand ça menace. Ca reste un vide. Une vision qui s'éteint." Le vide tu le sens déjà un peu. Tu te sens un peu minable quand même, mais le vol en éclat de votre relation, tu en es coupable toi aussi Will. « Je crois qu’il était temps que ça se finisse. » Vous vous êtes voilés la face déjà beaucoup trop longtemps, Sofia et toi. Tu te pinces les lèvres tout en relevant le regard pour fixer le vide. « Tu étais proche de ton père ? » Tu aimes bien parler de toi, sauf que là tu préfères éviter le sujet. Aborder le deuil et la douleur de l’Italien et oublier tout ce que tu ressens toi.

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