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 [30Y] Malachi & Timothy #01

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Iracebeth

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MessageSujet: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyLun 30 Mar - 17:31

Il avait pris le temps pour proposer une composition jolie comme tout et rien n'avait été laissé au hasard, jamais avec Timothy. Il était très sérieux dans son art, même si c'était quelque chose qui dépassait le commun des mortels. Aimer les fleurs, un art? Créer des parterres florales, vraiment? Il n'écoutait pas les dires des sceptiques, préférant se laisser à corps perdu dans ce qu'il aimait faire, un luxe qui s'autorisait depuis qu'il avait décidé de ne pas reprendre les armes, pas la décision la plus facile à prendre pour lui qui avait mis sa vie toute entière en suspens pour s'engager dans une cause plus grande que lui. Tim n'était pas un soldat, il ne l'avait jamais été, même si on l'avait félicité pour sa volonté lors de ces deux mois de formation à Kapooka. Il avait tout appris là bas, à la dure et on ne pouvait pas dire qu'il regrettait: c'était ce qui l'avait forgé, ce qui l'avait fait grandir et un homme comme lui avait vraiment eu besoin de ce changement pour se sentir plus à l'aise dans sa peau. La lutte avait été acharnée mais aujourd'hui, Decastel comprenait bien mieux la personne qu'il était et ce qu'il désirait obtenir de son existence. Les moments de joie était fugaces et il avait appris à en profiter un maximum, le brun, s'autorisant à aller taper au carreau des pompes funèbres juste à côté de son vénéré cimetière. La cérémonie se déroulerait le lendemain et la famille avait eu une demande très spéciale concernant les fleurs qui auraient leur rôle à jouer dans l'entreprise alors, Tim s'était porté volontaire pour aider à la conception de la petite surprise. Il avait fini et était relativement fier de lui, en espérant que les Etherstone le seraient à leur tour. Effectivement, il aperçut une ombre s'approcher à travers la vitre, alors qu'il resserrait Gabriel entre ses bras, lui qui avait observé son papa à l'oeuvre durant une bonne heure, s'assoupissant sous le chant des oiseaux. La porte s'ouvrit et Decastel eut une petite surprise en voyant la silhouette de Malachi après si longtemps. "Hey, ça fait un bail. Tu vas bien?" Question idiote, oui, mais de circonstance certainement alors qu'il tendait le bras vers le cimetière. "J'ai fini la déco' florale pour demain." Ne pas savoir quoi ajouter parce qu'il avait bien remarqué que quelque chose dans la démarche de Malachi avait changé. A croire que le temps les avait tous radicalement transformés.
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Iracebeth

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyJeu 23 Avr - 19:11


     

A weed is but an unloved flower
@"Timothy Decastel"
La voix résonne. Elle est rude, fébrile. L'air qu'il affiche est digne et contenu. Il se refuse à pleurer, à céder et il semble y parvenir. Il est celui qui parle et qui énonce. Sa diction est lente sans être laborieuse. L'homme est éreinté, ses traits le trahissent. Mais il se retient. Il continue. Il garde entre ses doigts ceux de son épouse mais ne lui offre aucun regard. Il n'en a sans doute nul besoin. Les sanglots silencieux dont elle tremble parlent par eux-mêmes. Elle a maquillé son visage mais avec difficulté. Le trait est forcé, le fard trop épais. Elle a tenté de se créer un masque mais il se craquelle à mesure des secondes. Elle est cette image du deuil qu'il observe chaque jour durant. Son attention est fixée sur l'homme. Sur ses demandes, sur ses souhaits. Il écoute ses propos, note dans un coin de sa tête ce qui doit de l'être. C'est un jeu de l'esprit auquel il se prête, lui qui n'a pas encore renoncé totalement à sa mémoire. Elle est défaillante mais il la préserve. Tant que la fatigue ne se fait pas encore trop présente, tant qu'il y parvient toujours. Il aurait pu écrire mais il se refuse à le faire quand il n'est question de formulaire. Il ne veut pas détourner son attention ou perdre sa concentration. Les histoires parfois parlent plus que les choix. Il n'est pas rare que ce soit par elles qu'il s'oriente, elles qu'il utilise ensuite pour venir en aide. Il s'épuise mais jamais ne se relâche. Il est impassible sans l'être. Il est là sans se rapprocher. Il a appris au fil du temps. Il apprend depuis qu'il est môme. Il s'y est brûlé par le passé mais comment aurait-il pu agir. Ce n'était pas ce qu'il aurait du faire, ni ce qu'il aurait du être. Il était celui à qui on avait donné le choix, la liberté. Et il l'avait saisi. Oh comme il avait pu la saisir. A bras le corps jusqu'à s'y perdre, jusqu'à tout ignorer. Jusqu'à chuter.

La voix résonne et il s'y accroche. Il s'y attache comme à une mélodie, une musique lancinante dont il appréhende et connaît les mots. Il s'égare dans le récit, dans la description que l'homme lui offre. Il lui parle de lui, il lui parle de sa vie. Il lui conte des brides et des fragments d'existence. Il y est question de rire. Il y est question d'amour. L'histoire est belle comme elle est tragique. Elle vibre à ses tympans avec la ferveur d'un requiem. Il aimait le monde. Il aimait l'océan. Il vivait au travers des flots, s'évadait dans les vagues. Il était mauvais en classe mais doué pour s'exprimer. Il avait une voix forte, claironnante. Il ne s'épuisait jamais. Il était jeune. Il a vieilli avant l'âge. Il n'a pas eu sa chance. A cette pensée, il crispe ses doigts. Ceux de la main gauche, ceux qui manquent d'aisance. Ceux qui lui tirent et lui arracheraient presque une grimace douloureuse s'il n'y était pas tant habitué. L'expression qu'il tente d'arborer se veut toujours neutre mais elle manque de se fracturer. L'homme s'arrête pourtant. Il a dit ce qu'il avait à dire. Il ne sait plus qu'ajouter. Il regarde enfin son épouse depuis la première fois qu'ils sont arrivés. Les sanglots ont crée des stries sur son maquillage. Ses yeux sont encore noyés. Il manque de céder à son tour, s'exprime alors. Il entame quelques interrogations et offre quelques mots. L'homme n'est toujours que celui qui répond. Les minutes s'évadent et le moment parvient. Il lui serre la main avec sa droite comme il en a pris l'habitude. Et ils quittent les lieux. Pour l'instant.

C'est l'un de ces jours. L'un de ceux qui l'assomme. L'une de ceux qui le ruine plus qu'il n'est certain d'en avoir la force. Les dernières semaines ont été longues. Harassantes. Il a forcé plus qu'il ne le faudrait. Il a usé ses doigts et ses membres dans l'engrenage de son désespoir. Les mois passent. Ils s'écoulent et rien ne change. Ou pas assez. Il nourrit cet espoir fou. Cette envie démesurée de recommencer un jour. Comme avant. Comme il y a un an. Parce qu'il y a un an encore, il était sur scène. Il était vivant. Il était le premier. Il était brillant. Il devait rejouer à Rome à l'automne, peut-être même à Londres. Il avait le monde au bout de ses doigts, cet or dans les cordes de son instrument. Il avait tout. Presque. Il lui manquait des êtres. Mais dans la symphonie des soirs, le manque n'était plus si présent. Il se noyait dans les flots, dans l'écho des notes. Il s'égarait dans les voix et dans la transcendance de sa partition. Et maintenant. Le manque est tout ce qu'il reste. Encore plus vibrant, encore plus présent parce qu'il ne peut plus le jouer, le transfigurer. Non, il ne peut que le vivre et l'éprouver. Dans les marques de sa chair, dans les dédales de son esprit. Qu'est-il donc devenu ? Il se sent faiblir alors il s'éloigne, part à l'arrière et délaisse la boutique une seconde. Il n'a pas d'autres rendez-vous pour l'heure, juste les dernières dispositions des funérailles du lendemain à observer. Bianca aura sans doute bientôt terminé. Il passe sa main valide sur ses traits puis les asperge d'eau claire. Il n'est pas encore temps de s'arrêter. Il se sèche puis repart, juste à temps pour rejoindre la porte d'entrée et se figer. L'espace d'une seconde. La silhouette face à lui est de celle qu'il n'a pas vu depuis longtemps. Elle n'a pas tant changé pourtant. Il n'a pas tant changé. Il a toujours ce sourire et ses prunelles irréelles. Il ne s'attendait pas à le revoir. Aux dernières nouvelles, il avait rejoint les rangs. C'était les mots de Freya du moins, ce qu'elle lui avait raconté quand il était revenu. Il n'est pas certain de la raison de sa présence mais il ne va guère s'en formaliser. Pour la première fois aujourd'hui, il se surprend à avoir envie de sourire. Il y a des surprises qui ont la magie de cet effet. Ses traits sont détendus jusqu'à se reprendre d'étonnement. Tim n'est pas seul. Dans ses bras, il tient un jeune môme. Il doit avoir quelques mois à peine. A-t-il donc manqué tant que ça ? Parce que même sans dire, il est pris de peu de doutes. Il a des airs. Il lui ressemble. Sans doute a-t-il même hérité de ses yeux, ses iris céruléennes. Alors oui, ça fait un bail. Plus encore qu'il ne le croyait. "Hey. Ca fait un bail, oui. Au moins, un an, je dirais. Et j'ai clairement manqué des trucs." Il désigne l'enfant d'un mouvement de tête, ne peut finalement retenir un pan de sourire. "Ca ... va. Tu connais le boulot. Ca a pas tant changé ça par contre." Ca va. A-t-il énoncé plus odieux mensonge aujourd'hui ? Il a hésité. Il s'est contenu. Ses traits fatigués le trahissent sans doute et ce n'est rien dire de ses gestes. L'éreintement les rend encore moins fluides qu'à l'ordinaire. Il l'observe soudain confus. Qu'a-t-il manqué d'autres ? Il lui parle des fleurs pour le lendemain. Il n'est pas certain de saisir. Est-il revenu au cimetière ou ? Non, il s'en sera rappelé. Il l'aurait croisé bien plus tôt. Il se reprend après une seconde. "Oh, merci. Je le dirais à Bi'. J'ignorais que tu t'en occupais." Qu'ajouter d'autre ? Il est pris d'interrogations. Elles sont mille et elles flottent dans les esquisses de sa réflexion. Il ne sait où commencer puis se lance vers l'évidence. Il est une troisième personne qu'il ne connaît pas. "Tu me le présentes ?" Il indique le môme une fois encore. Il paraît dormir, sans doute est-ce l'heure. L'heure de s'assoupir et celle de dire aussi peut-être.

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyJeu 23 Avr - 20:57

Malachi avait change: il n'avait pas tant vieilli, non, mais des drames avaient amené son corps vers de nouvelles contrées, beaucoup plus arides que les précédentes. Tim avait mal au coeur de le voir dans cet état, se posant forcément tout un tas de questions sur ce qui avait pu lui arriver au cours de cette année d'absence, allez savoir si c'était un défaut d'être autant curieux pour une vieille connaissance ou juste de l'inquiétude, ce qui avait l'air de lui ressembler beaucoup plus. Decastel se pinçait l'intérieur de la joue, tâchant de paraître aussi imperturbable que possible dans une telle situation mais il n'était pas franchement un bon menteur: tout le monde savait qu'il était trop sensible, qu'il souffrait lorsqu'on écrasait une araignée sous ses yeux. Peut être avait-il hérité du gène de l'hypersensibilité en plus de celui de l'anxiété, allez savoir, en tout cas, Timothy n'en serait pas choqué de son côté. Il espérait sincèrement ne pas avoir donné à ses enfants ses tares, même si c'était inévitable quelque part, qu'ils héritent autant des mauvais côtés que des bons parce que la vie était ainsi faite. Il ne disait rien néanmoins, souriant à son interlocuteur avec ses yeux qui brillaient, il était quand même heureux de le revoir malgré tout. Tim était toujours content de voir des connaissances, c'était peut être pour cette raison d'ailleurs que travailler au cimetière lui avait autant plus. Les gens finissaient par y revenir, à un moment ou un autre, car tout le monde perdait quelqu'un à un moment donné et lu était présent pour les aider lorsque ce moment arrivait. Ne plus côtoyer la mort n'était pas une si grosse perte, mais la part sociale de son ancien travail ne pouvait que lui créer un vide qu'il ne savait pas s'il comblerait de nouveau un jour. "Le boulot n'a pas changé, non. Enfin, j'en sais rien puisque je gère plus le cimetière depuis quelques temps déjà mais ça avait pas changé en quinze ans avant donc j'imagine que là, ça reste pareil." Il continuait à sourire en calant Gabriel bien comme il fallait entre ses bras, regrettant d'avoir laissé la poussette dans la voiture parce qu'il en aurait eu bien besoin pour que le petit puisse dormir décemment. "Je te présente Gabriel, mon fils. Il a une soeur aussi, ils sont nés en janvier mais je t'assure que, sinon, pas grand chose n'a changé. Et toi, ça se passe comment? Plus de violon alors?" Les événements s’enchaînaient et ne faisaient pas forcément sens mais c'était les intentions qui devaient compter avant tout. Du moins dans le crâne de Tim, c'était là que résidait la recette de la vie, en espérant que Malachi y trouvait son compte malgré tout, même s'il lisait une certaine amertume dans ce regard vidé par l'existence.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyJeu 23 Avr - 21:23

Combien de fois a-t-il du le faire ? Combien de fois au cours des derniers mois, de cette dernière année a-t-il du mettre des mots sur la situation ? Elle est celle qu'il exècre. Celle qu'il abhorre parce qu'elle n'est pas de son choix. Plus jeune, il n'y trouvait aucun mal, ni formulait aucune résistance. Il est né dans ce milieu, dans ce monde, dans cette ville. Il connaît les rites, les usages. Il est habitué aux visites impromptues en milieu de nuit et aux coups de téléphone aux heures improbables. Il sait les pleurs, il sait les outrages. Ce n'est pas tant cette vie qui lui déplaît, c'est son obligation. Cette absolution de liberté dont il a bénéficié. Ce n'est pas l'entière vérité mais qu'aurait-il fait d'autre ? Il ne connaît que deux mondes et l'un d'eux lui a clôt les portes avec une violence démesurée. L'isolement n'était pas une option. On ne le lui aurait pas permis. Il ne l'aurait pas voulu. Il rêve encore. Désespérément. Il est fou à lier. C'est tout ce qui lui reste. Presque.


"Le boulot n'a pas changé, non. Enfin, j'en sais rien puisque je gère plus le cimetière depuis quelques temps déjà mais ça avait pas changé en quinze ans avant donc j'imagine que là, ça reste pareil."
Il continuait à sourire en calant Gabriel bien comme il fallait entre ses bras, "Je te présente Gabriel, mon fils. Il a une soeur aussi, ils sont nés en janvier mais je t'assure que, sinon, pas grand chose n'a changé. Et toi, ça se passe comment? Plus de violon alors?"
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyVen 1 Mai - 11:57

Ces mots, il les connaît. Ils sont un écho qu'il maîtrise, une mélodie qu'il répète. Ce sont sans cesse les mêmes. En boucle comme un refrain. Il les hait, les abhorre, veut les oblitérer dans les ombres. Mais ils n'ont pas changé. Pas encore. C'est une boucle sans maîtrise, une répétition lancinante. Les mois auraient du les changer mais au fond qu'ont-ils fait. Ils ont poursuivi leur ronde comme si de rien n'était. Son existence est similaire, semblable au fil du temps. Les heures se suivent, les jours se ressemblent. Ses doigts le trahissent et ses mains le hantent. Il stagne, il s'arrête. Le disque est rayé. Que fait-il ? Que veut-il ? Il oublie d'avancer. Les paroles reviennent encore et encore. Les questions sont les mêmes. Les regards, pires alors. Il en exècre la pitié, celle qu'il lit dans les yeux, celle qui teinte les prunelles de ceux qui s'estiment chanceux et que craignent de le clamer. Elle est triste cette histoire, tragique vraiment. Les feux de la rampe, les projecteurs luisants. Et puis tout prend fin, rejoint le néant. Quelle histoire bien triste, quel gâchis finalement. Et puis que reste-t-il ? L'empreinte du deuil. Le chagrin des autres. Les clous d'un cercueil. Est-ce une existence ou un purgatoire ? C'est un milieu étrange, lugubre et noir. Est-ce là sa place sans doute. Elle n'aurait pas du l'être. Non, elles n'auraient pas du. Alors il n'est qu'une ombre, une illusion. Une fausse idée, une autre version. Il crève à l'intérieur comme il enterre les autres. Il se noie au fil des heures, se retient, parfois se vautre. Il espère toujours sans doute dans un éclat de folie. Il se refuse à céder, à n'être que ceci. Cette image qu'il renvoie, celle à laquelle on le condamne. L'estropié du malheur. A-t-il encore une âme ? Il est un aliéné qui rêve, un absurde qui se démène. Ces voix qui se mêlent sont une autre musique. Cette symphonie qu'il compose dans la nuit éthérée. Cette histoire qu'il écrit et qu'il ne veut que jouer. L'instrument lui manque mais il possède les mots. Il les retient, les répète sans cesse comme un écho. Il se livre à cette valse incessante parce que le choix lui manque. Il espère toujours, sans doute fou, même aliéné. Il s'accroche à des fantasmagories, à des rêves, à d'anciennes idées. Il ne veut voir cet avenir, cette évidence à ses pieds. Il préfère se répéter encore jusqu'à pouvoir changer comme il le souhaite. Comme il se doit, comme il se faut. Il ne peut être que ça, il ne peut rester que ça. Ou alors autant sombrer, s'immerger et ne jamais remonter. Autant céder à l'appel de ces ombres étranges, de cette vision lugubre et tentante qui se reflète dans son miroir. Il est à l'image de son désespoir. Il en a conscience. Il retient le masque par habitude, le ton de sa voix par lassitude. Il serre les doigts de la main qui fonctionne, il salue les silhouettes de ceux qui interpellent. Il ment, prétend et se répète encore et encore. Une logorrhée obsédante, une réalité débilitante. Sa réalité.

Les heures se sont faites, écoulées sans avis. Il a suivi le rythme, la cadence sans harmonie. La fatigue a fini par le saisir mais il s'y retient, comme toujours. L'ordinaire est un quotidien branlant, presque navrant. Les lieux lui rappellent souvent que le fait pourrait être pire. Mais certains jours, il hésite. Il hésite puis il fuit l'idée. Non, l'abandon n'a jamais été la clé. Il se retient, revient et puis le croise. Lui. Cette figure du passé. Il y a longtemps qu'il ne l'a pas croisé Tim, plus qu'il ne faudrait. Il n'est pas seul, il le remarque bien vite. L'enfant est au creux de ses bras. Oh combien de mots a-t-il perdu, manqué. Il l'ignore. La vision pourtant lui rend le sourire. Un vrai, pas celui des représentations de circonstance. Les formalités. Les mots d'usage. Ces paroles qui reviennent. Auxquelles il répond. Il les lui doit. Un an. C'est ça. Il n'a pas tout oblitéré. Même s'il lui livre un mensonge avec cette hésitation effrontée. Douterait-il de sa valeur ? Sans doute. Il ne sait vers quoi poursuivre, comment appréhender. Il choisit le plus simple, le plus intriguant peut-être. L'homme face à lui sourit. Quelque chose qu'il n'a pas égaré. Gabriel, c'est le prénom du môme. De l'un des deux. Des jumeaux. Il n'a pas chômé. Il remarque l'euphémisme avant la question redoutée. Il baisse le regard à l'entendre, sent son sourire fané. Il le retient à ses lèvres. Il connaît les mots, ceux qu'il doit dire, ceux qu'il doit répéter. Ceux qui sont devenus siens à force de les énoncer. Pourquoi les craint-il alors ? C'est une mélodie simple. Il détourne le sujet pourtant, encore une seconde. "Pas grand chose ? Aux dernières nouvelles, tu avais laissé le cimetière pour l'armée et là, je voies que t'es encore reconverti. Corrige-moi si je me trompe mais ça fait plus en un an que depuis les quinze ans qu'on se connaît." Il a repris son sourire, son ton amusé. C'est tellement plus commode, plus confortable. Comme le jeune homme face à lui était le seul à avoir changé. Comme s'il n'y avait rien d'étrange à ce que lui soit là et non plus sur scène. Il ne pourra pas l'éviter longtemps, il le sait. Tim n'est pas du genre à se répandre sur lui-même. Ou sont les mots alors ? Ces fameuses paroles ? Il va bien, rien de grave. Il est juste rentré le temps de se soigner. Il va repartir. Evidemment. Ce n'est qu'une pause après toutes ces années. Il file un coup de main en attendant comme il en avait l'habitude. Rien de grave, non, rien de grave. Juste un instant. Un petit retour. Les dire. Simplement les dire. Et passer à autre chose. Détourner encore le sujet. Il fuit son regard pourtant, se détourne à nouveau. Ses phalanges endolories le tiraillent, il les meut avec difficulté, nervosité. C'est tellement bête. "Non, plus en ce moment, non. Je ... j'ai du m'arrêter pour le moment." Ou est l'aisance, cette assurance ? Il le regarde sans accrocher ses prunelles. Ou sont les mots ? Ces foutues paroles ? "J'ai eu une sorte d'accident" Une rupture d'anévrisme, où sont les termes ? "Difficile de jouer sans un bras gauche qui fonctionne. Mais ... " Mais ça reviendra. Ca reviendra. Il va repartir. Comme si de rien n'était. " J'y travaille. Et j'aide Bianca en attendant." En attendant. Y croit-il seulement ? Il a voulu un ton léger alors pourquoi sort-il amer ? Peut-être parce qu'au fond, il sait que l'attendant peut devenir autre. Peut-être parce qu'il voit que l'année est sur le point de s'écouler et que son instrument n'a pas encore retrouvé ses mains. Il le fuit toujours comme il fuit cette matérialité. Il se soustrait à cette évidence qui menace de le faire choir, se retient à cet écho. Cette boucle interminable qui le conserve, ancré.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyMer 24 Juin - 15:17


     

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Ces mots, il les connaît. Ils sont un écho qu'il maîtrise, une mélodie qu'il répète. Ce sont sans cesse les mêmes. En boucle comme un refrain. Il les hait, les abhorre, veut les oblitérer dans les ombres. Mais ils n'ont pas changé. Pas encore. C'est une boucle sans maîtrise, une répétition lancinante. Les mois auraient du les changer mais au fond qu'ont-ils fait. Ils ont poursuivi leur ronde comme si de rien n'était. Son existence est similaire, semblable au fil du temps. Les heures se suivent, les jours se ressemblent. Ses doigts le trahissent et ses mains le hantent. Il stagne, il s'arrête. Le disque est rayé. Que fait-il ? Que veut-il ? Il oublie d'avancer. Les paroles reviennent encore et encore. Les questions sont les mêmes. Les regards, pires alors. Il en exècre la pitié, celle qu'il lit dans les yeux, celle qui teinte les prunelles de ceux qui s'estiment chanceux et que craignent de le clamer. Elle est triste cette histoire, tragique vraiment. Les feux de la rampe, les projecteurs luisants. Et puis tout prend fin, rejoint le néant. Quelle histoire bien triste, quel gâchis finalement. Et puis que reste-t-il ? L'empreinte du deuil. Le chagrin des autres. Les clous d'un cercueil. Est-ce une existence ou un purgatoire ? C'est un milieu étrange, lugubre et noir. Est-ce là sa place sans doute. Elle n'aurait pas du l'être. Non, elles n'auraient pas du. Alors il n'est qu'une ombre, une illusion. Une fausse idée, une autre version. Il crève à l'intérieur comme il enterre les autres. Il se noie au fil des heures, se retient, parfois se vautre. Il espère toujours sans doute dans un éclat de folie. Il se refuse à céder, à n'être que ceci. Cette image qu'il renvoie, celle à laquelle on le condamne. L'estropié du malheur. A-t-il encore une âme ? Il est un aliéné qui rêve, un absurde qui se démène. Ces voix qui se mêlent sont une autre musique. Cette symphonie qu'il compose dans la nuit éthérée. Cette histoire qu'il écrit et qu'il ne veut que jouer. L'instrument lui manque mais il possède les mots. Il les retient, les répète sans cesse comme un écho. Il se livre à cette valse incessante parce que le choix lui manque. Il espère toujours, sans doute fou, même aliéné. Il s'accroche à des fantasmagories, à des rêves, à d'anciennes idées. Il ne veut voir cet avenir, cette évidence à ses pieds. Il préfère se répéter encore jusqu'à pouvoir changer comme il le souhaite. Comme il se doit, comme il se faut. Il ne peut être que ça, il ne peut rester que ça. Ou alors autant sombrer, s'immerger et ne jamais remonter. Autant céder à l'appel de ces ombres étranges, de cette vision lugubre et tentante qui se reflète dans son miroir. Il est à l'image de son désespoir. Il en a conscience. Il retient le masque par habitude et le ton de sa voix par lassitude. Il serre les doigts de la main qui fonctionne et salue les silhouettes de ceux qui interpellent. Il ment, prétend et se répète encore et encore. Une logorrhée obsédante, une réalité débilitante. Sa réalité.

Les heures se sont faites, écoulées sans avis. Il a suivi le rythme, la cadence sans harmonie. La fatigue a fini par le saisir mais il s'y retient, comme toujours. L'ordinaire est un quotidien branlant, presque navrant. Les lieux lui rappellent souvent que le fait pourrait être pire. Mais certains jours, il hésite. Il hésite puis il fuit l'idée car non, l'abandon n'a jamais été la clé. Il se retient, revient et puis le croise. Lui. Cette figure du passé. Il y a longtemps qu'il ne l'a pas croisé Tim, plus qu'il ne faudrait. Il n'est pas seul, il le remarque bien vite.  Un enfant est au creux de ses bras. Oh combien de mots a-t-il perdu, manqué. Il l'ignore. La vision pourtant lui rend le sourire. Un vrai, pas celui des représentations de circonstance. Les formalités. Les mots d'usage. Ces paroles qui reviennent et auxquelles il répond. Il les lui doit. Un an. C'est ça. Il n'a pas tout évaporé. Même si ce qu'il lui livre est un mensonge d'une hésitation effrontée. Douterait-il de sa valeur ? Sans doute. Il ne sait vers quoi poursuivre, comment appréhender. Il choisit le plus simple, le plus intriguant peut-être. L'homme face à lui sourit. Quelque chose qu'il n'a pas égaré. Gabriel, c'est le prénom du môme. De l'un des deux. Des jumeaux. Il n'a pas fait semblant le Tim. Il remarque son euphémisme avant la question redoutée. Il baisse le regard à l'entendre, sent son sourire fané. Il le retient à ses lèvres car il connaît les mots, ceux qu'il doit dire, ceux qu'il doit répéter. Ceux qui sont devenus siens à force de les énoncer. Pourquoi les craint-il alors ? C'est une mélodie simple. Mais il détourne le sujet, encore une seconde. "Pas grand chose ? Aux dernières nouvelles, tu avais laissé le cimetière pour l'armée et là, je voies que t'es encore reconverti. Corrige-moi si je me trompe mais ça fait plus en un an que depuis les quinze ans qu'on se connaît." Quinze ans. Presque une éternité. Il a repris son sourire, son ton amusé. C'est tellement plus commode, plus confortable. Comme si le jeune homme face à lui était le seul à avoir changé. Comme s'il n'y avait rien d'étrange à ce que lui soit là et non plus sur scène, à Sydney. Il ne pourra pas l'éviter longtemps, il le sait. Tim n'est pas du genre à se répandre sur lui-même, à s'étaler. Ou sont les mots alors ? Ces fameuses paroles ? Il va bien, rien de grave. Il est juste rentré le temps de se soigner. Il va repartir. Evidemment. Ce n'est qu'une pause après toutes ces années. Il file un coup de main en attendant comme il en avait l'habitude. Rien de grave, non, rien de grave. Juste un instant. Un petit retour. Les dire. Simplement les dire. Et passer à autre chose. Détourner encore la conservation. Il fuit son regard pourtant, se détourne à nouveau. Ses phalanges endolories le tiraillent et il les meut avec difficulté, nervosité. C'est tellement bête. "Non, plus en ce moment, non. Je ... j'ai du m'arrêter pour le moment." Ou est l'aisance, cette assurance ? Il le regarde sans accrocher ses prunelles. Il ne veut pas voir ce regard dans ses iris saphiriques. Ou sont les mots ? Ces foutues paroles ? "J'ai eu une sorte d'accident" Une rupture d'anévrisme, où sont les termes ? "Difficile de jouer sans un bras gauche qui fonctionne. Mais ... " Mais ça reviendra. Ca reviendra. Il va repartir. Comme si de rien n'était. " J'y travaille. Et j'aide Bianca en attendant." En attendant. Y croit-il seulement ? Il a voulu un ton léger alors pourquoi sort-il amer ? Peut-être parce qu'au fond, il sait que l'attendant peut ne pas rester éphémère. Peut-être parce qu'il voit que l'année est sur le point de s'écouler et que son instrument n'a pas encore retrouvé ses mains. Il le fuit toujours comme il fuit cette matérialité, se soustrait à cette évidence qui menace de le faire choir, se retient à cet écho. Cette boucle interminable qui le conserve, ancré. En suspens.

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyMer 24 Juin - 18:58

Tim avait perdu la notion du temps et pour cause, il avait la sensation qu'une décennie s'était écoulée en à peine un an, à croire qu'il n'avait pas retrouvé la terre ferme et pour cause, tant s'était passé pour lui. Le brun avait encore bien du mal à le réaliser mais sa vie n'était plus tout à fait la même, en témoignait le discours de Malachi. Il n'était qu'un commun gardien de cimetière jusque là et cette vocation lui avait pris la majorité de sa vie, une évidence, voilà ce qu'il aurait dit encore quelques mois auparavant. Puis, le vent avait tourné, sa route avait dérivé et Timothy n'était plus certain de trouver de nouveau sa destination. Il avançait totalement à l'aveugle ces derniers temps, combattant des fantômes contre lesquels il doutait de gagner au bout du compte. Ce n'était pas si grave: au moins, il aurait eu l'audace de faire le voyage, de profiter de chaque détour, d'offrir tous les sourires à ces deux petits anges qui peuplaient désormais son existence. Forcément, Decastel avait encore peur de tout ce qui l'attendait quelque part à la fin de la route mais il ne pensait pas une seule seconde qu'il pourrait y échapper. Ne restait plus qu'à prendre son courage à deux mains pour être l'homme qu'il désirait depuis un bon moment, sans savoir si le résultat serait à la hauteur de toutes ses expectatives. Du bon ressortait de chaque situation, même s'il avait l'impression de se noyer dernièrement, sentant le poids de la perte faire choir ses épaules au fur et à mesure mais l'ancien soldat ne devait surtout pas se croire seul, ce n'était pas le cas. Voilà le genre de messages qu'il avait envie de faire passer à Malachi, lui qui semblait en souffrance à l'heure actuelle et ce, même s'il ne le communiquait pas autrement qu'avec la force d'un regard. Tim ne le connaissait que trop bien, ce fameux regard, cette hideuse douleur qui s'immisçait dans chaque veine d'un corps jusqu'à ce que celui-ci ne puisse plus bouger. "C'est vrai que t'as connu un homme statique et sans plus aucune once de vie... Mais il était peut être temps de voir de nouvelle choses, non?" Même s'il se serait bien passé de tous les chagrins qui étaient allés de pair avec cette réalité. Timothy savait que ce n'était qu'un rite de passage supplémentaire au cours d'une existence banale. Il souriait à son compatriote, voyant bien qu'une ombre passait dans son regard, il avait tant changé et Tim sentait qu'il s'en voudrait assez vite de ne pas avoir été présent lors des pires moments de l'aventure de Etherstone. "Une sorte d'accident... Je vois. J'espère que tu retrouveras ce que tu aimeras bientôt. Vivre sans sa passion, y a rien de pire. Enfin si, vivre sans amour. Maintenant, je sais que c'est ce qui fait le plus mal." Car Timothy n'avait pas été aimé par ses parents, pas plus que par les femmes et maintenant, il espérait simplement que ses enfants seraient le coeur même de cet immense sentiment. Il était si important, cet amour là. "Je peux entrer? Enfin, si je te dérange pas... Ça me fait tellement plaisir de te retrouver après tout ce temps, mine de rien." Tim rougissait parce qu'il n'était pas doué pour exprimer ce genre de choses mais il pouvait au moins narrer sa gratitude de retrouver le chemin de Malachi après tout ce temps.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptySam 27 Juin - 13:14

Que reste-t-il ? Que reste-t-il réellement hors des ombres fugaces ? A quoi s'accroche-t-il au fond quand il avance, ne se casse ? Il se retient encore, il espère. Il est prisonnier de son impression, de son ambition, de ce vieux rêve. Il a laissé les années en prendre toute possession. Il a laissé ses idées s'y consumer entières. Il n'y avait que ça, plus que tout le reste. Il n'a jamais pensé à rien d'autre. Pourquoi l'aurait-il fait ? Il était doué, brillant. Ça a duré près de trente ans. Il a perdu dans les lignes des années mais ça, il l'a gardée. Cette fureur cathartique, cette folle envolée. Cette émotion qui se transcende dans la mesure d'un instrument. Cette vie toute tracée comme le fil d'une partition. Il n'est rien d'autre. Juste des épisodes, des pans de vie qu'il s'octroie, au delà de sa définition. Il abhorre le néant, la courbe du vide. Il exprime cette violence entre les notes symphoniques. Il suit. Il suit le cours, le flot, ces vagues qui ramènent. Il est. C'est tout. Cette vie, c'est son ancre, un versant de sa raison. Ceci est une pause simple et claire. Une illusion. Ce que son esprit nie, son corps le lui rappelle. Il est courbatu. Non de l'effort mais de l'être. Il souffre dans ses os. Endoloris par l'ignorance, son inconscience. Il se rappelle à lui dans les pièces de son miroir, dans le seuil de son lit dés les lueurs aurorales. C'est un sursis, il joue encore avec les flammes. Il devrait redouter l'incendie mais n'a rien appris, ignore une nouvelle fois le drame. Celui qui arrive sans doute, qui menace. Celui qui mettra fin à l'incertitude mais y fera-t-il vraiment face ? Cette vie qu'il risque encore qu'en reste-t-il finalement ? Des envies oniriques, de fausses idées, des êtres auxquels on s'accroche pour continuer de respirer.

En est-il lui qui lui fait face ? Appartient-il à ces êtres ? Est-il marqué ou l'a-t-il égaré lui aussi au fil des jours éphémères ? Il a changé plus qu'il ne l'avoue. Il n'est plus cet être solitaire. Non, désormais, ce qu'il est, c'est un père. Il en tient l'un des fruits de sa vie entre ses bras, âgé de quelques mois à peine. Il paraît vouloir l'aider à espérer mais n'est-ce pas vain. Il est vrai qu'il a évolué, tant et en si peu. Est-ce pour le mieux, il semble en offrir l'idée mais que sait-il vraiment ? Ils n'ont pas échangé depuis des déluges alors même qu'ils ne sont plus ces hommes. Ces deux qu'ils ont laissé la dernière fois entre deux allées de cimetière. L'un est parvenu à s'en éloigner tandis que l'autre s'en rapproche. Il y fait face chaque heure qui vienne et s'accroche à l'image des tombes. Il n'en est pas encore pourtant. Il a failli, pourquoi risquer ? C'est bien pour ça qu'il exhale, se lève et recommence. Il n'est pas éteint, pas encore, en dépit de la lueur vacillante. C'est un flambeau qui chancelle mais qui brille toujours. Il était temps. Ce sont ses mots. Temps de voir de nouvelles choses. Il a un fond de vérité mais lui a pris fin le chemin inverse. Il est revenu où il est était, après avoir vibré libre. Il se contente alors d'un sourire, ne sait quoi lui opposer. Il a voulu gagner du temps, prendre du recul sur son état de fait. Sur ses paroles ridicules qu'il répète sans arrêt, sur ses interrogations sans cesse similaires qui le lassent, le ramènent. C'est un retour à la réalité et au temps qui n'avance guère. Il doit les dire, hésite. Il veut se perdre dans d'autres palabres mais ne se retrouve que face à sa réalité. Le mensonge n'est pas une option, pas plus que l'ignorance. Les termes résistent, sa voix se veut comme un euphémisme. Minimiser encore la vérité et ce manque. Réduire à rien la matérialité précaire de son existence. L'incertitude de ce futur sans issue. Une sorte d'accident. En attendant. C'est bourré d'anicroches, de litotes. C'est un masque de pudeur accroché avec du scotch. Il l'écoute pourtant lui répondre, il en prend la peine. Il a noté l'hésitation. Oh, qu'est-il en train de faire ? Il relève le regard à l'entendre. Il espère, lui aussi. Peut-être n'est-il donc pas si fou. Il s'en prendrait presque à lui sourire une nouvelle fois. Sans passion. Sans amour. Étrangement, il vaut bien mieux la dernière que l'autre évidence. Elle est partie. Il l'a laissé faire. La retenir aurait été vain. Il ne s'est pas accroché à elle. Il l'avait perdue. Égarée. Il s'est noyé dans ses valses, ces soirs démesurés. Dans ces nuits scintillantes qu'il n'a plus. Non, il ne reste que le silence, le vide entre les murs et les heures oppressantes. Il a perdu l'un. Il a perdu l'autre. Que fait-il encore ? Que fait-il ? Il tente. L'espoir n'est pas mort. Bientôt. Même lui le dit. Ils sont deux à croire. Il s'y retient, le sourire sincère sur les traits. Il devrait dire plus mais les mots toujours lui manquent. Ils sont si nombreux. Ils sont encore debout dans l'attente. Tim le remarque, demande s'il peut entrer. Pourquoi le demande-t-il ? Quel piètre hôte il fait. Il en rougirait presque à son tour, contient la gêne, le ton léger. "Oh oui, bien sûr, entre." Ca lui fait plaisir. A lui aussi. Mais il ne sait comment le formuler. Il en agrandit donc son sourire, remise ses sombres pensées. Il s'avance dans la pièce. "On va se mettre à l'arrière." Il s'y dirige. "Tu veux un truc ? Ou ton petit gars ?" Le petit mioche entre ses bras. Il s'interroge toujours. Le temps est vif, existe encore. Peut-être parviendra-t-il à rattraper son ignorance. Son bras gauche trahit sa nervosité, il chercher à le brider. Il garde son regard hors de portée puis finalement, lâche les mots. "Moi aussi, ça me fait plaisir. Ca faisait long." Il relève les prunelles, croise les siennes puis se détourne. D'un geste, il l'invite à s'installer tandis que la main qui fonctionne le mieux se noie dans les placards. Il sort une tasse, peut-être deux, il a vraiment besoin d'un café, revient vers lui. "Parle-moi de tes mômes. Parce que la dernière fois que je t'ai vu, ils étaient pas dans les plans ou alors tu m'as caché des choses." Lui en premier parce qu'il reste. Il est de ceux qui sont encore même quand les semaines oublient. L'idée l'endigue encore alors il la prend. Il omet ce qu'il est, ce qu'il devient, ce qu'il ressent. Ce vaste gouffre à ses pieds. Son fol espoir sans lendemain.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyDim 19 Juil - 16:07


     

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@"Timothy Decastel"
Que reste-t-il ? Que reste-t-il réellement hors des ombres fugaces ? A quoi s'accroche-t-il au fond quand il avance, ne se casse ? Il se retient encore, il espère. Il est prisonnier de son impression, de son ambition, de ce vieux rêve. Il a laissé les années en prendre toute possession. Il a laissé ses idées s'y consumer entières. Il n'y avait que ça, plus que tout le reste. Il n'a jamais pensé à rien d'autre. Pourquoi l'aurait-il fait ? Il était doué, brillant. Ça a duré près de trente ans. Il a perdu dans les lignes des années mais ça, il l'a gardée. Cette fureur cathartique, cette folle envolée. Cette émotion qui se transcende dans la mesure d'un instrument. Cette vie toute tracée comme le fil d'une partition. Il n'est rien d'autre. Juste des épisodes, des pans de vie qu'il s'octroie, au delà de sa définition. Il abhorre le néant, la courbe du vide. Il exprime cette violence entre les notes symphoniques. Il suit. Il suit le cours, le flot, ces vagues qui ramènent. Il est. C'est tout. Cette vie, c'est son ancre, un versant de sa raison. Ceci est une pause simple et claire. Une illusion. Ce que son esprit nie, son corps le lui rappelle. Il est courbatu. Non de l'effort mais de l'être. Il souffre dans ses os. Endoloris par l'ignorance, son inconscience. Il se rappelle à lui dans les pièces de son miroir, dans le seuil de son lit dés les lueurs aurorales. C'est un sursis, il joue encore avec les flammes. Il devrait redouter l'incendie mais n'a rien appris, ignore une nouvelle fois le drame. Celui qui arrive sans doute, qui menace. Celui qui mettra fin à l'incertitude mais y fera-t-il vraiment face ? Cette vie qu'il risque encore qu'en reste-t-il finalement ? Des envies oniriques, de fausses idées, des êtres auxquels on s'accroche pour continuer de respirer.

En est-il lui qui lui fait face ? Appartient-il à ces êtres ? Est-il marqué ou l'a-t-il égaré lui aussi au fil des jours éphémères ? Il a changé plus qu'il ne l'avoue. Il n'est plus cet être solitaire. Non, désormais, ce qu'il est, c'est un père. Il tient l'un des fruits de sa vie entre ses bras, âgé de quelques mois à peine. Il paraît vouloir l'aider à espérer mais n'est-ce pas vain. Il est vrai qu'il a évolué, tant et en si peu. Est-ce pour le mieux, il semble en offrir l'idée mais que sait-il vraiment ? Ils n'ont pas échangé depuis des déluges alors même qu'ils ne sont plus ces hommes. Ces deux qu'ils ont laissé la dernière fois entre deux allées de cimetière. L'un est parvenu à s'en éloigner tandis que l'autre s'en rapproche. Il y fait face chaque heure qui vienne et s'accroche à l'image des tombes. Il n'en est pas encore pourtant. Il a failli, pourquoi risquer ? C'est bien pour ça qu'il exhale, se lève et recommence. Il n'est pas éteint, pas encore, en dépit de la lueur vacillante. C'est un flambeau qui chancelle mais qui brille toujours. Il était temps. Ce sont ses mots. Temps de voir de nouvelles choses. Il a un fond de vérité mais lui a pris fin le chemin inverse. Il est revenu où il est était, après avoir vibré libre, après avoir existé. Il se contente alors d'un sourire, ne sait quoi lui dire. Il a voulu gagner du temps, prendre du recul sur son état de fait. Sur ses paroles ridicules qu'il répète sans arrêt, sur ses interrogations sans cesse similaires qui le lassent, le ramènent. C'est un retour à la réalité et au temps qui n'avance guère. Il doit les énoncer, hésite. Il veut se perdre dans d'autres palabres mais où il se retrouve, c'est face à sa réalité. Le mensonge n'est pas une option, pas plus que l'ignorance. Les termes résistent, sa voix se veut euphémisme. Minimiser encore la vérité et ce manque. Réduire à rien la matérialité précaire de son existence. L'incertitude de ce futur sans issue. Une sorte d'accident. En attendant. C'est bourré d'anicroches, de litotes. C'est un masque de pudeur accroché avec du scotch. Il l'écoute pourtant lui répondre, il en prend la peine. Il a noté l'hésitation. Oh, qu'est-il en train de faire ? Il relève le regard à l'entendre. Il espère, lui aussi. Peut-être n'est-il donc pas si fou. Il s'en prendrait presque à lui sourire une nouvelle fois. Sans passion. Sans amour. Étrangement, il vaut bien mieux la dernière que l'autre évidence. Elle est partie. Il l'a laissé faire. La retenir aurait été vain. Il ne s'est pas accroché à elle. Il l'avait perdue. Égarée. Il s'est noyé dans ses valses, ces soirs démesurés. Dans ces nuits scintillantes qu'il n'a plus. Non, il ne reste que le silence, le vide entre les murs et les heures oppressantes. Il a perdu l'un. Il a perdu l'autre. Que fait-il encore ? Que fait-il ? Il tente. L'espoir n'est pas mort. Bientôt. Même lui le dit. Ils sont deux à croire. Il s'y retient, le sourire sincère sur les lèvres. Il devrait dire plus mais les mots toujours lui manquent. Ils sont si nombreux. Ils sont encore debout dans l'attente. Tim le remarque, demande s'il peut entrer. Pourquoi le demande-t-il ? Quel piètre hôte il fait. Il en rougirait presque à son tour mais contient la gêne, le ton léger. "Oh oui, bien sûr, entre." Ca lui fait plaisir. A lui aussi. Mais il ne sait comment le formuler. Il en agrandit donc son ris, remise ses sombres pensées. Il s'avance dans la pièce. "On va se mettre à l'arrière." Il s'y dirige, d'un pas qu'il tente sûr. "Tu veux un truc ? Ou ton petit gars ?" Le petit mioche entre ses bras. Il s'interroge toujours. Le temps est vif, existe encore. Peut-être parviendra-t-il à rattraper son ignorance. Son bras gauche trahit sa nervosité mais il cherche à le brider. Il garde son regard hors de portée puis finalement, lâche les mots. "Moi aussi, ça me fait plaisir. Ca faisait long." Il relève les prunelles, croise les siennes puis se détourne. D'un geste, il l'invite à s'installer tandis que la main qui fonctionne le mieux se noie dans les placards. Il sort une tasse, peut-être deux. Il a vraiment besoin d'un café, revient vers lui. "Parle-moi de tes mômes. Parce que la dernière fois que je t'ai vu, ils étaient pas dans les plans ou alors tu m'as caché des choses." Lui en premier parce qu'il reste. Il est de ceux qui sont encore même quand les semaines oublient. L'idée l'endigue encore alors il la prend. Il omet ce qu'il est, ce qu'il devient, ce qu'il ressent. Ce vaste gouffre à ses pieds. Son fol espoir sans lendemain.

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyDim 19 Juil - 18:03

Faire découvrir les beautés de l'univers à Gabriel, se demandant certainement le genre de chemins que son garçon prendrait d'ici quelques décennies. Jamais Tim n'aurait pu envisager une existence comme celle-là, rien que deux années auparavant, alors comment penser à la vie qu'aurait son fils plus tard? Il espérait qu'il choisirait des chemins joyeux, que le monde lui apporterait plus de bonheur que de malheur, c'était le seul espoir que Decastel conservait encore après tout ce qu'il avait traversé. C'était peu de chose, certainement, mais Timothy était resté terre à terre avec le temps, ne s'autorisant jamais réellement à rêver de peur de souffrir toujours un peu plus d'une énième déception. Il avait l'air d'un vieux sage, Tim, il avait toujours été de ce genre là, déjà au cimetière, quand il conseillait les passants sur les urnes funéraires les plus appropriées selon le caractère du défunt. L'écoute, le conseil, il avait toujours eu cela dans le sang, comme si le fait de n'avoir jamais été écouté de son côté, d'avoir toujours été le garçon ignoré avait éveillé cette passion en lui de faire vivre les autres toujours plus forts. Il aimait les gens, Decastel, il les aimait au point de se sacrifier pour leur bonheur et c'était clairement ce qu'il avait fait dans sa relation avec Charlie: le regrettait-il maintenant que tout était fini? Probablement pas, parce qu'il y avait les enfants, les plus belles créations du monde et c'était un cadeau qu'il chérirait jusqu'à son dernier souffle. Son instinct protecteur vivait toujours un peu plus intensément quand il était dehors, portant Gabriel dans ses bras, tâchant de retrouver le fil de sa relation avec Malachi. Le tout datait désormais, ils avaient tant changé l'un et l'autre, ne serait-ce que physiquement. Malachi donnait l'air plus âgé avec ses difficultés de locomotion et Tim, lui, paraissait enfin adulte avec sa barbe de quelques jours et ses cheveux plus longs. On avait clairement la sensation qu'une vie entière s'était écoulée pour l'un comme pour l'autre alors qu'on parlait simplement d'années. Tim suivit le brun jusqu'à l'arrière boutique, peu dérangé par l'environnement pour un homme qui en avait fait son mode de vie pendant plus d'une décennie. Le cimetière lui avait sauvé la vie de bien des façons et il ne pourrait probablement jamais s'en détacher, peu importe les circonstances et le temps qui s'égrenait. "Un verre d'eau, ça devrait aller. Gabriel boira dans le mien. Ou plutôt, il mettra ses doigts dedans." Il avait vite compris ce qu'avoir un enfant signifiait: se retrouvait avec des restes de nourriture sur les vêtements, ne pas dormir plus de trois heures par nuit, maudire le jour où il avait procréé, tous ces stades par lesquelles chaque parent passait. Tim l'aimait plus que tout au monde, son petit bout. "Ils étaient pas dans les plans jusqu'au dernier moment pour être honnête. Et encore, il devait y en avoir qu'un... Je vais t'épargner les détails de tout ça parce que c'est pas une situation simple mais me voilà, père célibataire de jumeaux. Et toi, alors, qu'est-ce qui a changé outre ce malheureux incident?" Sûrement beaucoup. Tim le sentait morose. Peut être qu'au fond, ils étaient tous les deux malheureux comme la pierre.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyDim 19 Juil - 18:17

De ces temps que l'on imagine, il ne reste que des brides. Des parcelles de vie silencieuses qui s'évadent à mesure des lignes. Les routes se détournent, les chemins se perdent. Les éclats s'effondrent ou brillent, étincellent ou s'éteignent. Les siens se sont atténués, retenus par les limites de la figure humaine dont il a trop abusé. Une évidence à en croire sa mère. Quelle étrange cruauté. A-t-il vraiment été Icare ? S'est-il fourvoyé ? Il le nie comme il nie le reflet dans le miroir qui lui dit qu'il a trop changé. Y croire reviendrait à accepter, à mettre un terme. Il s'y refuse. Il est fait de ses rêves, il préfère encore s'y noyer. L'illusion d'une vie. La prison d'un passé. Le précipice qui s'agrandit. Il ne manque qu'une étincelle, qu'une braise pour tout annihiler. Pour tout rendre trop réel. Une libération peut-être. Une liberté vertigineuse et bien trop floue pour être réalité. Il n'est plus que ce reste alors. Ce simulacre. Une ombre ancienne et peu sereine, marquée de sourires douloureux. Il navigue entre les morts, les endeuillés et le silence perdu dans l'entre-deux, les limbes de l'attente.
Croit-il vivre ? Croit-il être ?
Non. Et il le sait. Il manque du souffle de sa musique, asphyxié. Il compose encore, enseigne même apparemment. Mais ses mains atrophiées restent vides, vacantes de son instrument. Parce qu'il fuit tel un lâche, l'extension de ce bras. C'est d'une tragédie lasse. De celle auxquelles il préfère ne pas penser. Les jours sont des ritournelles, des recommencements inaltérables. Ils apportent leur lot de cris, de pleurs et de drames. Chaque aube, il hésite puis recommence. Encore. Il ignore où se situe la rupture. Il ne veut pas la connaître. Il est un sursis qui traverse le temps à l'aveugle parce que l'échéance est insoluble. Quelle existence mène-t-il ? Il n'y apporte aucune réflexion. La désolation qui règne dans les minutes manquerait de provoquer la chute. Il ne sait pas s'il pourrait se relever. En aurait-il seulement envie ? La pensée est effrayante. Alors il fuit encore. Et se hait. Est-il donc devenu si lâche, si dénué ? Pourtant, il se retient à ses ruines, à ses souvenirs, à cette image qui fut la sienne et qu'il ne veut abandonner. C'est celle qu'il veut offrir encore si réellement y parvenir. Le masque se fissure un peu plus chaque jour et il peine à en colmater les stries. Les inconnus sans doute n'y notent pas grand chose mais les siens. Cillian s'absente toujours davantage, voguant vers des horizons qu'il ne connaît. L'aînée a hérité du regard brun perçant de leur mère qui lit entre les pages sans y penser. Elle ne dit que peu, garde ses distances. Elle a trop à faire et elle sait. Elle sait comment l'on érige des portes closes et des murailles calfeutrées. Quant aux autres. Aux autres, il offre la comédie. Il offre lui dans sa gloire ancienne, dans l'illusion d'un simple arrêt. Il ment comme il respire tant il se ment à lui-même et se perd dans ses chimères.
Il continue en cet instant encore, même avec lui. Tim n'est pas n'importe qui pourtant. Il compte. Il a éprouvé la sombre face du monde sans y perdre la clarté de son âme. Il l'admire, Tim, parce qu'il tient encore debout. Il revoit son reflet. Celui de ses traits au travers des rayons solaires. Celui de ses prunelles plus bleues que l'hiver perdues entre les allées sombres. Cette silhouette de marbre fragile que le vent ne parvient à faire chavirer. Et il est encore là. Il est parvenu à vivre même, à transformer son existence. Il a quitté leurs vieilles allées funestes, connu d'autres horizons. Il n'est plus seul à présent. Il a créé des mômes. Il n'en connaît pas la mère mais il n'est pas inquiet. Tim est trop pur pour abîmer les autres. C'est la peinture qu'il en a gardé. Peut-être cela entre tout le reste n'a-t-il pas changé. Il possède encore ce sourire qu'il fait naître en miroir. Les mots s'échangent comme les euphémismes. Pourtant en dépit de sa litote, il en a dit plus que de coutume. Il a tergiversé. Il a hésité avant de revenir vers lui, de ramener les paroles vers le jeune homme et son inédite compagnie. Il a fait son oeuvre, il aurait pu se contenter des familiarités, des politesses même et s'en aller. Il reste pourtant, il veut en savoir davantage. Le jeune homme rougit dans sa demande et manque de faire naître la couleur sur d'autres pommettes. Le musicien le conduit à l'arrière, se noie dans ses mots, dans le geste incertain de ses doigts. Il lui demande s'il veut quelque chose, sourit à sa réponse puis s’exécute. Il met sa propre tasse de liquide amer à chauffer puis s'installe en face de lui, posant le verre d'eau sur la table entre eux. Il le questionne sur ses gamins tant l'idée continue de lui paraître si nouvelle. Il n'avait pas prévu d'être père, pour autant qu'il s'en souvienne. Il le lui confirme sans s'étaler. Père célibataire de jumeaux. La pensée prête à sourire puis elle se révèle compliquée. Il n'a pas mentionné la mère. Il n'est pas certain de vouloir insister. Il n'a pas oublié sa discrétion. Il s’abhorrerait de le déranger. Même si cela signifie que la conversation revient vers lui, ce qu'il voulait éviter. Ce malheureux incident. Une sorte d'accident. Quelle atténuation mensongère est-il en train de construire ? A quoi peut-il bien penser ? Il ne veut prononcer ses mots qu'il a formulé bien trop de fois. Répondre aux interrogations. Minimiser la réalité. S'immerger dans sa fiction. Et affronter les regards désolés. Cette piété qu'il exècre. Parce qu'il a chuté. Il se mord la lèvre, hésite encore. Il se relève pour aller servir sa tasse, celle qu'il fait tourner entre ses phalanges diminuées. Quand il se retourne vers lui, il a remis le masque mais souhaite-t-il vraiment le garder ? A quoi se joue la décadence ? Quelle face veut-il encore voiler ? Ses doigts quittent la tasse déposée et se meuvent avec difficulté alors qu'il les observe une seconde. C'est un progrès, il le sait. Après des mois sans parvenir à les bouger. Mais ce n'est pas encore assez. Il a mentionné l'inertie de son bras gauche, son incapacité à jouer. Il ne relève pas ses prunelles tout de suite quand il reparle, d'un ton clair mais moins léger. Calme. Presque trop. "La réeduc'. Les pompes funèbres avec Bianca. A croire que j'y étais destiné." Un sourire, presque faux. Amer puis plus sincère. Un regard qu'il croise puis il poursuit. "Je vis chez mon frangin en attendant. Ca va faire presque un an." Presque un rictus. Un murmure. "Un an." Un ton au dessus. "Je peux plus jouer. Plus du violon en tout cas. Pas pour l'instant. Ca reviendra." Il s'en persuade. Y croit-il seulement ? "Je compose. Je file des cours à une actrice aussi. Pour rendre service. Rien de palpitant en réalité. " Des iris qu'il baisse encore. "Rien de tout ça." La tasse entre ses doigts valides. Puis un sourire, un vrai. "T'as vécu plus que moi cette année." Son regard se porte à nouveau sur lui, sur son môme de quelques mois. Il a trop parlé. Surtout de lui. "Tu t'es reconverti dans les fleurs alors ?" Un détournement. Encore. Son existence l'intrigue. Même s'il n'est pas si différent. Il a changé, Tim, mais il n'a pas perdu le poids sur ses épaules. A croire qu'ils vivent sous la perdition du monde, dans les méandres sombres des vies abîmées.


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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyMar 21 Juil - 13:06

Il revoit le reflet. Celui de ses traits au travers des rayons solaires. Celui de ses prunelles plus bleues que l'hiver perdues entre les allées sombres. Cette silhouette de marbre fragile que le vent ne parvient à faire chavirer.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptySam 15 Aoû - 18:17


     

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@"Timothy Decastel"
De ces temps que l'on imagine, il ne reste que des brides. Des parcelles de vie silencieuses qui s'évadent à mesure des lignes. Les routes se détournent, les chemins se perdent. Les éclats s'effondrent ou brillent, étincellent ou s'éteignent. Les siens se sont atténués, retenus par les limites de la figure humaine dont il a trop abusé. Une évidence à en croire sa mère. Quelle étrange cruauté. A-t-il vraiment été Icare ? S'est-il fourvoyé ? Il le nie comme il nie le reflet dans le miroir qui lui dit qu'il a trop changé. Y croire reviendrait à accepter, à mettre un terme. Il s'y refuse. Il est fait de ses rêves. Il préfère encore s'y noyer. L'illusion d'une vie. La prison d'un passé. Le précipice qui s'agrandit. Il ne manque qu'une étincelle, qu'une braise pour tout annihiler. Pour tout rendre trop réel. Une libération peut-être. Une liberté vertigineuse et bien trop floue pour être réalité. Il n'est plus que ce reste alors. Ce simulacre. Une ombre ancienne et peu sereine, marquée de sourires douloureux. Il navigue entre les morts, les endeuillés et le silence perdu dans l'entre-deux, les limbes de l'attente.
Croit-il vivre ? Croit-il être ?
Non. Et il le sait. Il manque du souffle de sa musique, asphyxié. Il compose encore, enseigne même apparemment. Mais ses mains atrophiées restent vides, vacantes de son instrument. Parce qu'il fuit tel un lâche, l'extension de ce bras. C'est d'une tragédie lasse. De celle auxquelles il préfère ne pas penser. Les jours sont des ritournelles, des recommencements inaltérables. Ils apportent leur lot de cris, de pleurs et de drames. Chaque aube, il hésite puis recommence. Encore. Il ignore où se situe la rupture. Il ne veut pas la connaître. Il est un sursis qui traverse le temps à l'aveugle parce que l'échéance est insoluble. Quelle existence mène-t-il ? Il n'y apporte aucune réflexion. La désolation qui règne dans les minutes manquerait de provoquer la chute. Il ne sait pas s'il pourrait se relever. En aurait-il seulement envie ? La pensée est effrayante. Alors il fuit encore. Et se hait. Est-il donc devenu si lâche, si dénué ? Pourtant, il se retient à ses ruines, à ses souvenirs, à cette image qui fut la sienne et qu'il ne veut abandonner. C'est celle qu'il veut offrir encore si réellement y parvenir. Le masque se fissure un peu plus chaque jour et il peine à en colmater les stries. Les inconnus sans doute n'y notent pas grand chose mais les siens. Cillian s'absente toujours davantage, voguant vers des horizons qu'il ne connaît. L'aînée a hérité du regard brun perçant de leur mère qui lit entre les pages sans y penser. Elle ne dit que peu, garde ses distances. Elle a trop à faire et elle sait. Elle sait comment l'on érige des portes closes et des murailles calfeutrées. Quant aux autres. Aux autres, il offre la comédie. Il offre lui dans sa gloire ancienne, dans l'illusion d'un simple arrêt. Il ment comme il respire tant il se ment à lui-même et se perd dans ses belles chimères.

Il continue en cet instant encore, même avec lui. Tim n'est pas n'importe qui pourtant. Il compte. Il a éprouvé la sombre face du monde sans y perdre la clarté de son âme. Il l'admire, Tim, parce qu'il tient encore debout. Il revoit son reflet. Celui de ses traits au travers des rayons solaires. Celui de ses prunelles plus bleues que l'hiver perdues entre les allées sombres. Cette silhouette de marbre fragile que le vent ne parvient à faire chavirer. Et il est encore là. Il est parvenu à vivre même, à transformer son existence. Il a quitté leurs vieilles allées funestes, connu d'autres horizons. Il n'est plus seul à présent. Il a créé des mômes. Il n'en connaît pas la mère mais il n'est pas inquiet. Tim est trop pur pour abîmer les autres. C'est la peinture qu'il en a gardé. Peut-être cela entre tout le reste n'a-t-il pas changé. Il possède encore ce sourire qu'il fait naître en miroir. Les mots s'échangent comme les euphémismes. Pourtant en dépit de sa litote, il en a dit plus que de coutume. Il a tergiversé. Il a hésité avant de revenir vers lui, de ramener les paroles vers le jeune homme et son inédite compagnie. Il a fait son oeuvre. Il aurait pu se contenter des familiarités, des politesses même et s'en aller. Il reste pourtant. Il veut en savoir davantage. Le jeune homme rougit dans sa demande et manque de faire naître la couleur sur d'autres pommettes. Le musicien le conduit à l'arrière, se noie dans ses mots, dans le geste incertain de ses doigts. Il lui demande s'il veut quelque chose, sourit à sa réponse puis s’exécute. Il met sa propre tasse de liquide amer à chauffer avant de s'installer en face, posant le verre d'eau sur la table entre eux. Il le questionne sur ses gamins tant l'idée continue de lui paraître si nouvelle. Il n'avait pas prévu d'être père, pour autant qu'il s'en souvienne. Il le lui confirme sans s'étaler. Père célibataire de jumeaux. La pensée prête à sourire puis se révèle compliquée. Il n'a pas mentionné la mère. Il n'est pas certain de vouloir insister. Il n'a pas oublié sa discrétion et il s’abhorrerait de le déranger. Même si cela signifie que la conversation revient vers lui, ce qu'il voulait éviter. Ce malheureux incident. Une sorte d'accident. Quelle atténuation mensongère est-il en train de construire ? A quoi peut-il bien penser ? Il ne veut prononcer ses mots qu'il a formulé bien trop de fois. Répondre aux interrogations. Minimiser la réalité. S'immerger dans sa fiction. Et affronter les regards désolés. Cette piété qu'il exècre. Parce qu'il a chuté. Il se mord la lèvre, hésite encore. Il se relève pour aller servir sa tasse, celle qu'il fait tourner entre ses phalanges diminuées. Quand il se retourne vers lui, il a remis le masque mais souhaite-t-il vraiment le garder ? A quoi se joue la décadence ? Quelle face veut-il encore voiler ? Ses doigts quittent la tasse déposée et se meuvent avec difficulté alors qu'il les observe une seconde. C'est un progrès, il le sait. Après des mois sans parvenir à les bouger. Mais ce n'est pas encore assez. Il a mentionné l'inertie de son bras gauche, son incapacité à jouer. Il ne relève pas ses prunelles tout de suite quand il reparle, d'un ton clair mais moins léger. Calme. Presque trop. "La réeduc'. Les pompes funèbres avec Bianca. A croire que j'y étais destiné." Un sourire, presque faux. Ironique. Amer puis plus sincère. Un regard qu'il croise puis il poursuit. "Je vis chez mon frangin en attendant. Ca va faire presque un an." Presque un rictus. Un murmure. "Un an." Un ton au dessus. "Je peux plus jouer. Plus du violon en tout cas. Pas pour l'instant. Ca reviendra." Il s'en persuade. Y croit-il seulement ? "Je compose. Je file des cours à une actrice aussi. Pour rendre service. Rien de palpitant en réalité. " Des iris qu'il baisse encore. Comme sa voix. "Rien de tout ça." La tasse entre ses doigts valides. Puis un sourire, un vrai. "T'as vécu plus que moi cette année." Son regard se porte à nouveau sur lui, sur son môme de quelques mois. Il a trop parlé. Surtout de lui. "Tu t'es reconverti dans les fleurs alors ?" Un détournement. Encore. Son existence l'intrigue. Même s'il n'est pas si différent. Il a changé, Tim, mais il n'a pas perdu le poids sur ses épaules. A croire qu'ils vivent sous la perdition du monde, dans les méandres sombres des vies abîmées. .

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyDim 16 Aoû - 21:33

Tim n'avait pas la sensation d'avoir énormément changé pendant ces quelques mois où il n'avait pas croisé Malachi. Pourtant, il captait le regard du brun, celui-ci en disant long sur ce qu'il pouvait en penser de son côté. Decastel avait eu des enfants, une surprise même pour sa propre personne car il n'avait pas spécialement voulu cela à la base. En tout cas, il n'aurait jamais pu l'imaginer plus d'un an auparavant alors qu'il ratissait encore et toujours les mêmes mottes de terre, dans les mêmes allées du même cimetière. Le français avait mis un sacré temps à s'élever de sa piètre position de gardien des tombes, parce qu'il n'avait pas eu envie d'autre chose, que ce cher cimetière lui avait toujours rendu service, qu'il ne l'avait jamais déçu. Contrairement aux êtres humains. La comparaison était facile parce qu'il n'y avait plus aucune émotion chez ses pensionnaires d'antan mais Tim leur avait parlé, à certains plus qu'à d'autres, selon les histoires qui l'avaient le plus touché car, oui, lui aussi avait eu ses préférences. Toutes ces histoires extraordinaires, ces personnes merveilleuses qui avaient été fauchées en pleine grâce quand d'autres de leurs congénères continuaient de se la couler douce en ayant des comportements ingrats, voilà les diverses injustices dont Timothy avait été témoin. Il avait fini par l'accepter, non sans mal, parce qu'il avait l'âme beaucoup trop pure pour comprendre toutes ces inégalités mais au final, Tim était entré dans le mal. Pas par choix, non, mais par obligation. Il avait eu ses propres histoires, il en avait souffert, beaucoup, il ne pouvait pas mentir à ce sujet mais désormais, il allait de l'avant. Decastel s'était forgé à travers toutes ces épreuves qui s'étaient enchaînées en une seule année mais il constatait qu'il n'était pas le seul à avoir étrangement bien vécu ces derniers temps. En effet, la dernière fois qu'il avait entendu parler de Etherstone, celui-ci avait une bien jolie carrière de violoniste sur les rails et on l'adulait dans la région pour cette percée spectaculaire. En tout cas, Tim, lui, l'avait admiré parce qu'il était bien incapable de produire la moindre musique, autant privilégier le silence à la cacophonie. Apparemment, la belle destinée de Malachi avait été mise à mal et l'ancien soldat posait quelques question sur ce sujet, visiblement curieux de comprendre ce qui avait bien pu arriver à son vieil ami. "Tu comptes y revenir alors? Enfin, je pourrais comprendre, c'est difficile d'abandonner un vieux rêve. Oui, c'est facile à dire de la part d'un gars qui a jamais eu la moindre ambition à part celle de s'occuper de vieilles tombes." Timothy avait conscience de sa singularité: personne n'avait envie de travailler dans un cimetière mais lui, il avait trouvé l'expérience magique sur bien des points. Il avait tant appris auprès des morts, de leurs familles et il ne regrettait rien de cette aventure, même si c'était fini car tout se terminait un jour. Inévitable destin, cruel parfois. "Moi? J'ai juste rencontré une fille avec qui j'ai fait des enfants. Je me suis engagé dans l'armée quand elle m'a jeté, ce qui était inévitable pour sûr et maintenant, je reviens doucement vers les fleurs. Pour le moment, je fais que des petits trucs mais j'aimerai en faire mon métier un de ces quatre. En vrai, je suis libraire. Il faut payer les couches, disons." L'enfant choisit ce moment pour jeter le reste d'eau sur le genou de son père, rire nerveux de la part de Tim, des crèmes les enfants. "Et les bêtises de ces petits anges. Faudra que tu passes à la maison un de ces quatre pour rencontrer l'autre angelot. En tout cas, tu seras le bienvenu et si je peux filer un coup de main pour quoique ce soit... Faut pas hésiter." Decastel avait toujours eu le coeur sur la main, certains faits ne changeaient pas et celui-là en était un inébranlable pour sûr.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyDim 18 Oct - 17:53

C'est un cycle ternaire. Une boucle qui se répète. Une rengaine quotidienne qu'il suit sans y penser. Les jours se suivent sans cesse semblables. Ils naviguent entre des eaux calmes, à peine troublées par les larmes. Les sanglots de ces inconnus qui défilent, lumières vacillantes d'un jour, torrents de pleurs animés. La ritournelle se poursuit, inlassable. Elle est simple, répétitive. Insupportable. L'âme hurle, intérieure, immergée dans le silence. Cette vie n'en est pas une. C'est une non-existence. Une asphyxie à l'oeil nu. Une perdition pérenne. Il en deviendrait fou, pourtant il poursuit dans l'attente du faux rouage.
C'est un trop. C'est un rien. Un entre deux eaux. Deux eaux contraires qui se perdent. La mort face à l'absence de vie. Le silence face à la cacophonie. Le feu, prisonnier des glaces de l'apathie. Il se meurt. Comme il s'éteint. Flamme vacillante sans éclat. Etoile sans astres, proche du trou noir. De ce gouffre qui tangue, tente, se rapproche. Il effleure l'équilibre. Quelles sont les cordes qui résistent encore ? A-t-il changé ou s'est-il égaré ? Est-il vraiment dans une perdition sombre ou reste-t-il des pavés éclairés ? Il tergiverse. Il stagne. Il observe les existences qui s'éteignent et se demandent encore pourquoi. Ont-ils vécu ? Ont-ils été ? A-t-il atteint sa chute ou va-t-il remonter ?
C'est une pâle figure qu'il offre en dépit du masque fixé. Ceux qui le connaissent notent les craquelures, l'exagération qu'il cherche à voiler. Un homme incertain. En sursis sans saisir les faits. Séquestré d'une voie qu'il n'a pas tracé.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptySam 12 Déc - 16:17

"Tu comptes y revenir alors? Enfin, je pourrais comprendre, c'est difficile d'abandonner un vieux rêve. Oui, c'est facile à dire de la part d'un gars qui a jamais eu la moindre ambition à part celle de s'occuper de vieilles tombes."
"Moi? J'ai juste rencontré une fille avec qui j'ai fait des enfants. Je me suis engagé dans l'armée quand elle m'a jeté, ce qui était inévitable pour sûr et maintenant, je reviens doucement vers les fleurs. Pour le moment, je fais que des petits trucs mais j'aimerai en faire mon métier un de ces quatre. En vrai, je suis libraire. Il faut payer les couches, disons."
L'enfant choisit ce moment pour jeter le reste d'eau sur le genou de son père, rire nerveux de la part de Tim, des crèmes les enfants.
"Et les bêtises de ces petits anges. Faudra que tu passes à la maison un de ces quatre pour rencontrer l'autre angelot. En tout cas, tu seras le bienvenu et si je peux filer un coup de main pour quoique ce soit... Faut pas hésiter."
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyMer 6 Jan - 17:44

Ca reviendra. Il y croit. Il s'y raccroche. Comme à une illusion délavée que l'on retient entre des doigts vides. Des phalanges instables qui ne retiennent pas même les êtres, ni les larmes. Les siennes. Il y croit. Comme on croit en rien. En une fausse idée. Une réalité immatérielle. Une histoire sans fin. Parce qu'elle n'a pas de début. Des pans d'existence incertains. Une folle incertitude. C'est ce qui retient. Ce qui fait tenir. Encore. Pour combien de temps ? Il l'ignore. Il ignore. Encore et toujours.
C'est une rengaine incessante. Lassante. Ereintante. Horripilante. Il en hait chaque note parce qu'il n'en maîtrise aucune. Aucune ne provient de ses mains qui en sont incapables. Aucune ne vient du contrôle qu'il a pu avoir autrefois sur un instrument. Autrefois. Un autre temps. Un an. Quelques mois à peine. Une éternité. Une éternité sempiternelle qu'il abhorre. Autant que le reflet qu'il renvoie à la glace terne qu'il observe parfois.
C'est un cycle ternaire. Une boucle qui se répète. Une ligne quotidienne qu'il suit sans y penser. Les jours se suivent sans cesse semblables. Ils naviguent entre des eaux calmes, à peine troublées par les pluies. Les sanglots de ces inconnus qui défilent, lumières vacillantes d'un jour, torrents de pleurs animés. La ritournelle se poursuit, inlassable. Elle est simple, répétitive. Insupportable. L'âme hurle, intérieure, immergée dans le silence. Cette vie n'en est pas une. C'est une non-existence. Une asphyxie à l'oeil nu. Une perdition pérenne. Il en deviendrait fou, pourtant il poursuit dans l'attente du faux rouage.
C'est un trop. C'est un rien. Un entre deux eaux. Deux eaux contraires qui se perdent. La mort face à l'absence de vie. Le silence face à la cacophonie. Le feu, prisonnier des glaces de l'apathie. Il se meurt. Comme il s'éteint. Flamme vacillante sans éclat. Etoile sans astres, proche du trou noir. De ce gouffre qui tangue, tente, se rapproche. Il effleure l'équilibre. Quelles sont les cordes qui résistent encore ? A-t-il changé ou s'est-il égaré ? Est-il vraiment dans une perdition sombre ou reste-t-il des pavés éclairés ? Il tergiverse. Il stagne. Il observe les existences qui s'éteignent et se demandent encore pourquoi. Ont-ils vécu ? Ont-ils été ? A-t-il atteint sa chute ou va-t-il remonter ?
C'est une pâle figure qu'il offre en dépit du masque fixé. Ceux qui le connaissent notent les craquelures, l'exagération qu'il cherche à voiler. Un homme incertain. En sursis sans saisir les faits. Séquestré d'une voie qu'il n'a pas tracé. D'une vie qui cherche désormais son intérêt.

Ca reviendra. Peut-être. Il y croit parce qu'au fond que reste-t-il ? A l'inverse de l'homme face à lui, il n'a donné son existence pour personne. Les siens ont vécu en son absence. Il n'est pas indispensable. Il tente de l'être. Le temps qu'il est en ces lieux. Utile à défaut. De l'attente de. De quoi ? D'un avenir peut-être. Peut-être. L'indécision. Abjecte. Compte-t-il y revenir ? Oui. Il compte. Il ne peut l'envisager autrement. Il le sait. Il le sent. Le gouffre qui se rapproche. Chaque jour un peu plus. Les faux airs se donnent. L'illusion se maintient. La mascarade aussi sur l'angle de ses traits. Mais le regard est bas. Il évite. Le ton aussi. "J'ai jamais rien envisagé d'autre. C'est trente ans de ma vie. Je saurais pas quoi faire." Il tente un sourire. Une bravade. Il détourne. Encore. "Tu faisais ça pour autant que je m'en souvienne." Les prunelles se relèvent. Amusées. Puis il énumère. Le peu qu'il fait. Rien de palpitant. Le mot est donné. Alors il revient vers lui. Vers les interrogations qui le hantent. Et il l'écoute comme il l'a écouté. Il engraine les informations qui arrivent. Les enfants. L'armée. La librairie. Et donc les fleurs. Père célibataire. Il le lui a déjà mentionné. "Trois fois rien donc." C'est un euphémisme. Son ton le trahit. Son expression aussi. "J'arrive pas à croire que t'aies fait l'armée. C'était pas compliqué avec les mômes ?" Il pense au temps où il l'a lui-même envisagé. Une autre époque. Une éternité. "A en juger par les fleurs que tu nous as ramené, t'as l'air de plutôt bien te débrouiller dans le domaine. Même si je suis pas surpris." Au vu du soin qu'il donnait aux tombes. Aux passants éplorés. Il l'imagine mieux dans ce monde. Entre les effluves florales. Loin des morts. Loin des armes. L'enfant les détourne de la conversation, renverse l'eau qui reste. Il se lève rapidement, par réflexe. Apporte à Tim de quoi se sécher sans réfléchir davantage. Le sourire est revenu. "J'ai l'impression que tu dois pas t'ennuyer. Mais j'adorerais voir ton autre môme." Il ne ment pas. Il le pense. "Tu vis toujours dans le même coin ?" Et merci. Il ne le dit pas encore. Mais il le pense. Aussi. Merci d'être là. Merci de parler. Merci de proposer. De montrer que peut-être tout n'est pas désespéré.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptySam 16 Jan - 12:43


     

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Ca reviendra. Il y croit. Il s'y raccroche. Comme à une illusion délavée que l'on retient entre des doigts vides. Des phalanges instables qui ne retiennent pas même les êtres, ni les larmes. Les siennes. Il y croit. Comme on croit en rien. En une fausse idée. Une réalité immatérielle. Une histoire sans fin. Parce qu'elle n'a pas de début. Des pans d'existence incertains. Une folle incertitude. C'est ce qui retient. Ce qui fait tenir. Encore. Pour combien de temps ? Il l'ignore. Il ignore. Encore et toujours.
C'est une rengaine incessante. Lassante. Ereintante. Horripilante. Il en hait chaque note parce qu'il n'en maîtrise aucune. Aucune ne provient de ses mains qui en sont incapables. Aucune ne vient du contrôle qu'il a pu avoir autrefois sur un instrument. Autrefois. Un autre temps. Un an. Quelques mois à peine. Une éternité. Une éternité sempiternelle qu'il abhorre. Autant que le reflet qu'il renvoie à la glace terne qu'il observe parfois.
C'est un cycle ternaire. Une boucle qui se répète. Une ligne quotidienne qu'il suit sans y penser. Les jours se suivent sans cesse semblables. Ils naviguent entre des eaux calmes, à peine troublées par les pluies. Les sanglots de ces inconnus qui défilent, lumières vacillantes d'un jour, torrents de pleurs animés. La ritournelle se poursuit, inlassable. Elle est simple, répétitive. Insupportable. L'âme hurle, intérieure, immergée dans le silence. Cette vie n'en est pas une. C'est une non-existence. Une asphyxie à l'oeil nu. Une perdition pérenne. Il en deviendrait fou, pourtant il poursuit dans l'attente du faux rouage.
C'est un trop. C'est un rien. Un entre deux eaux. Deux eaux contraires qui se perdent. La mort face à l'absence de vie. Le silence face à la cacophonie. Le feu, prisonnier des glaces de l'apathie. Il se meurt. Comme il s'éteint. Flamme vacillante sans éclat. Etoile sans astres, proche du trou noir. De ce gouffre qui tangue, tente, se rapproche. Il effleure l'équilibre. Quelles sont les cordes qui résistent encore ? A-t-il changé ou s'est-il égaré ? Est-il vraiment dans une perdition sombre ou reste-t-il des pavés éclairés ? Il tergiverse. Il stagne. Il observe les existences qui s'éteignent et se demandent encore pourquoi. Ont-ils vécu ? Ont-ils été ? A-t-il atteint sa chute ou va-t-il remonter ?
C'est une pâle figure qu'il offre en dépit du masque fixé. Ceux qui le connaissent notent les craquelures, l'exagération qu'il cherche à voiler. Un homme incertain. En sursis sans saisir les faits. Séquestré d'une voie qu'il n'a pas tracé. D'une vie qui cherche désormais son intérêt.

Ca reviendra. Peut-être. Il y croit parce qu'au fond que reste-t-il ? A l'inverse de l'homme face à lui, il n'a donné son existence pour personne. Les siens ont vécu en son absence. Il n'est pas indispensable. Il tente de l'être. Le temps qu'il est en ces lieux. Utile à défaut. De l'attente de. De quoi ? D'un avenir peut-être. Peut-être. L'indécision. Abjecte. Compte-t-il y revenir ? Oui. Il compte. Il ne peut l'envisager autrement. Il le sait. Il le sent. Le gouffre qui se rapproche. Chaque jour un peu plus. Les faux airs se donnent. L'illusion se maintient. La mascarade aussi sur l'angle de ses traits. Mais le regard est bas. Il évite. Le ton aussi. "J'ai jamais rien envisagé d'autre. C'est trente ans de ma vie. Je saurais pas quoi faire." Il tente un sourire. Une bravade. Il détourne. Encore. "Tu faisais ça bien pour autant que je m'en souvienne." Les prunelles se relèvent. Amusées. Puis il énumère. Le peu qu'il fait. Rien de palpitant. Le mot est donné. Alors il revient vers lui. Vers les interrogations qui le hantent. Et il l'écoute comme il l'a écouté. Il engraine les informations qui arrivent. Les enfants. L'armée. La librairie. Et donc les fleurs. Père célibataire. Il le lui a déjà mentionné. "Trois fois rien donc." C'est un euphémisme. Son ton le trahit. Son expression aussi. "J'arrive pas à croire que t'aies fait l'armée. C'était pas compliqué avec les mômes ?" Il pense au temps où il l'a lui-même envisagé. Une autre époque. Une éternité. "A en juger par les fleurs que tu nous as ramené, t'as l'air de plutôt bien te débrouiller dans le domaine. Même si je suis pas surpris.." Au vu du soin qu'il donnait aux tombes. Aux passants éplorés. Il l'imagine mieux dans ce monde. Entre les effluves florales. Loin des morts. Loin des armes. "Si t'as besoin d'un coup de main financier ou autre, hésite pas." Les économies restent. Lettres mortes elles aussi. L'enfant les détourne de la conversation, renverse l'eau qui reste. Il se lève rapidement, par réflexe. Apporte à Tim de quoi se sécher sans réfléchir davantage. Le sourire est revenu. "J'ai l'impression que tu dois pas t'ennuyer. Mais j'adorerais voir ton autre môme." Il ne ment pas. Il le pense. "Tu vis toujours dans le même coin ?" Et merci. Il ne le dit pas encore. Mais il le pense. Aussi. Merci d'être là. Merci de parler. Merci de proposer. De montrer que peut-être tout n'est pas désespéré.

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyDim 25 Avr - 13:54

Son histoire était complexe, elle l'avait toujours été et Tim n'était pas le plus à même de mettre cartes sur table afin de tout relater. Les blessures étaient encore vivaces, quoiqu'il puisse en dire ou qu'il puisse suggérer avec ce sourire si radieux, rien ne s'était jamais totalement effacé. Il serait pour toujours l'enfant de l'abandon, l'enfant de la violence également et pas la moindre thérapie ne pourrait rattraper cette jeunesse déchue. Il savait que tout était relatif, qu'il avait désormais passé la trentaine et qu'il pouvait passer à une nouvelle étape de son existence: après tout, le brun avait désormais des enfants et ses buts avaient donc changé. Quelque chose, quelque part, quelqu'un peut être, tout le ramenait forcément à ces instants-là et Malachi était peut être un souvenir de plus parce qu'ils se croisaient très fréquemment lorsqu'ils étaient plus jeunes alors que Tim était encore le garçon qui ne parlait pour ainsi dire à personne. Le croque-mort n'était pas plus volubile que lui cela dit, ce qui avait sûrement aidé Decastel à ne pas trop bégayer lorsqu'il lui avait adressé la parole la première fois, tout cela pour un échange de services des plus banals. Ils avaient fini par se nouer naturellement: avoir un ami si proche de son lieu de travail était clairement un bénéfice auquel Tim avait fini par s'habituer même si, fatalement, la vie les avait éloignés. Malachi nourrissait de grandes ambitions dans la musique et Decastel, lui, était resté le même. Jusqu'à ses affaires récentes. Aujourd'hui, aucun d'eux n'était tout à fait le même mais ils avaient néanmoins énormément à partager: pour une fois, Timothy avait la sensation qu'il pourrait être utile dans la discussion. C'était là le plus âpre à qualifier dans son existence, se sentir si inadapté en société car il n'avait rien vécu pendant si longtemps. Cette fois, il était capable d'offrir son épaule au jeune Etherstone, peut être qu'il trouverait les mots pour lui donner ce réconfort que son compars lui avait tant donné par le passé. Tim bégayait à cette époque, il avait peur de tout, même de sortir de son cimetière pour aller faire quelques emplettes. Ce n'était plus le même homme qui se présentait face à un Malachi en panne d'idées pour rebondir après sa désillusion professionnelle. Timothy pouvait-il lui donner une solution miraculeuse? Sûrement pas, parce qu'il n'y en avait jamais eu pour lui et il en avait fait de belles erreurs, il s'en était voulu souvent mais il avait toujours fini par rebondir, en se forgeant aux difficultés de cette amère vie. "Tu sais, je pense vraiment que personne n'est fait seulement pour une chose. Regarde moi, j'étais juste un gardien de cimetière et je me retrouve à vendre des livres, à faire pousser des fleurs et élever deux enfants. Je pense que tu serais capable de tout ce que tu veux, t'as toujours été persévérant en plus." Beaucoup plus que Tim, c'était le moins que l'on pouvait dire. Le misérable brun dont on se moquait perpétuellement, celui qui désirait fuir la société plutôt que l'embrasser, Malachi n'avait rien à lui envier. Il n'avait plus qu'à trouver un second souffle, dans quelque chose qui lui faisait retrouver le goût de vivre. Même si tout était noir à l'heure actuelle, rien n'était acté que cela devait le rester pour l'éternité à venir. "Attends, il faut que je te remette le récit dans l'ordre. J'ai couché avec cette fille avant de partir à l'armée parce qu'elle m'a jeté. J'ai su en revenant de ma formation qu'elle était enceinte donc tu vois, j'étais pas vraiment au courant à ce moment-là. Cela dit, l'armée, je te le conseillerais pas, c'était pas une partie de plaisir." Tim n'avait jamais été aussi malheureux qu'à Kapooka, certainement parce que sa situation personnelle était désastreuse à l'époque et qu'il n'avait clairement pas les épaules pour supporter tant d'épreuves physiques avec un mental loin d'être en béton armé. Il en était revenu plus fort pourtant et Decastel n'échangerait cette expérience pour rien au monde. Elle l'aidait aujourd'hui à supporter les bêtises de ses deux terreurs, l'une d'entre elles étant en train de refaire la décoration des Etherstone. "Non, je te demanderais jamais ça. Je me débrouille avec le boulot, ne t'en fais pas... Par contre, si jamais t'es opé' des terreurs de temps en temps, je serais pas contre l'idée. Promis, ils sont pas sages seulement quand ils sont avec leur père." Il lui faisait un sourire d'angelot, Tim, forcément mais il n'y avait pas une bribe de mensonge dans ce qu'il narrait. Les gamins étaient toujours plus affreux avec leurs parents qu'avec le reste de leur entourage. "J'ai pas changé de lieu de vie, non. Imagine si j'avais absolument tout changé en un an... Je suis relativement resté le même, Malachi. J'ai juste une vie moins solitaire et crois-moi, c'est pas si terrible de s'ouvrir aux autres." Il n'aurait jamais pensé tenir ce genre de discours un jour mais Tim devenait un vieux sage, apparemment, tenant son enfant sur les genoux, berçant le poupon entre deux paroles appuyées.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyDim 23 Mai - 10:50

Le marbre attrape l'ombre. Blanc, aseptisé. Il capture ses prunelles. Elles en dessinent les rainures. Il s'y immerge. C'est un canevas. Vierge. Une toile à construire, à graver des milliers de lignes. Elles s'entrecroisent. Elles tergiversent. Elles sont obscures. Trop claires. Indéfinies. Sans fin véritable. Il n'en perçoit pas le point de rupture. L'arrivée souveraine. Elles ne sont que méandres. Nœuds sans équerres. Cadenassées. Il s'en détourne. C'est une mesure de secondes. Ses tympans saisissent ce que sa tête ne construit. Folle rengaine que celle qu'il s'offre. Incertain. Evaporé. Il navigue sans penser, sans croire, sans espoir. Il s'accroche à des étoiles. Pourtant si loin de ses mains. Ces dernières le trahissent. Surtout une. Il s'en défait. Mais quand l'occasion se presse. La réalité revient frapper. En pleine figure. Elle laisse désabusé, sonné. Il en refuse la sentence. A quoi servirait-elle ? Les filaments qui le maintiennent debout s'effilochent. Ils se font rares. Il viendra le jour où ils céderont et alors que restera-t-il ? De la poussière d'espérance lâchée à quatre vents et un désespoir inextricable qui le ramènera au même niveau que ses clients. Six pieds sous terre. Il est un Icare. Il a trop joué. La chute est rude. Les flots arrivent. En sortir la tête tiendrait du miracle. Il n'y a jamais cru. Une erreur peut-être. Evidemment dirait-elle. Il ne veut pas l'écouter. Il poursuit une bataille vaine. Une part espère toujours vaincre. Une illusion. L'autre part le sait. Figé, pathétique dans un vieux rêve. Une autre existence qu'il ne retrouvera jamais. Ses membres le lui rappellent. Quand il se laisse prendre à l'utopie. Il se fait l'effet d'une chimère. Ca en est une. Cherche-t-il vraiment à continuer ? La pensée obsède. Il la fuit. Elle aussi. Au lieu de quoi, il observe. Il écoute. Il revêt le masque. Il s'immerge dans les histoires d'autres. La sienne n'est pas si tragique, pas vrai. Si seulement il pouvait le penser.

Il écoute. Il s'abreuve. Il reçoit chaque mot que la voix de Tim entraîne. Il cherche à s'en imprégner. Désespérément. Il a raison. Sans doute. Il est résilient, Tim. Il sait. Il est parvenu. Il a changé d'existence. Il est toujours le même. La pensée devrait le tenter. Elle devrait naître. Prendre racine. Il la saisit. Sans la comprendre. Encore incapable de l'appréhender. Il sourit à ses propos. Il pourrait recommencer. Mais dans quelle direction ? Le souhaite-t-il seulement ? Il est un agent du deuil chaque heure qui passe. Incapable de faire le sien. Le déni reste. L'ignorance. Le refus. La chute menace. Il construit un sourire. Pensif, la voix plus haute que le murmure. Je pense vraiment que personne n'est fait seulement pour une chose. Il doit avoir raison. Il doit. Alors il le formule. A défaut d'y croire encore. Prisonnier de sa toile, de ses barreaux qu'il créé. "T'as surement raison. J'ai juste du mal à mettre en perspective." Un euphémisme. "Je crois que je veux pas abandonner l'idée avant d'être sûr." Que j'ai plus le choix. Que c'est fini. Que le gouffre est une antre où se réfugier. La pensée sombre. Il se détourne. Encore. Lâche peut-être. Les paroles virevoltent. Il les ramène vers lui. Il veut savoir. L'ensemble l'intrigue. Il n'a pas changé peut-être. Il le croit. Mais sa vie, elle, a continué de s'écrire. En moult virages. Son histoire a le mérite de le soustraire. Le jeune homme remet les faits en ordre. Lui aussi. Un rire naît, bref, sincère. "Ca, je veux bien te croire. Tu sais que j'ai failli rejoindre les rangs à une époque. C'est une tradition de famille. Et puis la musique a pris le dessus." Ou serait-il s'il l'avait fait ? S'il avait cédé à cette tergiversation. Brisé encore. Ou vivant peut-être. L'instant frappe sans annonce. Tim lui-même n'a pas poursuivi. Il a d'autres priorités. Il s'y ramène. Le sourire. Il reste. Il reste honnête. Il répond au sien. Il répond aux mots qui précédent. "Pourquoi pas. Ca me rappellera quand je gardais mes nièces. Elles sont grandes maintenant." Trop grandes sans doute. Ou passent les ans ? Au travers des lignes des mois, des secondes qui s'évaporent. Les questions encore. "On sait jamais. Tu serais plus à ça près." Il veut croire. A chaque lettre, à chaque mot, à chaque parole. Il répète la mélodie lancinante. Il s'entête. Qu'est-ce-qui retient la raison de prendre forme ? Qu'est-ce-qui empêche l'ultérieur de se faire ? Il l'ignore. La page est blanche. Il ne se noircit de rien. Pas même de fausses idées. De folles hypothèses. De fourbes rêves. Quand a-t-il cessé d'espérer ? Il vide l'eau entre ses phalanges, se prend à vouloir d'un liquide plus fort. Il écarte la pensée. Il observe son interlocuteur et ce mioche qui n'a pas quitté ses genoux. C'est pas si terrible de s'ouvrir aux autres. "Ca donne des surprises en tout cas. Mais je suis content pour toi. On prend goût à ne plus fréquenter que les morts." Dit-il alors qu'il a fait le chemin inverse. "Ils ne te manquent pas au moins ?" A moins de regretter le silence. Ce n'est pas son cas. Il le redoute. Il l'honnit. Alors il comble. Avant qu'il ne naisse. Avant de le rejoindre à son tour. C'est pas si terrible de s'ouvrir aux autres. "Je tourne en rond, je crois. Je reviens au point de départ alors que ..." Une hésitation. Des prunelles qui errent. "Je pensais pas revenir me coincer là après vu le reste du monde. Ca pourrait être pire." Un rire furtif, sans joie. "On l'a vu tous les jours. Je le sais ça. Mais je sais pas. Je voyais autre chose. J'aurai préféré que ça soit un choix, tu vois ?" Une décision. La sienne. L'absence de contrôle créé la dérive. La perdition. Il n'y est pas habitué. Il ne la connaît pas, elle. Il maîtrise, tout. Les gestes et les lignes. Les notes et les expressions. Alors il cède. Le saut dans le vide. Sans filet. Sans fond. Toile vide. Dépouillée. Sans inspiration.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyJeu 22 Juil - 12:54


     

A weed is but an unloved flower
@"Timothy Decastel"
Le marbre attrape l'ombre. Blanc, aseptisé. Il capture ses prunelles. Elles en dessinent les rainures. Il s'y immerge. C'est un canevas. Vierge. Une toile à construire, à graver des milliers de lignes. Elles s'entrecroisent. Elles tergiversent. Elles sont obscures. Trop claires. Indéfinies. Sans fin véritable. Il n'en perçoit pas le point de rupture. L'arrivée souveraine. Elles ne sont que méandres. Nœuds sans équerres. Cadenassées. Il s'en détourne. C'est une mesure de secondes. Ses tympans saisissent ce que sa tête ne construit. Folle rengaine que celle qu'il s'offre. Incertain. Evaporé. Il navigue sans penser, sans croire, sans espoir. Il s'accroche à des étoiles. Pourtant si loin de ses mains. Ces dernières le trahissent. Surtout une. Il s'en défait. Mais quand l'occasion se presse. La réalité revient frapper. En pleine figure. Elle laisse désabusé, sonné. Il en refuse la sentence. A quoi servirait-elle ? Les filaments qui le maintiennent debout s'effilochent. Ils se font rares. Il viendra le jour où ils céderont et alors que restera-t-il ? De la poussière d'espérance lâchée à quatre vents et un désespoir inextricable qui le ramènera au même niveau que ses clients. Six pieds sous terre. Il est un Icare. Il a trop joué. La chute est rude. Les flots arrivent. En sortir la tête tiendrait du miracle. Il n'y a jamais cru. Une erreur peut-être. Evidemment dirait-elle. Il ne veut pas l'écouter. Il poursuit une bataille vaine. Une part espère toujours vaincre. Une illusion. L'autre part le sait. Figé, pathétique dans un vieux rêve. Une autre existence qu'il ne retrouvera jamais. Ses membres le lui rappellent. Quand il se laisse prendre à l'utopie. Il se fait l'effet d'une chimère. Ca en est une. Cherche-t-il vraiment à continuer ? La pensée obsède. Il la fuit. Elle aussi. Au lieu de quoi, il observe. Il écoute. Il revêt le masque. Il s'immerge dans les histoires d'autres. La sienne n'est pas si tragique, pas vrai. Si seulement il pouvait le penser.

Il écoute. Il s'abreuve. Il reçoit chaque mot que la voix de Tim entraîne. Il cherche à s'en imprégner. Désespérément. Il a raison. Sans doute. Il est résilient, Tim. Il sait. Il est parvenu. Il a changé d'existence. Il est toujours le même. La pensée devrait le tenter. Elle devrait naître. Prendre racine. Il la saisit. Sans la comprendre. Encore incapable de l'appréhender. Il sourit à ses propos. Il pourrait recommencer. Mais dans quelle direction ? Le souhaite-t-il seulement ? Il est un agent du deuil chaque heure qui passe. Incapable de faire le sien. Le déni reste. L'ignorance. Le refus. La chute menace. Il construit un sourire. Pensif, la voix plus haute que le murmure. Je pense vraiment que personne n'est fait seulement pour une chose. Il doit avoir raison. Il doit. Alors il le formule. A défaut d'y croire encore. Prisonnier de sa toile, de ses barreaux qu'il créé. "T'as surement raison. J'ai juste du mal à mettre en perspective." Un euphémisme. "Je crois que je veux pas abandonner l'idée avant d'être sûr." Que j'ai plus le choix. Que c'est fini. Que le gouffre est une antre où se réfugier. La pensée sombre. Il se détourne. Encore. Lâche peut-être. Les paroles virevoltent. Il les ramène vers lui. Il veut savoir. L'ensemble l'intrigue. Il n'a pas changé peut-être. Il le croit. Mais sa vie, elle, a continué de s'écrire. En moult virages. Son histoire a le mérite de le soustraire. Le jeune homme remet les faits en ordre. Lui aussi. Un rire naît, bref, sincère. "Ca, je veux bien te croire. Tu sais que j'ai failli rejoindre les rangs à une époque. C'est une tradition de famille. Et puis la musique a pris le dessus." Ou serait-il s'il l'avait fait ? S'il avait cédé à cette tergiversation. Brisé encore. Ou vivant peut-être. L'instant frappe sans annonce. Tim lui-même n'a pas poursuivi. Il a d'autres priorités. Il s'y ramène. Le sourire. Il reste. Il reste honnête. Il répond au sien. Il répond aux mots qui précédent. "Pourquoi pas. Ca me rappellera quand je gardais mes nièces. Elles sont grandes maintenant." Trop grandes sans doute. Ou passent les ans ? Au travers des lignes des mois, des secondes qui s'évaporent. Les questions encore. "On sait jamais. Tu serais plus à ça près." Il veut croire. A chaque lettre, à chaque mot, à chaque parole. Il répète la mélodie lancinante. Il s'entête. Qu'est-ce-qui retient la raison de prendre forme ? Qu'est-ce-qui empêche l'ultérieur de se faire ? Il l'ignore. La page est blanche. Il ne se noircit de rien. Pas même de fausses idées. De folles hypothèses. De fourbes rêves. Quand a-t-il cessé d'espérer ? Il vide l'eau entre ses phalanges, se prend à vouloir d'un liquide plus fort. Il écarte la pensée. Il observe son interlocuteur et ce mioche qui n'a pas quitté ses genoux. C'est pas si terrible de s'ouvrir aux autres. "Ca donne des surprises en tout cas. Mais je suis content pour toi. On prend goût à ne plus fréquenter que les morts." Dit-il alors qu'il a fait le chemin inverse. "Ils ne te manquent pas au moins ?" A moins de regretter le silence. Ce n'est pas son cas. Il le redoute. Il l'honnit. Alors il comble. Avant qu'il ne naisse. Avant de le rejoindre à son tour. C'est pas si terrible de s'ouvrir aux autres. "Je tourne en rond, je crois. Je reviens au point de départ alors que ..." Une hésitation. Des prunelles qui errent. "Je pensais pas revenir me coincer là après vu le reste du monde. Ca pourrait être pire." Un rire furtif, sans joie. "On l'a vu tous les jours. Je le sais ça. Mais je sais pas. Je voyais autre chose. J'aurai préféré que ça soit un choix, tu vois ?" Une décision. La sienne. L'absence de contrôle créé la dérive. La perdition. Il n'y est pas habitué. Il ne la connaît pas, elle. Il maîtrise, tout. Les gestes et les lignes. Les notes et les expressions. Alors il cède. Le saut dans le vide. Sans filet. Sans fond. Toile vide. Dépouillée. Sans inspiration.

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Timothy #01   [30Y] Malachi & Timothy #01 EmptyJeu 22 Juil - 12:55

Tim n'oubliera jamais d'où il vient, l'adversité qu'il a eu à traverser pour devenir l'homme qu'il est aujourd'hui. Il est certes encore vacillant de bien des manières mais le jeune français a de plus en plus conscience de ses limites et de ses capacités également. Il aura toujours un peu d'appréhension lorsqu'il devra se rendre en société, se perdre dans des conversations avec des inconnus mais plus le temps passe, plus sa timidité se cache derrière une fausse assurance. Probablement que Decastel ne sera jamais l'homme charmeur de base avec des années d'expérience dans la manipulation d'autrui mais il apprécie en tout cas le chemin qu'il prend. Aujourd'hui, il est père de famille, avec toutes les difficultés qu'une telle situation implique évidemment mais il a aussi des responsabilités qui tendent à le rendre beaucoup plus à l'aise dans ses choix. Il pense toujours aux jumeaux lorsqu'il fait un acte plutôt qu'un autre car leur bien-être passe avant le sien, avant celui de n'importe qui d'autre d'ailleurs. Le brun sait le rôle qu'il a désormais sur les épaules, même si chaque jour peut être complexe parce qu'être seul pour une telle mission n'est pas une décision qu'il a franchement prise. Il ne peut pour autant rien regretter car ses enfants sont tout bonnement devenus son monde entier en l'espace de quelques mois. Il a enfin sa famille, ce que Tim a toujours déploré car il n'a toujours eu que Noé, rien d'autre. Maintenant, l'entourage s'agrandit et d'autres petits êtres le couvent d'amour, quelque chose que Decastel ne pensait pas mériter durant pas mal d'années pour être parfaitement honnête. Alors, il peut décemment partager son expérience avec Malachi, lui expliquer de cent façons différentes que rien n'est terminé, même s'il traverse une phase difficile depuis l'accident qui l'a rendu pour le moins inapte à vivre de sa passion.

Rien n'est encore joué, son ami a probablement bien d'autres ficelles à tirer pour trouver un second souffle dans cette vie. Certes, tout cela prendra quelques temps car il faut se remettre en selle, accepter cette défaite du moment pour mieux pouvoir trouver le bonheur du renouveau par la suite. Tim ne peut pas lui dire quand sera l'épiphanie, quand les choses redeviendront claires et sereines mais il est optimiste pour Etherstone. Il ne l'a jamais été pour son propre bien mais quand il est question des autres, Decastel trouve des ressources insoupçonnables pour les sublimer, merveilleux, n'est-ce pas? "Il y a des milliers de manières de faire de la musique. Tu rebondiras, je suis sûr." Peut être que le violon ne sera pas de la partie car sa mobilité semble définitivement réduite pour le moment mais tant de métiers l'attendent dans ce milieu et Malachi a beaucoup trop de talents pour le gâcher dans un abandon pur et simple de tout ce travail acharné qui a duré des dizaines d'années. Il est désormais de retour, à vivre aux côtés d'un vieux cimetière que Tim a laissé de côté depuis quelques mois, de quoi offrir un nouvel espoir à un homme qui a l'impression de tout avoir perdu. Decastel est passé par là, il peut lui assurer qu'il retrouvera de quoi vivre décemment. "C'est marrant, je te voyais pas plus dans l'armée que moi donc tant mieux que t'aies choisi la musique." Ils n'auraient pas été des soldats très patriotiques. Les batailles, la violence, tout cela, ce n'est pas leur manière de faire et de vivre. Malachi et Tim ont toujours été des êtres profondément doux, toujours présents pour émerveiller les yeux ou les oreilles des autres, pourquoi se perdre dans une machine de guerre? "Tonton Malachi, le retour. Tu pourras même leur chanter des berceuses, ce sera assurément moins laid que moi." Il n'est pas un grand musicien, Tim, il a toujours préféré le silence, les fleurs, les livres, quelque chose de paisible qui ne demande pas des mélodies ou des milliers de mots. La solitude a été son quotidien et il en vit encore, modifiant simplement son parcours petit à petit pour renouveler le peu de bonheur qu'il peut encore obtenir de la part des autres. "Les morts? Oh si, je reviens souvent dans le coin. J'ai mes petits habitués à saluer, des anecdotes à raconter à d'autres... J'abandonnerai jamais totalement mon cimetière, c'est impossible." Il aime y revenir, la preuve puisqu'il est là aujourd'hui, à créer de nouveaux paysages pour des défunts qui n'ont plus conscience de rien, pas des efforts d'un pauvre homme comme lui en tout cas. Néanmoins, Tim aime ce qu'il fait et il ne cherche pas les médailles ou la reconnaissance de manière générale, il se contente de la paix et de quelques sourires. Avec cela, il est heureux. "Je peux comprendre. J'ai jamais rien choisi non plus de ce qui m'est arrivé mais dis toi que tout se passe pour une raison, que l'univers te teste pour t'amener vers quelque chose de plus grand. De plus beau. A toi de te laisser emporter par la danse." Il lui tapote l'épaule en voyant que l'enfant dans ses bras a fini par s'endormir, signe du destin que les choses s'apaiseront pour eux deux au fur et à mesure, qu'ils trouveront enfin leur chemin et n'y dérogeront plus jamais à l'avenir.
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