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 [30Y] Malachi & Zeke #01

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Iracebeth

Iracebeth


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MessageSujet: [30Y] Malachi & Zeke #01   [30Y] Malachi & Zeke #01 EmptyVen 16 Oct - 21:57

Il ne réagirait pas car c'était bel et bien ce qu'ils désiraient tous, non, que la grande montagne qu'il était sorte de ses gonds et abatte des poings sur les murs? Peut être même pire encore, peut être qu'on attendait de lui qu'il frappe une personne humaine, ce dont Zeke était humainement incapable. Il n'était encore qu'un enfant mais ses émotions jouaient au yo-yo depuis bien trop longtemps pour qu'il puisse continuer ainsi jusqu'à la fin de ses études. Le pauvre Blythe était la lanterne rouge de la classe et de loin, toujours loin d'être en mesure de lire un mot en entier, non sans essayer bien évidemment. Le problème pour lui résidait dans le fait que toutes les lettres se mélangeaient dès lors qu'elles avaient un léger point commun et les efforts intellectuels que lui demandaient l'exercice étaient énormes. Il en revenait totalement démoralisé, même si son professeur avait arrêté depuis bien longtemps de s'acharner sur lui: alors, Ezechiel restait sagement dans son coin à attendre que les heures passent tant tout demeurait abstrait pour lui. Pas les moqueries, néanmoins, jamais celles-là. Il n'était pas dupe, il avait senti les boules de papier s'abattre contre son dos, cible facile puisqu'on avait choisi de le mettre tout devant en classe. Lorsque l'heure fatidique de la sortie arriva, Zeke se leva fort rapidement de sa chaise pour quitter les lieux sans même attendre que l'instituteur le demande. Il savait qu'il avait tort, que les règles étaient importantes et que ses parents ne cautionneraient pas un tel manque de politesse mais il était usé jusqu'à la moelle. La journée avait été longue et les sifflets avaient perduré, quolibets qui ne cessaient jamais. Même là, maintenant qu'il était dehors, le grand fermier se retrouva pris à parti, coincé entre deux camarades de classe qui l'insultaient de tous les noms. Qu'il était exténué, qu'il voulait simplement la paix, qu'on arrête de le chahuter pour si peu. Méritait-il tout ce raffut? Il n'en savait rien mais Zeke se contenta de se boucher les oreilles en attendant que le tout passe, une excellente idée puisqu'il reçut quelques coups dans le genou qui le laissèrent pantelant. Tout ce qu'il put faire pour s'en sortir, c'était de se dégager et de courir jusqu'aux toilettes, se laissant choir là, par terre, misérable carcasse géante qui tâchait de respirer et retrouver son calme. Ne pas les laisser gagner, c'était ce qu'il s'était promis, n'est-ce pas? Arrivait le moment où Blythe devait le prouver, tout simplement.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Zeke #01   [30Y] Malachi & Zeke #01 EmptyDim 18 Oct - 15:57


     

Tripping on the now
@"Ezechiel Blythe"
Ses doigts pianotent. Ils pianotent alors qu'il se retient.
De les serrer pour les abattre sur le bois. Sur des traits éreintants.
De les abîmer contre les murs. Sur ces expressions débectantes.
Il baisse les prunelles. Il pianote d'une main, écrit de l'autre. Il attend que la mesure des minutes prennent fin et que les secondes s'écoulent. Sur sa feuille, nulle autre ailleurs. Sur cette page, il concentre toute son attention. Impassible à l'ensemble. Luttant pour maintenir l'illusion. Il est presque temps. Presque. Quelques minutes. Juste quelques unes. Il pianote en rythme et ignore les yeux insistants de sa voisine. Il la dérange. Il s'en fiche. Si c'est la seule chose qui la gêne alors c'est elle qui a un problème. Il la fusille du regard, fait de même avec le dos résolument tourné de son enseignant. Pourquoi ne voit-il rien ? Pourquoi ne dit-il rien ? A quoi sert-il vraiment ? Il serre les dents, retourne vers sa feuille, ignore obstinément le premier rang. Et cette silhouette. Déjà si grande pour son âge mais qui tente de se faire si petite. Pourquoi faut-il qu'il se trouve ainsi exposé ? Quel est l'intérêt ? Il peine à comprendre. Il n'est pas bienvenue de demander. Il voit pourtant les bouts qui volent, qui ricochent sur son dos. Comment fait-il pour ne pas réagir ? Il l'ignore. Il n'a pas sa patience. Il les aurait déjà écorché. Pourtant, il se retient. Ils n'attendent que ça. Ces figures pathétiques. Ces êtres arriérés.

L'heure sonne, la silhouette file en trombe. Il n'a pas le temps de la voir s'évaporer. Un soupir s'échappe. Il prend promptement ses affaires, navigue à travers les rangs. Son regard le cherche dans le flot des élèves mais ils circulent sans ordre distinct. Il se mord la lèvre, renonce. Il manque de temps. Il faut qu'il attrape le bus pour Brisbane. Le Conservatoire. Mais il les entend. Les voix qui volent se mêlent au brouhaha informe. Mais leurs mots résonnent, brûlants. Il a entendu son nom, tronqué une fois encore. Sans doute est-il trop long pour ces imbéciles. Il les ignore. Il n'a pas le temps. Ils se rapprochent pourtant. Il ferme les yeux avec indifférence. Stupides. Ils sont simplement stupides. Ils n'en valent pas la peine. Ne l'ont jamais valu. Sa frustration monte d'un nouveau cran. Mais il n'a pas le temps. Ni la patience. Il s'éloigne, la tête haute. Plus que quelques mètres et il pourra noyer tout ça. Dans les accords de son violon. Dans une autre mélodie moins discordante. Jusqu'à l'écho. Il s'arrête, se fige, se retourne. Ebranlé soudain. Il devra partir, fuir, attraper ce foutu bus et ne plus y repenser jusqu'au lendemain. Mais la journée est déjà longue. Et les mots ont leurs limites. Lui aussi. "T'as dit quoi là ?" La question file, sans retenue. Les rires résonnent, insupportables. Moqueurs pour ne rien changer. "J'ai dit c'est vrai que ta mère se tape les cadavres ?" Sourd. Il devrait l'être. Il aurait du. Tout comme ce rictus aurait du appartenir à un muet. Mais ils ne sont ni l'un, ni l'autre. Et il n'a plus envie de contenir. Il secoue la tête, à cran. Craque. Ses phalanges heurtent cette face insupportable. Et l'écarlate gicle. Il n'aurait pas du. Il réalise mais tient sur ses jambes. "Dis encore un mot sur ma mère et je t'enterre vivant." Il insiste sur la fin, les cloue des yeux, sait qu'il passe encore pour un dingue mais qu'importe. L'autre s'est tu, ses lèvres se noient, sanglantes. Il se détourne rapidement, s'écarte avant qu'un adulte ne le remarque. Il va avoir des ennuis. Il le sait. Il n'en a que faire. Il tolère, tolère encore mais il est des jours où il n'y arrive plus. Zeke a plus de force que lui finalement, lui qui passe pourtant la journée sous les quolibets. Il se demande où il se trouve encore, espère qu'il est rentré. Lui se dirige vers les toilettes parce que la douleur se réveille, cuisante sur ses doigts abîmés. Il n'a rien cassé. Du moins, il le pense. Il l'espère. Il ne peut se permettre de prendre du retard. Surtout pas à cause de cette bande de décérébrés. Pourquoi a-t-il cédé ? Pourquoi ? C'est un aveu de faiblesse. Une erreur. Qu'il sait devoir payer. Il s'en soucierait plus tard. Demain. Ou ce soir quand il sera rentré. Il trouve enfin la porte, la franchit sans réfléchir. Le premier lavabo fait l'affaire. Il passe sa main rougie sous l'eau glacée. Il retient les larmes de frustration qui menacent. L'eau froide commence à calmer la douleur et ses nerfs. A vif. Il n'est pas seul cependant. Ses yeux cherchent puis aperçoivent rapidement cette silhouette qu'il fuit habituellement dans les heures qui avancent. C'est donc qu'il était. Il abandonne le lavabo sans même l'éteindre puis se rapproche de la carcasse ramassée. Il le voit tenter de se respirer et s'accroupit finalement face à lui. "Hey, Ze', hey. Respire, ça va aller, respire." Il se sent faible soudain, pathétique. Il aurait du craquer avant. Pour un autre, pas pour lui. Quitte à le faire, autant que ça en vaille la peine. Putain qu'il les hait, tous. Tous autant qu'ils sont. "Suis désolé, Ze. J'aurais du…" Il aurait du quoi ? Graver leur cervelle contre le mur, les retenir ? Craquer encore ? Se retenir lui-même ? Il n'en sait rien. C'est un jeu auquel il a l'impression de perdre et il déteste l'idée. Il hésite à le toucher, s'assoit face à lui. A même le sol, sur les carreaux froids. Ils sont seuls. Pour l'instant. Etrange répit esseulé. Il ne le quitte pas des yeux, se retient de baisser encore ses paupières. Il ne peut rester faible. En quoi vaut-il mieux que ces autres quand il le fait ? Ils ne peuvent les laisser vaincre. Non, ils ne peuvent gagner. Mais à quel prix ?

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Zeke #01   [30Y] Malachi & Zeke #01 EmptyLun 19 Oct - 7:51

Il n'était pas si fragile à l'accoutumée, sûrement parce que Zeke prenait toujours beaucoup trop sur lui. Il était hors de question d'alerter le reste de sa famille sur ses conditions de vie en milieu scolaire. A vrai dire, ses parents avaient déjà assez à faire lors des rendez-vous avec le professeur pour qu'on leur narre en long, en large et en travers à quel point leur fils n'avait aucune aptitude. S'il était nul dans absolument tout, que lui restait-il pour avancer? Zeke cherchait encore la faille quelque part, en s'enfermant beaucoup trop sur lui-même, loin du reste du monde dans un coin de sa ferme. Devenir invisible, voilà le seul rêve qu'il avait encore et Ezechiel avait conscience qu'il lui serait toujours refusé, éternel déçu qui n'aurait plus qu'à attendre la fin en espérant sincèrement obtenir le moins de souffrance possible. Autant dire que ce n'était pas gagné en vue de l'état dans lequel ses camarades cherchaient à le mettre au quotidien: la cruauté humaine n'avait en effet pas la moindre limite alors que la patience du grand Blythe, elle, ne pouvait qu'en connaître. Certains jours, le grand garçon n'avait plus envie de se lever de son lit pour subir la même journée que la veille car, il savait parfaitement qu'on viendrait le cueillir au détour d'un couloir désert pour lui voler le peu d'argent qu'il pouvait avoir sur lui. Bien sûr, Zeke ne comptait plus les insultes et les moqueries: elles étaient devenues monnaie courante et il avait appris assez jeune à fermer ses oreilles à toutes sortes de diatribes qui lui porteraient préjudice. Dans ce cas, pourquoi aujourd'hui n'arrivait-il pas à faire aussi bien abstraction que la veille? Sûrement parce qu'ils s'y étaient mis à plusieurs, cherchant à faire craquer la bête noire de cet établissement. Jusque là, Ezechiel n'avait jamais craqué mais les journées étaient si longues pour un dyslexique qui n'obtenait pas la moindre aide de l'institution alors, comment tenir quand même les camarades se mettaient sur son dos pour lui faire péter un plomb d'envergure? Dans les moments où Blythe sentait que la colère était beaucoup trop proche, il fallait qu'il s'isole at les toilettes avaient été l'endroit idéal pour ne découvrir la tête de personne de mauvais dans les minutes à venir. Au sol, à se faire le plus petit possible, le grand fermier pour son âge tâchait de contenir toute sa rage entre ses poings serrés, sa respiration était haletante mais ses pensées portées vers un seul objectif: tous les briser. Il l'aurait certainement fait s'il n'avait pas senti la silhouette de Malachi le rejoindre au sol pour lui apporter un soutien inespéré durant cet instant de crise intense. "Rien. Il faut rien faire. Jamais leur montrer." Il ne savait pas que Etherstone avait dépassé la limite du raisonnable de son côté, il ne le vit qu'en captant la marque sur ses phalange et il souffla, Zeke, parce que c'était inévitable, qu'ils étaient tous deux condamnés à empirer leur situation. "T'aurais pas dû. Ils se vengeront. Ce sera pire pour toi." Il serait le paria au même titre qu'Ezechiel. Malachi l'était déjà avec le business familial mais il était plus intelligent que le grand fermier du coin alors, on avait quelques raisons de moins de venir lui chercher des noises. Jusque là, malheureusement, car le second round débutait ce jour-là.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Zeke #01   [30Y] Malachi & Zeke #01 EmptyLun 19 Oct - 15:33


     

Tripping on the now
@"Ezechiel Blythe"
Aveu de faiblesse. Maudite erreur. Il ne tolère ni l'un, ni l'autre. Mais c'est pourtant là qu'il s'égare. Il a laissé les entrelacs de la déraison prendre le dessus. La pensée courte. Inexistante. Ce sang qui tourne au cœur des veines, qui incendie, récupère l'avantage. C'est un instantané. Un regret. Une fierté furtive. De le voir choir. D'observer l'écarlate marquée ses grimaces. De jauger ses yeux teintés de surprise. Il a pris peur, l'espace d'une seconde. Il a regretté, ne serait-ce qu'un instant. La satisfaction atténue la douleur mais cette dernière se réveille. Comme tout le reste. La frustration. La honte. Non pas d'être mais d'avoir cédé. D'avoir laissé cet autre vaincre après avoir tant résisté. Il se hait mais il les hait plus encore. Il abhorre ce qu'ils font naître, ce qu'ils parviennent à créer. Il devrait être indifférent. Au dessus d'eux tant ils sont insignifiants. Il se dit que leurs mots ne naissent que parce qu'ils se savent condamnés à la médiocrité. Alors pourquoi cette faiblesse ? Il a relevé la tête, ignoré les signaux douloureux. Il a lâché son venin dans le vent, entretenant encore l'image qu'ils lui ont donné. Qu'importe. Il n'a jamais eu honte. Pourquoi devrait-il ? Pourquoi a-t-il cédé ? Il espère que l'heure, que les paroles lui offriront un répit. Sans doute se noie-t-il d'illusions. Il devrait quitter les lieux. En hâte. Ne pas se retourner. Juste le temps de glacer ses jointures rosacées et il pourra immerger sa colère dans sa musique. Mais il n'est pas seul. Encore moins indifférent. Son coup de colère en a bien l'évidence. Alors il se rapproche. De ce garçon qui peine à respirer, qui serre les poings, qui retient sans doute ce que lui n'est pas parvenu à conserver. Il pourrait paraître faible là, recroquevillé au sol mais sa présence ainsi lui donne plutôt l'impression de l'inverse. Il admire cette force, cette résilience. Un jour après un autre. Une semaine suivant la précédente. Le flot est incessant mais il résiste. Toujours. Comment il l'ignore. En cet instant, il se le demande encore plus. Il l'observe, ses poings serrés. Son souffle est saccadé, sans rythme. Il le rejoint sur les carreaux glacés. Il ajoute des mots au silence. Des excuses qui ne font rien avancer. Est-il donc si faible ? Ou devrait-il s'estimer heureux d'avoir su tenir jusque là ? Il ne sait plus. Le jeune garçon lui confirme qu'il ne faut rien faire. Mais comment les faire cesser ? Attendre est insupportable. La lassitude finit par vaincre. Il doit monter des murs, ajouter des murailles que nul ne viendra briser. L'indifférence en guise de mépris. L'ignorance en forme de vengeance. Mais il a cédé. Zeke le voit bien assez vite. Il souffle. Il aurait pu du. Ce sera pire. Peut-être.
Peut-être. Tourner les talons. Les ignorer. Venir directement en ce lieu. Les ignorer. Ne pas les entendre. Faire taire les voix. Ce son insupportable. Ces mots qui ne vont pas. Ils sont de trop, de trop. Il n'a pas pu. Il le regrette mais ils l'ont cherché. Alors qu'ils viennent. Qu'ils viennent donc se venger, faire jouer les représailles. Qu'ils se mettent à plusieurs parce qu'ils sont si faibles et si lâches. Si bas et sans intérêt. Il serre le poing à son tour, grimace de la douleur qui lance. "Peut-être bien mais j'ai pas pu. Pas cette fois. Je suis pas toi, Zeke." La frustration. Les mouvements frénétiques. La voix basse mais qui souffle, sourde entre les briques. "Quand c'est contre moi, je m'en fous. Mais on touche pas à ma famille." Il s'en convainc. C'est une évidence. Il le sait. C'est sa limite, son point faible. Ils ont trouvé et ils ont pressé. "Ils viendront quand même façon. Rien faire a pas l'air de changer les choses." C'est bien là l'accroc. L'indifférence qui ne fait pas de différence. Ils viennent, ils continuent. Ils assènent sans cesse, incessants, inlassables. Encore et encore. Jour après jour après jour. C'est lancinant, c'est harassant. La corde se tend puis cède. Il cède après avoir tant tenu. Si la suite vient alors il la prendra. Il n'est pas impassible, pas encore. Un jour viendra peut-être mais pour l'heure, il est là. Face à cet autre qui reçoit sans répit. Face à ce gamin qui endure sans cri. Mais pour combien de temps ?

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Zeke #01   [30Y] Malachi & Zeke #01 EmptyLun 30 Nov - 12:53

Il s'écroulait et c'était là, une alternative inévitable, un fait qui lui pendait au nez depuis des jours, voire des semaines. Zeke jouait toujours à l'homme invincible, véritable Superman face à la moindre moquerie mais il ne gagnait en rien cette lutte acharnée contre lui-même. En vérité, il souffrait tout autant qu'un autre lorsqu'il entendait des commentaires désobligeants sur son physique ou son manque flagrant d'intelligence. Certes, son niveau scolaire était désastreux mais qu'y pouvait-il, lui, s'il n'arrivait pas à arrêter de mélanger la moindre lettre, le moindre son? C'était un désespoir permanent dès lors qu'il franchissait la porte d'une salle de classe, avec la parfaite réalisation qu'il n'arriverait pas à produire le moindre effort respectable aux yeux de la communauté. Ezechiel n'était qu'un moins que rien, la fameuse personne aisée à abattre parce qu'il ne répondait jamais. Pourquoi le faire? Qu'avait-il à gagner en rendant les coups? Il avait surtout conscience que l'équipe éducative ne prendrait pas son parti parce qu'il faisait peur, sans que le pauvre adolescent ne puisse comprendre les causes derrière tout cela. Il avait l'air d'un troll, voilà ce qu'on lui assénait au quotidien et il avait fini par l'assimiler à un tel point que c'était exactement ce genre d'images que le miroir lui renvoyait. La tragédie était profonde, tout autant que le traumatisme mais il rongeait son frein, encore et toujours, car Zeke se refusait à détruire sa famille et ses valeurs pour quelques idioties d'enfants. Il voyait le mal certes, mais il n'était pas en mesure de le combattre, pas aussi vaillamment que son camarade Malachi en tout cas, lui qui avait levé le poing et qui avait décidé de ne pas laisser le troupeau gagner face à ce manque de respect flagrant. Blythe relevait des yeux embués vers le brun mais ceux-là n'étaient pas aussi abattus qu'on ne pourrait le croire parce qu'il s'en relevait toujours, véritable machine de guerre que rien ne pouvait terrasser. "Et c'est quoi, être moi?" Laisser faire. Entendre mais ne pas écouter. Tout assimiler mais ne jamais rien exprimer. Voilà ce qu'il était et en quoi ce fait lui apportait-il la moindre aide au quotidien? Blythe n'obtenait strictement rien en retour, sauf ce mal-être persistant qui finirait par le faire chuter. Irrémédiablement. "Ils feront pire. Vraiment. C'est que le début. Tu leur donnes ce qu'ils veulent." Des réactions, n'importe lesquelles, c'était justifier leurs agissements fumeux et Zeke ne voulait pas que Malachi continue à s'acharner dans cette direction, cela marquerait sa fin, il en avait la certitude. "C'est bientôt fini. Enfin, pour moi. Aucune école voudra de moi après celle-là." Il retournerait à sa ferme, s'y enfermerait à double tour et il serait le plus heureux des fermiers, voilà ce que le jeune Blythe voulait croire mais il avait tort sur toute la ligne, bien entendu.
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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Zeke #01   [30Y] Malachi & Zeke #01 EmptySam 12 Déc - 12:06


     

Tripping on the now
@"Ezechiel Blythe"
Les regrets auraient du fleurir, prendre racine dans l'empreinte de sa chair. Le frisson aurait du être. Se mordre la lèvre, se maudire. S'immerger dans la honte. S'en vouloir d'avoir tout ruiné. Et c'est le cas. Pour une part de lui, c'est le cas. Il abhorre ses erreurs, sa faiblesse. Il déteste la pensée même que l'on soit parvenu à l'atteindre. A fendre son masque, sa raison. A l'avoir lui en étant que de sombres résidus d'intelligence. Il avait résisté. Il a cédé. Laissé les murs se fissurer parce que son palpitant tient la rêne, le pas de son propre entendement. Une part de lui s'en bouffe. Mais pas l'autre. L'autre, celle qui revient dominer, prendre forme, qui nourrit sa rage. Sa fierté déplacée, cette satisfaction malsaine. Il a voulu leur retailler le portrait tant de fois. Quand c'était contre lui. Quand c'était contre eux. Contre ce môme aussi qui se tient à côte de lui, prostré, loin d'eux. Il mérite tous l'enfer, tous autant qu'ils sont. Ceux qui font. Ceux qui observent, en silence, indifférents. Il ne veut plus être de ceux-là. Le regret qui prend marque, c'est surtout celui-ci. Celui d'avoir tenu scellé ses lèvres alors qu'il en est comme Zeke qui reçoivent inlassablement. Va-t-il en subir les conséquences ? Sans doute. Il a gravé une cible sur son dos. Il a avoué sa faiblesse. Il a perdu son sang-froid. Pourtant dans la douleur qui lancine ses phalanges, il y a aussi cet aveu. Cet aveu qu'il a enfin fait ce qu'il fallait, ce qu'il devait faire. Le regret passera. Il s'en voudra, se refera le film. Il se maudira dés qu'ils reviendront à la charge mais il ne partira pas sans se battre, sans s'accrocher encore même si ça n'est pas pour lui. Ca n'aurait pas du être pour lui. Il aurait du céder avant, donner de ce qu'il avait pour qu'ils arrêtent les tourments d'autrui. Il a justement conservé le masque. Parce que le temps passe, parce que ça ira mieux un jour. Parce qu'au fond, quand ça n'est pas soi, on peut détourner les iris sans retour. Non. Il est faible peut-être mais il s'y fera. Il s'y fera mieux qu'à cette image de suiveur silencieux qui l'horripile plus encore. Il n'est pas stoïque. Il ne l'a jamais été. S'il s'égare dans les notes de musique, c'est bien pour vivre ce qu'il tait. Ce qu'il ne peut être entre les murs de la maison, entre les barrières de cette école. Il faut suivre les règles, les convenances. S'adapter au monde, aux autres, aux aléas. Il s'y plie. Il y a été élevé. Il a appris à embrasser le silence, à contenir les ébullitions. Il est né entouré de cadavres mais plus encore de gens en deuil. Les morts sont indifférents aux effluves mais les vivants n'aiment que le marbre. La retenue, la compassion. Les sourires que l'on retient pour ne pas sembler déplacé. La réserve. Les atermoiements. C'est son monde sans l'être. Il maudit le tacet. Ce culte du silence qui l'insupporte et qu'il fait taire à coup d'archets. Le silence hante. Le mutisme aussi. Il ne s'est pas tu. Pas cette fois. C'était sans doute prévisible. Les émotions s'entrechoquent, ne demandent qu'à sortir. S'ils n'avaient pas touché la corde aujourd'hui, sans doute aurait-il noyé le tout sur celles de son instrument. Mais ils l'avaient fait.

Et il était là. A même le sol face à un autre mioche qui, victime pourtant, refuse de céder. Encore une fois. Ses mots qu'il livre, il les pense. Il n'est pas lui. Résistant à l'extrême qui flanche derrière les portes closes. Il le sait. "Etre toi, c'est être plus fort que n'importe qui dans cette école." Nervosité. Incompréhension. Frustration entre les lignes. Entre ses phalanges abîmées. "Je sais pas comment tu fais. Comment t'as réussi à pas les foutre tous à terre encore." Sourire sans joie, fébrile. Les yeux sur ses doigts. "Ils ont peur de toi, tu sais. C'est pour ça qu'ils viennent." Plus grand comme la moyenne. Différent. La haine contre la peur. La lâcheté, surtout. Il insiste Zeke, il insiste. Oui, ils viendront. Il le sait. Ca sera pire sans doute. Mais quelle force gardent-ils vraiment. "Peut-être bien. Mais ils sont bêtes. Obligés de se foutre en troupeau, à plusieurs. Tu les prends seul, y a plus personne. C'est qu'une bande de lâches. J'en peux plus de les entendre. De les voir faire. J'ai été lâche aussi." De laisser faire, de fermer les yeux. D'attendre que ça passe, que les jours s'écoulent. Les suivants sont nouveaux. Les anciens ne comptent plus. Ce n'est qu'une illusion. Une image. Il le sait. Les semaines s'accumulent, sans cesse, sans cesse. Le point de rupture. Sans doute. Puis les mots, coupables. De quoi parle-t-il ? "Pourquoi tu dis ça ? T'as rien fait de mal. T'as rien fait, Zeke. Pourquoi on voudrait pas de toi ailleurs ?" Il a bien une idée mais elle lui semble si absurde. Il la repousse. La rejette. Ramène un regard d'incompréhension vers lui. Un sentiment d'injustice. A nouveau. Contre quoi faut-il se battre encore ? Il lui reste une main.

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MessageSujet: Re: [30Y] Malachi & Zeke #01   [30Y] Malachi & Zeke #01 EmptySam 12 Déc - 17:40

L'incompréhension restait vivace malgré tout: qu'avait-il fait pour obtenir autant de haine en retour? C'était la question qui persistait au fond du crâne du Blythe. Il avait beau farfouiller dans tous les sens, il n'y avait aucune réponse logique qui lui arrivait. Il n'y avait rien, justement, si ce n'était le système de défense de l'humanité qui s'activait dès lors qu'elle se confrontait à l'inconnu. Il était cet inconnu à l'école parce qu'on n'avait jamais vu un garçon aussi grand pour son âge, un garçon autant en difficulté dans ses apprentissages et il fallait chercher un sens à tout cela et surtout, le détruire à tout prix puisqu'il ne rentrait pas dans le carcan de la normalité. Voilà ce à quoi les enfants se raccrochaient, même si c'était un message futile et mauvais mais la société voulait ce genre de résultats. Il était question d'annihiler avant de connaître, de tuer avant d'être blessé et ce même si le danger ne venait nullement de là. En effet, Zeke n'avait pas une once de méchanceté au fond du coeur mais comment tous ces idiots auraient pu le savoir? Après tout, ils ne lui avaient jamais adressé la parole pour apprendre à le déchiffrer, non, à la place, ils allaient vers lui dès qu'ils ressentaient un pic d'ennui. C'était si simple de venir titiller le grand dadais qui ne répondait jamais rien, qui n'était jamais en mesure de régir face à la bêtise humaine. On aimait cela, être en position de puissance, même à cet âge si tendre et Ezechiel, lui, ne pouvait pas le comprendre alors qu'il venait du fin fond des terres où aucune société ne naissait jamais. S'il avait pu évoluer plus proche de la communauté, il aurait certainement pu développer quelques aptitudes sociales et il ne se serait jamais retrouvé dans cette situation de victime qu'il expérimentait depuis son entrée à l'école. Pour autant, il ne pouvait pas se considérer si seul que cela dans cette affaire, pas alors que Malachi entrait dans son champ de vision pour lui offrir une main tendue. Blythe en restait forcément coi car ce n'était jamais franchement arrivé jusqu'ici: les gens, en règle générale, faisaient semblant de ne pas capter son malaise ou de ne pas voir ses yeux brillants de larmes et le brun devait se l'avouer, il préférait qu'il en fut ainsi. Néanmoins, il ressentit une pincée de soulagement en voyant Etherstone agenouillé devant lui à justifier différemment ce qui leur arrivait, à tous les deux, les parias du village, lui parce qu'il côtoyait les mots plutôt que les vivants. "Je crois pas. C'est usant, plutôt. Peur de quoi?" Il n'était même pas capable de tuer un moustique au beau milieu de l'été alors de quoi le monde pouvait-il se sentir effrayé? Zeke était différent, c'était la seule réponse plausible et une que le garçon aurait aimé être distincte par ailleurs. "Lâche? Non, tu veux survivre." Se taire et encaisser, c'était effectivement une forme de survie, même si elle n'était pas tellement indiqué dans leur contexte. A croire que les êtres humains choisissaient toujours la pire alternative avant de se confronter à la meilleure: la lutte. "Je suis débile. Je sais pas lire. Alors, je finirai à la ferme. Mais pas toi, tu sortiras du village avec ton violon. C'est bien. Je suis content." Au moins, l'un d'eux s'échapperait de cet enfer et Zeke était ravi que ce fut lui, Malachi.
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